Chapitre 5

Hermione bâilla à s'en décrocher la mâchoire puis passa une main dans ses boucles et se redressa. Elle regarda les livres étalés autour d'elle et soupira.
Depuis deux semaines, elle s'était replongée dans ses cours en vue d'obtenir ses ASPICs. McGonagall avait en effet envoyé une lettre à chaque élève de septième année, début août, pour leur annoncer que, comme leur dernière année à Poudlard s'était plutôt mal passée, le Ministre avait autorisé le collège à leur faire passer les examens au mois de septembre, précisément le seize. Il restait donc un mois entier à la jeune femme pour réviser les six dernières années de cours et faire en sorte de ne pas rater ses ASPICs...
À côté de ça, elle avait cependant un œil sur les nouvelles provenant du Magenmagot. La capture du couple Malefoy avait fait grand bruit et il avait été mentionné qu'ils s'étaient rendus de leur plein gré, sans opposer aucune résistance quelconque. Hermione ne fut pas mentionnée dans l'article de la Gazette et c'était aussi bien comme ça. Elle n'avait aucune envie qu'une horde de journalistes et de curieux ne se presse devant sa maison...

Quittant le bureau, la jeune sorcière se rendit dans la cuisine pour se faire du thé. En passant dans le salon salle à manger, elle tourna la tête vers le grand tableau de deux mètres de haut qui était suspendu au-dessus du manteau. Un grand fauteuil en cuir vert s'y trouvait, vide.
Hermione esquissa un sourire. Deux semaines plus tôt, deux jours après avoir rendu les Malefoy au Ministère, elle s'était rendue, avec Harry, à Poudlard, pour les funérailles de Rogue.
Malefoy avait insisté pour s'y rendre si bien qu'Harry avait fini par accepter et l'avait caché sous la Cape d'Invisibilité en lui demandant de se tenir à carreau. Il n'y eut aucun incident à déplorer et, pendant le petit banquet organisé à la mémoire des disparus, Hermione avait demandé l'autorisation à McGonagall de ramener une copie du portrait de Rogue chez elle, la vieille Directrice lui avait répondu avec un sourire qu'il était déjà installé là-bas, que ça avait été une des dernières volontés du professeur.
Depuis, Hermione attendait que son propriétaire revienne, mais point de Severus Rogue dans ce grand fauteuil...

Quelques jours plus tôt, Hermione avait contacté McGonagall lui demander pourquoi le professeur ne revenait pas chez lui et la Directrice lui avait répondu qu'il craignait de la déranger ou de lui rappeler qu'elle vivait dans sa maison. Hermione avait aussitôt dit qu'elle ne voyait aucun inconvénient à ce que Rogue revienne chez lui, au contraire, puisqu'elle avait accepté qu'un des cadres de son portrait y soit installé. McGonagall lui avait alors répondu qu'elle tenterait de convaincre Rogue de changer d'avis, mais depuis, rien n'avait changé et la jeune femme avait plus important à faire que de faire revenir dans sa maison un homme qui avait été tué deux mois et demi plus tôt.

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Comme Hermione l'avait suggéré le jour où elle et Harry avaient « pris possession » de la maison, profitant du grand beau temps de cette mi-juillet, Hermione fit venir un entrepreneur sorcier pour qu'il la conseille afin de faire rentrer la lumière dans le salon salle à manger. Quand elle lui souffla l'idée d'une verrière au plafond, l'homme parut très intéressé, mais il s'avéra que le premier étage, et notamment la chambre principale, se trouvait juste au-dessus. La solution fut donc une verrière factice, magique, qui passerait outre du premier étage et des combles pour faire entrer la lumière naturelle dans la grande pièce.

— Combien cela va-t-il me coûter ? demanda la jeune femme alors que l'homme lui rédigeait un devis.
— Eh bien, c'est une ancienne maison d'ouvriers en briques, je ne devrais pas avoir trop de problèmes à faire tenir le sortilège. Voilà le devis.

Hermione prit le parchemin et survola toutes les lignes pour aller jusqu'en bas. Elle se mordit la lèvre puis hocha la tête.

— Un peu plus cher que je ne le pensais, mais ça devrait aller, dit-elle.
— Bon, prenez le temps de réfléchir et recontactez-moi si vous êtes d'accord.

Hermione hocha la tête et serra la main de l'homme puis le reconduisit à la porte d'entrée avant de retourner dans le salon. Elle leva la tête et observa le plafond à caissons en bois. C'était une vieille maison en briques des années quarante, sinon avant, facile à transformer sans tout démolir, mais le fait qu'il y ait le premier étage juste au-dessus, pire, sa propre chambre, laissait Hermione un peu sceptique, pour le coup.

Elle craignait un peu que la magie appliquée sur la dalle entre le premier et le rez-de-chaussée, n'affaiblisse celle-ci. L'entrepreneur n'avait rien dit, mais la jeune femme ne l'avait pas non plus mentionné... Elle décida de lui envoyer un message, via cheminée, puis retourna à ses cours en attendant la réponse. Réponse qui ne tarda pas et se révéla négative. Non, le sortilège ne risquait pas d'affaiblir la dalle entre les étages, au contraire, ce type de sortilèges était conçu exprès pour éviter ces désagréments. La jeune femme accepta donc le devis et dépensa un peu plus de trois cents Galions pour que le soleil entre dans son salon...

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La fin du mois d'août fut là bien plus vite que prévu et Hermione sentait le stress augmenter à l'approche des examens. L'année scolaire désastreuse qu'ils avaient tous eu les laissait plus ou moins tous sur le même pied d'égalité, et même si elle savait qu'elle allait tout réussir haut la main, la jeune Gryffondor sentait quand même l'angoisse la titiller.

Ce matin-là, dernier jour d'août, la jeune femme se réveilla très tôt, beaucoup plus tôt que d'habitude, et se demanda pourquoi car il faisait certes jour, dehors, mais on sentait qu'il était encore tôt.
Incapable de se rendormir, elle décida de se lever et d'aller étudier tout en prenant son petit-déjeuner. Elle enfila une robe de chambre et descendit pieds nus dans le salon qu'elle traversa pour gagner la cuisine, comme tous les matins.
Cependant, elle avait à peine posé le pied dans la cuisine que quelque chose la poussa à reculer et quand elle revint dans le salon, elle regarda autour d'elle avant de lever les yeux vers le grand portrait du professeur Rogue. Là, elle poussa un cri et plaqua ses mains sur sa bouche.

Allons, remettez-vous, Miss Granger, grogna Rogue, savamment représenté sur la toile de deux mètres de haut suspendue au manteau de la cheminée.
— Ce n'est pas vrai ! s'exclama la jeune femme. Vous êtes enfin revenu ! Vous y avez mis le temps !
Je suis mort, je vous y verrais...

Hermione se mordit la lèvre en souriant et s'approcha.

— Je suis contente de vous revoir, dit-elle. Même si je sais que vous n'êtes pas... eh bien, vous.

Rogue soupira. Assis dans son grand fauteuil vert, il passa une jambe sur l'autre et observa la jeune femme.

Comment vous portez-vous ? demanda-t-il alors.
— Bien, je vais très bien. Je m'habitue à vivre ici, j'ai un peu réaménagé et je songe à faire quelques travaux, mas j'hésite.
Des travaux ? Voyez-vous cela... dit Rogue en se redressant. Et que comptez-vous faire à ma maison ?
Ma maison, corrigea Hermione avec un sourire. Et je voulais simplement ajouter une verrière magique au plafond de cette pièce, pour avoir plus de lumière. Je sais que vous aimiez les ombres, mais pas moi. Les lampes sont constamment allumées et cela m'agace.
Une verrière ? Je n'y avais jamais pensé...

Hermione regarda le plafond puis le grand tableau et pinça la bouche.

— Peut-être que trop de lumière risquerait de faire pâlir votre portrait, dit-elle.
C'est un portait magique, Miss Granger...

Hermione sourit. Rogue regarda le plafond puis hocha lentement la tête.

Pourquoi pas ? demanda-t-il. Cela me permettrait de voir le ciel de temps en temps...

La Gryffondor regarda le sol puis soupira.

— Vous me manquez, Monsieur, dit-elle alors en s'asseyant dans un fauteuil en face de la cheminée. J'aurais aimé que vous restiez en vie encore quelques temps, que nous puissions connaître le Severus Rogue que Lily Potter a connu, à l'époque...

Rogue ronfla et soupira.

Mon destin était de mourir, dit-il. J'ignore si j'ai rejoint Lily, à présent, si James m'empêche d'approcher ma meilleure amie, ou si ce sale cabot de Sirius désire encore me renverser cul par-dessus tête, mais je sais une chose, je ne souffre plus, Miss...

Hermione renifla et hocha la tête.

— C'est une bonne chose, alors, dit-elle. Où est votre autre tableau ?
Dans le bureau de la Directrice, répondit le portrait. Même si je n'ai été Directeur qu'une année, c'est là qu'il doit se trouver.
— Bien, bien... Et comment va-t-elle ?
Aussi bien qu'une femme de son âge peut aller après tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois, répondit Rogue. Elle est solide, ne vous en faites pas pour elle.

Hermione resta silencieuse puis inspira profondément et regarda l'heure.

— Bon, dit-elle. Je dois réviser.
Il est tôt pourtant, si j'en crois la pendule...
— Je sais, mais je ne peux plus dormir. Trop de stress, j'imagine.

Rogue laissa échapper un rire froid.

Vous ? Stressée ? Je vous en prie !
— Sachez, Monsieur, que je viens de réchapper d'une guerre et que je n'ai eu que trois mois pour m'en remettre, j'ai le droit d'être un peu mal, non ?

Hermione fronça les sourcils et Rogue resta silencieux. La jeune femme soupira alors et retourna à l'étage s'habiller.
Quand elle revint, Rogue n'était plus dans son tableau et Hermione se rendit à la cuisine pour prendre un petit-déjeuner avant de se remettre à ses révisions. Il lui restait encore deux semaines de « vacances » et environ deux ans et demi de leçons à revoir. Elle songea alors à Harry et Ron. Est-ce qu'ils révisaient, eux aussi ? Allaient-ils seulement passer leurs ASPICs ? Aucune des deux questions ne pourrait avoir de réponse, sauf peut-être concernant Harry. Pour ce qui était de Ron, par contre...

Quittant son bureau, la Gryffondor s'approcha de la cheminée et attrapa une pincée de poudre de Cheminette avant de se raviser. Les Dursley n'apprécieraient sans doute pas de voir leur cheminée cracher de grandes flammes vertes à sept heures trente du matin... Elle alla plutôt chercher sa chouette dans la cuisine et écrivit un mot à Harry.
La réponse ne se fit pas attendre et à peine la jeune femme avait-elle lu le mot qu'on sonnait à la porte.

— Entrez, dit-elle à Harry et Malefoy. Qu'est-ce qui se passe pour que vous débarquiez comme ça ?
— Je sais qu'il est tôt, Mione, répondit le brun. Mais Malefoy a reçu un mot de sa mère...
— Sa mère ? Mais...

La brunette regarda le Serpentard qui sortit de sa poche une lettre pliée.

— Elle m'a écrit depuis sa cellule du Ministère, dit-il. Elle est accusée de complicité et risque dix ans de prison. Ils viennent de le lui annoncer...

Hermione prit le papier et le lut rapidement. Elle soupira ensuite profondément et secoua la tête.

— Je ne sais pas si je pourrais faire quelque chose, dit-elle. Mon rôle était de te protéger, toi, pas ta mère, je ne sais pas si...
Miss Granger ?

Les trois adolescents se regardèrent puis Hermione se rendit dans le salon et regarda le grand portrait de Rogue.

— Parrain ! s'exclama aussitôt Malefoy.
Oh, par Merlin, vous êtes sain et sauf, Drago ! dit Rogue. Voilà une bonne nouvelle. Malheureusement, j'en ai une mauvaise... Oh, bonjour, Potter... Mais que faites-vous ici, tous les deux, d'abord ?

Hermione expliqua la présence de Harry et Malefoy puis lut la lettre de ce dernier à Rogue qui soupira.

C'est ce que je venais vous annoncer, dit-il. La Directrice vient de m'en informer...
— Y a-t-il quelque chose à faire ? demanda Malefoy. Parrain, je viens de perdre mon père...
Je sais Drago, mais j'ai peur que...

Rogue secoua la tête et Hermione se mordit la lèvre puis souffla.

— Tant pis pour les révisions, dit-elle en allant dans l'entrée. Je vais au Ministère, vous venez ?
— Moi ? dit Malefoy. Euh, Granger, je suis recherché...
Il va rester ici, dit alors Rogue. Il me tiendra compagnie...
— Entendu, répondit Hermione. Tu es en sécurité ici, Malefoy, la maison est bardée de sortilèges qui s'activent quand je pars. N'ouvre à personne.

Le blond opina lentement puis Hermione et Harry transplanèrent dès qu'ils furent dehors. Le Serpentard referma alors la porte et elle se verrouilla toute seule. Par sécurité, il poussa les verrous et retourna dans le salon.

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