11- Nuit agitée
Le soir suivant, je plonge assez rapidement dans le "sommeil".
Et je me retrouve... Dans la boue ?
Allongée, dans la boue ! Je lâche tous les jurons que je connais avant de me lever. D'accord, même endroit que la dernière fois, dans la même position. Et comme par hasard, il a fallu qu'il pleuve durant mon absence !
N'ayant rien d'autre à faire, je me mets à marcher. Il ne me faut pas longtemps avant de me prendre les pieds dans quelque chose et de me retrouver de nouveau dans la boue. Je me relève péniblement, toujours plus énervée. Puis je décide de m'engager dans un petit chemin creusé par le passage régulier d'animaux sauvages, comme la nuit dernière, un peu au hasard...
Cela fait un bout de temps que je marche, mais toujours rien. Je suis heureuse de ne pas avoir oublié mes baskets, mon pull et mon jean plutôt résistant, parce qu'il fait frais, et la végétation des environs est essentiellement composée d'orties. N'empêche, qu'avec la boue, mes vêtements ne sont plus en très grande forme... Le ciel gris reste menaçant et un brouillard s'entortille entre les arbres qui m'entourent, c'en est presque effrayant... Je trébuche plusieurs fois sur des branches ressemblant à des mains aux doigts crochus sortis de la terre.
Au bout de ce qui doit être une demi-heure, je reconnais un petit sentier que nous avions pris, Corwin et moi, à l'aller.
- Yes ! Je le savais ! Oh t'es trop forte Tania !
Personne ne peut m'entendre, alors ne me jugez pas. Soudain, un bruit sourd me fait me retourner.
- Qui est là ?
Plus aucun son à part celui de froissement des feuilles secouées par une brise qui fait doucement flotter mes cheveux.
Un autre bruit se fait entendre. Plus sec cette fois-ci. Je refais volte-face.
Et j'ouvre alors les yeux. Je suis dans mon lit. En sécurité... Je pousse un soupir de soulagement, quand un troisième bruit se fait entendre.
Les bruits viennent du rez-de-chaussée. Un frisson me parcourt toute entière. Qu'est-ce que c'est ? Que se passe-t-il ?
Je me lève le plus silencieusement possible, et me dirige vers les escaliers. Je descends les marches, une à une, me retenant de jurer à chaque fois qu'un grincement résonne.
Une fois en bas, je me faufile jusqu'au salon. Là ! Je le vois dans la pénombre : un homme cagoulé en train de manœuvrer dans le salon avec un carton contenant notre (grande) télé.
Je pousse un cri d'effroi et de peur que j'étouffe immédiatement avec ma main. Mais, trop tard ! Il a tourné la tête vers moi. Je suis repérée ! Mais, tellement terrorisée, que je ne bouge pas d'un centimètre quand il se précipite vers moi.
Alors je réagis, je fais demi-tour pour retourner dans le couloir, mais il est déjà dans mon dos. Il pose sa main gantée de cuir noir sur ma bouche, m'empêchant de crier au secours. Il me retient le reste du corps avec son autre bras.
Je suis terrorisée, mais je me débats. Je me tortille dans tous les sens, tentant vainement de hurler.
Et, alors que je tirais sur son poignet pour pouvoir hurler à pleins poumons, j'arrive, je ne sais comment, à me défaire de son emprise. Je passe sous son épaule et lui tort le poignet.
Un craquement résonne. Oups...
Je le lâche. Il est plié en deux, se tenant la main, et se retenant courageusement pour ne pas gémir de douleur. Il me bloque l'entrée du couloir, je cours donc vers la cuisine. Mais il vient de reprendre ses esprits. Il me rattrape vite. Je n'ai pas d'autre choix que de lui faire face. Et, le prenant par surprise, je me jette sur lui pour lui faire un câlin. Un câlin, oui. Ce n'est pas affectif, hein, c'est juste une technique pour le surprendre.
Je le serre fort contre moi. Ça marche ! Il ne bouge pas, trop interloqué pour réagir. Je relève vivement le genou pour lui donner un coup dans les parties sensibles. Bien fait !
Je me dégage rapidement. Mais il fait abstraction de la douleur, et me plaque contre le mur pour ensuite me donner un coup de poing dans la mâchoire. Je m'effondre, tous les os de mon corps vibrant... J'ai l'impression que je viens de me prendre un mur à toute vitesse.
Devant mes yeux, le pied d'un tabouret me donne une idée. Je ferme les yeux. Me croyant sûrement inconsciente, il se dirige vers le salon. Je me relève alors le plus discrètement possible. Je prends le tabouret par l'assise et le tiens devant moi. Dans la pénombre, je le distingue, dos à moi, essayant de remettre la télé dans le carton qu'il avait lâché pour aller m'empêcher de crier. Il se repère grâce à la lueur de la lune, filtrée à travers la baie vitrée juste à sa droite. Il lui fait face juste un instant, à la baie vitré, c'est là je me mets à courir vers lui en criant (pour me donner du courage je crois). Il se retourne vivement vers moi, écarquille les yeux avant de se prendre les pieds du tabouret dans le torse et de basculer en arrière.
Avec le poids de la télé, il tombe sur la baie vitrée qui se brise dans un fracas qui se fait, je pense, entendre jusqu'à l'autre bout du quartier. Des bouts de verre volent dans tous les sens et un me griffe au dessus de l'œil.
Heureusement, il n'a rien (heureusement, parce que je ne veux pas avoir une mort sur la conscience tout de même). Il se relève avec une vivacité étonnante et, voyant que son butin est aussi brisé que la fenêtre, il part en courant.
J'entends mes parents descendre bruyamment les escaliers, puis ils découvrent le salon en désordre, la fenêtre en mille morceaux, la télé manquante ainsi que leur fille, dans des vêtements boueux, avec du sang sur la lèvre et sur la joue à cause d'un bout de verre.
Ma mère, en robe de chambre a les mains devant la bouche, les yeux écarquillés. Mon père, lui, se dirige lentement vers moi, le visage tordu par une expression mélangeant effarement et colère. Il me prend sûrement pour la responsable de ce désastre. Ce qui est compréhensible. Mais, au moment où il s'apprête à m'attraper par le col, ma mère surgit de derrière lui et me prend dans les bras.
- Ça va ma chérie tu n'as rien ? Que s'est-il passé ? Pourquoi es-tu habillée ? Où est la télé ?? Pourquoi...
Je l'interromps :
- Oui, ça va. Merci maman.
Elle prend mon visage entre ses mains. Je fais mine de m'énerver :
- Mais vous n'auriez pas pu descendre plus tôt ? Tout le bruit ne vous avait pas réveillé ?
- Heu, non pourquoi ? Que s'est-il passé ? redemande ma mère.
- T'as intérêt à avoir une bonne excuse ! ajoute mon père.
On s'assoit dans les canapés, et je leur raconte le peu que j'ai compris. Prétextant que j'avais la flemme de me mettre en pyjama la veille pour justifier le fait que je sois habillée et que je suis tombée de l'autre côté de la fenêtre avec le cambrioleur avant de retourner à l'intérieur, pour expliquer la boue. Nous nous couvrons de couvertures, car la vitre brisée laisse entrer des courants d'air nocturnes.
Mon père se radoucit et m'envoie me recoucher après m'avoir conseillé de désinfecter ma plaie au niveau du coin de mes lèvres.
Puis, ma mère se charge d'appeler des personnes pour réparer la vitre (elle peut toujours espérer, la nuit...) et mon père, la gendarmerie.
Une fois dans mon lit, des tremblements incontrôlables m'envahissent. Et la peur que j'aurais dû ressentir durant l'affrontement contre le cambrioleur s'abat sur moi. Je me rends compte que j'ai réussi à garder suffisamment mon calme pour pouvoir réfléchir correctement. Je pense que je ne réalisais pas ce qu'il m'arrivait. Mais là, j'arrive à réfléchir. Peut-être un peu trop. C'est moi où il vient de se passer un truc de dingue, à nouveau ? À qui ça arrive ce genre de trucs... Et en si peu de temps.
Une fois ce moment passé, je me sens un peu plus détendue. Mais quand même ! J'ai mis en fuite un cambrioleur ! Enfin... On peut dire ça...
Quand je m'endors pour la deuxième fois de la nuit, il se passe une autre chose inattendue : je ne rêve pas. Enfin si, sûrement, mais je ne m'en souviens pas. Un rêve normal quoi ! Enfin ! Peut-être que c'est à cause de des émotions de cette nuit...
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