Chapitre 17
Lorsqu'elle fut au Palazzo, Emma avait passé la soirée complètement seule...mais elle en était en partie responsable. Il avait dû refaire le dossier qu'elle avait ruiné entièrement. Anita, la femme au service du maître des lieux l'avait accueilli chaleureusement, Emma fut rapidement conduite à sa chambre, et cela faisait plus d'une heure qu'elle était émerveillée par la finesse des tapisseries et du décor typiquement italien qui régnait dans sa chambre. Du balcon, elle pouvait sentir la senteur des buissons fleuris et contemplait le vaste parc du domaine plongé dans un cadre idyllique et reposant. Emma s'était même imaginé terminer sa grossesse ici, allongée près de la piscine, sous les délicieux parfums qui se dégageaient du lieu.
L'accident dans son bureau, lui avait fait manquer des heures pour le connaître. Elle avait fini par s'endormir sans le revoir. En réalité, elle n'avait pas eu la force de l'attendre une heure de plus. À minuit, comme Cendrillon, Emma avait retiré sa belle robe rose pâle qu'elle avait longuement hésité à mettre pour l'échanger avec un pyjama en coton.
Le lendemain, Emma émergea doucement de sa merveilleuse nuit. Jamais elle n'avait aussi bien dormi, le matelas était si confortable qu'elle ne voulait plus le quitter.
Elle se leva tout de même et se prépara en vitesse. Chignon désordonné, mèches tombantes, robe légèrement négligée qui avait fait son temps, Emma mit tout en œuvre pour tester l'homme. Allait-il toujours vouloir d'elle en la voyant ainsi ?
Elle chercha en vain les escaliers avant de voir Anita dans le couloir qui la guida gentiment dans les dédales de couloirs.
— Signore Dantes è in cucina. Déclara-t-elle en souriant.
— Quoi donc ? In cucina ? Répéta Emma en regardant autour d'elle.
— Elle disait que j'étais dans la cuisine. Lança une voix étrangement rauque.
Emma déglutit en se retournant et le vit adossé à l'embrasure d'une porte, aussi sexy que la veille, à la différence qu'il portait un jean et un tee-shirt noir, dévoilant sa peau bronzée et son corps tout en muscles.
À chaque fois qu'elle le voyait, Emma était incapable de refouler des désirs qu'il éveillait en elle.
— Quand vous serez ma femme, il faudra que vous appreniez l'Italien. Dit-il d'une voix rauque.
Elle croisa les bras après s'être remise de sa bouffée de chaleur.
— N'allez pas trop vite monsieur, il se trou...
— Je suis désolé de vous avoir laissé tomber hier, j'ai dû reprendre plusieurs dossiers dont celui qui...
Il se racla la gorge.
— ....À souffert de votre nausée. Termina-t-il d'une voix teintée de moqueries.
Emma le foudroya du regard et le suivit à l'intérieur de la cuisine éclairée par le beau soleil d'hiver de la Toscane.
Son odorat ne mit pas longtemps à repérer les viennoiseries disposées sur la grande table.
— Asseyez-vous je vous en prie.
Saisie en plein cœur par sa galanterie, Emma suivit alors son regard quand il lui tira la chaise.
— Avez-vous passé une agréable nuit ? Demanda-t-il en versant un nuage de lait dans son thé. Sucre ? Combien ?
— Deux s'il vous plaît et oui j'ai merveilleusement bien dormi.
Quand elle leva lentement les yeux vers lui en prenant son temps pour observer chaque centimètre de son large corps, elle le vit sourire, visiblement satisfait.
— Est-ce que l'odeur du café vous gêne ? S'enquit-il.
— Non, seulement l'odeur du poisson.
Il reposa la cafetière en souriant.
— Vous oubliez l'odeur de parfum persistante de ma secrétaire.
Emma ne put s'empêcher de sourire.
— Oui c'est vrai.
Ce bref échange joyeux retomba quand il prit place au bout de la table et planta son regard sérieux dans le sien.
— Quel âge avez-vous ? Demanda-t-il d'une voix douce et suave.
— Je suis curieuse, cela me surprend que vous n'ayez pas fouillé dans ma vie.
Un doux rire machiavélique s'échappa de ses lèvres dures.
— Je fais ça uniquement qu'en dernier recours.
Elle but une gorgée de son thé.
— Je vais avoir vingt-quatre ans dans deux semaines.
Il resta silencieux et porta un regard pensif vers le dehors éclatant.
— Et vous ?
— À vous de deviner mia dolce...
— Je serais tentée de dire quarante-cinq. Lança-t-elle pour qu'il sorte de sa torpeur inquiétante.
Il vrilla son regard dans le sien.
Enfin.
— Vous êtes drôle Emma. Dit-il irrité.
Il posa ses mains sur les coins de la table en plissant des yeux.
— Est-ce l'âge que vous me donnez ?
— Bien évidemment que non, mais si vous continuez à être si tendu, si haineux, vous allez finir par vous défigurer.
Il eut un sourire amer.
— Alors que faites-vous ? Qu'attendez-vous pour me rendre heureux ?
Emma rata quelques battements de son cœur devant sa demande qui en cachait une autre.
Elle baissa les yeux sur son thé sans rien rétorquer.
— Mangez maintenant. Murmura-t-il en coupant court à la conversation.
Il s'éclipsa dans le jardin, le regard assombri. Elle sentit la douleur de l'homme et se joignit à sa peine en se levant pour tenter de le rattraper.
— Attendez !
Il pivota sur lui-même pour poser ses mains sur ses épaules.
— Mangez Emma, j'ai besoin d'être seul. Murmura-t-il d'une voix grave et autoritaire.
Emma le laissa partir d'un pas bourru.
Et se retrouva seule.
Sa douleur était si perceptible qu'elle se retint de verser une larme et s'exécuta en revenant s'asseoir, le cœur battant.
Elle toucha son ventre et le caressa pensivement
Quelques heures plus tard, telle fut l'horrible déception de ne pas revoir l'homme. Elle s'était enfermée dans la magnifique bibliothèque ancienne seule pour bouquiner.
— Tu parles d'apprendre à se connaître. Marmonna-t-elle en refermant le livre.
Elle se leva dans un soupir et quitta la pièce silencieuse. Elle referma délicatement la porte en marcha d'un pas guilleret sur le beau tapis recouvrant le marbre ancien.
— Tu as perdu la raison !
Emma s'arrêta sur le palier et se colla au mur juste à côté de la porte entrouverte.
— Non au contraire je suis très sérieux et tu n'as pas ton mot à dire.
Emma coupa son souffle.
— Tu ne peux pas épouser cette jeune fille ! Elle n'est pas capable de devenir une Dantes !
Emma appliqua son front et sa main sur le mur et se pencha pour jeter un œil dans le bureau dans lequel il lui avait fait pour la première fois cette proposition que n'était pas du goût de sa mère.
— Elle est parfaite et je te suggère vivement de redresser tes propos sur elle, avant que je ne te chasse mère ! Ne me pousse pas à bout ! Gronda-t-il d'une voix forte.
Emma porta sa main libre sur son ventre, et sentit son ventre se nouer.
— Elle est enceinte enfin !
— Oui et ce n'est pas un problème pour moi bien au contraire. Répondit-il d'une voix profondément déterminée.
— Bon sang Azzario que vont penser les gens, notre entourage !
À cet instant, Emma sentit que la situation était bien plus compliquée qu'elle ne l'avait imaginée.
Elle n'avait pas du tout le rang souhaité.
Et son enfant également.
Mais curieusement, elle s'accrochait à l'espoir que le père de son enfant lutte pour elle. Même si cela faisait que quelques semaines qu'ils se connaissaient.
— Je m'en moque de ces gens comme tu dis ne saurons jamais me rendre heureux, mais je sais que cette jeune femme le peux ! Elle me résiste ça m'obsède, elle est différente, et je suis sûr que son enfant pourrait être le mien, il suffira de dire à la presse que nous, nous sommes rencontrés et que je suis tombé amoureux.
Emma ne put retenir ses larmes.
— Imagine que le père réapparaisse, et qu'il vienne dire qu'il est le père et qu'il puisse le prouver !
— Je ferais taire cet homme sur l'instant ! Siffla-t-il entre ses dents. Personne ne s'approchera d'elle à moins d'y être autorisé !
Quand l'ombre de l'homme passa à côté de la porte, Emma se recula doucement en essuyant ses yeux.
— Tu es fou Azzario !
— Pas plus fou que toi, regarde-toi, tu cherches désespérément à me rendre aussi fou que papa ! Que dieu m'en soit témoin si jamais tu interfères une fois de plus dans ma vie, je tire un trait définitif sur toi ! Maintenant, je comprends pourquoi Dario est parti de l'Italie et qui m'a laissé la responsabilité de la famille, sans doute pour te fuir !
Sa voix fut si ruisselante de rage et de colère qu'Emma recula le cœur battant jusqu'à la bibliothèque pour s'y enfermer.
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