Chapitre 41



— Emma, répond-moi ? Je perds patience.

Sa voix menaçante la fit pivoter.

Elle dut combattre ses larmes et lever la tête pour soutenir son regard.

— Ta mère va venir au Palazzo ce soir.

Il fit un pas vers elle, incrédule, presque énervé.

— Et c'est pour cela que tu te refuses à ce que je te touche ! S'emporta l'homme en comblant l'espace.

Elle rejeta sa tête en arrière pour affronter son regard. Elle frissonna, puis un mélange de colère et d'amertume lui gagnèrent le cœur.

— Elle ne sera pas seule, un homme va l'accompagner, il va se faire passer pour le père de tes enfants. Sergio a entendu Sharon en parler avec une amie, c'est pour ça qu'il est dans le couloir.

Elle baissa les yeux, puis se passa une main dans les cheveux.

— Voilà pourquoi je suis distante, parce que je suis fatiguée de devoir me justifier, je n'ai plus la force de te persuader que je suis sincère et...ce sont tes enfants et si tu refuses de me croire, j'utiliserai un test de paternité en dernier recours pour te prouver que...

Emma dut affronter la pire des réponses.

Le silence.

Impassible, il avait les yeux rivés dans les siens. Emma baissa les paupières en croisant les bras. En fin de compte elle préférait qu'il se taise, cela l'aidait à dévoiler ce qu'elle ressentait.

— Depuis que nous sommes mariés, on passe plus de temps à justifier notre mariage qu'à le vivre, et j'en ai assez.

Elle releva les yeux, sans ciller. Azzario sentit ses muscles se tordre de douleur. Il crut que c'était la fin, il se retint d'écarquiller les yeux. A travers ses yeux bleus cernés, il vit des larmes se former.

— Alors peut-être que tu vas pensais que je t'ai menti ou que j'étais de mèche avec cette clinique ou peu m'importe...parce que moi...je t'aime.

Azzario tenta de dire quelque chose, mais il fut ravisé par son épouse qui contenait difficilement ses larmes.

— Nous parlerons de tout ça à la maison, laissons nos enfants se reposer.

En insistant sur " nos " avec dureté elle se dirigea vers les couffins, pour rester auprès d'eux.

Sa franchise lui serra le cœur, elle était littéralement abattue, épuisée.

Il resta en retrait, son sang se déversa dans ses veines à une allure effrénée. Sa mère venait de dépasser les limites.

Il comprit qu'il devait agir avant de perdre sa merveilleuse femme. Il devait lui exprimer ses sentiments sinon il la perdrait.

Après la confirmation du pédiatre que la fièvre des enfants étaient tombée, ils quittèrent la clinique en silence. Azzario jeta des coups d'œil dans le rétroviseur, car installée à l'arrière, Emma ne lui avait jusque-là accordé aucun regard.

Il gara la voiture dans le garage ouvert et coupa le contact.

— Reste ici avec les enfants, je reviens.

Il sortit de la voiture, referma la portière délicatement et verrouilla la voiture.

Emma leva un faible regard sur lui, son cœur battait douloureusement dans sa poitrine. Elle ne savait pas comment réagir.

De toute manière, il l'avait enfermé dans la voiture. Elle ne pouvait pas se défendre contre Rosella qui était bien là, Sergio avait dit vrai. Sa main se pressa autour du pied de sa fille endormie puis son fils ouvrit ses grands yeux, identiques à ceux de son père.

Un temps qui lui parut infini passa. Le soleil se couchait, laissant de belles couleurs traversant l'intérieur de la voiture. Enzo semblait fascinait par les couleurs rougeâtres qui s'étaient posées sur le siège en cuir. Mais ces couleurs furent vite remplacées par des gyrophares qui se mirent à se refléter sur leurs visages. Quand elle vit la voiture se garer au loin, Emma, sauta à l'avant de la voiture à la recherche d'un double des clefs. La panique la faisait trembler. Si jamais il était arrivé quelque chose à Azzario jamais elle ne pourrait se le pardonner.

Emma s'acharna sur la poignée et finit, par un acte de désespoir à donner des coups de coude contre la vitre jusqu'à s'en faire mal.

— Si tu continues comme ça tu vas te faire une fracture du coude cara.

Elle hoqueta en se retournant, le souffle court. Elle ne l'avait même pas entendu entrer.

— Où étais-tu ? Pourquoi la police est là ?

Son regard impénétrable à travers les traces opaque de la nuit renforçait les traits affirmés de son visage. Elle frémit.

— D'après toi Emma ? Tu penses que j'allais croire à ces calomnies ? Cet homme va y réfléchir à deux fois avant d'accepter ce genre de contrat et quant à ma mère...

Il prit sa main pour l'enfermer dans les siennes.

— Plus jamais tu auras à la revoir.

Son cœur battait cette fois-ci d'espoir.

— Tu me crois ?

— Comment ne pas te croire après ce que tu as fait ? Tu m'as fui, tu as refusé de m'épouser parce que tu refusais de me mentir.

Il posa sa main sur sa joue et caressa sa pommette.

— Quand j'ai lu la lettre, je me suis ressassé tous ces moments où tu m'avais fui, tes lèvres retroussées à chaque fois que je te parlais de ta grossesse, tes mouvements de recul quand je m'approchais.

Il se pencha vers elle pour prendre entre ses mains son visage.

— Je t'aime Emma...plus que tout. Murmura-t-il avec fermeté et émotion.

À travers ses larmes, Emma vit ses lèvres se rapprocher des siennes. Il captura sa bouche avec passion puis posa son front contre le sien.

— Je t'aime, et je suis désolé d'avoir mis autant de temps pour te le dire cara...

Des larmes perlaient sur ses paupières, derrière, des petits gazouillis devancèrent ses mots qu'elle n'arrivait pas à dire.

— Je crois que j'ai commencé à t'aimer quand je t'ai vu en ange au bal.

Il se recula en écartant ses cheveux de son visage, la nuit faisait briller l'éclat de ses yeux.

— Si j'étais aussi jolie, c'est seulement grâce à Sergio. Dit-elle avec modestie les larmes aux yeux.

Il sourit et demeura silencieux un moment avant de reprendre.

— Je veux que nous partions d'ici, que l'on refasse notre vie ailleurs.

Emma crut mal entendre, le tumulte de ses émotions rendit son ouïe presque douloureuse tant son cœur battait sourdement de bonheur.

— Je ne veux pas t'arracher à l'Italie et au Palazzo je...

— Mio amore, je ne quitterai pas mon pays, mais le Palazzo n'est pas mon chez-moi.

Il leva tristement les yeux vers la bâtisse.

— Mon père s'est laissé mourir d'une pneumonie, il ne s'est pas battu, parce qu'il a perdu Calliope.

Elle posa sa main sur son avant-bras.

— Il n'y a que des mauvais souvenirs ici, alors je veux construire ma vie autre part cara parce que je veux te rendre heureuse pour avoir une chance d'être heureux.

Cette confession lui gonfla le cœur de joie.

— Mais où est-ce qu'on va....

Il la coupa d'un baiser.

— Tu as choisi Venise pour notre lune de miel, je t'emmène en Sicile pour y faire notre vie.

Emma planta son regard dans le sien, son regard était si tendre qu'elle crut se perdre dans ses yeux.

— Et ton travail ?

Il lui offrit un sourire en coin.

— Je suis le grand patron, il me suffit de quitter ce siège et prendre les commandes de celui en Sicile mio amore ne t'en fait pas pour ça Emma, dis-moi oui, je m'occupe du reste.

Pour toute réponse Emma lui offrit ses lèvres qu'il happa pour lui donner un long baiser.

— Te amo, Murmura-t-elle en l'enlaçant.

— Je t'aime Emma...

Ils demeurèrent longtemps enlacés dans la voiture, sous une pluie de gazouillis de la part de leurs bébés qui s'étaient visiblement remis de leur fièvre.

Azzario se souviendrait à jamais de ce moment, car plus jamais il voulait ressentir de nouveau ce sentiment de peur. Il aurait pu perdre tout en la perdant elle.


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