Chapitre 2
Nova n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait que des mains s'emparèrent de ses bras.
- Mais lâchez moi ! Qu'est ce que vous faites ?
La jeune fille était terrifiée. Des inconnus la tenaient fermement et n'avaient pas l'intention de la lâcher. Que lui voulaient-ils ?
Mais bien que la peur occupait ses pensées, elle était aussi envahie par une incompréhension totale. Comment cette bière avait-elle fait pour léviter ? Elle n'avait que quelques piètres notions en physique, mais elle connaissait tout de même le principe de gravité. Cependant le moment était mal choisi pour se poser des questions. Elle devait trouver un moyen de se dégager de l'emprise de ses assaillants. Tout à coup une voix la tira de ses pensées :
-Lâchez-la, espèces de brutes ! Qu'est-ce qui vous prend !
C'était Carmen. Elle avait assisté à la scène de loin. Elle se posta devant l'instigateur de l'attaque.
-Laissez-la partir !
- Pousse-toi de mon chemin, voyageuse !
- Il en est hors de question, vous ne l'emmènerez nulle part !
Elle accompagna le geste à la parole et se dirigea vers Nova. Elle exerça une pression sur le bras d'un des deux ravisseurs, afin de l'obliger à lâcher. Mais rien ne se passa. Elle ne pouvait pas rivaliser face à la force de ces deux hommes.
L'homme à la bière rit. Il retourna Carmen dans sa direction et la positionna face à lui. Soudain, un coup partit. L'homme avait frappé Carmen d'une telle force qu'elle s'était retrouvée à terre en un rien de temps. Nova cria. Au sein de la taverne ambulante, personne n'avait réagi. Après ce coup, plus aucun bruit ne se fit entendre. Les fêtards avaient tous peur de subir le même sort. Quant à la communauté du voyage, personne ne fit un geste, de peur que l'homme ne refrappe Carmen, voir pire, qu'il la tue sur place.
Carmen eut du mal à se redresser. Elle essuya le sang qui s'écoulait de sa lèvre et tenta de se relever. En vain. L'homme s'accroupit à son niveau et l'attrapa par les cheveux pour la forcer à lui montrer son visage. Il prit le temps de la dévisager puis héla deux de ses hommes.
-Relevez-la. On la prend avec nous. Elle pourra toujours servir à quelque chose.
- Mais le général n'avait parlé que de l'autre fille. Autant la tuer tout de suite.
Il tenta de dégainer son épée, mais fut arrêté par son partenaire.
- Ne contestes pas mes ordres. Si tu tentes de le faire, tu peux dire adieu à la vie.
Le mercenaire eut une lueur d'hésitation dans ses yeux, puis rengaina son arme. Il empoigna Carmen avec l'aide d'un autre homme.
Avant de partir, le chef de la troupe cria en direction des spectateurs
-Si l'un de vous tente quelque chose, ou même de nous suivre, je me ferai une joie de m'occuper personnellement de sa famille.
Sur ces mots, la troupe tourna les talons et disparut.
Un membre de la communauté qui avait assisté à la scène, resta de marbre. Il agrippa par le bras un de ses membres qui passa devant lui en courant et lui glissa un mot à l'oreille. Une fois le message passé, l'homme se remit à courir en direction des roulottes qui leur servaient d'habitations, pour délivrer le message.
***
Les deux femmes furent mises dans une cage pour être transportées. La cage avait été entreposée sur une charrette tirée par deux chevaux noirs. Nova avait lutté en vain pour ne pas rentrer, mais elle n'avait pas su faire le poids face aux golgoths qui lui servaient d'assaillants. Elle eut beau mordre l'un d'eux, cela n'avait eu que peu d'effet. Quant à Carmen, cette dernière avait perdu connaissance sur le chemin. Les deux hommes qui la transportaient n'avaient donc eu aucun mal à la déposer sur le foin qui jonchait la cage. Ce ne fut qu'après une quinzaine de minutes de trajet que Carmen se réveilla.
-Aïe, ma tête, dit Carmen en se tenant le front
Nova vint à son chevet pour aider son amie à se redresser. Carmen mit quelques minutes à se tenir droite. Elle semblait encore un peu sonnée par le coup qu'elle avait reçu. Elle tenta tout de même d'analyser la situation.
- Où est ce qu'on est ? demanda-t-elle ?
-Dans une cage. Ces brutes nous ont enfermées comme des animaux. Pas moyen de sortir, j'ai déjà essayé de forcer la porte avec un morceau de métal de mon corset. Je maintiens que cette chose ne sert rien.
Carmen esquissa un sourire. Elle baissa les yeux, pensive. Puis elle regarda Nova et poursuivit
- Juste parce que tu lui as renversé de la bière dessus. Mais c'est quelle genre de démesure.
Nova tourna la tête. Carmen n'avait pas l'air d'avoir vu la bière léviter. Pour s'en assurer, Nova lui demanda si elle avait vu réellement la bière se renverser.
- Quand je suis arrivée au niveau de la table, toute la bière s'était renversée. Pourquoi tu me poses cette question ?
Nova hésita. Devait-elle lui raconter ce dont elle avait été témoin? Après tout c'était peut-être son imagination qui lui jouait des tours. Elle allait se raviser à lui dire la vérité. Mais une pensée traversa son esprit. Au vu de la situation dans laquelle elles étaient, il valait mieux qu'il n'y ait aucun secret entre elles. Pour pouvoir se sortir de là, il valait mieux être transparente.
-Justement, quand la bière est tombée sur cet homme, je n'ai vu que la pinte tomber, pas son contenu, glissa Nova.
Carmen la regarda les yeux écarquillés, leva un sourcil. Hébétée, elle lâcha un son comme seul réponse « Hein ».
Nova alla pour lui en dire plus mais elle fut interrompue par le bruit de la porte de la cage. Ils s'étaient arrêtés. Les deux jeunes femmes n'avaient pas fait attention au chariot qui s'était stoppé. Au niveau de la porte se tenait un des mercenaires.
-Dehors ! Et plus vite que ça les deux greluches !
Elles s'exécutèrent. A peine eurent-elles posé le pied à terre que l'homme leur passa des menottes. Tout en les tenant fermement, il les conduisit dans une cage, cette fois , posée à même le sol. Un drap relevé semblait avoir pour rôle de la recouvrir. Elles entrèrent. L'homme ferma à clé derrière leur passage puis rangea celle-ci dans la poche de son manteau.
Carmen attendit que l'homme s'éloigne. Une fois chose faite, elle fit signe à Nova de la rejoindre à côté d'elle.
-Tu as bien vu ce que j'ai vu.
-Il nous a enfermées à clé ?
-Exactement !
-Enfin, bon Carmen, tu ne m'apprends rien là.
- Mais tu ne comprends pas ! A clé Nova, à clé
- Qu'est ce que tu essaies de me dire ?
- Il y a une clé
-Oui ça d'accord, mais encore
Carmen commença à être agacée par l'incompréhension de sa codétenue.
- Il a mis la clé dans sa poche ! Ça veut dire qu'elle est accessible.
- Mais tu oublies un détail, on est à l'intérieur d'une cage ,pas lui.
-Alors, il faut trouver un moyen de le faire rentrer, déclara-t- elle avec un plan déjà bien en tête. Mais il faudra attendre la nuit ça sera plus sûr.
***
Après des heures d'attente, la nuit était enfin tombée. Le ravisseur qui les avait enfermées, s'approcha de la cage. Il tenait dans ses mains deux assiettes remplies de ce qui s'apparentait le plus à de la bouillie.
Lorsqu'il ouvrit la cage, les deux détenues se regardèrent. Elles savaient ce qu'elles avaient à faire. Nova ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'elles risquaient s'il venait à découvrir leur plan. Mais ce qui était encore plus risqué, c'était de ne rien faire. N'ayant aucune idée du sort qui les attendait, Nova et Carmen avaient décidé de tenter le tout pour le tout, quoi qu'il en coûte. La liberté valait bien plus que leurs vies réunies.
L'homme déposa les assiettes et se retourna pour quitter la cage. Carmen se mit alors en action.
-Tu nous quittes déjà ?
L'homme se retourna interloqué.
-Lâche-moi et retourne t'asseoir.
-C'est dommage, je n'ai aucune envie de m'asseoir. A vrai dire ... passer un moment avec toi me semble plus sympathique.
L'homme eut un mouvement de recul.
-Qu'est ce qu'il y a, je ne suis pas à ton goût, poursuivit- elle.
L'homme n'esquissa pas un son.
- Je veux danser pour toi. J'ai envie de plus avec toi. J'ai tout de suite vu que tu étais un homme, un vrai. Le genre qui est capable de tenir une femme, de la satisfaire.
Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle commençait à s'approcher dangereusement de l'individu. Arrivée à son niveau, elle agrippa son cou et lui susurra à l'oreille
-Je suis toute à toi.
Tapie dans l'ombre, Nova observait la scène. Elle s'inquiétait pour Carmen. Et si son plan ne fonctionnait pas. Dans l'éventualité ou l'homme aurait découvert leur plan, Nova avait arraché un morceau de jupon. Elle devait attendre que l'homme soit de dos pour venir discrètement. Une fois derrière lui, elle devrait l'étrangler. Juste assez pour qu'il s'évanouisse, mais pas assez pour qu'il meure.
Pendant ce temps, l'homme esquissait un sourire à chaque mot que prononçait Carmen, elle commença à parcourir son corps, les mains sur le torse. Elle les laissa glisser le long de son buste. Elle dévia sa trajectoire pour venir au niveau de ses poches. L'homme ne sembla pas percuter qu'il était en train d'être volé. Carmen constata que la clé était dans la poche gauche de son manteau. Elle remonta donc ses mains, les remit au niveau de son cou. Elle effectua un petit pas sur le côté, permettant à l'homme de tourner sur lui même.
Carmen regarda par-dessus l'épaule de sa proie et adressa un vif coup d'œil à Nova. C'était le moment. Elle devait agir. Elle se leva lentement pour ne pas faire le moindre bruit. Elle avança pas à pas.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? Joris sort de là.
Nova ne bougea plus. Les paroles venaient d'une personne derrière elle. L'homme prénommé Joris se précipita pour sortir de la cage et alla pour ferme la cage à clé. Mais son supérieur le stoppa net.
- Ne ferme pas encore.
Il regarda Carmen et s'adressa à elle.
-Alors comme ça tu veux voir ce que c'est un homme, un vrai.
Carmen ne dit rien et vint se positionner près de Nova. Elles se serraient fermement, pétrifiées. L'homme cessa alors de regarder Carmen et posa son regard sur Nova. Il la transperça de ses yeux. Il émit un sourire du coin de la bouche.
- Si tu es une putain, alors ta petite copine doit l'être aussi. Emmenez-la dans ma tente tout de suite ! On va s'amuser elle et moi.
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