Chapitre 8

A l'intérieur de sa forteresse, le Général admirait l'étendue de sa Contrée., lui qui avait du tant lutter pour l'obtenir. Elle avait été durant de longues années, son but, son rêve, son ambition. Mais maintenant que cette dernière était enfin entre ses mains, cela ne lui suffisait plus. Il lui en fallait plus. Toujours plus. Malgré son ascension à la tête de la Contrée de Morne, le Général souhaitait agrandir son emprise. Il voulait un empire. Son empire.

Par delà sa citadelle, il se rendait compte un peu plus chaque jour que son territoire était en perdition. En effet, la Contrée de Morne n'était maintenant plus qu'un tas de cendres. Dès son arrivée au pouvoir, le pays avait lentement commencé à sombrer dans l'horreur. La nature avait commencé par se laisser mourir, la verdure était devenue poussière, ne laissant plus aucune récolte sortir de terre. Face à cette catastrophe, les habitants de la Contrée dépérissait un peu plus chaque jour. Les chariots funéraires se succédaient les uns des autres, suivis des familles des victimes, errant en se demandant qui serait le prochain.

Mais cette situation désastreuse ne déplaisait en rien le Général. Le chaos que subissait Morne était à son avantage. La déchéance de la Contrée coïncidait avec son arrivée au pouvoir. Certains croyants avaient donc attribué ce bouleversement à l'âme de la personne qui dirigeait leurs terres. Selon eux, ils étaient liés. Ces même personnes avaient donc fini par croire que le Général était un dieu. Cette idée s'était répandue à travers tout le territoire. Ce qui avait été autrefois une monarchie avait laissé place à une théocratie. Les habitants étaient donc forcé de le voir comme un dieu, comme une entité maîtrisant tout l'univers selon son bon vouloir. Mais face à ce titre, le Général en avait joué, délaissant tout le peuple de la Contrée et avalant tout espoir. C'est ce manque d'espoir qui avait conduit le Général à en vouloir plus. Il était lasse des habitants agissant comme des moutons, n'attendant que les instructions de leur berger. Il y avait certes une résistance, un groupe de personne refusant l'hypothèse d'une quelconque intervention divine sur le trône. Mais rien que ne pouvait maîtriser le Général. La peur était sa meilleure arme pour régner. Mais il voulait étendre cette peur à d'autres royaumes, d'autres populations. Il voulait se sentir non plus comme un simple dieu mais comme Le Dieu de tous, étant craint et respecté. Il souhaitait que tous s'alignent à lui. Il voulait agrandir sa domination. Il avait soif d'influence.

Le Général s'éloigna de la fenêtre et alla s'asseoir sur son trône surmonté d'os. Des fémurs, des crânes ainsi que tout autre ossement pouvant servir. Ces reliques représentaient ses trophées, ses conquêtes, ses victoires face au genre humain. Le dieu triomphant de l'humanité. Ce trône était pour lui et pour toux ceux entrant dans la pièce, un rappel de sa divinité.

Il rajusta ses boutons de manchettes taillés dans de l'onyx noir et se servit du vin rouge dans une coupe en or. Tout à coup, un homme entra dans la salle du trône. Il était vêtu d'un uniforme de garde à l'effigie de la Contrée. L'emblème de Morne n'était autre qu'un dragon à trois têtes se partageant un même corps. Le Général avait préféré cet emblème à l'ancien, qui selon lui, ne représentait pas assez sa puissance dans ce monde.

Le soldat effectua un salut au Général. Il attendit que ce dernier lui fasse signe de parler pour engager le dialogue.

- Mon Général, les Traqueurs sont ici.

- Bien , fais les entrer, indiqua t-il.

L'homme s'exécuta. Il ouvrit la porte, laissant apercevoir six hommes, tous l'air hagard. Seul l'un d'eux semblait affolé. Le Capitaine de la troupe entra dans la salle du trône avec ses hommes, sous le regard froid du Général. Dès leur apparition, une chose ne lui avait pas échappé. Il n'y avait que des Traqueurs. Aucun prisonnier n'était avec eux.

Une fois arrivés devant leur maître, tous s'agenouillèrent devant le Général. Quelques secondes passèrent avant qu'un des hommes ne se mettent à parler.

- Mon général, nous avons fait tout ce que nous avons pu pour ...

- Qui t'as autorisé à parler !

Le mercenaire se tut automatiquement et baissa la tête. Le Général fusilla tous ses hommes du regard. Il posa ses yeux sur leur chef, qui lui était resté silencieux.

- Toi, dit-il d'une voix calme en montrant l'homme du doigt.

- Moi ?

- Oui, toi. Ou est la fille ?

- On n'a fait ce qu'on a pu pour l'attraper mon Général ! Mais elle nous a échappé. On l'avait attrapé, mais les Voyageurs l'ont aidé à s'enfuir en mettant le feu au campement. On avait réussi à retrouver sa trace à Mistwater. Mais là encore, elle s'est éclipsée sur un bateau. Elle nous a semé à ce moment là.

- Tu es donc en train de me dire que tu l'as laissé filer ?

Sa voix agacée et son ton agressif témoignait de son incompréhension face à la situation. Les hommes qu'ils avaient devant lui étaient censés être les meilleurs mercenaires et tueurs du continent. Cette histoire devait être l'affaire de quelques jours. Au lieu de ça il se retrouvait à devoir la pourchasser à travers les différents royaumes.

- Elle a été maligne, mon Général, mais on va la retrouver, je vous le jure, je vais mettre tous les hommes qui me restent sur le coup. On aura ces deux petites pestes.

Le Général tiqua sur ses mots.

- Comment ça , deux ? Je vous avais de la ramener elle, pas de rameuter toutes les jeunes filles de la ville, soupira t-il

- Mais ..., Mon Général, son amie a fait de la résistance, on a pas eu le choix, balbutia le capitaine

- Mais vous deviez vous douter qu'à plusieurs elles allaient trouvé le moyen de s'évader. J'ai eu tort de vous confier cette tâche, bandes d'incapables ! Même un nouveau né ferait mieux que vous.

Aucun des mercenaires n'osaient relever la tête. Ils avaient honte, au point de vouloir s'enfoncer entièrement dans le sol et ne jamais en ressortir.

- Ce sont tous les hommes qui te restent, demanda le Général

Le capitaine des Traqueurs hocha la tête rapidement, pour que la réponse ne se fasse pas attendre.

- Tu sais, j'ai la réputation d'être intransigeant, d'aimer tuer. Mais pour une fois, je vais être clément. Après tout cela peut arriver à tout le monde d'échouer. L'échec est humain. C'est pourquoi je vais vous laisser une chance. Levez vous !

Les mercenaires se regardèrent entre eux, ne semblant pas comprendre ce qui se passait. Mais ils décidèrent tout de même d'obéir aux ordres de leur Général.

- Je vous ai demandé de me rapporter la jeune fille. Or, cela n'a pas été fait. Vous en conviendrez donc qu'il manque une personne à notre... petite réunion, appelons ça comme ça. Étant donné que je ne sais pas qui est réellement le responsable, nous allons déterminer ça au hasard. Retournez vous. A genoux.

La terreur s'empara des mercenaires, leurs yeux vagabondèrent de camarade en camarade.

- Je vous ai ordonné de vous retourner, cria t-il d'une voix puissante.

Des soubresauts ainsi que des tremblements s'emparèrent d'eux. Ils se retournèrent tant bien que mal, dos au souverain de la Contrée de Morne. Pendant ce temps, le Général porta son regard sur des lances présentes dans la salle du trône. Tout à coup, ses boutons de manchettes s'illuminèrent. Une lumière se dégagea des pierre d'onyx et s'intensifia. Au fur et à mesure que la clarté de l'illumination se faisait ressentir, la lance commençait à se soulever. Jusqu'à venir se positionner à côté du corps du Général.

- Un échec vaut bien une âme.

Les tremblements des mercenaires s'accentuèrent. Des sanglots se firent entendre, des larmes perlèrent sur les joues des hommes des Traqueurs. Tous furent pétrifiés de peur. Excepté le Capitaine. Il se contenta de fermer les yeux et de réciter une prière à demi mots :

- « Pardonnez moi pour toutes mes actions passées. Ayez pitié de mon âme »

Soudain, le corps d'un des hommes fut projeté en avant et tomba au sol. De sa bouche jaillit un torrent de sang. L'impact de la lance avait été si fort qu'il y avait un trou béant dans sa poitrine, laissant apparaître l'intérieur de son corps. Le sang de leur camarade entoura alors tous les Traqueurs, encore tous retournés par l'hésitation et le choc qu'ils venaient de subir.. Chacun avait penser qu'il allait embrasser la mort. Ce ne fut le cas que pour l'un d'entre eux. La lance avait choisi une victime sans raison. La mort de cet homme avait été le fruit du bon vouloir du Général et non du hasard.

Au bout de la pièce, le Général afficha un sourire triomphant. En plus de pouvoir montrer toute l'étendue de son pouvoir, celui ci avait réussi encore une fois à semer la peur parmi ces hommes. Il aimait cela. Il en ressentait un bonheur exaltant à la vue de la frayeur gravé dans les visages de ses collaborateurs.

- Gardes, débarrassez vous du corps !

Deux gardes vinrent à leur rencontre, ne prenant pas le temps de scruter les personnes au sein de la pièce, ramassèrent la dépouille encore chaude du Traqueur, la portèrent et disparurent de la salle sans demander leurs restes.

Le Général se leva de son trône et haussa la voix en direction des Traqueurs encore vivants :

- Je vous laisse une dernière chance. Retrouvez la moi. Mais si je n'ai pas les résultats escomptés, vous pouvez dire adieu à la vie, de même pour vos familles. Disposez maintenant !

Les Traqueurs s'en allèrent en reculant, sans oser tourner le dos au meurtrier de leur camarade de peur qu'une autre lance soit projetée. Une fois partis, le Général passa sa main sur son visage. Puis dans un accès de rage, il envoya voler le verre de vin qu'il avait gardé dans sa main durant tout ce temps. Il allait devoir encore attendre pour atteindre ses ambitions. Comment se faisait-il qu'elle ai pu leur échapper. Avait-elle découvert sa vraie nature ? Le Général ne pouvait pas se résigner à ce que sa cible ai pris conscience de la traque qui s'était orchestré autour d'elle. Mais au vue du manque de résultats, il se doutait qu'elle avait commencé à comprendre ce qui passait ou du moins, elle avait pu observer que des évènements se produisait la concernant.

Le Général reprit ses esprits. Il ne devait en aucun cas perdre le contrôle. Elle était la seule chose qui pourrait le faire lâcher prise. Elle était la poussière qui pouvait faire dérailler tout le mécanisme, tout le rouage de son plan.

- Gardes !

Les deux mêmes personnes qui s'étaient débarrassés du corps, réapparurent, tous tâchés de sang sur leur uniforme. Le dragon à trois têtes représentant le blason de la Contrée était lui aussi parsemée de rouge écarlate. Ils se positionnèrent stoïques, devant le Général, avant de lui adresser un salut de respect.

- Prévenez l'Associé de l'avancée de notre collaboration. Dites lui qu'il y a eu un léger contretemps. Quant à vous, dit-il en s'adressant au deuxième homme, prévenez le chasseur que j'ai une quête à lui confier. Je ne fais plus confiance aux Traqueurs au vue de leurs résultats pitoyables. Il faut vraiment tout faire soi même.

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