Chapitre 2
— Prête à partir ?
— Pas vraiment... Il y a encore tellement de choses à faire...
— Les maçons vont se charger du reste. Toi, tu as une mission à accomplir.
Hermione esquissa un sourire. Elle regarda Harry, puis Ron, et soupira. Trois semaines s'étaient écoulées depuis la bataille et le château reprenait doucement ses couleurs. À présent, pour tous les traumatisés, il était temps de rejoindre des songes plus calmes.
— J'ai du mal à le croire, dit Hermione. Tout... Il m'a tout légué, à moi. Pourquoi ?
Ron ronfla.
— Il était peut-être amoureux de toi !
Harry le bourra du coude et Hermione secoua la tête.
— J'avais tout perdu, dit-elle alors en touchant la clef en fer posée sur la table devant elle. Je n'avais plus ni parents, ni maison, et voilà que...
Elle haussa les épaules puis regarda Harry qui lui sourit doucement.
— Trouve-le, dit-il simplement. Ramène-le, d'accord ?
La Gryffondor opina puis Ron se leva et Hermione tourna la tête. Molly, Arthur, Georges et Ginny venaient d'entrer dans la Grande Salle récemment remise à neuf.
— On y va, Ron ? demanda son père.
— Oui.
— On ne vous abandonne pas, les enfants, dit alors Molly doucement, le visage tiré par le chagrin. On vous enverra un hibou pour vous dire quand vous pourrez revenir chez nous, d'accord ?
Hermione opina et sentit les larmes monter. Elle sourit doucement et Harry, debout près d'elle, se laissa enlacer par Molly qui lui caressa les cheveux en le regardant droit dans les yeux.
— Ton oncle et ta tante ne sont pas de mauvaises personnes, Harry, dit-elle. Donne-leur une seconde chance, d'accord ?
— Je vais essayer...
Harry sourit doucement puis les Weasley se détournèrent et Harry renifla. Hermione se leva alors.
— Tu m'accompagnes jusqu'à la maison ? demanda-t-elle.
— Si tu veux... Après, je prendrais le bus pour rentrer...
Hermione esquissa un sourire puis elle prit la main de Harry dans la sienne et la serra solidement. Elle transplana ensuite, profitant des défenses volontairement affaiblies du château pour permettre sa réparation, et ils reparurent dans un quartier ouvrier de Londres.
.
— C'est là, dit Hermione en s'approchant d'une allée étroite où le soleil avait de la peine à entrer. L'impasse du Tisseur... Glauque à souhaits.
Ils avaient traversé la zone industrielle en suivant un plan rudimentaire et un bâtiment de pierres rouges se dressait devant eux.
Hermione se planta devant la porte en bois peinte en noir et gonfla ses joues. Harry lui prit la main. La jeune femme lui jeta un regard en biais puis tendit le bras et introduisit la clef dans la serrure. Elle la tourna à droite, puis à gauche, et un déclic se fit entendre. Un éclat passa ensuite le long des bords de la porte qui pivota doucement tandis que le nom gravé sur la boîte aux lettres passait de S. Rogue à H. Granger...
— Te voilà chez toi, on dirait, dit alors Harry en avançant.
Hermione déglutit. Elle avait bien du mal à encaisser que Rogue ait fait d'elle sont héritière. Elle lui en était reconnaissante, mais elle avait du mal à savoir pourquoi, sinon pour accomplir la mission qu'il lui avait confiée avant de mourir.
— J'ai un mauvais souvenir qui revient, dit soudain Harry.
Hermione opina. Après la mort de Dumbledore, quand ils s'étaient tous réfugiés au 12, Square Grimmaurd, dans l'entrée, le fantôme de Dumbledore les avait accueillis en leur criant dessus... C'était un souvenir plutôt effroyable.
— Allons-y, dit alors Hermione en secouant la tête. Courage !
Harry poussa la porte et entra. Aussitôt, les lumières s'éclairèrent, les rideaux des fenêtres se tirèrent et Hermione entra à son tour. Elle referma la porte dans son dos et ils longèrent le court hall d'entrée pour déboucher dans un salon salle à manger plutôt vaste.
— Sympa, nota Harry. Il avait bon goût pour un vieux grincheux...
— Un peu de respect, s'il te plaît, le corrigea Hermione.
— Désolé. Tiens, regarde, il y a un mot là à ton nom, sur la cheminée...
Hermione déposa sa veste sur le dossier d'un canapé et s'approcha. Elle prit le mot épinglé sur le manteau de la cheminée et le lut dans sa tête.
— Ça dit quoi ? demanda Harry.
— C'est de Rogue, dit la jeune femme. Il m'explique que s'il a fait de moi son héritière, c'est parce que je suis la fille qu'il aurait aimé avoir, s'il...
Hermione serra les mâchoires et regarda ailleurs. Elle souffla et Harry lui proposa de s'asseoir. Il se rendit à la cuisine et lui ramena un verre d'eau. Hermione le remercia.
— Il a une très grande estime pour moi, reprit-elle ensuite. Mes capacités intellectuelles l'ont toujours impressionné et il savait au fond de lui que j'allais être capable de te protéger bien mieux que lui. Il regrette de ne jamais avoir pu être un autre homme que le professeur Rogue envers moi et il regrette de mourir si jeune.
— Être un autre homme envers toi ? demanda Harry. Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Peut-être un peu plus de reconnaissance de sa part, sans doute... Il ne m'a jamais traitée comme une véritable sorcière...
Harry grimaça. Hermione renifla et souffla.
— Si j'avais pu... dit alors Harry. Si j'avais pu tuer Nagini avant qu'elle...
Hermione posa sa main sur le poing serré de son meilleur ami.
— Ne t'en veux pas, dit-elle doucement. Rogue a eu une seconde chance extraordinaire, il est mort jeune, oui, mais il a pu faire beaucoup de choses pour s'amender de ses erreurs passées. Ne soit pas en colère contre toi, Harry.
Le brun serra les mâchoires. Hermione baissa alors le parchemin et soupira profondément.
— Cette maison est en très bon état, dit-elle en regardant autour d'elle. Ça manque un peu de couleur et de lumière naturelle, mais ça peut s'arranger.
Elle leva l'index et dessina du doigt une grande verrière dans le plafond du salon. Harry sourit doucement. Il regarda ensuite sa montre et se leva.
— Je te laisse, dit-il. Les Dursley doivent être rentrés maintenant... Ça ira, toute seule ?
Hermione opina.
— Je n'ai rien à craindre, ici, dit-elle en se levant à son tour. Et à moins que Rogue choisisse de hanter cette maison plutôt que Poudlard...
Harry hocha la tête. Il prit alors la jeune femme dans ses bras et la serra solidement contre lui. Il l'embrassa sur le front quand elle recula puis quitta la maison en transplanant. Hermione se retrouva alors seule et décida de visiter la maison.
Sans grande surprise, elle trouva dans sa chaque pièce des lettres lui étant destinées, écrites par Rogue, qui lui laissait des instructions pour vivre dans son ancienne maison.
Quand elle entra dans la chambre à coucher, elle marqua un temps d'arrêt. Tout était comme Rogue l'avait laissé en partant le lundi matin avant la Bataille, on aurait presque dit qu'il allait rentrer d'un moment à l'autre.
Soufflant, Hermione s'approcha du grand lit à baldaquin aux rideaux de satin vert. Elle passa sa main sur la courtepointe damassée verte. Les motifs ressortaient à cause du fil brillant utilisé pendant le tissage, et cela rendait l'ensemble très harmonieux.
Un parchemin était posé sur la proéminence que formaient les oreillers. Hermione hésita une seconde puis s'assit au bord du matelas et prit le parchemin. Un léger rire lui tira un sourire et elle secoua la tête.
— Professeur... dit-elle, amusée.
Elle baissa ensuite le menton et soupira. Rogue lui indiquait dans ce court mot que son lit était désormais le sien et qu'il n'avait jamais imaginé dire ça à une jeune femme qui avait vingt ans de moins que lui.
— Je prendrais soin de votre maison, dit-elle alors en regardant autour d'elle. Vous avez ma parole, professeur.
Regardant sa montre, la Gryffondor redescendit au premier et fouina parmi les livres et les cahiers entreposés sur la grande table de la salle à manger. Rogue y avait rassemblé tout ce qu'il savait sur les Malefoy, tous les endroits où ils pourraient aller en cas de repli de dernière minute. Il avait fait la liste de toutes les maisons, tous les appartements, tous les manoirs que cette imposante famille possédait, avec les noms des actuels locataires et leur lien avec les Malefoy.
— Je vais en avoir pour des semaines... soupira Hermione en survolant une liste de noms qui lui étaient tous inconnus. Je suis très contente que vous me fassiez confiance à ce point, Monsieur, mais vous auriez pu me faciliter un peu la tâche, vous ne pensez pas ?
Hermione renifla puis décida de se faire du thé avant de commencer. Plus elle s'y mettait tôt, plus elle avait de chances de retrouver les Malefoy avant qu'ils ne soient hors d'atteinte. Elle aurait tout le temps de s'installer plus tard.
Car c'était la mission que Rogue lui avait confiée : retrouver les Malefoy, où qu'ils soient, et faire le nécessaire en protégeant Drago au maximum, selon le Serment Inviolable qu'il avait fait avec Narcissa. Et elle avait bien l'intention de réussir cette tâche !
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