Chapitre 11
Le reste de la journée ne laissa pas le temps à Hermione de se morfondre. Après trois examens dans la matinée, un déjeuner de trente minutes et quatre examens dans l'après-midi, les anciens élèves purent enfin souffler. Il ne restait plus qu'un examen, insignifiant, la Divination, juste après le dîner.
N'ayant pas assisté à ce cours depuis sa cinquième année, Hermione fut exemptée d'examen et profita du moment de tranquillité dans la salle qui leur avait été attribuée. Débarrassée du stress des examens, elle en profita pour parcourir ses notes et au fur et à mesure, son espoir d'avoir réussi remonta d'un cran.
Mais la jeune femme avait besoin d'air après tout ça et elle décida d'aller se promener à Pré-au-Lard. Elle s'enroula donc dans sa cape et quitta la salle des anciens élèves. Dans le Grand Hall, elle tomba sur un homme de haute stature, blond, les cheveux relevés en une queue de cheval tressée, et pendant un instant, elle crut que c'était Lucius Malefoy.
— Miss ! Où allez-vous ! l'apostropha l'homme.
— Je ne suis plus élève ici, répondit Hermione en passant devant lui.
— Non, non ! répliqua l'homme en lui prenant l'épaule.
— Mais lâchez-moi ! s'exclama Hermione. Pour qui vous vous prenez ?!
— Que se passe-t-il ici ?
Hermione pivota et McGonagall apparut.
— Madame, cet homme semble vouloir m'empêcher de faire à ma guise, dit-elle. Pouvez-vous lui expliquer que je ne suis plus une élève ici ?
— Madame la Directrice, dit alors l'homme. Cette jeune élève...
— Miss Granger n'est plus élève ici, Samuel, répondit alors McGonagall. Mais laissez-moi faire les présentations...
Hermione jeta un regard courroucé à l'homme blond et celui-ci croisa les bras.
— Hermione Granger, je vous présente le professeur Samuel Samuelson, notre nouveau professeur de Potions. Professeur Samuelson, voici Miss Hermione Granger, dont vous avez très certainement déjà entendu le nom...
L'homme pinça la bouche et Hermione haussa un sourcil. Elle ronfla ensuite et tourna les talons sans plus de cérémonie, froissée par le comportement de cet inconnu.
— Quelle grossièreté !
— Samuel, vous avez commencé, répondit McGonagall. Avant d'apostropher les gens, pensez à regarder s'ils portent l'uniforme actuel du collège... Maintenant, retournez donc à vos affaires, je vous prie.
Le jeune professeur de Potions serra les lèvres puis tourna les talons. Il était arrivé à la rentrée, voilà deux semaines, et s'il savait parfaitement que les élèves de l'année passée étaient de retour pour passer leurs ASPICs ce jour, il ne connaissait pas leurs visages. Est-ce que c'était de sa faute s'ils avaient la même taille que les plus grands des élèves ?
Maugréant, le jeune homme retourna dans ses cachots, un lieu qu'il affectionnait pour son profond silence, tout comme Rogue, en son temps.
.
Arrivée à Pré-au-Lard, Hermione entra tout d'abord chez Zonko. Elle avait envie de sucreries. Elle s'étonna de ne pas y trouver ses amis puis se rappela qu'ils étaient en train de passer leur examen de Divination dans la Grande Salle. Elle soupira et s'approcha des tonneaux remplis de bonbons, des étagères croulantes sous les sucreries... Tout cela lui faisait envie, mais quand elle s'approcha d'une étagère, son attention fut attirée par un étrange agencement rose et violet qui semblait fumer.
— Filtre d'Amour, lut-elle à mi-voix sur l'étiquette d'une des fioles.
Elle rigola doucement et reposa la fiole en regardant autour d'elle.
Qui a besoin d'un filtre d'amour, sérieusement ? songea-t-elle en attrapant des bâtons de réglisse. C'est juste bon pour les adolescentes naïves...
La jeune femme songea alors brusquement à Ron. Le jeune homme ne s'était pas montré de la journée et McGonagall avait envoyé un hibou au Terrier, mais elle n'avait obtenu aucune réponse. Sachant la famille en deuil, elle n'avait pas insisté, mais elle avait promis à Hermione de les recontacter régulièrement pour avoir des nouvelles.
Quittant Zonko avec quelques friandises en poche, Hermione se rendit aux Trois Balais pour boire quelque chose de chaud. Il était tard, plus de vingt-et-une heure maintenant et ses camarades devaient avoir terminé leur examen de Divination, mais elle n'avait pas envie de rentrer au château, encore.
Quand elle commanda, Madame Rosmerta la servit gracieusement, sans même reconnaître en elle une ancienne élève de Poudlard. Cela ne gêna pas la jeune femme, au contraire. Elle n'avait pas envie qu'on lui ressasse les horreurs perpétrées à Poudlard l'année passée...
Ce ne fut que vers vingt-deux heures qu'un visage connu apparut, deux plutôt, ceux de Malefoy et Harry.
— On savait qu'on te trouverait là, Granger, dit Malefoy en s'asseyant en face de la jeune femme. Tu comptes passer la nuit ici ?
— Non, j'aimerais plutôt rentre chez moi, en fait...
— Demain, répondit Harry.
— Non, soupira Hermione. Par chez moi, j'entendais, chez mes parents...
Le brun ouvrit la bouche puis soupira.
— Je vois, dit-il. Tu en es où de tes recherches pour inverser l'Oubliette ?
— Pas loin, c'est tout simplement impossible.
— Pourtant, Lockhart a retrouvé certains souvenirs...
— Mais pas les plus essentiels, répondit la Gryffondor. Il n'a aucune idée qu'il a été écrivain et qu'il volait les histoires des gens pour s'enrichir.
— Il vaut peut-être mieux, répondit Malefoy. Ce n'est pas très glorieux... Et dire que ma mère en était folle...
— Toi aussi ? demanda Harry. La mère de Ron était raide dingue de lui, elle a fait signer tous nos exemplaires, en deuxième année...
Il leva les yeux au ciel et Hermione rigola. Rosmerta s'approcha alors et leur proposa un bol de soupe bien chaude qu'ils acceptèrent avec un sourire. Ils entreprirent ensuite de refaire le monde et surtout, de discuter de l'incident que Daphné avait provoqué. Mais quand Malefoy refusa de parler de la rumeur qui disait que sa mère était en train de négocier pour le fiancer à une des sœurs Greengrass. Hermione n'insista pas.
.
— Je vous garderai bien, les jeunes, mais je ferme...
Harry, Hermione et Malefoy regardèrent l'heure puis opinèrent et quittèrent le Salon de Thé. Il était plus de minuit et il n'y avait plus de clients depuis longtemps.
Ils remontèrent donc tous les trois jusqu'au château et Hagrid les accueillit. Il les fit entrer dans l'école par la porte guichetière et les pria d'aller rapidement se coucher.
.
Le lendemain matin, les cheminées de la Grande Salle furent exceptionnellement reliées au Réseau des Cheminées pour renvoyer tout le monde chez lui. Harry et Hermione firent le voyage ensemble et furent recrachés sur le tapis devant l'âtre de la maison de la jeune femme.
— Tu crois à cette histoire de mariage ? demanda Harry en frottant son pull.
— Oui, répondit Hermione. Narcissa n'est pas une femme qui se contente de peu, elle est née modeste, mais elle a su devenir riche en épousant la bonne personne, même si son mariage a été arrangé. Elle ne finira pas sa vie seule et désargentée.
— Et ça ne te fait rien de savoir que Malefoy va épouser de force une femme qui ne l'aime pas et surtout, qu'il n'aime pas ?
Hermione haussa les épaules.
— J'imagine que s'il n'avait pas voulu, il aurait dit non à sa mère, ce qui ne semble pas être le cas... Tu veux boire quelque chose ?
— Non, merci, je vais rentrer...
Hermione opina.
— Ça se passe comment avec les Dursley ?
— Mieux, répondit Harry, les mains dans les poches. Mais je suis toujours le mouton noir de la famille... Ils songent à déménager, tu sais ?
— Ah oui ? Pour aller où ?
Harry haussa les épaules.
— Sans doute en ville. Dudley m'a laissé entendre qu'ils pourraient me laisser la maison.
— C'est plutôt... sympa de leur part, non ?
— C'est étrange surtout, mais bon, je suis majeur et je n'ai pas les moyens d'avoir un appartement, du moins, les moyens Moldus donc...
Hermione esquissa un sourire.
— Je t'inviterai bien à t'installer ici, mais le professeur ronchon risquerait de mal le prendre... dit-elle en indiquant le tableau vide de son pouce.
Harry ronfla. Il regarda le tableau et soupira.
— Ah, la, la, dit-il.
— Ouais, comme tu dis...
— Bon, allez, je rentre ! dit alors le brun. On s'appelle ?
— Pas de soucis. Si tu as des infos sur les Weasley, fais-moi signe, répondit Hermione. McGonagall va leur envoyer régulièrement un hibou, mais...
Harry hocha la tête, enlaça son amie puis quitta la maison et transplana sur le seuil. Hermione referma alors la porte et monta se changer. Elle remisa son uniforme dans une boîte après l'avoir soigneusement nettoyé avec un sortilège, puis elle redescendit se faire à déjeuner.
— Bonjour, Miss.
Hermione sursauta.
— Oh, misère !
Une main sur le cœur, elle darda un regard courroucé au grand tableau et Rogue esquissa un sourire sarcastique.
— Ne me faites plus ça, dit alors Hermione.
— Allons, ne me dites pas que vous n'êtes pas habituée, depuis le temps, si ?
— Si, mais honnêtement, je ne pensais à vous, là maintenant...
La jeune femme disparut dans la cuisine et Rogue haussa un sourcil.
— Et à qui pensiez-vous ? demanda-t-il
Dans la cuisine, Hermione tourna la tête et se mordit la lèvre. Elle ouvrit le réfrigérateur, fit mine de ne pas avoir entendu et sortit un plat de restes qu'elle renifla avant de grimacer et de le reposer dans le frigo.
— Miss ?
Hermione souffla par le nez et mit une barquette toute prête dans le micro-onde avant de retourner dans le salon.
— À qui pensiez-vous ? répéta Rogue.
La jeune femme croisa les bras et un sourire en coin étira sa bouche.
— Vous savez qu'avec cette question, vous avez l'air d'être jaloux ? demanda-t-elle.
Rogue s'étouffa et détourna la tête. Hermione soupira alors et s'appuya sur le dossier du canapé.
— Je pensais à Drago, dit-elle alors. Selon la rumeur, Narcissa prévoirait de le marier à une des filles Greengrass.
— Hm, dit Rogue. Eh bien, c'est un bon choix, je lui recommanderai Astoria, elle a quelques années de plus, mais elle est plus mûre que sa sœur...
— Monsieur !
Rogue se tut et regarda Hermione avec surprise.
— Quoi ?
— Quoi, quoi ? Il n'y a que moi que ça choque ?
Rogue sembla ne pas comprendre. Hermione s'accouda au dossier du canapé et se frotta le visage.
— Un mariage arrangé, sérieux ? dit-elle. On est au vingtième siècle...
— Et alors ?
Hermione regarda le tableau et se redressa.
— J'oubliais que vous êtes, vous aussi un « bien né », dit-elle, un peu amère.
Rogue souffla, agacé.
— Un bien né au sang mêlé ! répliqua-t-il. Vous oubliez à qui vous parlez ? Mon père était un Moldu !
Hermione ouvrit la bouche de surprise, puis baissa le nez en s'excusant. Rogue grommela. La jeune femme se mordit ensuite la lèvre puis le regarda.
— Je suis désolée, répéta-t-elle. Mais j'ai beaucoup de mal à concevoir qu'une mère puisse forcer son fils à épouser une femme dans le but de bénéficier de son argent et de sa renommée.
— Pourtant, cela se fait, dans le monde Moldu...
Hermione secoua la tête.
— Non, répondit-elle. Enfin disons que ce n'est pas la même chose. Je pourrais me marier demain avec un homme dont je suis amoureuse et apprendre par la suite qu'il a un nom et un héritage. Je ferais alors avec et en tant d'épouse, je pourrais profiter de son argent sans aucune honte.
— Un mariage arrangé revient au même...
— Mais c'est le fait que la femme soit choisie par rapport à son argent, Monsieur ! répliqua Hermione en se détournant. Je trouve ça... sordide !
Rogue resta silencieux. Hermione observa le tableau d'une nature morte pendant quelques secondes avant de pivoter. Elle observa l'homme assis dans son grand fauteuil, brillamment représenté par un peintre sorcier très talentueux. Pour un peu, on s'attendrait presque à ce qu'il sorte du tableau...
Elle se mordit la lèvre et s'approcha ensuite.
— Si... commença-t-elle. Monsieur, si vous aviez eu une vingtaine s'années de moins, continua-t-elle. M'auriez-vous épousée, moi, une fille de Moldus sans nom ni argent ?
Rogue haussa les sourcils et un mince sourire fit trembloter sa bouche avant qu'il ne comprenne que la jeune femme était sérieuse.
— Je ne...
Il se tut et souffla.
— Miss Granger, je ne puis répondre à une telle question, acheva-t-il alors. Je suis désolé.
— Pour quelle raison ?
Rogue serra les mâchoires. Il tourna soudain la tête et s'excusa. La seconde suivante, le tableau était vide. Hermione serra les mâchoires à son tour puis le micro-onde sonna et elle disparut dans la cuisine.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top