Chapitre 19
Assise devant le parc où jouaient les enfants du quartier, Emma s'imaginait ce que pourrait être son avenir maintenant qu'il était chamboulé. Elle posa sa main sur son ventre et observa les enfants massés autour des balançoires, riant, courant, sous le soleil l'après-midi. Elle ravala un bon nombre de fois sa salive pour éviter de pleurer une énième fois. Son chagrin se dissipa quand une ombre noire prit place à côté d'elle. Emma n'avait pas besoin de tourner la tête pour savoir qui se tenait à côté. D'un simple regard à la dérober sur la largue main, tenant sa lettre fut suffisant pour connaître son identité.
Contre toute attente, aucun son perceptible ne sortit de sa bouche, et pourtant, elle s'attendait à un flot d'insultes et de menaces de sa part, la traitant de menteuse, de petite arriviste souhaitant le piéger de la plus cruelle des manières. Mais rien ne se passa. Juste le son d'une respiration bruyante dominant les cris de joie des enfants.
Emma baissa les yeux sur son chocolat chaud en déglutissant.
— J'ai dû relire cette lettre une centaine de fois avant de...
Il s'interrompit, mais sa voix fut sombre et presque brisée, signe qu'à l'intérieur de lui recelait une colère.
Emma décida de se redresser sur le banc et tourna légèrement son corps vers lui. Il semblait fatigué, ses traits ciselés étaient crispés, comme s'il attendait qu'elle parle en première.
— Sachez que j'aurai pu me taire et ne jamais rien dire, commença Emma d'une voix aussi sèche qu'elle le pouvait. J'aurais pu garder le secret, mais j'ai préféré malgré tout vous rencontrer et vous m'avez...accueilli si froidement que j'étais terrifiée !
Il ne dit rien, mais serra tout de même les lèvres en un rictus de colère.
— J'ignore si c'est le destin qui nous a remis sur le même chemin, mais si ça n'avait tenu qu'à notre première rencontre, jamais je n'aurais essayé de vous recontacter. Rajouta Emma amèrement.
Elle vit ses mâchoires se serrer, elle dut combattre ses émotions pour tenter de rien laisser transparaître.
— Pourquoi vous n'avez pas tenté de me dire au bal ? Demanda-t-il d'une voix pénétrée.
Emma lui montra en une expression de dégoût toutes les raisons de son silence.
— Comment aurai-je pu ? Vous n'avez cessé de me mépriser et votre passé ne m'a aidé en rien ! Comment aurai-je pu avoir la certitude que vous ne m'auriez pas traitée de menteuse ?
Il inspira bruyamment et attrapa délicatement ses avant-bras, les yeux ruisselants d'une lueur qu'elle ne sut interpréter.
— Sans doute parce que personne n'est au courant de ce que j'ai fait dans ce laboratoire...
Emma devint pâle et le dévisagea les lèvres entrouvertes.
Il respira d'un coup.
— J'aurais dû me douter de quelque chose, j'en conviens d'avoir mal agi Emma.
Où était l'Azzario vindicatif qui était connu pour accuser les gens ? Pensa-t-elle en le regardant droit dans les yeux.
— Pourquoi vous ne vous mettez pas en colère ? Gronda-t-elle d'un sourd cri de cœur.
— À quoi cela me servirait ! Alors que je suis en partie coupable de votre silence ! Rétorqua-t-il d'un ton qui lui coupa le souffle.
Azzario était sans doute le premier homme à maudire sur cette planète. Une immense rage s'insinuait dans ses veines, la culpabilité qu'il ressentait était tellement douloureuse qu'il en avait mal dans tout le corps.
— Je ne vous demande de rien monsieur Dantes, et jamais je vous empêcherai de voir....
— Quoi ? Coupa-t-il les sourcils complètement froncés. Vous pensez sérieusement que je vais vous abandonner et me contenter de quelques visites de courtoisie ! Gronda-t-il sans pouvoir dissimuler sa colère qu'elle puisse vouloir lui échapper.
— C'est la meilleure des solutions et vous ne pouvez pas m'obliger à....
—....m'épouser ? Finit-il à sa place les yeux noirs de colère qui monter en lui.
Son visage blanchâtre semblait si fatigué qu'il jugea bon de se calmer.
— Je ne veux pas de votre pitié. Lâcha-t-elle froidement.
Elle détourna la tête vers l'horizon.
— Je vous ai demandé de m'épouser bien avant de savoir que vous étiez enceinte de moi ! J'étais prêt à accepter votre enfant comme si c'était le mien !
Mon Dieu, Azzario n'aurait jamais cru que ce ventre qu'il avait touché du bout des doigts enfermait son enfant et que sa mère puisse être celle qui l'obsédait au point de plus arriver à penser.
Il se rappelait parfaitement de ce jour à la clinique. C'était à travers un acte désespéré qu'il avait conservé son sperme par peur de ne jamais trouver le bonheur d'être père.
Et voilà que cet échantillon conservé à ses soins dans le plus grand secret était indéniablement en train de prendre forme en elle.
Azzario détourna à son tour son regard pour qu'elle ne discerne pas le trouble qui l'habitait.
— C'est sans doute comme ça que fonctionnent les hommes dans votre monde, mais pas dans le mien.
Sa voix douce le tira de ses pensées.
— Il n'y a qu'un monde Emma.
— Ça c'est ce que vous croyez ! Rétorqua-t-elle sèchement en se levant.
Azzario se leva et la suivit alors qu'elle marchait désespérément pour le fuir.
— M'auriez-vous regardé dans le studio de Sergio si je ne m'étais pas introduite sur votre propriété ? Demanda-t-elle en jetant son gobelet dans la poubelle.
Il la rattrapa par le bras pour l'obliger à se retourner.
— Nous sommes attirés l'un envers l'autre, vous ne pouvez pas le nier Emma !
— C'est faux !
— Alors pourquoi vous rougissez. Répliqua-t-il en inclinant son visage vers le sien.
Azzario décida un instant d'oublier leur enfant pour se concentrer uniquement sur ce qu'il voulait avant tout.
Elle.
— Les hommes comme vous ne croient en rien au mariage ! Ne l'avez-vous pas appris par le passé ?
— C'était totalement différent, ne jouez pas sur les mots Emma, je suis un homme parfaitement loyal et je ne supporterai pas d'autres accusations de votre part !
Ses yeux s'élargirent, signe qu'elle continuerait à le contrer.
— Je ne vous crois pas ! Cracha-t-elle en le dévisageant amèrement. Vous...vous êtes plutôt du genre à remplacer << pour le meilleur et pour le pire, à jusqu'à ce que je me lasse de vous et que...>>
— Ça suffit ! Apostropha Azzario la bouche tordue.
Il relâcha ses bras après l'avoir légèrement secoué, regrettant amèrement son geste.
— Vous ne me connaissez même. Objecta la jeune femme.
Il se rapprocha d'elle jusqu'à sentir son parfum naturel l'enivrer.
— Je sais que quand je vous complimente ou que je m'approche vous rougissez, et quand vous êtes nerveuse ou gênée, vous frottez le sol avec la pointe de votre pied.
Ils baissèrent tous deux les yeux sur son pied tendu en pleine action.
Aussitôt elle arrêta les joues colorées et pivota les talons.
Déterminé, il la suivit.
— Emma je ne vous laisserai pas ! Ni vous ni mon bébé !
— Vos ! Rectifia-t-elle se retournant violemment les yeux embués de larmes.
— Quoi ? Souffla-t-il d'un murmure.
Elle se rapprocha et leva le menton la bouche frémissante de colère.
— Félicitation monsieur Dantes vous avez fait d'une pierre deux coups, vous devriez être ravi.
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