14- Un cliché au fond du tiroir
En me réveillant, je râle contre mon réveil : le rendez-vous à la gendarmerie est prévu à onze heures, et mon réveil vient de sonner comme si j'allais normalement au collège ce matin.
Bien réveillée, je descends les escaliers sans faire de bruit.
Je n'ai pas très faim, alors je me rends directement dans le canapé du salon. Je vais inaugurer notre nouvelle télé !
~
En fin d'après-midi, Carla et moi rentrons à pied ensemble. Elle m'en a voulu toute la demi-journée que j'ai passée au lycée de ne pas l'avoir prévenue que je ne venais pas ce matin. Et quand je lui ai raconté ma mésaventure, elle était sidérée et encore plus furieuse de n'être au courant de rien. Cela me fit plus rire qu'autre chose... Surtout que j'avais un argument imparable...
- C'est de ta faute si tu n'es au courant que tardivement : tu n'étais pas au collège hier !
Elle m'a fixée, étonnée, ne sachant pas quoi répondre. Elle me répondit au final sur une toute petite voix.
- J'avais un rhume.
Elle fixait ses pieds avec une moue étrange, comme si elle s'en voulait d'avoir « été malade ».
- Un petit rhume de rien du tout ? Ce n'est pas ce qui t'empêcherait de venir en cours...
Elle a sûrement séché, comme d'habitude... Nous n'en avons pas reparlé depuis.
~
Le rendez-vous à la gendarmerie n'a rien donné. Les questions qu'ils m'ont posées rentraient juste dans le cadre de la procédure, ils nous ont bien fait comprendre que les chances de retrouver le cambrioleur étaient nulles.
Il me faut juste mettre par écrit la plainte officielle sur un document qu'ils nous ont fournit. Je m'occupe de ça au lieu de faire mes devoirs, une fois rentrée du lycée. J'aime les choses bien faite, alors je veux raccorder les feuilles entre elles... Problème : je n'ai pas d'agrafeuse dans ma chambre.
Je descends les escaliers et depuis le couloir, je demande à ma mère :
- Tu sais où il y aurait une agrafeuse dans cette maison ?
Elle ne me répond pas tout de suite.
- Oui, va voir dans le bureau de ton père. Pas besoin de lui demander pour rentrer, il dort encore.
- Encore ?
- Eh oui !
- Merciiii !
Trop bien ! Je vais pouvoir aller dans le bureau de mon père !
J'adore cette pièce ! Mais je n'y vais pas souvent parce qu'il me défend strictement d'y entrer.
Je m'y faufile et commence à chercher cette fameuse agrafeuse sur son bureau. La pièce n'est pas très grande, on se sent un peu à l'étroit à cause des murs tapissés de bibliothèques déformées par le poids des livres. Tout est correctement ordonné. Cela sent le vieux livre et la poussière, il faut dire que mon père n'y va pas tous les jours non plus...
Mais où est-donc cette agrafeuse ? Tout ça à cause de ce maudit cambrioleur... Ne la trouvant pas, je cherche dans la bibliothèque.
J'allais me résigner quand je vois un tiroir du bureau dans lequel je n'ai pas encore cherché.
Je l'ouvre et découvre l'objet que je cherche !
- Enfin !
Je la prends et remarque en dessous de celle-ci un cadre photo retourné. Curieuse, je m'en empare, de lui aussi, et regarde la photo. Je prends un instant avant de comprendre de quoi il s'agit.
Mon cœur rate un battement, puis un deuxième. Je lâche l'agrafeuse et mes genoux se dérobent. Je me laisse tomber sur le fauteuil de mon père.
Ce cliché a été pris le jour de ma naissance, d'après la date en bas à droite. Elle représente ma mère dans le lit dans lequel elle a sûrement accouché, l'air fatiguée mais heureuse, tenant dans ses bras... Deux bébés !
Je suis fille unique.
Normalement...
Je reprends mes esprits et fais rentrer de l'air dans mes poumons qui en manquent.
Je me dirige lentement dans la cuisine, le cadre en main. Les bras ballants.
Je jette la photo sur le magazine de ma mère, ce qui met fin à sa lecture, elle lève les yeux vers moi, qui lui demande alors :
- Tu m'expliques ?
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