Chapitre 6

— Entrez, Monsieur Potter... Miss Granger.

Kingsley Shacklebolt s'effaça pour laisser passer Harry, puis Hermione, et ferma la porte dans son dos avant d'aller s'asseoir à son bureau. Tous deux avaient patienté environ une heure dans l'antichambre du bureau du Ministre de la Magie, sous le regard acéré de sa secrétaire qui se demandait sans doute de quel droit Harry osait demander une audience urgente avec son patron, à neuf heures du matin...

— Qu'est-ce qui vous amène dans mon bureau à une heure aussi matinale ? demanda Shacklebolt.
— J'ai reçu ceci, dit Hermione en tirant la lettre de Malefoy de sa poche. Du moins, elle a été envoyée là où je vis. Elle ne m'est pas destinée, enfin par directement, mais je suis concernée.
— Et qu'est-ce donc ?

Kingsley prit le parchemin et le parcourut rapidement en hochant la tête.

— Je vois. En effet, il ne vous est pas destiné, Miss, néanmoins, si vous êtes devant moi pour cela, je suis navré, mais je ne peux rien faire.
— Comment ça ? demanda Harry. Vous êtes le Ministre ou pas ?
— Bien entendu, cependant... Madame Malefoy a reconnu les faits, elle a reconnu avoir caché aux autorités les exactions de son époux. Elle est complice et pour cela, la peine est de dix ans de prison.
— Vous avez pensé à son fils ? demanda alors Hermione. Où qu'il soit, il...
— Savez-vous où il est ? la coupa le Ministre.
— Non, mais...
— Dans ce cas, vous ne pouvez parler en son nom, Miss Granger. Si la sentence concernant sa mère l'intéresse, qu'il se fasse connaître.
— Et s'il revient en ville, en admettant qu'il n'y soit plus, dit Harry en croisant les bras. Les Aurors vont se jeter sur lui à la seconde où il transplanera. C'est malin...
— Malin ? demanda Shacklebolt. De quoi donc, Monsieur Potter ?

Hermione haussa un sourcil sans comprendre et Harry soupira.

— Charger Madame Malefoy de dix ans de réclusion à Azkaban est très malin, dit-il. C'est une bonne idée pour faire sortir son fils de sa cachette, mais je doute que cela fonctionne. Il n'est pas stupide à ce point, vous savez ?

Le Ministre cligna des paupières puis s'adossa à son siège.

— Et qui vous dit que la sentence n'est pas réelle ?

Harry haussa un sourcil et montra Hermione du menton.

— Et vous croyez que je suis venu avec elle pour quoi ?

Sentant la panique l'envahir, Hermione serra les poings dans son dos et tenta de paraître sereine, mais elle n'avait aucune idée où Harry voulait en venir.

— J'ai peur de ne pas comprendre, dit le Ministre.

Et moi donc ! s'exclama Hermione dans sa tête en regardant Harry avec de grands yeux.

— Allons, Monsieur le Ministre, nous savons tous les trois que la peine de prison pour complicité n'est pas de dix ans de réclusion à Azkaban, n'est-ce pas ? susurra alors Harry avec un sourire en coin.

Une lumière se fit dans l'esprit d'Hermione qui se mit aussitôt à feuilleter l'énorme encyclopédie qui lui servait de cerveau. Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver ce qu'elle cherchait.

— Quatre mille Gallions d'amende à payer cash, dit-elle alors. Voilà la peine encourue pour complicité passive dans une affaire criminelle.

Harry esquissa un sourire en voyant Shacklebolt pâlir. L'homme se reprit cependant rapidement et se redressa.

— Que voulez-vous ? demanda-t-il.
— Libérez Madame Malefoy sur le champ, répondit Harry. Je paie sa caution. Et levez les avis de recherche sur son fils.

Le Ministre haussa un sourcil.

— Et vous voulez peut-être mon fauteuil, aussi, pendant qu'on y est ? dit-il, sarcastique.
— Oh, non, lui, je vous le laisse bien volontiers ! répliqua le Gryffondor. Écoutez, Kingsley, vous êtes un membre de l'Ordre du Phénix, vous savez tout ce qu'il y a savoir sur Drago Malefoy et nous aussi. Et nous savons parfaitement tous les trois qu'il n'a rien à voir dans les histoires de son père.
— Ah non ? Il est un Mangemort pourtant. Et il a tenté de tuer le professeur Dumbledore.
Tenté, dit Hermione. Il n'a pas pu le faire et c'est le professeur Rogue qui s'en est chargé pour lui, afin de respecter le Serment Inviolable qu'il avait passé avec Narcissa, de tout faire pour protéger son fils quand elle ne le pouvait pas. Mais le professeur Rogue n'a pas assassiné le Directeur, il a abrégé ses souffrances et détruit un Horcruxe dans la foulée pour permettre à Harry de vaincre Voldemort par la suite.

Un silence s'installa.

— Je vous demande pardon, miss ? demanda Shacklebolt. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
— Vous n'étiez donc pas au courant que le professeur Dumbledore avait mis la main sur l'un des Horcruxes de Voldemort ? demanda Harry.
— Sur l'anneau des Gaunt, précisément, enchaîna Hermione. Il a tenté de le détruire, mais c'est l'anneau qui a fini par avoir raison de lui. Le pouvoir de Voldemort était trop puissant et le professeur Dumbledore a commencé à dépérir. Il a donc passé un marché avec le professeur Rogue, comme quoi, le moment venu, il achèverait sa lente agonie et détruirait, par la même occasion, l'un des Horcruxes de Voldemort. Le fait que celui-ci donne comme mission à Drago Malefoy de tuer Dumbledore était une aubaine pour Rogue. Il faisait d'une pierre deux coups en accomplissant sa mission auprès de Dumbledore tout en respectant le serment de Fidélitas passé avec Narcisse. Trois coups, si on compte la mission de Drago Malefoy.
— J'ignorais tout de cette histoire ! s'exclama alors le Ministre. Continuez !

Hermione regarda Harry puis soupira.

— Il n'y a rien de plus à dire, Monsieur, dit Harry. Drago Malefoy n'a rien à voir dans l'histoire. Il n'est considéré comme Mangemort que parce qu'il a la Marque, il n'a jamais tué personne, il est trop lâche pour ça, malgré les grands airs qu'il se donne.
— Vous savez où il se cache, n'est-ce pas ? demanda alors Shacklebolt.

Harry resta silencieux et Hermione poussa un bref soupir.

— Oui, dit-elle. Je le sais. Mais il restera où il est, en sécurité, tant que vous n'aurez pas levé toutes les charges dont il est accusé. Ainsi que libéré sa mère. Elle n'est pas un Mangemort, tout ce que vous pouvez lui reprocher, c'est d'avoir tout tenté pour protéger son fils d'un père trop zélé envers son maître. Ça ne mérite pas dix ans de prison à Azkaban, loin de là !

Le Ministre resta silencieux. Il se mordit les lèvres, serra les mâchoires, puis soupira en s'adossant contre son dossier. Soudain, il se redressa et appuya sur l'interphone.

— Miss Jenny, apportez-moi le dossier des Malefoy, vous voulez ?
Tout de suite, Monsieur le Ministre.

On toqua contre la porte une seconde plus tard et une jeune femme d'une vingtaine d'année, en tailleur strict sous sa robe de sorcière, déposa un épais dossier sur le bureau du Ministre. Elle jeta un coup d'œil à Harry puis s'en alla.

— Bien, dit alors Shacklebolt. Quatre mille Gallions de caution pour Madame Malefoy, et, pour la forme, j'en rajoute mille de plus à cette somme pour son fils, soit cinq mille. Ce qui nous monte le prix total à dix mille Gallions si on y ajoute tous les frais divers et variés. Le Ministère prend les chèques...
— C'est de l'arnaque, dit Hermione en croisant les bras.
— Vous voulez qu'il soit entièrement libre ou non ? grinça le Ministre.

Hermione pinça la bouche et soupira.

— Très bien, dit-elle. Je paie.
— Pas question, dit Harry.
— Harry, c'est à moi que le professeur Rogue a demandé de protéger Drago, répliqua la Gryffondor. Donc tu te charges de la caution de Narcissa et moi de celle de Drago.
— Ne vous battez surtout pas...

Le regard que lança Hermione au Ministre le refroidit aussitôt et elle fouilla dans la bourse qu'elle avait au bras, son fameux sac sans fond. Elle en tira un chéquier et l'ouvrit en le posant sur le bureau du Ministre.

— Je reconnais ce chéquier, dit alors celui-ci. Miss Granger, qui vous l'a donné ?

Hermione observa la pochette de cuir. Elle avait servi et beaucoup voyagé, elle était fatiguée, mais encore parfaitement solide.

— Je suis l'héritière testamentaire du professeur Rogue, dit alors la jeune femme. Il m'a légué tous ses biens, matériels comme financiers avant de mourir.
— Eh bien dites donc ! Je ne pensais que ce vieux Severus serait comme ça ! Cela dit, il a bon goût...

Hermione sentit immédiatement ses joues s'enflammer.

— Pourquoi faut-il que les gens sautent tout de suite aux conclusions ! grommela-t-elle en détachant une feuille du chéquier. Tenez. Voilà cinq mille Gallions pour lever toutes les charges qui pèsent contre Drago Malefoy. Je veux un reçu et l'acte de libération, signé de votre main, avec le sceau du Ministère de la Magie et celui du Magenmagot.
— Pareil ici, dit Harry en tendant un chèque à son tour.

Comprenant qu'il n'avait plus le choix, Shacklebolt prit les deux chèques, les observa, puis se leva et contourna les deux jeunes gens. Il sortit du bureau et Hermione et Harry le suivirent, intrigué.

— Miss Jenny ? dit-il. Veuillez effectuer deux reçus pour ces chèques, aux noms indiqués.
— Bien, Monsieur.
— Ensuite, vous éditerez deux actes de libération, un au nom de Narcissa Malefoy, et l'autre au nom Drago Malefoy. Avec levée immédiate et définitive de toutes les charges retenues contre eux, sceau du Ministère de la Magie et du Magenmagot faisant foi. Vous les enverrez ensuite ensuite en parution immédiate à tous les journaux sorciers d'Angleterre. Merci.

La secrétaire regarda le Ministre puis les deux jeunes gens sans comprendre.

— Mais, Monsieur, ce... commença-t-elle.
— C'est un ordre, Miss Jenny, répondit Shacklebolt. Vous n'avez pas à donner votre avis.

La jeune femme baissa le nez en passant sa langue sur ses lèvres et Hermione l'observa un moment pendant qu'elle préparait les papiers demandés.

.

Une demi heure plus tard, les quatre documents furent remplis, à la main, par Miss Jenny, et le Ministre les signa et apposa son sceau sur chacun, après quoi Hermione et Harry signèrent leurs reçus respectifs. Miss Jenny dupliqua ces deux documents puis remis le reste aux deux jeunes gens.

— Passez une bonne journée, Miss Jenny, dit alors Hermione. Vous aussi, Monsieur le Ministre.

Elle lui serra la main puis se détourna. Harry la rejoignit quelques secondes plus tard et ils reprirent l'ascenseur pour remonter dans la rue, fiers d'eux.

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