Chapitre 33



— J'ai été le plus loin possible. Murmura Emma en se tenant le ventre.

— Et c'est très bien, soufflez signorina.

Les tiraillements de son ventre lui coupèrent le souffle. Sa première pensée dans l'ambulance qui l'emmenait à la clinique fut Azzario, et l'idiotie qui l'avait prise la veille en lui affirmant qu'elle allait bien. Telle fut la surprise quant au petit matin, elle avait senti des douleurs, alors qu'Azzario s'était envolée à l'aube pour se rendre à paris.

Maintenant qu'Anita l'avait prévenu, elle espérait qu'il arrive le plus vite possible.

— Est-ce que je vais subir une césarienne, pitié dites-moi que non ?

— On va regarder ça très bientôt, si les bébés sont bien positionnés l'accouchement se fera par voie-basse.

Emma reposa sa tête sur l'oreiller et souffla lentement. Elle respira et mit en pratique les cours qu'elle avait suivis avec Azzario. Le docteur Bariani entra dans la salle, téléphone à l'oreille.

— Si ! Si, Si...

Il coupa la communication.

— Il y a un problème ? Vous avez une urgence ?

L'homme rit affectueusement et étudia le moniteur.

— Seulement Azzario qui me menaçait de mort...

Malgré la douleur, Emma sourit, rassurée.

— Il va bientôt arriver dans moins de quinze minutes. Déclara-t-il d'une voix rassurante. Surveiller bien, je reviens. Dit-il à l'adresse de l'infirmière.

Emma jeta un œil sur l'horloge, cela faisait deux heures qu'elle était là, il était midi, ce qui voulait dire qu'il restait quinze petites minutes à attendre avant de le voir surgir de derrière cette porte.

Elle ferma les yeux une bonne dizaine de minutes avant qu'un bruit sourd l'oblige à les ouvrir. L'infirmière qui était à son chevet se retourna vers la fenêtre, Emma en fit de même. Le bruit se rapprocha, elle perçut le moteur d'un hélicoptère. Elle releva la tête les sourcils froncés avant d'écarquiller les yeux en distinguant les pales noires du rotor.

Elle crut être victime d'une hallucination.

— Est-ce que...vous voyez la même chose que moi ? Balbutia Emma.

— Oui...affirma-t-elle d'une voix rêveuse.

Azzario sauta de l'appareil vêtu de noir et elle le vit disparaître.

Emma reposa sa tête sur l'oreiller et fixa la porte. En un instant, il fut près d'elle, plus beau que jamais, la force qui s'émanait de lui était rassurante.

— Je suis là maintenant !

D'un geste d'une extrême délicatesse, il lui caressa ses cheveux.

— Qu'est-ce que j'ai raté ? Où est Alfredo...enfin le docteur Bariani ?

— Il revient, pour l'instant le travail est en bonne voie, le col est presque totalement ouvert, ensuite nous verrons si l'un des bébés s'engagent correctement dans le bassin.

— Et dans le cas contraire ? Césarienne ?

Une nouvelle contraction lui fit ouvrir la bouche en grand, elle s'agrippa à sa main.

— Le petit chien trésoro, le petit chien.

Emma fit le petit chien, avec la nette impression d'être ridicule. La douleur était si intense que bientôt, elle se voyait tomber dans l'inconscience.

Azzario se sentit tellement impuissant que sa main tremblait sur sa petite joue rouge.

Il avait l'impression d'être arraché à son contrôle, de cette façon qu'il avait habituellement de gérer les problèmes.

— Azzario je...sache que je m'en veux pour hier soir je...j'ai oh !

Azzario souffla en même temps qu'elle pour l'inviter à le suivre. La jeune femme le gratifia d'un sourire grimaçant.

— Dis-moi ce que je peux faire Emma. Demanda-t-il suppliant.

— Brumisateur !

Il attrapa maintenant sa seule arme, et l'aspergea pour enfin entendre un soupir d'aise sortir de ses lèvres.

Une nouvelle contraction l'obligea à se cambrer, mais elle ne criait pas, elle était forte et infiniment courageuse.

— Le docteur est fier de moi, il a dit que j'avais été aussi loin que possible dans la grossesse, que...que les bébés n'iront peut-être pas en pédiatrie.

— Respire....

Azzario vit dans ses grands yeux qu'elle était terrifiée.

— Je sens quelque chose dans le bassin.

Alfredo entra au même moment dans la pièce.

— Elle sent quelque chose dans le bassin. Déclara Azzario après avoir serré la main d'Alfredo.

Il se lava les mains soigneusement, et enfila ses gants.

— Je vais regarder.

Azzario fut aiguillonné par une jalousie qui n'avait pas sa place aujourd'hui, quand il toucha l'arrière de ses cuisses. Il était le meilleur des médecins, le plus réputé, il devait immédiatement se ressaisir.

— La tête est engagée, il va falloir pousser signorina.

Une équipe complète entra dans la salle, tous prêt à intervenir en cas de problème.

— Positionne-moi comme on avait dit. Dit-elle en le regardant les yeux brillants.

Il la suréleva, passa son bras derrière son dos pour faire revenir sa main devant elle pour qu'elle s'en saisisse.

— Je suis prête ! Allons-y ! Je pousse quand ? Je veux pousser !

— Alors poussez Emma.

Emma poussa aussi fort qu'elle le put, et ne sut déterminer le degré de sensations qui l'a traversé. La douleur se mélangea à une émotion unique. Elle sentait son bébé arriver.

— Stop stop !

Azzario était si présent et protecteur que l'horrible douleur qui l'a transpercé était bizarrement moins douloureuse.

— Encore !

— Vas-y trésoro ! L'encouragea Azzario contre sa tempe humide.

Azzario était stupéfait par le courage de sa femme. La salle était complètement silencieuse, elle ne criait pas. De doux encouragements lui avaient été adressés de la part de toutes les personnes présentes autour d'eux alors qu'il se souvenait encore de ce jour où il avait refusé d'entrer dans la salle d'accouchement, pour voir cette femme accoucher d'un enfant qui n'était pas le sien. On avait pu l'entendre beugler jusqu'à l'autre bout du couloir. Contrairement à Emma qui ne pipait pas. Seules ses joues étaient rouges, dissimulant totalement ses taches de rousseur.

— Le voilà ! Voilà le petit garçon.

Quand il entraperçut son fils, Azzario retint son souffle. Il fut déposé sur le ventre d'Emma mais aucun d'eux se mirent à parler.

— Pourquoi il ne pleure pas ? Demanda-t-elle paniquée, essoufflée.

Azzario entendit à travers le bruit sourd dans ses oreilles qu'ils allaient le stimuler. Il n'eut pas la force de traduire. Il resta immobile, resserrant sa prise sur Emma qui lui broyait la main.

L'un des infirmiers le stimula par l'arrière et enfin un petit cri empli la pièce.

Émue aux larmes, Emma rejeta sa tête contre le torse de son compagnon.

— Voilà petit bonhomme...

Elle n'eut que le temps de toucher sa joue avant qu'il lui soit retiré par l'équipe de pédiatrie.

— N'ayez aucune crainte, ils vont vérifier si tout est en ordre, expliqua Alfredo d'une voix rassurante. Je vais maintenant regarder si la petite peu descendre toute seule d'accord.

Emma reprit ses esprits, cramponnée à Azzario. Quand ils se mirent à parler en italien, Emma fut en proie à la panique. Azzario s'y était mis, et éleva la voix dont l'intonation était inquiète.

— Attendez qu'est-ce qui se passe ?

Emma recula sa tête quand une femme tenta de lui mettre un masque à oxygène.

— Laisse-toi faire cara c'est pour t'aider, respire dedans. Ordonna Azzario.

Aussitôt, Emma s'exécuta.

— Très bien, on va donner un petit coup de main à votre fille, elle est un petit peu de travers, dès que je vous le dis, vous devez pousser.

Elle acquiesça en respirant dans le masque.

Pendant des minutes interminables, le docteur fit des gestes précis pour aider sa fille. Emma avait envie de pleurer tant elle avait peur.

— Allez-y Emma.

Elle poussa en retirant le masque, de toutes ses forces. Bouleversée, elle sentit sa fille glisser hors d'elle, elle cria.

— Et voilà la petite fille !

Quand il la posa un instant sur sa poitrine Emma sentit toutes ses larmes retenues jusque-là se déverser.

Tout se passa de nouveau trop vite, Azzario n'eut que le temps que d'attraper le petit pied de sa fille.

— Ne t'inquiète pas Azzario, reste auprès de ta femme, je vous les ramène au plus vite.

Azzario baissa le regard sur Emma qui avait roulé sa tête sur l'oreiller.

Épuisée.

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