Chapitre 1

La Bataille Finale s'était achevée par la mort de Voldemort, mais aussi par la destruction quasi complète de Poudlard. Il y avait eu de très nombreux morts parmi les défenseurs, des morts inutiles, comme celle de Fred Weasley, assassiné par Bellatrix Lestrange, elle-même tuée un peu après par Molly Weasley, mais aussi Tonks et Lupin, qui laissaient un bébé orphelin derrière eux, ou encore Severus Rogue, égorgé par Nagini, le serpent de compagnie de Voldemort...

La tristesse, le choc, l'incompréhension, tout se chevauchait chez les survivants qui erraient dans les ruines du château à la recherche d'un proche en espérant ne pas tomber sur son cadavre.
Harry et Ron étant vivants, ainsi que la majorité de ses plus proches amis. Hermione, elle, s'était déjà attelée, avec quelques Aurors et professeurs, à reconstruire le château. Pierre par pierre, vitrail par vitrail, lentement mais sûrement, les blessures de la guerre étaient colmatées. Elles resteraient à jamais, mais on ne les verra plus.

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— Allez donc vous reposer un peu, Miss.
— Quand j'aurais terminé ça...
— Non, maintenant.

Hermione regarda le professeur Nuage et soupira ensuite. Elle baissa sa baguette et hocha la tête avant de tourner les talons. Se reposer, oui, elle le voudrait bien, mais elle avait encore en tête les rayons colorés qui traversaient les rangs des Aurors, décimant les sorciers les uns après les autres...

Avec un profond soupir, la Gryffondor se rendit dans les cachots où les corps avaient été installés, attendant que leurs familles viennent les chercher. Elle n'avait aucune envie d'aller s'allonger, incapable de dormir.
La jeune femme longea de trop nombreuses couchettes à son goût, dont la majorité avaient un drapeau d'une maison qui le recouvrait, ou alors le blason du château, si c'était un professeur. Mais il y avait aussi des draps noirs avec le M violet du Ministère de la Magie qui recouvrait beaucoup plus de lits et indiquaient la présence d'Aurors.

— Qui venez-vous voir ?

Hermione frissonna. Elle tourna la tête et esquissa un mince sourire pour Abelfort Dumbledore, le grand frère du défunt Directeur.

— Le professeur Rogue, dit-elle doucement.
— Rangée 4, répondit le vieil homme. Vous était-il cher ?
— Pas spécialement, mais sa mort m'a choquée... Je voulais juste lui dire au revoir.

Abelfort hocha lentement la tête puis se détourna et Hermione soupira. Elle regarda autour d'elle puis rejoignit l'allée 4 où on lui indiqua que la civière de Rogue était quatre places plus loin.

Passant sa langue sur ses lèvres, Hermione souffla profondément puis attrapa le bord du grand drap qui recouvrait Rogue. Elle le replia jusqu'à la taille de l'homme et serra aussitôt les mâchoires. Son regard se porta sur son cou où, nettoyée du sang, une large plaie aux bords déchirés était visible.

— Je regrette que vous ayez trouvé la mort de cette façon, dit alors la jeune femme en s'agenouillant sur le sol de pierres. Vous n'avez jamais été agréable avec Harry ou avec Ron et moi, jusqu'à ce que nous comprenions qui vous étiez réellement. Malheureusement, c'était trop tard...

Hermione déglutit et se mordit la lèvre.

— J'aurais aimé avoir plus de temps pour vous connaître, professeur, dit-elle doucement en sentant le chagrin lui étreindre la gorge. Cette guerre cruelle a pris trop de bonnes personnes en un temps si court, c'est tellement injuste...

Levant la main, la jeune femme la posa sur celles de Rogue, qu'on avait ramenées sur son torse, l'une sur l'autre. Elles étaient glaciales. On avait glissé sa baguette dessous et arrangé ses vêtements, ses cheveux et son visage pour qu'il paraisse serein.

Hermione renifla et regarda autour d'elle. Plus loin, Madame Weasley était au chevet de son fils perdu, Fred. À quelques lits de là, une femme de grande taille, élégante, brune, était assise entre les couchettes de Tonks et Lupin. Hermione sut, sans pour autant la connaître, que cette femme était Andromeda Tonks, la mère de Nymphadora et donc la grand-mère de Teddy Lupin. Et accessoirement la sœur de Narcissa Malefoy et de Bellatrix Lestrange, dont le corps reposait dans une salle adjacente, avec les autres Mangemorts.

— Adieu, professeur Rogue, dit alors Hermione en regardant l'homme. Peut-être que nous nous reverrons, vous auriez tout à gagner en venant hanter les cachots, vous savez ?

Hermione sourit malgré le chagrin et renifla ensuite. Elle se redressa, remonta le drap noir sur le visage de l'homme immobile, puis s'assit sur ses talons et porta une main à sa bouche pour étouffer un sanglot. Une main douce se posa alors sur son épaule et elle se redressa en inspirant. Elle se releva et fit face à McGonagall.

— Venez avec moi, Miss Granger, dit-elle d'une voix éteinte. J'ai à vous parler...

Hermione hocha la tête puis suivit la Directrice à l'étage, dans l'une des rares pièces qui n'avait pas été mise à sac par les Mangemorts.

— Tenez, dit alors McGonagall en lui tendant un morceau de chocolat. Nous en avons tous bien besoin ce soir...

Hermione prit le carré de chocolat noir et le grignota en hochant lentement la tête. Quand elle l'eut terminé, elle s'assit sur un banc et soupira profondément.

— De quoi vouliez-vous me parler ? demanda-t-elle.

Elle regarda McGonagall qui se tenait debout devant elle, à quelques mètres de là. À son grand étonnement, Hermione découvrit une vieille femme usée par les années, fatiguée, anéantie par la perte de nombre de ses amis, et non plus la Directrice solide et vaillante qu'elle avait toujours vue.

— Asseyez-vous, lui dit-elle doucement.
— Ça ira, Hermione, merci, répondit la vieille femme avec un sourire. Je voulais vous parler d'une chose que le professeur Rogue m'a confiée avant de mourir...

Hermione serra les mâchoires et McGonagall tira alors un rouleau de parchemin de sa manche.

— Une chose me concernant ? demanda la jeune femme.
— Oui. Tenez, répondit McGonagall. Voici quelques instructions concernant cette « chose » dont je vous parle... Ce sont ses dernières volontés.
— Pourquoi moi ? demanda Hermione en prenant le rouleau.
— Parce que le professeur Rogue pensait que vous étiez la meilleure personne pour vous charger de cela. À juste titre.

Hermione plissa les yeux, sourcils froncés, puis elle défit le ruban de soie qui fermait le parchemin et le déroula. Elle parcourut les quelques phrases, écrites de la main de Rogue, puis ferma les yeux et souffla par la bouche.

— Pourquoi moi ? redemanda-t-elle.

McGonagall l'observa de sa hauteur puis approcha une chaise et s'y assit lentement. Elle tendit la main et Hermione lui rendit le parchemin.

— Vous pouvez refuser, Hermione, dit-elle en parcourant le parchemin à son tour, même si elle devait le connaître par cœur. Mais le professeur Rogue a été très clair, il vous connaît, il sait que vous en êtes capable.

Hermione passa sa main sous des mèches échappées de sa tresse et soupira.

— Lucius Malefoy doit être traduit devant le Magenmagot, dit-elle. Narcissa...
— Narcissa aussi, pour complicité, répondit McGonagall. Mais Drago n'y est pour rien dans l'histoire. Le professeur Rogue était son parrain, Miss, il vous demande cela comme une faveur...

Hermione se mordit la lèvre.

— Je ne sais pas si j'en serais capable, dit-elle. Que vont dire Ron et Harry ?
— Ils vont sans aucun doute ne pas comprendre, mais vous n'êtes pas non plus obligée de tout leur dire. Après tout, vous allez rentrer chez vous dans quelques jours...

Hermione pinça la bouche et soupira par le nez.

— Normalement, je serais allée au Terrier avec Ron et Harry, mais avec la mort de Fred...
— Harry va retourner chez les Dursley quelques temps, dit McGonagall. Ronald et sa famille ont besoin d'être seuls en ce moment. Perdre un enfant est quelque chose de terrible, j'en sais quelque chose. C'est pourquoi j'ai expliqué à Pétunia et Vernon la raison du retour de leur neveu chez eux. Ils ont compris et ont accepté de prendre soin de lui pendant le temps nécessaire.

Hermione passa sa langue sur ses lèvres.

— Je n'ai nulle part où aller, dit-elle doucement. Mes parents ne savent même pas que j'existe...

McGonagall serra les lèvres.

— Dans ce cas, je vais faire quelque chose pour vous, dit-elle. Le professeur Rogue m'a demandé de donner les clefs de l'Impasse du Tisseur à qui je voulais. Il savait qu'il allait mourir, c'était son destin de rejoindre Lily un jour ou l'autre. Je vous les donne à vous.

De sa manche, McGonagall tira alors une grosse clef et la tendit à la jeune femme surprise.

— Cette maison est la vôtre, désormais, Hermione, dit la Directrice.
— La mienne ? Mais...
— Le professeur Rogue n'avait aucune famille, il m'a laissé tous les documents relatifs à la propriété de la maison de l'Impasse du Tisseur et de son manoir dans le Wiltshire. Tout est à vous, si vous le souhaitez. Je ferais le nécessaire pour changer le nom sur les actes de propriété dès lundi.

Hermione ouvrit la bouche avec stupeur.

— Tout... Tout ? dit-elle, abasourdie.
— Tout, miss Granger. À partir de cet instant, vous êtes l'héritière légale du Professeur Severus Rogue.

Hermione sentit l'air lui manquer et elle haleta avant de se morde la lèvre avec force. Elle secoua la tête en serrant la main sur la clef de fer dans sa paume, et soudain, elle éclata en sanglots. Elle plongea son visage dans ses mains et se mit à pleurer bruyamment. McGonagall l'observa un moment puis alla s'asseoir près d'elle et la prit dans ses bras...

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