Chapitre 3

Le petit réveil qui se mit à biper tira Hermione de ses songes et elle fronça les sourcils. Par la fenêtre, elle entendait les Moldus qui se rendaient au travail, dans la rue en bas de la maison, et le soleil entrait à flots à travers les persiennes.
Roulant sur le dos, la jeune femme s'étira. Cela faisait un mois qu'elle avait hérité de cette maison et elle y avait fait quelques changements afin de ne pas la transformer en sanctuaire.
Elle avait bien sûr gardé tous les meubles antiques de son ancien propriétaire, car ils étaient de très bonne facture, mais elle avait tout agencé à sa convenance, utilisant pour cela la magie afin d'optimiser au mieux l'espace impressionnant que lui offrait cette maison. Quand elle y réfléchissait, elle n'avait jamais eu d'endroit où vivre qui fut aussi grand !

Repoussant les couvertures, la Gryffondor attrapa sa robe de chambre et se leva. Elle alla ouvrir les persiennes, puis la fenêtre.
Bien que ce soit le début du mois de juin, il ne faisait pas particulièrement chaud, mais il faisait beau et c'était agréable de laisser les fenêtres ouvertes.

Descendant à la cuisine, Hermione se prépara un bon petit-déjeuner, comme tous les matins depuis un mois, et alla le déguster sur la table de la salle à manger, entourée de cartes, de plans, de parchemins, le tout décoré un peu partout de tickets autocollants colorés.

Alors qu'elle sirotait son café, on sonna soudain et elle sursauta. Elle jeta un coup d'œil vers l'entrée, se leva, ajusta sa robe de chambre avant d'aller ouvrir la porte après avoir vérifié l'identité du visiteur.

— Harry ! s'exclama-t-elle. Mais qu'est-ce que tu fais ici aussi tôt ?
— Les Dursley sont partis en vacances pour quatre jours, dit le Gryffondor avec un sourire. Et comme tu m'as dit avoir du mal à t'y retrouver, je viens t'aider.

Hermione sourit largement et l'embrassa sur la joue. Elle referma la porte après lui, s'excusa du désordre puis annonça qu'elle allait s'habiller. Quand elle redescendit, elle trouva son ami en train de parcourir les documents étalés sur la table. Elle s'approcha et soupira.

— Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre, avoua-t-elle. J'ai épluché la moindre donnée que Rogue m'a laissée, j'ai étudié les profils des locataires de chacune des demeures appartenant à la famille Malefoy, et jusqu'ici, je n'ai trouvé que deux personnes susceptibles d'accepter de les héberger un temps.
— Deux personnes sur une famille avec des centaines de membres ? Qui donc ?

Hermione repoussa son plateau de petit-déjeuner et tira un calepin de sous un tas de parchemins.

— Le premier s'appelle Thomas Burrows, dit-elle. Il a épousé une fille Malefoy il y a environ deux ans et ils habitent à... Perth, en Écosse. Ils logent dans une grande maison de six pièces et n'ont pas encore d'enfants.
— Ils seraient susceptibles d'héberger les Malefoy pour quelle raison ? Ce sont des Mangemorts ?
— Non, pas du tout, loin de là même, ni des Aurors, répondit Hermione. Lui, il est banquier, à Perth, côté Moldu, et elle, euh...  Vétérinaire. Même ville, même monde.
— Ce sont des sorciers, rassure-moi ?

Hermione plissa le nez.

— Lui, c'est un Moldu, et elle, une Cracmol, dit-elle alors. C'est une Malefoy, mais disons qu'elle a été mise au ban de la famille quand ses parents ont découvert que sa magie avait des ratées. Humiliée, elle a décidé de se venger en épousant un Moldu.
— Et tu crois vraiment que les Malefoy, nos Malefoy, ceux qui sont si arrogants et si fiers de leur sang pur, iraient s'enterrer chez des sorciers ratés ?
— Si Narcissa raisonne comme moi, alors oui, répondit Hermione.
— Ok. Et l'autre personne ?
— C'est un sorcier. Augustus Malefoy, un oncle de Lucius, répondit la jeune femme. C'est un ancien Mangemort qui a purgé une peine de vingt ans de prison à Azkaban et qui a fini par être relâché pour bonne conduite. Il vit seul dans un appartement à Cardiff où il se fait oublier, mais on dit qu'il est un peu fou. Pas étonnant s'il a passé vingt ans à Azkaban...
— D'accord. Est-ce que ça te dit d'aller voir ?
— Aujourd'hui ?
— Pourquoi pas ? Les Aurors sont occupés à traquer les Mangemorts survivants et le nouveau Ministre a trop de choses à penser pour s'occuper de moi, alors je suis tranquille pour l'instant. On va aller chacun voir un de ces gars. Si on rentre bredouille, on ira voir ailleurs.

Hermione observa les papiers sur le bureau puis hocha la tête.

— Très bien, dit-elle. On fait comme ça. Tu es déjà pris ton petit-déjeuner ?
— Oui, oui, en chemin. Mais continue à manger, hein, ça ne me gêne pas !

Hermione rigola doucement et reprit sa place pour finir son café et ses tartines tout en traçant l'itinéraire jusqu'aux deux villes où se trouvaient leurs cibles.

— Des nouvelles des Weasley ? demanda-t-elle au bout d'un moment en reposant son bol vide.
— Non, pas une seule et la boutique de Farces et Attrapes est fermée, répondit Harry en haussant les épaules. Euh, dis, Mione...
— Oui ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Harry baissa le nez et Hermione haussa les sourcils.

— Samedi... Ils enterrent Rogue, dit-il alors. Je me demandais si tu voulais m'y accompagner...

Hermione haussa les sourcils.

— Ils ne l'ont pas encore fait ? dit-elle, surprise. Ça fait plus d'un mois !
— Je sais, répondit le brun. Mais les Aurors...

Hermione pinça les lèvres, soudain agacée. Récemment, elle avait appris dans la Gazette du Sorcier que tout Mangemort tué ou retrouvé mort devait patienter plusieurs jours, sinon semaines, avant d'être rendu à la famille pour les funérailles. La raison évoquée était que le Ministère avait décrété que les Mangemorts devaient être purifiés de toute Magie Noire avant d'être mis en terre près de sorciers innocents. Leur corps était magiquement préservé pendant ce temps, et selon le rédacteur de l'article, de très nombreuses familles avaient pesté contre cette décision qui faisait un pied-de-nez au respect de l'humain dans la mort.
Passant sa langue sur ses lèvres, Hermione souffla par le nez.

— Est-ce qu'ils ont... fait quelque chose ? demanda-t-elle. Je veux dire, cette histoire de purification, est-ce que...?

Harry haussa les épaules et secoua la tête.

— Je l'ignore, j'ai juste reçu un message de McGonagall, hier matin... répondit-il. Tu vas vouloir y aller ? Après tout...

Il indiqua la maison autour d'eux et Hermione pinça les lèvres. Elle hocha ensuite la tête.

— Oui, dit-elle. C'est la moindre des choses. Et puis, je voudrais récupérer son portrait, aussi, ajouta-t-elle. Même si ce n'est qu'une représentation magique de lui, il pourra peut-être m'aider et je me sentirais moins seule.
— Au fait, quand tu l'auras retrouvé, Malefoy vivra ici ? demanda alors Harry.
— Je ne sais pas, peut-être. Rogue n'a rien précisé à ce sujet, mais comme il m'a demandé de tout faire pour le protéger, alors j'imagine que oui, dans un premier temps.

Harry hocha la tête puis ils décidèrent de partir voir leurs cibles désignées, chacun de leur côté. Ils convinrent de se retrouver ici-même, à midi, et chacun transplana ensuite.

.

Hermione arriva à Perth après une escale de transplanage dans une ville proche où elle était déjà allée. En effet, il était impossible de transplaner dans un endroit où on n'avait jamais mis les pieds ; la jeune femme fit donc le reste du trajet en bus et une fois dans la ville Ecossaise, elle entreprit de chercher le couple, mais ce fut plus compliqué qu'elle ne l'avait imaginé et ce ne fut qu'à onze heures et demi qu'elle parvint enfin à dénicher une maison aux abords de la ville qui ressemblait à ce que Rogue avait décrit dans ses documents...

— Ah non, Miss Granger, ils ne vivent plus ici depuis longtemps, répondit la femme à qui Hermione avait demandé si le couple qu'elle cherchait habitait dans cette maison.
— Ah bon ? Et où vivent-ils ?
— En ville. Avant de vous donner leur adresse, puis-je savoir pourquoi vous les chercher ?
— Je suis une amie d'un membre de la famille de Miss Malefoy, j'ai de mauvaises nouvelles à lui apporter...

La femme devant Hermione, agenouillée dans un parterre de fleurs, fronça les sourcils puis se releva.

— Bien, dit-elle. Attendez-moi une minute...

Hermione opina et la femme disparut dans la grande maison. C'était une sorte de pension de famille, cubique, avec une douzaine de fenêtres sur deux étages. Un grand jardin encombré d'arbres et de massifs embaumait et Hermione se surprit à vouloir des fleurs chez elle. Cela lui tira un sourire et elle haussa les épaules. La femme revint alors avec un papier autocollant.

— Tenez, dit-elle en le lui tendant. Je n'ai pas l'adresse de leur maison, mais voici le cabinet vétérinaire de Miss Malefoy, elle devrait s'y trouver à l'heure qu'il est.

Hermione hocha la tête et remercia la femme, puis tourna les talons en collant soigneusement le papier sur son agenda. Elle s'éloigna ensuite en lisant l'adresse et décida d'y aller à pied, qu'elle avait croisé un cabinet vétérinaire en venant, et que c'était peut-être celui qu'elle cherchait.

.

De son côté, Harry, à l'autre bout du Royaume Uni, était à Cardiff, toujours à chercher cet Augustus Malefoy, retranché dans un appartement quelque part en ville. Il n'avait pas l'adresse exacte, mais grâce à la magie, et à l'Enchantement des Quatre Points, il était en train de pister l'homme. Il avait passé toute la matinée à tourner dans l'immense ville et une horloge sonnait onze heures et demi quand sa baguette se figea sur sa paume en indiquant un vieil immeuble des années soixante qui aurait bien besoin d'un ravalement de façade.

— C'est tout à fait le genre d'endroit où personne ne penserait à aller chercher des fugitifs, dit le brun en traversant la route. Hm, bien évidemment, aucun nom sur le digicode... Tant pis, on va la faire façon livreur de colis...

Il allait pour appuyer sur l'interphone quand une ombre se profila dans son champ de vision, dans l'entrée de l'immeuble. Pris d'un étrange sentiment, il s'éloigna aussitôt et se cacha au coin de l'immeuble. La personne sortit dans la rue, regarda autour d'elle et remonta son capuchon sur sa tête.

— Un capuchon en plein été, même à Cardiff, c'est suspect, dit Harry en regardant partir la personne. Voyons voir où tu vas...

Il suivit l'homme grisonnant jusqu'au coin du pâté de maisons et quand il s'engouffra dans une supérette, il s'arrêta.
L'homme ressortit une dizaine de minutes plus tard, les bras chargés de commissions, et Harry fronça les sourcils. À moins que cet homme ait une famille d'au moins six personnes à charge, il était difficilement concevable qu'un vieux célibataire achète autant de nourriture fraîche pour lui seul.
Harry décida alors d'en savoir plus et rusa de nouveau. Il se tenait au bord du trottoir et, faisant brusquement demi-tour quand l'homme passa près de lui, il le bouscula. L'homme poussa un grognement et trébucha en laissant tomber un sac pour se retenir au mur.

— Bon Dieu, mais pouvez pas faire gaffe ?! s'exclama-t-il.
— Pardon, je ne vous avais pas vu, dit aussitôt Harry en l'aidant à ramasser le sac tombé qui s'était renversé. Je suis désolé, j'étais au téléphone et...
— Saleté de technologie ! grommela l'homme.
— Excusez-moi encore, Monsieur... ?
— Dégagez de mon chemin, vermine ! gronda l'homme.

Harry sursauta et l'homme s'en alla à grands pas en maugréant contre les jeunes qui ne faisaient jamais attention à rien. Loin d'être vexé, Harry était au contraire très content car il venait de mettre la main sur Augustus Malefoy, il en était certain. Seul un sorcier pouvait jurer après la technologie de cette manière.
Il décida donc de le suivre jusqu'à son immeuble et quand il disparut dans l'entrée, le Gryffondor le pista à l'aide de l'enchantement des Quatre Points. Il ignorait si ça allait fonctionner, et à sa grande surprise, sa baguette se souleva légèrement à mesure que l'homme grimpait les étages de l'immeuble, pour s'arrêter au niveau de troisième étage et d'une fenêtre en particulier. Harry hocha la tête et transplana à Londres, mais il trouva porte close et s'assit devant en attendant Hermione.

Quand celle-ci revint, il lui fit part de sa trouvaille et elle lui annonça qu'elle avait rencontré Miss Malefoy et que celle-ci avait juré sur Merlin que jamais elle ne donnerait asile à l'un des membres de sa félonne famille qui n'avait pas hésité à la rejeter parce que sa magie était défaillante. Hermione avait alors espéré que Harry aurait plus de chance, et c'était visiblement le cas.

— Tu les as vus ?
— Non, répondit le brun en déposant deux jeux de couvert sur la table basse dans le salon. Mais cet homme s'appelle Malefoy et il a acheté beaucoup trop de nourriture fraîche pour lui tout seul.
— Donc il héberge quelqu'un.
— Je pense. Il est tellement revêche qu'il est impossible qu'il ait une femme et des enfants.
— Rogue ne l'a mentionné nulle part, de toute façon, répondit Hermione.

Elle revint avec un plat de frites et une poêle où elle avait fait cuire deux énormes steaks. Harry lui décocha un sourire et ils s'installèrent pour déjeuner tout en parlant de la suite des événements... sans avoir que c'était eux qui allaient venir à eux, et non le contraire.

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