Elle soutient son regard, en frissonnant.

— Passons ce détail Emma puisque ce n'est pas Sharon que je veux auprès de moi pour finir ma vie.

Sa respiration devint saccadée.

— Ce que vous dites est complètement absurde ! Vous seriez prêt à épouser une parfaite inconnue dans le seul but d'assurer un avenir sans fausse note, parce que vous me voyez en réalité comme une...

— N'allez pas au bout de vos pensées Emma, elles sont ridicules. Murmura-t-il soudain menaçant.

— Au contraire, moi je vois un homme complètement désespéré qui cherche une femme capable de remplir un rôle qui fera cesser les dires sur votre famille.

Emma ne cilla pas, au contraire, même si son regard d'acier se baissait lentement vers le sien.

— Je vous l'ai dit Emma, si j'étais fou ou désespéré, j'épouserais Sharon.

La bouche entrouverte, les doigts brûlants, elle chercha en vain de le contrer.

— Bon sang ! Depuis combien de temps vous réfléchissez à une pareille idée ? Demanda-t-elle en prenant le soin de murmurer à l'abri des oreilles indiscrètes.

Il sourit tendrement.

— Depuis que je vous ai vue tout à l'heure adossée à l'arbre.

— Donc c'est une idée complètement irréfléchie ! Affirma-t-elle en tentant vainement de lui faire lâcher cette idée qui dans tous les cas la mettait au pied du mur.

— Pas le moins du monde mademoiselle Brok.

— Je suis enceinte ! S'écria-t-elle en dernier recours.

Il baissa les yeux sur son ventre, sourcil levé.

— Merci, je l'avais remarqué et je prendrai soin de votre enfant comme si c'était le mien.

À ses mots, Emma se recula en s'arrachant de son emprise.

Elle le dévisagea en refoulant les larmes de désespoir qui manquaient de couler. Il était si sérieux si déterminé qu'elle crut s'évanouir.

— Le...le problème c'est que c'est...

— Azzario ? Chéri ? Je te cherchais partout !

Sharon entra dans leur intimité et la coupa dans son élan à lui dire la vérité.

Était-ce un signe du destin ?

Ou de la malchance ?

Emma lissa sa robe en s'arrachant à son regard et s'en alla à travers la foule pour sortir dehors. Il fallait à tout prix qu'elle reprenne son air.

Elle posa sa main sur son front en regardant l'ombre de son reflet dans l'eau de la piscine.

— Emma ?

Elle sursauta et dévia son regard vers Sergio.

— Est-ce que ça va ?

Emma trouva la force de sourire alors que ses yeux papillonnaient au rythme erratique de son cœur.

— Ou... oui je oui...

Il se rapprocha d'elle, la mine inquiète.

Pendant un court instant, elle put entendre le bruit d'un ruisseau provoqué par le vent.

- Emma regarde-moi s'il te plaît.

Elle s'exécuta vivement en pivotant sa tête vers lui.

— Est-ce que ton bébé a un quelconque rapport avec Azzario Dantes ?

— Qu...quoi, mais où as-tu cherché ça ? Bredouilla-t-elle en feignant la surprise.

Il soupira tristement.

— Quand un homme aussi puissant et aussi beau s'intéresse à toi, tu ne cherches pas à le fuir mia bella.

Emma secoua de la tête.

— Je ne le fuis pas jai...

— Emma, Coupa-t-il en la regardant droit dans les yeux. À chaque fois qu'il regarde ton ventre, tu te mets à battre des cils comme un papillon à qui on a arraché les ailes...

Emma frissonna et lui adressa un regard désespéré.

— Emma dis-moi ce qu'il y a ? Insista-t-il en posant ses mains sur ses épaules.

Elle inspira péniblement en vérifiant que personne ne serait susceptible de les entendre.

— Le laboratoire s'est trompé, le médecin s'est trompé. Murmura-t-elle en espérant que cette simple phrase puisse être suffisante pour qu'il comprenne.

Il ferma les yeux une fraction de seconde.

— Dios mio....Emma.

Il la prit dans ses bras pour la réconforter.

Emma refusait de craquer.

— Nous parlerons chez toi, allons dire au revoir.

Elle le suivit à l'intérieur du Palazzo, les jambes tremblantes. Curieusement, elle se sentait soulagée d'avoir pu en parler à quelqu'un. Elle avait l'impression d'être moins enfermée dans ce secret lourd et pesant. Quand elle se retrouva de nouveau en face de lui, Emma n'arrivait plus à le regarder dans les yeux. Ce qu'il lui avait dit à propos de son bébé qui était en réalité le sien l'avait bouleversé. Elle avait l'impression de lui arracher ce qu'il ne croyait plus possible. Sergio s'éclipsa lentement vers l'entrée après l'avoir remercié pour son invitation. Emma se retrouva de nouveau seule et vulnérable devant cet italien redoutable.

— Merci infiniment pour la soirée monsieur Dantes.

Azzario s'avança vers elle et planta son regard dans le sien. Malheureusement, il ne vit que l'éclat d'une peur.

— Sergio vous raccompagne ? Demanda-t-il en parvenant à maîtriser sa colère naissante.

— Oui, je suis venue avec lui.

Il se contenta de hocher vaguement la tête et se retourna pour se saisir du paquet.

— C'est pour vous...

Elle le prit d'une main hésitante.

— Il ne fallait pas monsieur Dantes.

— C'est un cadeau de Noël, j'espère qu'il vous plaira.

Dans l'ombre d'un sourire courtois, elle le regarda, les joues colorées.

— Joyeux Noël Emma.

Quand elle releva ses yeux saisissants dans les siens, Azzario en fut bouleversée.

— Joyeux Noël monsieur Dantes.

Quand elle se retourna complètement, il saisit son coude pour la retenir.

— Sachez que je ne lâche pas si facilement mademoiselle Brok...

Au lieu d'attendre sa réponse, Azzario quitta le hall d'un pas vif, dans l'espoir que ce petit commentaire l'aide à réfléchir.

Quand Emma quitta avec Sergio le Palazzo, elle s'était mise à lui raconter toute l'histoire dans les moindres détails.

De l'annonce de sa grossesse à l'erreur du docteur en passant par la troublante proposition D'Azzario Dantes.

Elle avait tant parlé que sa gorge était complètement sèche.

— Emma, deux choix s'imposent à toi...

— Lesquels ?

— Sois, tu lui annonces maintenant et tu prends le risque qu'il s'imagine que tu mens et alors tu devras te battre pour lui prouver que c'est la vérité ou bien alors tu t'enfuies avec ton bébé jusqu'à ce qu'il te retrouve et qu'il se rende compte à quel point il s'est trompé sur toi, ou alors...

Emma devint pâle.

— Ou alors tu l'épouses et quand il verra que tu es la femme la plus merveilleuse du monde et qu'il tombera, sans nul doute amoureux de toi, tu lui avoues qu'il est le père de ton enfant.

Il marqua un temps de silence dans lequel, Emma se prit la tête entre ses mains.

— Avec ce mariage, tu pourras voir comment il se comporte avec toi et ta grossesse, voir si c'est un homme attentionné et s'il vaut le coup que tu lui dises la vérité.

— Oh bon sang Sergio si tu n'étais pas au volant je t'étranglerais !

— Tu te rends compte que l'homme le plus puissant et influent d'Italie t'a demandé de devenir sa femme alors que tu portes, sans qu'il le sache son enfant ! Bon sang, Emma, jette-toi dans le vide ! Réapprends à cet homme ce que c'est le bonheur ! Gronda-t-il gentiment.