Chapitre 4




Emma sentit tout son corps s'immobiliser. Son visage déjà brûlant à cause de ses bouffées de chaleur devint sur-le-champ cramoisi. Rien ne pourrait lui retirer son bonheur avait-elle dit dans sa tête il y a moins de dix minutes. Et bien elle venait lourdement de se tromper. La situation aussi embarrassante soit elle, Emma crut être victime d'une hallucination quand elle avait relevé la tête. Hélas, elle était bel et bien à quatre pattes devant le père de son bébé. Cet homme froid, qui avait en lui avait une forme de dureté impitoyable, qui l'avait menacé de l'envoyer en prison. Cet homme qu'elle pensait ne jamais revoir de sa vie.

Emma trouva la force de se relever d'un pas maladroit.

— Vous...mais qu'est-ce que vous faites ici ? Demanda-t-elle en serrant le câble électrique dans sa main.

— Je pourrais vous retourner la question, mademoiselle Brok.

— Et...et bien je travaille, dit-elle en un froncement de sourcils, vous, vous souvenez de mon prénom ?

Impassible, il retira son pied de sur le fil et baissa son regard sur son ventre rond. Immédiatement, Emma sentit son cœur battre dans le bout de ses doigts, et mit son avant-bras sur ce dernier.

— Je n'oublie jamais un nom et un visage, Déclara-t-il en arrimant ses yeux aux siens.

Ne pas céder à la panique, songea-t-elle en prenant une attitude parfaitement détendue. Mais comment rester flasque et insensible devant cet homme implacable, qui recommençait à l'étudier sans vergogne ?

— Donc, vous étiez réellement perdue ?

Emma papillonna des cils pour comprendre sa phrase.

— Oui...je l'étais monsieur.

Mon dieu s'il savait vraiment l'origine de sa visite !

— Et pourquoi ne pas m'avoir mis au courant ? Demanda-t-il avec un rictus qui se valait étrange.

Emma avait l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. L'avait-elle démasqué ? Était-il au courant ?

— Qu...quoi ? Bredouilla-t-elle en feignant de ne pas comprendre.

— Votre grossesse, dit-il en manifestant un ton presque dédaigneux, pourquoi ne pas avoir joué cette carte ? J'aurais pu vous laisser partir bien plus vite.

Consternée qu'il puisse croire qu'elle se servirait de son enfant...son enfant ! Emma serra les mâchoires, mais se sentit détendue qu'il ne se doute de rien.

— Est-ce que vous, vous seriez montré moins brutal pour autant ?

— Peut-être. Répondit-il d'une voix énigmatique.

Quand il se rapprocha, les mains dans les poches, avec son costume noir impeccablement repassé, Emma sentit une fragrance de parfum lui monter au nez, cette senteur était virile et épicée. Le long de sa colonne vertébrale, elle sentit un petit frisson faire son chemin jusqu'à sa nuque. Emma se mit à le dévisager, il était magnifique, purement et simplement l'homme le plus beau qu'elle n'ait jamais rencontré. Tout en lui, exprimait la virilité et la force d'une réussite visible sur ses traits. Pendant un instant, elle se laissa dominer par ses pensées, elle se demandait si son futur enfant lui ressemblerait et s'il serait aussi brillant qu'il en avait l'air.

— Et bien, je ne suis pas ce genre de personne, je n'utiliserai jamais mon enfant pour me sortir d'une situation. Dit-elle enfin au bout de ses pensées.

— Pourtant je connais des femmes qui n'auraient pas hésité un instant pour me supplier avec ce genre d'argument. Rétorqua-t-il d'un ton aussi froid qu'un glacier.

Emma recula d'un pas, incapable de réprimer son effroi.

— Je ne suis pas ce genre de femme comme vous dite. Répliqua-t-elle en se retournant.

Elle marcha jusqu'au meuble où étaient posées ses affaires, elle inspira avec beaucoup de difficulté. Il fallait à tout prix qu'elle s'en aille loin de lui.

— Que faites-vous en Italie, mademoiselle Brok ? Est-ce là le genre de carrière à laquelle vous aspirez ? Demanda-t-il juste derrière elle.

Emma retint un soubresaut et se retourna.

— Vous ne pensez tout de même pas que j'aspire à une carrière de mannequin ?

Il secoua des épaules.

— C'est pourtant ce que recherchent les jeunes femmes non ?

Emma n'en revenait pas d'avoir une conversation avec cet homme et encore moins celle-ci !

— Et bien encore une fois je ne dois pas faire partie du même moule ! J'aspire à gagner de l'argent, du moins suffisamment pour payer mon loyer ! Rétorqua-t-elle en manquant de vaciller tant son imposante présence lui donnait le tournis.

Les hormones, la chaleur ainsi que la panique qui s'insinuait en elle, Emma se recula en le dévisageant timidement et tourna les talons pour sortir du studio avant de faire un malaise. Laissant le mannequin ainsi que le photographe terminer seuls.

Elle referma la porte soigneusement et se laissa glisser contre le mur vers le distributeur à eau. Sa gorge lui faisait mal comme si elle avait avalé du papier de verre.

Elle prit un gobelet d'une main tremblante et s'acharna sur le distributeur automatique en tentant vainement de faire couler l'eau avant qu'une main ne lui vienne en aide en lui prenant son gobelet. Quand ses doigts effleurèrent les siens, Emma garda la tête baissée. Du moins pour l'instant.

— Tenez...

— Merci.

Elle l'avala d'une seule gorgée et seulement à ce moment-là, elle releva la tête pour affronter son regard.

— Inutile de vous mettre dans un état pareil mademoiselle Brok, ma remarque n'était pas méprisante, c'était uniquement un sous-entendu.

À sa grande surprise, elle perçut dans sa voix glaciale une note de regret. Il se tenait droit, seuls ses yeux étaient baissés vers les siens.

— Ai-je l'air d'une femme qui est sur le point de défiler ?

À sa surprise, il se fendit d'un sourire en coin.

— Non, évidemment, mais sans ce ventre, vous auriez le mérite d'essayer...

Instinctivement elle posa sa main sur son ventre. Ce compliment, elle ne savait dans quel sens le prendre. Était-ce une façon à lui de le dire qu'il la trouvait jolie ?

Emma divaguait et s'exhorta de revenir sur terre et cesser de s'enfoncer dans une situation gênante.

— Merci po...our le verre d'eau je...jai...

— Azzario ? Tu es là ! Je te cherchais partout. S'écria la mannequin en dardant un regard vaguement méprisant dans sa direction.

Emma replaça une mèche de ses cheveux, gênée.

— Qui t'a autorisé à couper ma conversation Sharon ? S'enquit le milliardaire d'un ton sec comme un coup de fouet.

La fameuse Sharon partit d'un rire nerveux et posa sa main sur son avant-bras.

Emma n'eut aucun mal à comprendre qu'ils étaient amants. Ce qui augmenté davantage ses raisons de se taire sur les vraies raisons de sa présence au Palazzo.

— Alors comment as-tu trouvé Sergio n'est-il pas un bon photographe ? Demanda cette dernière.

L'homme se tourna vers elle et planta son regard dans le sien.

— Un excellent photographe, tu pourras lui dire que c'est d'accord pour demain, que toute son équipe soit au Palazzo à dix heures précises.

Pendant son discours, leurs yeux s'accrochèrent avant qu'il ne le brise en reportant son attention sur Sharon.

— Va donc lui dire....Ordonna-t-il en désignant la porte du geste de la tête.

Silencieusement, elle s'exécuta.

Les laissant seuls.

— Pourquoi je ne ressens pas l'ombre d'une joie dans votre regard, commença-t-il en tournant sa tête vers elle, vous devriez être folle de joie mademoiselle Brok, vous allez pénétrer dans mon Palazzo.

Emma avança sa tête en avant croyant avoir mal entendu.

— Je...quoi ? Bafouilla-t-elle.

— Un shooting photo chez moi demain, il est évident que vous êtes de la partie ? Ainsi vous aurez le loisir de le visiter...et de vous éviter une situation gênante, celle d'être prise en flagrant délit d'espionnage.

On aurait entendu une mouche voler...

Emma devint pâle comme un linge.

— À demain mademoiselle Brok...

Il eut un léger mouvement de tête, sans chaleur et s'en alla d'un pas furieux en direction de la porte et l'ouvrit sèchement pour la claquer derrière lui.

Emma resta plantée à côté du distributeur, encore figée sur l'annonce qu'il venait de lui faire. Impossible ! Le destin ne pouvait pas se montrer aussi sévère avec elle ! Pas maintenant !

Elle se retint au mur en tentant de retrouver une certaine sérénité pour son bébé. Il fallait juste qu'elle passe cette épreuve, se dit-elle mentalement.

Et ensuite, plus jamais elle ne reverrait Azzario Dantes.


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