20- Preuve
Je me lève brusquement. Mes larmes cessent de couler. Je pose ma main sur l'épaule de Carla et la tourne brusquement vers moi.
- Mais pourquoi t'as fait ça !?
- Il l'a mérité !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Personne ne fait pleurer ma meilleure amie !
- Tu délires, il n'a rien fait de tel !
- Et les larmes qui coulaient sur tes joues il y a juste une minute ? Tes yeux rouges et ton nez qui coule ? Un rhume ?
Elle se retourne vers Corwin qui a posé sa main sur sa joue rouge. Il dirige son regard emplit d'incompréhension vers moi.
Je me place devant Carla. Des mèches rousses de con carré désordonné retombent devant ses yeux. Elle les replace d'un mouvement de la tête machinal. Ses yeux bruns pétillent d'une vraie colère. Mais pourquoi a-t-il fallu que je sois amie avec une telle furie... La vivacité avec laquelle elle a voulu de me protéger de Corwin en pensant qu'il me disait quelque chose de blessant me fait sourire.
- Pourquoi tu souris ? Et pousse-toi de là que j'mette cette ordure loin de toi !
Je repose ma main sur son épaule pour la calmer, les autres clients nous dévisagent avec un air mauvais.
- Ne t'en fais pas, il ne me veut rien de mal. Tu me fais sourire, parce que tu es toujours aussi directe... Maintenant calme toi que je t'expliquer ce quiproquo.
- Mais... Bon déballe vite tes explications, elles ont intérêt à être valables.
Je jette un regard à mon autre ami, il a enfin compris ce qu'il vient de se passer et sourit lui aussi quand il comprend que l'on va être obligés de lui expliquer que nous nous sommes rencontrés dans un rêve...
- Oui oui, bien-sûr assieds-toi.
Je reprends place en face de Corwin et elle vient s'assoir à côté de moi.
Alors que nous commençons à siroter nos boissons, je lui déballe toutes nos explications. D'une traite, de nouveau. C'est plus facile que la première fois, comme si je mettais les choses au clair dans mon esprit embrumé.
- Voilà, à toi de nous croire si tu veux.
Je viens de clôturer mon monologue par cette courte phrase qui ouvre la bouche de mon amie quelques millimètres de plus, lui offrant un air encore plus idiot que celui qui est habituellement collé à son visage.
- Tu ne m'as jamais raconté de truc aussi tordu...
- Mais tu nous crois... N'est-ce pas ?
- Tu aurais eu du mal à inventer ça...
- Donc...
- J'ai envie de te croire, mais ça me semble tellement... Bizarre ! Il me faudrait une preuve...
Je regarde de coin Corwin, qui me sourit. Je ne comprends pas pourquoi, puis il met sa main devant mes yeux. Je sursaute devant ce geste brusque et détaille ensuite les traits de sa paume. Et je vois ce qui cloche... Il a... un trou ? Un trou dans la main ?
Il disparait, comme moi lorsque j'étais chez lui ! La voilà notre preuve !
Je sors vite quelques pièces de ma poche que je dépose en vrac sur la table. J'espère que cela sera suffisant, mais sinon, Marco me fera rembourser la prochaine fois que je viendrai. Ça a parfois du bon d'être ami avec le barman...
Je me lève en faisant signe à Corwin et Carla de me suivre. Mon ami, comprenant sans doute qu'il ne peut pas disparaitre comme ça en public, me suit sans dire un mot. Il fait des progrès au niveau social, lui qui a l'habitude de vivre seul... Mon amie, quant à elle, vient nous rejoindre après avoir grogné d'arrêter de faire des choses sans la prévenir. Nous sortons en vitesse tandis que Carla me bombarde de questions.
- Tu me réponds, oui ? Tu fais comment, tu parles par télépathie avec lui ou quoi pour que vous vous soyez mis d'accord de ne plus me parler ? Allô ! C'est quoi ces airs complices, vous vous connaissez vraiment que depuis quelques jours ? Tu m'emmènes où ?
Je vois une rue vide et m'y engouffre soudainement. Nous nous arrêtons enfin et je prends la main de Corwin - qui n'est plus qu'une forme indistincte - dans la mienne.
- La voilà ta preuve...
Carla ne regarde même pas l'étrange phénomène que je lui montre, mais son regard reste fixé sur les yeux de mon ami brun. Je lève moi aussi la tête, et comprends l'air déstabilisé de ma meilleure amie. Le front de Corwin disparait progressivement, cela atteint son œil droit qui, lui aussi, devient invisible à nos yeux. Nous sommes bouche bée toutes les deux face à ce qu'il se passe devant nous.
Puis il ferme les yeux et son corps disparait dans sa totalité en quelques secondes. Cela m'est arrivé plus d'une fois de disparaître comme ça, mais le voir... C'est une sensation encore plus étrange...
Puis Carla se tourne vers moi et lâche :
- Et dire que je commençais à l'apprécier...
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