Chapitre 26
Carmen et Mulligan dévisagèrent Nova avec un étonnement naissant sur leurs visages. Morgus avait eu l'air de reconnaitre la jeune femme. Mais visiblement, il la prenait pour une autre.
Morgus insista son regard sur les yeux de la jeune femme et reprit son souffle. Il ferma ses paupières et se frotta les tempes.
- Vous n'êtes pas Aliénor, dit-il en soupirant.
L'homme était déçu. Il reprit une longue gorgée de vin. La vue de Nova lui avait provoqué un changement d'humeur notoire dans ses yeux. Bouleversé, il était bouleversé.
- Non, je ne suis pas Aliénor, répondit Nova tout en faisant un pas vers lui. Mon nom est Nova.
Les yeux de l'homme s'écarquillèrent et regardèrent à nouveau la jeune femme.
- Non , ça ne peut pas être possible, non, non, répéta t-il le regard hagard.
Nova ne sut pas quoi faire face à sa réaction. L'homme se dégagea alors des deux prostituées qui étaient assises sur ses genoux et se dirigea vers elle. Mulligan, assistant à la scène portant alors sa main sur son arme, mais Carmen l'arrêta. Elle hocha sa tête en signe de désapprobation. Qui sait ce qui pouvait se passer s'il intervenait. Comme l'avait dit plus tôt Nova, ce n'était pas sa quête.
Morgus se planta devant elle. Il l'analysa une fois de plus. Il prit fermement entre ses mains sa joue droite et la tourna vers lui. Elle ne détourna pas son regard.
- Oui c'est bien toi, dit-il plus doucement.
Il s'écarta. Tout l'alcool qu'il avait ingurgité durant les dernières heures s'estompa. L'euphorie de la fête s'évapora. En quelques secondes, il avait repris ses esprits et tout s'imbriqua.
- Allons dans le petit salon pour discuter, nous y serons plus à l'écart des oreilles baladeuses.
Et il les invita à les suivre. Ils traversèrent l'aile droite du bâtiment, jusqu'à se retrouver devant une petite porte rouge. Morgus l'ouvrit et s'engouffra l'intérieur. Nova dut se baisser pour pouvoir passer. L'âge avait en effet rendu Morgus plus petit. Ce dernier devait faire aux alentours d'un mètre 60. Légèrement plus grand que Carmen mais beaucoup plus petit que Nova et Mulligan.
Nova rentra. Vint le tour de Carmen et Mulligan. Au moment de passer la porte, Morgus stoppa les deux individus net.
- Elle seule ! déclara t-il d'un ton autoritaire.
Nova se tourna vers lui.
- Ils rentreront avec moi que vous le vouliez ou non. Je ne vais nul part sans eux. Quoique vous me disiez, ils sont en droit de l'entendre.
- Ils sont dignes de confiance selon toi ? lui demanda t-il solennellement
- Beaucoup plus que vous, répondit-elle du tac au tac.
Morgus esquissa un sourire amusé.
- Je vois que ta langue est assez affutée. Tu as bien raison, tu en auras bien besoin.
L'homme invita donc Morgus et Carmen à se joindre à eux. Ils s'installèrent donc autour de la petite table qui trônait au centre de la pièce. Morgus s'empressa de fermer la porte.
- Comment m'as tu retrouvé ?
- Cela fait des semaines que nous voyageons. Un des membres de La Communauté m'a donné votre nom. Il semblerait que vous êtes la réponse à beaucoup de mes questions.
- Semblerait ?
- Je ne sais pas qui vous êtes. La seule chose que je connaissais est votre prénom ce lieu.
- Je vois. Le sort de sommeil doit encore être très présent pour que tes souvenirs soient encore flous à mon propos.
- Le sort de sommeil ? rebondit instantanément Carmen
Morgus ne souligna pas son intervention.
- Est-ce que tes pouvoirs se sont déjà manifestés ?
Cette question avait complètement désorienté Nova. Ainsi pour ça aussi il savait. Elle avait tant de questions qui lui venaient sur le bout des lèvres mais elle ne sortaient pas. Elle se contenta de hocher la tête en déglutissant.
- Bien. Je te propose que nous commençons pas le début. Raconte moi tout depuis le début.
Elle qui était toujours sur ses gardes, cette fois ci ne lutta pas. Faire confiance à un homme dont elle ne connaissait rien semblait être sa spécialité en ce moment. Mais elle était prête à prendre le risque. C'était le seul moyen pour elle d'obtenir enfin les réponses à ses questions.
Tout son corps se détendit et sa langue se délia. Elle lui conta toutes leurs péripéties. De la bière qui lévitait, du médaillon qui brillait et la brulait à chaque fois qu'elle l'avait en main jusqu'au vol du carnet, de la traque avec les mercenaires, de la tempête en mer, du sacrifice sur l'île, du Red Swan qui avait coulé. Tout dans les moindres détails jusqu'à leur rencontre. Elle avait déroulé le fil rouge de toutes leurs péripéties sans s'arrêter.
Une fois cela fait, elle prit une grande inspiration et ne lâcha pas Morgus du regard. Il n'avait montré aucun signe face aux explications de Nova. Il était resté impassible.
Il avait simplement écouté son discours du début jusqu'à la fin.
- Et c'est donc pour cela que je vous cherchais, acheva Nova.
- Ainsi donc, tu me dis que les mercenaires sont toujours à tes trousses en ce moment même.
- Oui, je ne sais pas comment ils ont fait pour nous retrouver aussi loin mais des affiches avec nos visages sont plaqués sur tous les murs de la ville.
- Alors il va vite falloir partir.
- Partir, mais pour aller où ? s'exclama Carmen.
- Le seul endroit où Nova pourra être en sécurité. A Placedor.
- Comment ça Placedor? s'étouffa Nova.
- Les mercenaires ne viendront pas te chercher là bas. Tu y seras pleinement protégée et ...
- Non, souffla la jeune femme. Je n'irais nulle part. Je ne vous connais pas et vous ne m'avez apporté aucune information. Je vous ai raconté mon histoire sans omettre le moindre détail. Et la seule chose que vous trouvez à me dire c'est de fuir encore une fois vers un lieu dont je n'ai aucune idée de ce qu'il représente.
- Il n'est pas question que de toi, Nova, interrompit Morgus, tu ne saisis pas les enjeux...
- Je saisis que ma survie est primordiale pour vos enjeux. Vous voulez que je partes avec vous ? très bien ! Convainquez moi.
- Très bien ! Que veux tu savoir ?
La tension dans la pièce était palpable. Tout le monde restait sur ses gardes, suspendus aux réponses que Morgus allait bien pouvoir donner.
- Qui est Aliénor ?
Ce fut la première question que posa Nova. Pas qui était Morgus. Pas qui elle était par rapport à lui. Mais bien à qui appartenait ce nom, qui avait réussi en une fraction de seconde, à le troubler.
Carmen et Mulligan rivèrent leur yeux vers l'homme aux cheveux grisonnants. Son regard gris s'assombrit à tel point qu'il rappelèrent à Nova le ciel bleu qui se voilait à l'approche de la pluie. Il marqua un temps d'arrêt.
- Aliénor était ta mère.
Nova en eut le souffle coupé et sentit sa vue s'obstruer par l'humidité. Sa mère. Sa véritable mère. Celle qu'elle avait tant imaginé. Celle dont on lui avait constamment rappelé l'absence. Elle pouvait enfin poser un nom sur ce visage inconnu. Il poursuivit.
- C'était une femme remarquable. Tu lui ressembles beaucoup.
Une larme s'écoula le long de la joue de Nova. C'était. Il parlait d'elle au passé.
- J'étais son conseiller et son plus fidèle ami lorsque... lorsqu'elle a été tué, dit -il en peinant à prononcer ces tristes mots.
Nova baissa la tête et essuya sa joue. Assise à sa droite, Carmen prit sa main et lui caressa le dos tout en lui adressant un sourire compatissant. Bien qu'elle n'ai jamais connu la douleur de perdre sa mère, elle avait témoin du manque qu'avait enduré Nova face à son absence. Apprendre qu'elle était décédé revenait à la perdre une seconde fois.
Quant à Mulligan, il ne cilla pas. Il ne savait comment réagir face à cette situation. Il ne se serait jamais douté que Nova avait pu passer par des épreuves similaires aux siennes. Il avait toujours pensé que ses parents l'attendaient chaque soir auprès d'un bon feu de cheminée, en espérant qui ne lui était rien arrivé. Il n'avait pas réalisé qu'elle était seule. Autant que lui.
- Qui l'a tué ? arriva à articuler Nova.
- Aliénor a subi une attaque au château de Placedor il y a maintenant 15 ans.
- Je me souviens de cette histoire, se remémora Mulligan. J'étais enfant quand ça s'est passé. Toute la famille royale avait été décimé, même les domestiques y sont passés. Ca a été un des coups d'état les plus violents de cette dernière décennie.
- Il n'a jamais été prouvé qu'il s'agissait d'un coup d'état, le reprit Morgus. La personne qui a fomenté cette attaque n'a jamais réclamé le trône. Le duc de Vise a pris place en tant que régent mais n'a aucun droit sur le trône.
- Que faisait ma mère au château ? Elle était gouvernante ou quelque chose comme ça ?
Morgus prit une inspiration.
- Avant d'être ta mère Nova, elle était reine de Pryam.
Les yeux des trois compagnons formèrent un o de surprise. Nova déglutit une seconde fois et les larmes laissèrent place à la surprise.
- Hein ? ne put s'empêcher de lâcher Carmen.
Morgus les regarda étonné à son tour.
- Tu n'en savais rien ?
- Si j'étais au courant de la moindre information me concernant, je n'aurais pas risqué ma vie pour venir vous voir.
Nova se mit à réfléchir quelques secondes.
- Et mes dons, mes facultés, viennent-elles de ma mère ?
- De tes deux parents à vrai dire. Seuls les membres des familles royales de Pryam possèdent ce genre de don.
Tout se mit à tourner autour de Nova. Le trop plein d'information fit vaciller son esprit. Toute sa vie, les membres de la Communauté l'avait fait se sentir différente. Et pour cause. Elle l'était. Son sang était noble, empreint de magie que peu de gens pouvait comprendre ou imaginer. Même pas elle à ce moment précis.
Morgus vit au visage décomposé de Nova que toutes ces révélations se bousculaient en elle.
- Nova, ta mère était reine, cela fait donc de toi...
- Une héritière, coupa Mulligan.
- Tu me dis que tes pouvoirs ont commencé à se manifester lorsque tu as été en contact avec le médaillon. Ou est-il ?
Carmen serra discrètement le bijou qui ornait maintenant son cou depuis le début de leurs péripéties. Elle adressa un regard à Nova, attendant sa prochaine instruction vis à vis de ce bonhomme. Nova élança alors sa main vers sa jeune amie, qui retira le collier pour le lui donner. Une vague de sensation électrique s'emplit dans son corps jusqu'à ce que Morgus le prenne entre ses doigts et l'ausculte.
- Ce collier est un artéfact de la famille royale. Il est transmis à chaque génération. Lorsque le collier t'a reconnu ou du moins a flairé ton sang, le pouvoir qui est contenu en lui a du effriter le sort d'oubli que tu as subi quand tu étais enfant.
- Mais si ce collier est censé être en lien avec la famille royale, pourquoi est-ce que je suis incapable de le prendre ou même de le garder sur moi ?
Morgus marqua un instant de pause.
- Je ne sais pas ,avoua t-il. Normalement les héritiers comme toi en sont capables. Cela agit comme une sorte d'amplificateur de dons.
- Arrêtez de dire que je suis une héritière, articula Nova.
Les larmes et la surprise avait laissé place à la colère. Une colère profonde qui s'enfonçait dans ce sentiment d'injustice. C'en était trop. Toutes ces révélations lui pesaient. Ces réponses devaient la rendre plus légère. Grâce à Morgus, elle n'aurait plus dû avoir la sensation de ce poids abrutissant sur ses épaules. Mais c'était tout le contraire qui venait de se produire.
Morgus se leva de sa chaise et vint se positionner accroupi debout devant elle.
- Tu étais venu chercher des réponses, je te les ai apporté. La solution à ton problème ne te plait surement pas et pourtant elle est bien là. Si tu veux pouvoir survivre, nous devons nous rendre immédiatement à Placedor. Il y a un couronnement qui va venir.
- En quoi cela a un rapport avec moi ?
- Le duc de Vise a beau être un simple régent et n'avoir aucun accès au trône, il n'en va pas de même pour sa fille Sélène. Personne n'est au courant que tu es en vie, voire même que tu existes. Si tu ne te manifestes pas, elle sera couronnée. C'est le moment d'agir.
Nova se releva à son tour, le menton droit.
- Si elle veut ce trône qu'elle le garde, je le lui donne volontiers.
- Ce que tu ne saisis pas encore, Nova c'est que je sers l'intérêt du royaume et non pas celui d'une jeune fille capricieuse qui refuse de comprendre les enjeux que nous affrontons tous en ce moment.
- Alors que faites vous dans un bordel au lieu d'être dans votre précieuse cour ?
Ces mots avait fait l'objet d'une lame tranchante. Coupante, froide et sans âme. La mâchoire de Morgus se contracta. Nova releva un sourcil, attendant le prochain coup, mais il n'en fit rien.
- Je n'irais nulle part avec tout, que ce soit bien clair. Maintenant, veuillez m'excuser, je vais aller prendre l'air.
Sur ces mots, elle tourna le dos à toute son assemblée et quitta la pièce. Elle eut à peine le temps d'entre Carmen crier son prénom que la porte se referma. Sans se retourner, elle traversa le bordel et sortit dans la rue.
Assise sur le trottoir, tout tournoya dans sa tête. Morgus. Sa mère Aliénor. Cet attaque au château. Elle. Héritière.
Héritière. Ce mot sonnait en boucle. Elle n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. Cela ne pouvait pas être possible. Elle n'en avait pas l'étoffe et encore moins le sang.
Le grincement de la porte retentit derrière elle. Une ombre vint s'asseoir à ses côtés.
- Morgus avait peur que tu aie pris la fuite, entonna Mulligan.
Nova esquissa un sourire. Elle était contente que ce soit Mulligan qui l'ait rejointe. Elle avait beau adorer Carmen mais elle savait pertinemment le discours que cette dernière lui aurait tenu.
- J'avais besoin de réfléchir un peu seule.
- Je comprend, ça fait beaucoup de trucs à encaisser. Moi qui te prenait juste pour une petite fugueuse, tu as monté d'un sacré niveau, plaisanta t-il.
- Il est vrai que j'ai fait fort sur ce coup. Mais je dois t'avouer que j'étais à mille lieux de la vérité. J'avais plutôt opter pour l'option que j'étais une enfant illégitime, une bâtarde Mais loin d'imaginer que j'étais une sorte de princesse sans cervelle.
Il ricana à son tour.
- Je te trouve dure là. C'est vraiment pas sympa pour les vraies princesses.
Elle lui décocha un coup dans l'épaule. Son rire s'intensifia mais il n'en oublia pas moins de se masser le muscle.
- Je ne sais pas quoi faire, poursuivit Nova. A la fois j'en veux à Morgus et ne sait pas je peux le croire. Après tout, je ne m'attendais pas à ce qu'un ivrogne entouré de deux prostitués m'annonce ... ça. Mais il a raison sur un point. Les faits sont là. Si ce qu'il dit est vrai, alors... ça ne dépend pas que de moi. Il s'agit de ma mère. Son héritage. Mon histoire.
- Alors, qu'est ce qui t'empêche de partir avec Morgus pour Placedor.
- Je suis épuisée Milo. Epuisée par toute cette situation, cette traque, ces morts causés par ma faute. Fatiguée de ne pas pouvoir faire un pas sans avoir la boule au ventre de mourir égorgée dans une ruelle. Effrayée à l'idée que... que ces types finissent le boulot qu'ils avaient commencé avec moi. Et encore pire, qu'ils vous fassent du mal. A Carmen et à toi. Je ne pourrais jamais me le pardonner.
Elle avait abandonné sa retenue dans ces mots. Elle s'était livré à lui, comme il l'avait fait quelques jours auparavant, dans ce lit qu'ils avaient partagé.
- Tu te rappelles, ce que tu m'as dit sur le Red Swan, avant que Ned Williams nous tombe dessus.
Nova hocha sa tête de gauche à droite. Il prit alors délicatement son menton entre ses mains et planta son regard dans le sien.
- Tu m'as dit que tu ne t'excuserais jamais de faire ce qu'il faudrait pour survivre peu importe le prix. Alors fais ce que tu sais faire le mieux. Survis. Montre leur qu'il leur en faut plus pour te mettre à terre. Pars avec Morgus vers cette fichue capitale. Ou ne pars pas. La décision te revient. Mais saches une chose, quoique tu choisisses, je te suivrais.
Il avait raison. Si ce n'était pas pour les autres, elle devait le faire pour elle. Pour prouver qu'elle était plus qu'une simple orpheline mal aimée lâchée dans la nature. Qu'elle valait mieux que ça. Ils la voulaient, il voulait l'enlever, la blesser la torturer. Bien. Alors elle allait tout faire pour se rendre le plus inaccessible possible, mais aussi la plus puissance. Elle se rendit compte que la peur devait changer de camp. Et pour cela, elle allait avoir besoin de pouvoir. Morgus pouvait lui en offrir. Pour cela, elle n'avait qu'une chose à faire. Le suivre et reprendre ce qui lui revenait de droit. Elle n'avait qu'à se pencher et le ramasser.
Nova se releva, suivi de Mulligan qui l'imita. Elle se rentra une fois encore dans la maison close et rejoignit Morgus et Carmen. Au vue des trois verres pleins gisant sur la table, Morgus avait commandé une nouvelle tournée qu'il venait de siroter à lui seul, tandis que Carmen attendait patiemment son retour. Elle avait pris le verre par politesse et avait seulement trempé les lèvres, pour ne pas froisser leur hôte.
- Je n'ai pas osé te suivre, s'empressa de se justifier Carmen. Je sais que quand tu es comme ça, tu n'écoutes personne. Il faut croire que j'avais tort.
Elle avait décoché un sourire à Mulligan. Un sourire franc et sincère signifiant "Merci".
- Je viendrais avec vous à Placedor, décréta Nova. Si c'est une héritière que vous voulez, très bien vous l'aurez. Mais sachez une chose Morgus, je ne vous suivrais pas délibérément comme un chien obéissant. Mon règne, mes conditions.
Morgus eut alors une étincelle dans le regard, la même qu'il avait eut lorsqu'il avait cru voir Aliénor. Il prit une longue gorgée d'alcool.
- Très bien. Nous partirions à l'aube pour Placedor.
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