Chapitre 31
Emma avait passé les deux plus beaux jours de sa vie. Revenir à la réalité était difficile. Ils avaient dû rentrer pour l'échographie. Et les menaces de son mari étaient peu à peu en train de dessiner quand le médecin censé être professionnel, prit un temps infini pour trouver le cœur de son bébé.
— Ça y est ! Je l'ai !
Emma regarda l'écran le cœur battant.
— Il est là.
Azzario grogna, un rictus sur les lèvres.
— Est-ce que tout va bien ? Demanda Emma inquiète.
— Oui, tout à l'air normal.
— Normal ? Répéta Azzario en pressant sa main contre celle de sa femme pâle comme un linge. J'ai lu un nombre incalculable d'articles et de brochures sur les grossesses gémellaires, où sont les tests ? Avez-vous vérifié les placentas ? Le liquide amniotique ?
Hagard, le jeune homme déglutit.
— C'est bien ce que je pensais ! Allez chercher le directeur, toute suite ! Gronda-t-il en se redressant.
Emma suivit des yeux le jeune des yeux, les mains moites.
Se pourrait-il qu'Azzario puisse avoir raison.
— Je reprends les choses en main cara. Déclara l'homme furieux en essuyant son ventre. Je vais te mettre dans les mains des meilleurs spécialistes dès aujourd'hui.
Emma n'avait pas le goût à la réplique, cela faisait une bonne demi-heure qu'elle attendait de voir son deuxième bébé. N'était-ce pas un signe clair d'incompétence ?
Elle descendit de la table sans un mot.
Le directeur entra tout penaud.
— Emma attend dehors s'il te plaît.
Elle s'exécuta.
Azzario attendit que la porte se referme.
— J'ignore ce qui me retient de vous poursuivre en justice !
— Monsieur Dantes, il y a un énorme malentendu...
— D'abord vous me cachez que mon échantillon a été utilisé par erreur, ensuite vous m'envoyez un interne pour l'échographie !
— Sachez tout d'abord que nous sommes sincèrement désolés pour cette erreur, la réaction de notre employé est impardonnable. Vous avez eu beaucoup de chance que mademoiselle Brok vous le dise.
Azzario fronça des sourcils.
— Et pourquoi ça ? Siffla-t-il entre ses dents.
Le directeur remonta ses lunettes nerveusement.
— Elle n'était pas obligée, seule la clinique est responsable, mademoiselle Brok est venue pour une insémination, en aucun cas elle est coupable de notre erreur, elle aurait pu aisément ne rien dire.
— Et si elle n'avait rien dit ? Demanda Azzario le corps tendu.
— Tôt ou tard, nous aurions su pour cette erreur, un an plus tard peut-être plus. Et vous auriez sans doute eu un simple droit de visite, la justice aurait tranché pour elle, peu importe les circonstances.
À ses mots, Azzario avait l'impression qu'on venait de lui transpercer le cœur. Il se retourna pour écarter store. Elle était là, assise, les yeux dans le vague.
— Elle vous a pris de cours n'est-ce pas ?
Le directeur se racla la gorge.
— Votre médecin qui a fait l'erreur était persuadé qu'elle ne dirait rien ? Insista Azzario d'une voix terne en se retournant.
— Il l'était en effet.
Azzario sourit amèrement en hochant de la tête. À présent, il savait ce qu'Emma avait eu comme options.
Se taire, ne jamais rien dire, s'en aller, obtenir le pouvoir sur lui, le faire plier au tribunal peu importe quand. Et pourtant, elle était là...
— Vous avez bafoué notre contrat, vous avez menti, trahi ma confiance, estimez-vous heureux que je m'arrête là !
Le directeur avait des sueurs froides.
— Je veux que l'on me donne le dossier d'Emma toute suite.
D'un pas maladroit, il desserra sa cravate et le chercha dans ses dossiers puis lui tendit.
— Sachez que je vais suivre cette clinique de très près, si jamais j'apprends de nouveaux parler de vous, je ferai fermer cette clinique est-ce bien clair ?
— Oui Signore...
Azzario lui lança un regard menaçant et quitta les lieux.
Elle se leva, ses grands yeux bleus brillaient d'inquiétude.
— Alors ?
Il enlaça ses doigts aux siens pour quitter les lieux.
— Je t'emmène immédiatement dans une clinique privée et extrêmement réputée.
— D'accord, je suis d'accord.
Sa voix avait des notes terrifiantes. Azzario s'empressa de la rassurer dans la voiture.
Il désirait savoir pourquoi elle avait rompu le silence, pourquoi elle lui avait dit.
Mais il décida de prendre son mal en patience. Quand ils arrivèrent à la clinique c'est tout autre chose, qu'elle découvrit.
L'ambiance était calme, détendue. Il y avait des tableaux de bébé partout, les infirmières étaient vêtues de tenues rose bonbon, les médecins en blouse blanche. Elle avait l'impression de flotter.
Dans le cabinet, Azzario l'invita à s'allonger sur une belle table moelleuse en cuir beige.
— Pourquoi j'ai l'impression que le rendez-vous était déjà pris depuis longtemps ? Demanda Emma un sourcil levé.
Un fin sourire se dessina sur ses lèvres en guise de réponse.
Son nouveau médecin, le docteur Bariani entra dans le cabinet. Emma détecta immédiatement que les deux hommes se connaissaient très bien. Azzario lui fit un résumé de la situation tout en soulevant son top bleu.
L'homme d'une quarantaine d'années enfila des gants en secouant de la tête.
— Ce n'est pas la première fois que j'entends parler d'eux Azzario.
— Vraiment ?
— Il y a deux ans, l'un de mes confrères m'a dit qu'un homme d'affaires avait laissé un échantillon chez eux, c'était dans le but d'avoir un héritier si jamais il lui arrivait quelque chose. Son sperme a été utilisé sur une mère de famille, son mari ne pouvait plus lui donner un enfant.
Il marqua une pause pour allumer l'écran.
— L'homme d'affaires l'a su deux ans plus tard. Mais ça c'est réglé à l'amiable puisque l'enfant était une fille.
Emma aurait préféré qu'ils échangent en Italien.
— Bon sang ! Souffla Azzario en saisissant sa main.
Ce contact réchauffa sa main glacée.
— Alors ! Allons-y madame Dantes.
Elle inspira profondément, sans masquer son inquiétude.
Il appliqua le gel, et passa la sonde délicatement sur son ventre, le regard concentré sur l'écran.
— Je les ai sur l'écran, voulez-vous connaître les sexes ?
— Oui, j'ai envie de savoir et toi ? Demanda-t-elle en tournant la tête vers Azzario.
— Oui, je le veux aussi.
Sa bouche se pressa sur ses doigts. Elle ne le quitta pas du regard, comme happée par son regard.
— Voilà le petit garçon.
Ils se tournèrent en même temps vers l'écran. Emma suréleva sa tête, émue, terriblement bouleversée. Les larmes montèrent toutes seules.
— Et maintenant allons voir le deuxième.
Il remonta la sonde un peu plus à droite, observa l'écran une bonne minute avant de leur annoncer le verdict.
— Et bien je crois bien que c'est une petite fille.
Emma reposa sa tête sur le dossier de la table en riant de bonheur, mélangé par des larmes de bonheur. Elle tenta de rencontrer les yeux d'Azzario qui était figé sur l'écran, la bouche entrouverte. Ses yeux traduisaient pour lui l'immensité du bonheur qu'il tentait de réprimer.
— Sûr ? Vérifie encore ?
Le docteur rit en continuant de passer l'appareil sur son ventre.
— Je suis sûr Azzario, pas de doute, maintenant je vais regarder si tout va bien.
Emma trouva enfin son regard.
Il embrassa son front. Son cœur se mit à palpiter rapidement. Ses lèvres étaient froides, elle pouvait y sentir son appréhension.
— À partir de la 24ème semaine, il est nécessaire de limiter les efforts. Expliqua le docteur en retirant la sonde. On ne plaisante pas avec une grossesse gémellaire, à partir de maintenant on va rapprocher les échographies, vous viendrez tous les quinze jours puis ensuite toutes les semaines.
Emma acquiesça de la tête, ravivée par le soulagement.
— Est-ce qu'on vous a fait une prise de sang ?
— Non, pourquoi ?
Azzario poussa un juron et fit rouler ses yeux, en expirant par le nez.
— Je vais vous en faire une, d'accord ça ira très vite.
Emma grimaça.
— Je n'aime pas les piqûres. Bougonna Emma en essayant de se relever.
— Personne n'aime les piqûres cara. Dit-il en l'obligeant à se rallonger.
Elle n'eut pas le temps de respirer, de s'adonner au calme qu'une infirmière revint avec la seringue. Emma devint pâle, et fit la moue.
Azzario se retint de sourire et fit mine de tousser le poing serré contre sa bouche, quand il la vit suivre l'aiguille des yeux, le teint pâle, les écarquillés, les lèvres entrouvertes. Elle crispa ses paupières.
— Aille !
Azzario caressa son front et ramena ses cheveux en arrière alors qu'elle battait énergiquement des cils.
— Voilà c'est fini. Annonça l'infirmière.
Quand elle rouvrit ses yeux bleus, elle reprit instinctivement des couleurs, il savoura l'effet qu'il avait sur elle.
Fier de la rendre timide, il esquissa un petit sourire triomphant qui ne passa inaperçu aux yeux de cette dernière qui lui lança un petit regard en oblique de mécontentement en croisant les bras.
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