Chapitre 22

— Alors ?
— C'est fait.

Hermione tendit le bras vers Malefoy qui observa le bracelet en argent à son poignet.

— Et tu crois que Potter et les autres vont gober l'histoire ? demanda-t-il.
— C'est le but. De toute façon, je ne fais ça que pour rendre service à Severus, il va de soi que je ne serai jamais heureuse avec ce nom...

Malefoy plissa un œil.

— Par heureuse, tu entends...

Hermione inspira et remua sa cuillère dans son café. Elle avait demandé au Serpentard de la rejoindre, juste après avoir quitté Maître Martin.

— Je n'aurai jamais d'enfants qui pourront porter ce nom et le perpétuer, répondit la jeune femme en haussant une épaule. Ils porteront le nom de leur père et je ne pourrai rien y faire, même si j'ai promis à Severus de faire en sorte que non.

Elle marqua une pause et renifla brièvement.

— Je ne m'attendais de toute façon pas à tomber enceinte en revenant du monde de tableaux, dit-elle. Il n'est pas lui, Malefoy, c'est une juste un Écho et...

Le blond grimaça et observa son thé. Ils étaient en terrasse malgré le froid ambiant et les deux boissons fumaient abondamment.

— Écoute Granger, dit alors Malefoy. J'ai repensé à ce que tu m'as dit, lundi...
— À propos du marché ?
— Ouais. Ma mère a choisi Astoria...

Il glissa sa main dans sa doudoune et en sortit une photo. Il la fit glisser et Hermione observa la femme dessus.

— Elle est jolie, dit-elle. Bien plus que Daphné, il faut le reconnaître.
— C'est un fait. Elle a deux ans de moins que moi, mais elle est jolie et elle a la tête sur les épaules.

Hermione lui rendit la photo.

— Tu veux annuler mon accord ? demanda-t-elle.
— Non, pas exactement, répondit le blond. J'aimerai le modifier.

Hermione fronça les sourcils.

— Modifier ? Comment cela ? J'ai peur de ne pas comprendre, Drago...

Malefoy hocha la tête.

— Tu m'as demandé de faire en sorte que mon mariage avec l'une des sœurs Greengrass capote en m'arrangeant pour ne jamais le consommer sur une période d'une année. L'idée était intéressante et j'aurais aisément pu l'appliquer si ma mère et les parents Greengrass avaient choisi Daphné...

Hermione entrouvrit la bouche et Malefoy opina.

— Je vais épouser Astoria, dit-il. Je vais l'épouser et lui donner un enfant. Ensuite, je demanderai le divorce pour une raison que je n'ai pas encore et je reviendrai vers toi. Je sais que tu ne seras pas mariée parce que tu n'en auras pas la force.
— Pas de pitié, dit alors Hermione. Pas question que tu m'épouses par pitié...
— Non, ne t'en fais pas, ce ne sera pas le cas. Je dois encore réfléchir à tout ça, mais ton accord va devoir s'étaler sur trois ou quatre ans, malheureusement, car il est quasiment impossible qu'Astoria tombe enceinte juste après le mariage.
— C'est possible, si, répondit Hermione. Il faut juste avoir de la chance... ou un petit coup de pouce.
— Je n'ai jamais eu la chance de mon côté, répondit le blond en secouant la tête. Tu vas donc devoir patienter...

Hermione grimaça, se mordant la joue puis elle hocha la tête et soupira.

— Très bien, dit-elle en posant sa main sur celle du blond. Je vais devoir me faire à l'idée d'être veuve, donc...
— Je suis désolé, Hermione...

Malefoy serra ses doigts sur ceux de la jeune femme qui lui fit un léger sourire. Le blond se pencha ensuite vers elle et l'embrassa sur la joue une longue seconde. Quand il recula, elle lui caressa la joue.

— Pourquoi tu n'étais pas comme ça, quand nous étions à Poudlard ? dit-elle doucement.

Malefoy sourit doucement puis ils reprirent leur discussion en changeant de sujet.

.

Un peu plus tard dans la journée, alors qu'elle repoussait le moment ultime de rentrer, Hermione faisait quelques emplettes sur le Chemin de Traverse lorsqu'elle entraperçu une tignasse rousse devant le boutique de Farces et Attrapes des Weasley. La surprise lui fit tomber la mâchoire, mais elle se reprit rapidement et traversa la large allée en jouant des coudes.
Lorsqu'elle arriva devant la boutique et qu'elle fit jouer la poignée de la porte, cependant, la clenche resta immobile. Elle posa alors ses mains gantées sur la vitre en guise de cache-lumière et regarda à l'intérieur, mais elle ne vit personne et de grands draps recouvrant les étals.
Dépitée, la jeune femme recula d'un pas, observa l'immense mannequin inerte qui décorait la boutique, puis elle tourna les talons. Elle avait vu Ron, elle en était certaine, elle saurait le reconnaitre parmi tous les roux de la Terre...
Penser à son meilleur ami qu'elle n'avait pas revu depuis des mois, lui donna un petit coup au moral et elle décida de se rendre dans la banlieue de Londres, à Privet Drive. Elle avait besoin de voir Harry, elle ne l'avait pas vu depuis plusieurs jours, et...
Hermione n'eut pas le loisir de tergiverser plus longtemps. On la bouscula si violemment qu'elle fut projetée contre l'angle d'un mur qui s'enfonça dans sa hanche.

— Bordel ! s'exclama-t-elle. Vous pourriez faire gaffe !

Mais celui ou celle qui l'avait bousculée était déjà loin. Gémissant de douleur, Hermione se redressa alors et posa sa main sur hanche. Si elle n'était pas écorchée grâce à son épais manteau, elle aurait sans aucun doute un magnifique bleu...

— Tout va bien, mademoiselle ?

Pivotant, la jeune femme rentra le menton en découvrant l'homme qui lui avait parlé. Elle hocha ensuite vivement la tête et souffla.

— Un abruti m'a si bien bousculée que je me suis enfoncé l'angle de cette boutique dans la hanche, grogna-t-elle.
— Je suis Médicomage, vous voulez que je regarde ?

Hermione haussa un sourcil puis secoua la tête.

— Piètre tentative de drague, lâcha-t-elle. Merci quand même pour l'inquiétude.

Elle se retourna et l'homme resta planté là sans réagir, abasourdi par la réaction de cette jeune sorcière dont le visage ne lui était pas inconnu. Il n'avait cependant aucune idée d'où il avait bien pu voir cette fille avant aujourd'hui, et il tourna les talons après s'être ébroué.

.

Tu boites ?
— Ce n'est rien, répondit Hermione en traversant son salon. Je me suis battue avec un mur et il a gagné...
Je te demande pardon ?

Hermione jeta un coup d'œil au tableau de Rogue et soupira. Elle retira son manteau, sa toque et ses gants et les déposa sur le dossier du canapé.

— On m'a bousculé sur le Chemin de Traverse, dit-elle. Je me suis écrasée contre l'angle d'une boutique... Je vais juste avoir un bleu, ne t'en fais pas...
Il y a tout ce qu'il faut pour soigner ça, dans le cellier.

Hermione adressa un sourire à celui dont elle était officiellement la veuve, puis soupira profondément et leva son poignet droit. Rogue fronça les sourcils.

Tu l'as fait ? demanda-t-il.
— Oui, répondit la jeune femme. Je l'ai fait, j'ai accepté la clause du contrat et je suis officiellement ta femme, du moins, ta veuve. Mais je ne porterai pas ton nom en public, tu peux le comprendre, n'est-ce pas ? Sur les papiers, oui, mais le reste du temps, je resterais une Granger.
Bien sûr...

Rogue esquissa un sourire et Hermione lui fit miroir. Elle grimaça ensuite et souleva son pull sur sa hanche.

Hum, effectivement, tu ne t'es pas ratée... dit Rogue en plissant le nez.
— Dans le cellier, tu dis ? Je n'ai rien vu...
Si tu y as entreposé de la nourriture, comme je l'ai eu fait pendant un temps, alors effectivement, tu ne peux rien voir, répondit Rogue. Troisième étagère, contre le mur au fond, il y a un petit anneau en bois. Appuie dessus et une porte s'ouvrira en bas du mur.

Hermione haussa les sourcils puis se rendit dans la cuisine. À droite, elle avait une fenêtre qui donnait sur la rue, en face d'elle, le frigo, la cuisinière, un plan de travail, l'évier, et un grand placard, tous bien alignés. Et à gauche, dans le mur qui longeait le couloir, un long cellier frais en toutes circonstances.

— Une porte secrète dans le cellier, tu dis ? demanda-t-elle d'une voix forte.
Tout à fait.
— Tu en as d'autres comme ça ?
Pas dans cette maison, elle était déjà construite quand mes parents s'y sont installés... répondit Rogue depuis le salon, un air amusé dans la voix.

Hermione sourit. Elle entra dans le cellier, frissonna, puis avisa les étagères pleines à craquer de denrées. Des conserves métalliques se battaient l'espace avec des filets remplis de pommes de terre, de carottes et de légumes verts, et sur l'étagère d'en face, un sortilège maintenait viandes, poissons et œufs au frais.

— Au fond, donc, marmonna Hermione.

Elle tira sur le cordon pour éclairer la lampe et poussa sur le côté des bocaux de fruits et de légumes en conserves que Narcissa lui avait généreusement donnés avant Noël.
Du bout des doigts, Hermione tâta alors la planche au fond de l'étagère et sentit bientôt sous ses doigts un petit relief, comme un nœud dans le bois. Elle l'enfonça du bout des doigts et un déclic se fit entendre à ses pieds.

Trouvé ? demanda Rogue.
— Oui, répondit la jeune femme en reculant d'un pas. Dis donc, tu ne devais pas y aller souvent avec ta grande carcasse...

Il y eut un rire dans le salon et Hermione s'accroupit et pinça la bouche. Elle inspecta la dernière étagère et remarqua qu'elle était escamotable. Elle la déplaça et se glissa dans l'ouverture où un enfant de cinq ans aurait eu juste à baisser la tête pour s'y faufiler. Elle se releva de l'autre côté et poussa un petit cri quand elle sentit quelque chose sur son front. Elle s'en empara et tira dessus. La lumière se fit et la jeune femme tourna alors sur elle-même.

— La vache...  !

Elle se trouvait dans une sorte de tube vertical où elle avait juste la place de se tenir debout et de pivoter. L'endroit devait faire deux mètres de diamètre, la taille d'une douche, environ, et sur les murs se trouvaient des étagères d'une vingtaine de centimètres de large, arrondies, supportant des centaines de petites fioles couvertes de poussière.

— Cet été, j'irais dans ton manoir ! cria-t-elle alors à Rogue. Et j'emporterai ton tableau, comme ça, tu pourras me montrer tous les recoins secrets !

Un rire monta du salon et Hermione sourit. Elle pivota sur elle-même en lisant les étiquettes des fioles et finit par trouver ce qu'elle cherchait. Elle ressortit du réduit en se contorsionnant un peu, remis le cellier en place, puis retourna dans le salon.

— Faut pas être claustrophobe, quand même, dit-elle.
Tu as trouvé ?
— Oui. Ça s'applique comment ?
Tu en mets deux gouttes avec la pipette sur ton ecchymose et tu masses doucement, expliqua Rogue. C'est très concentré, si tu en mets trop, ça risque d'avoir l'effet inverse et de fluidifier le sang, et donc d'agrandir l'ecchymose.

Hermione opina et regarda l'heure.

— Mince, dit-elle. Je voulais aller voir Harry, ça va être trop tard...
Il est trois heures de l'après-midi... s'étonna Rogue.
— Harry a trouvé un travail, répondit la jeune femme en déposant deux gouttes du produit sur son bleu qui avait la taille d'une mini bouteille d'eau. Il est videur dans une discothèque, il commence à dix-sept heures...
Videur ? Ce gringalet ?
— Oui, c'est ce que je lui ai dit, mais c'est une discothèque pour sorciers, donc il pourrait être comme Colin que ça ne gênerait pas, du moment qu'il sait utiliser un Repulso...

Rogue haussa un sourcil puis les épaules et regarda Hermione étaler doucement la potion bleu-vert sur sa hanche.

— Si je retrouve le gars qui m'a bousculée, il va prendre cher ! grogna-t-elle. Ça chauffe...
C'est normal. Ça va fluidifier le sang et l'aider à disparaître. Il y a de l'arnica dedans.

Hermione opina puis baissa son pull et ranger le flacon dans la salle de bains. Quand elle revint dans le salon, Rogue n'était plus dans son tableau. Regardant sa montre, Hermione détala au premier et se changea rapidement. Quand elle redescendit, Rogue était de nouveau là, debout.

Je m'absente, dit-il. Minerva a besoin de moi, je ne sais pas si je reviendrais avant ce soir...
— Ne t'en fais pas. Bon après-midi ?
Merci, ma chérie. Toi aussi.

Rogue disparut alors au bord de son cadre et Hermione souffla par le nez. Un sourire étira sa bouche puis elle enfila son manteau et transplana aussitôt chez Harry.

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