Chapitre 12
Hermione froissa la page de l'éphéméride numérotée vingt-quatre décembre et soupira. Pour la première fois de sa vie, elle allait passer Noël sans ses parents et cela lui laissait un terrible goût amer au fond de la bouche.
La jeune femme réalisa alors que cela faisait sept mois qu'elle vivait ici, dans la maison qui avait jadis appartenu au professeur Severus Rogue. Elle l'avait personnalisée au fil des semaines, déplaçant les meubles et ajoutant de la déco comme seule une femme peut en ajouter dans une maison précédemment décorée par un homme célibataire, et désormais, elle se sentait chez elle.
Sans réellement savoir pourquoi, Hermione avait hérité de toutes les possessions de l'homme, matérielles comme financières. Elle possédait un coffre à Gringotts, rempli de Gallions engrangés pendant trente-huit ans d'une vie de souffrances. Elle avait également hérité d'un manoir dans le Wiltshire, non loin de celui des Malefoy ; elle ne s'y était pas encore rendue et elle doutait le faire un jour, sinon peut-être l'été, quand la chaleur sur Londres réclamait un peu plus d'air frais.
Avec un bref soupir, la jeune Gryffondor regarda autour d'elle. Cela lui avait fait très bizarre de mettre en place les décorations de Noël dans une maison qui n'était pas celle de ses parents. Elle avait dû tout acheter d'ailleurs, car Rogue n'avait aucune décoration de Noël, il n'avait sans doute jamais passé de réveillon dans cette maison, passant le plus clair de son temps à Poudlard.
Accrochée à la cheminée, une grande chaussette décorée attendait qu'on y glisse un petit cadeau. Sous le sapin, déjà quelques paquets avaient commencé à apparaître, dès le matin, et la jeune femme souriait à chaque fois qu'un froissement se faisait entendre dans son salon. Elle savait qu'il n'y aurait pas de paquet marqué « Papa » et « Maman », cette année, mais elle relativisait en se disant qu'avec le temps, elle finirait par trouver un moyen de leur rendre la mémoire. Après tout, elle était une puissante sorcière, tout, ou presque, lui était permis.
Cependant, malgré sa tristesse, elle n'allait pas passer Noël seule car Harry venait la rejoindre, ainsi que Malefoy et sa mère, et à la grande surprise de la brunette, Blaise Zabini et Pansy Parkinson, les deux éternels amis du Serpentard blond dont les parents avaient été envoyés en prison, Azkaban ou non. Seul manquait à l'appel, Ron et sa famille.
Hermione s'ébroua soudain, refusant de penser à son meilleur ami qui semblait avoir oublié son existence. Elle observa son salon, hocha la tête, puis attrapa sa baguette magique et dressa la table pour six personnes, dans un premier temps. Elle avait invité quelques anciens camarades de Gryffondor, comme Neville, Dean ou Seamus, mais pour l'instant, aucun n'avait confirmé sa venue.
Un coup d'œil vers le grand portait de Rogue indiqua à Hermione que celui-ci était à Poudlard. Étrangement, ces dernières semaines, il y passait beaucoup de temps, parfois plusieurs jours d'affilée, mais Hermione ne s'inquiétait pas. Il finissait toujours par revenir la saluer, même quelques heures.
Décidant que sa table de réveillon de Noël était prête, la jeune femme monta s'habiller. Elle prit une douche puis enfila une belle robe jaune moutarde soulignée d'une ceinture noire qui lui mangeait la taille. Elle enfila des escarpins noirs puis s'assit ensuite devant sa coiffeuse et agita sa baguette pour élaborer une jolie coiffure. Une petite touche de maquillage et c'était parfait.
La sonnette de la porte d'entrée retentit au même moment et Hermione regarda sa montre. Elle indiquait dix-neuf heures. Ce devait très certainement être Harry. Elle descendit donc et alla ouvrir... et dû laisser passer plusieurs sacs en papier montés sur deux jambes.
— Harry... ? dit la jeune femme, étonnée. Mais qu'est-ce que tu amènes ?
— Juste quelques petits cadeaux pour tout le monde, répondit le Gryffondor en déposant son chargement sur le tapis, dans le corridor. Ne t'en fais pas, ce sont des bricoles. Joyeux Noël, ma Mione, dit-il ensuite en l'embrassant sur la joue.
— Joyeux Noël à toi aussi, répondit la jeune femme avec un sourire.
La sonnette retentit de nouveau et Harry disparut dans le salon avec ses sacs pour disposer ses présents dans les assiettes et Hermione se retourna pour ouvrir aux invités.
— Joyeux Noël, Miss Granger !
Narcissa Malefoy se tenait sur le seuil, bien droite, fière d'être elle-même, mais arborant un sourire immense, radieux. Hermione lui décocha un sourire.
— Joyeux Noël, Madame Malefoy, dit-elle en s'effaçant pour la laisser entrer. Drago n'est pas là ?
— Si, si, il arrive, juste quelques différends à régler avec... sa fiancée.
Hermione eut un coup au cœur et elle regarda Narcissa.
— Fiancée ? dit-elle, surprise. Mais...
— Oh, ne vous en faites pas, elle ne viendra pas. Pour mon plus grand malheur, ils ne s'entendent pas. Oh ! Mais qui voilà ! Monsieur Potter !
Se détournant, Narcissa jeta son manteau sur le dossier du canapé et alla saluer Harry comme si elle le connaissait depuis qu'il était enfant.
Dans l'entrée, Hermione l'observa un moment, sous le choc. Depuis les examens à Poudlard, mi-septembre, elle n'avait plus entendu parler de ce mariage arrangé et elle avait pensé que Malefoy avait fini par faire comprendre à sa mère que ce n'était pas ce qu'il voulait, mais visiblement, la femme avait tenu bon. La seule chose qui rassurait un peu Hermione était le fait que Malefoy et sa fiancée, qui qu'elle soit des sœurs Greengrass, ne s'entendaient pas...
Pansy Parkinson et Blaise Zabini furent les suivants à arriver et, à la surprise d'Hermione, chacun l'enlaça en lui souhaitant un Joyeux Noël. Harry eut droit au même traitement et Hermione songea, en regardant le visage décomposé de son meilleur ami, que le miracle de Noël existait peut-être vraiment.
— Severus ! appela soudain Narcissa, plantée devant la cheminée. Severus, montre-toi, vieux phoque !
Hermione, surprise, ronfla en posant sa main sur sa bouche et s'approcha du salon.
— Madame Malefoy, je vous en prie, dit-elle, amusée. C'est la veille de Noël...
— Oh, et cet énergumène est mon meilleur ami, Miss Granger, répondit la sorcière. Était, devrais-je dire, rectifia-t-elle. Quand bien même, il se doit d'être présent ! Severus !
Hermione se mordit la lèvre en souriant et la sonnette de la porte retentit à nouveau. Faisant comme chez lui, Malefoy entra alors et s'ébroua sur le tapis.
— Il neige ? demanda Hermione en s'approchant.
— Oh, un vrai blizzard !
Le blond lui décocha ensuite un sourire puis l'enlaça vigoureusement et lui planta un baiser sur la joue. Hermione rigola. Quand il la relâcha, il se débarrassa de son manteau et de sa toque en fourrure, puis entra dans le salon pour saluer tout le monde d'une solide poignée de main, excepté pour sa mère.
— Tout le monde est là ? demanda alors celle-ci.
— Je l'ignore, pour l'instant oui, mais j'ai invité trois autres amis de Gryffondor, et bien sûr, Ron, mais je n'ai pas de nouvelles de lui depuis la fin du mois de mai alors...
— Moi non plus, dit Harry. Aucune lettre, aucun mot, rien...
— Ne désespérez pas, les enfants, dit alors Narcissa. La perte d'un enfant est quelque chose de terrible pour des parents... Ma sœur, Andromeda, n'arrive encore pas à se faire à l'idée qu'elle a perdu simultanément sa fille et son gendre...
Hermione pinça la bouche dans un mince sourire. La pendule sonna alors brièvement sept heures et demi et la jeune femme décida qu'ils allaient commencer la soirée par un apéritif qui ferait peut-être venir les retardataires et, à la grande surprise de tout le monde, alors que le champagne passait à la ronde en remplissant les flûtes en cristal, la cheminée ronfla et déposa sur le tapis, Seamus et Dean. Hermione poussa un cri en les voyant et se jeta dans leurs bras. Ils l'enlacèrent et elle les invita à se débarrasser puis à prendre place autour de la table basse en verre.
.
La soirée fut magique, en tous points. Malgré la présence d'une adulte et de trois Serpentards, tout le monde s'amusa, rigola, mangea et bu tout son soûl.
Vers minuit, les convives commencèrent cependant à accuser un peu la fatigue et bientôt, Harry et Dean émigrèrent vers le canapé, devant la télévision en sourdine, et les autres changèrent de place à mesure que chacun se levait, qui pour aller aux toilettes, ou chiper un truc dans la cuisine ou dans la panière à fruits.
Narcissa déposa la pile d'assiettes dans l'évier et soupira.
— C'était divin, Miss Granger, dit-elle en commençant à rincer les plats pour les mettre dans le lave-vaisselle. C'est vous qui avez cuisiné ?
— Avec l'aide d'un peu de magie, mais oui, répondit la Gryffondor en découpant quelques parts d'un gâteau qui semblait terriblement appétissant. Cuisiner m'occupe et m'empêche de songer au fait que mes parents ne savent pas qui je suis.
Elle remarqua alors ce que la femme faisait et secoua la tête.
— Laissez donc ça, je m'en occuperai demain...
— Non, non, ça ira, assura Narcisse en tirant le panier du lave vaisselle. À vrai dire, c'est plutôt une excuse, ajouta-t-elle ensuite en glissant les couverts dans le panier à couverts.
— Une excuse pour quoi ? demanda la Gryffondor, étonné.
Narcissa déposa une assiette dans la machine puis se releva et retira la bouilloire de la plaque électrique en soupirant.
— Pour vous parler d'une chose qui me taraude depuis quelques temps, déjà... dit-elle.
Hermione fronça les sourcils sans comprendre et Narcissa l'observa un moment.
— Miss Granger, en toute discrétion, et cela restera entre vous et moi... J'aurais aimé savoir si entre Severus et vous, il y aurait eu quelque chose, par le passé...
La Gryffondor haussa les sourcils et jeta un œil dans le salon, mais les garçons avaient entamé une partie animée de jeu de cartes et Pansy encourageait le gagnant.
— Écoutez, Madame Malefoy, dit-elle alors. Je conçois que ma situation peut sembler étrange, du fait que j'hérite de toutes les possessions du professeur Rogue, mais je vous assure qu'il n'y a jamais rien eut entre lui et moi, nous n'avons même jamais eu de vraie discussion sur quoi que ce soit. J'étais l'élève, il était le professeur, ça s'arrêtait là.
Narcissa releva alors le menton.
— S'arrêtait ? répéta-t-elle.
Le visage de la sorcière sembla soudain se liquéfier et elle posa ses mains sur les épaules d'Hermione. Ses ongles s'enfoncèrent dans le tissu de la robe et Hermione rentra le menton.
— Par pitié, Hermione, dites-moi que vous ne vous êtes pas éprise de Severus alors qu'il est décédé depuis huit mois ! souffla-t-elle.
— Madame Malefoy, vous me faites mal...
D'un mouvement d'épaule, la jeune femme se dégagea des griffes de la sorcière et recula d'un pas. Elle regarda dans le salon puis vers Narcissa, et secoua la tête.
— Non, dit-elle alors. Non, je suis bien consciente qu'il est mort, que le tableau n'est qu'une représentation magique de ce qu'il était, qu'elle ne constitue en rien son être tel qu'il était avant la bataille...
Hermione se tut et se mordit les lèvres.
— Mais ? insista Narcissa.
La jeune femme grimaça et s'appuya contre la table dans son dos.
— Mais je n'arrive toujours pas accepter sa mort, dit-elle alors dans un souffle. Je... Je ne sais pas pourquoi, je me dis chaque fois qu'on aurait pu éviter tout ça, qu'il aurait juste suffit de tuer Nagini avant qu'elle ne l'attaque... Parfois, je regarde mon Retourneur de Temps et je me dis que quelques tours en arrière pourraient arranger bien des choses...
Hermione détourna la tête et Narcissa soupira.
— Il va falloir vous sortir cela de la tête, Miss, dit-elle alors en attrapant la bouilloire pour en remplir la théière. Cette relation est malsaine, vous le savez. C'est un tableau... Severus est mort et, contrairement à l'adage, ce n'est pas parce que le tableau le représente, parle comme lui, et agi comme lui, que c'est lui...
Silencieuse, Hermione se détourna pour continuer à préparer le thé. Elle disposa les tasses et leurs sous-tasses sur le plateau et Narcissa comprit que la discussion était terminée. Elle n'insista pas et déposa la théière sur le plateau avant de s'emparer du tout et de l'apporter dans la salle à manger.
Hermione resta alors seule dans la cuisine et, s'appuyant contre le frigidaire, elle haleta. Non ! Non, Narcissa avait tort ! Elle ne s'était pas amourachée de Rogue par le biais de son portrait ! C'était faux !
Se reprenant, la jeune femme prit le gâteau et retourna dans le salon...
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