Chapitre 12
Lorsque le dîner fut terminé, Emma s'éclipsa vers le magnifique arbre de Noël. Ce dernier était sans contestation le plus qu'elle n'ait jamais vu.
— Mademoiselle Brok ?
À cette voix qu'elle reconnut, elle se retourna pour saluer Rosella.
— Bonjour madame.
Cette dernière posa un baiser sur sa joue, et l'enveloppa d'un regard étrange.
— Est-ce que vous passez une agréable soirée ? Demanda-t-elle en lui prenant la main.
Ce geste aussi inattendu que troublant la mit dans l'embarras.
— Oui, c'est merveilleux, merci de m'avoir invité.
— C'est tout à fait normal, je tenais à m'excuser pour mon comportement de l'autre jour, je n'aurais pas dû me montrer aussi froide avec vous.
Emma sourit en signe de pardon.
— Je ne vous en veux pas, madame.
Rosella semblait soulagée et le montra en poussa un long soupir, une main posée sur le cœur.
— Mère ? Amélia te demande dans le salon. Intervint la voix grave de son fils.
Immédiatement, Emma sentit son ventre se nouer. Car si elle cachait un secret, l'homme qui venait de glisser sa main dans son dos l'avait rendu davantage difficile en suggérant une chose qu'elle n'était pas prête d'oublier.
— Excuser-moi je dois me retirer. Déclara Rosella Dantes en s'en allant d'un pas gracieux.
Se retrouver seul avec lui la rendit une fois de plus nerveuse. Ses doigts se pressèrent dans son dos.
— On va danser maintenant. Annonça-t-il comme si c'était évident.
— Je ne sais pas danser, il vaut mieux pour vous de demander à quelqu'un d'autre.
Il ne prit pas compte de son refus et l'entraîna avec lui au milieu de la masse d'invités en train de danser. Emma déglutit, consciente de ne pas être à sa place ici. La main de l'homme s'empara de la sienne.
— Laissez-vous simplement guider, murmura-t-il en passant son bras dans son dos, pour la ramener à lui.
Son petit ventre rond se colla contre lui. En cet instant, Emma désirait prendre la fuite, honteuse de se perdre dans cet affreux mensonge. Il était là, devant elle, sans savoir qu'il était en ce moment même au plus proche de son enfant. Un goût de culpabilité lui fit douloureusement mal à la gorge.
— Pourquoi avoir déménagé en Italie ? Questionna-t-il en entamant la danse.
Elle se retint de hoqueter quand il serra davantage sa prise. Elle avait l'impression d'être blottie contre lui.
— Oh...je..c'est parce que la femme qui s'occupait du foyer était italienne, et à force qu'elle m'en parle, j'ai fini pour tomber amoureuse de l'Italie, et puis personne ne me retenait à Londres.
Il semblait réfléchir, le barrage de ses sourcils se fit plus épais. Pendant une seconde, elle aurait voulu lire dans ses pensées.
Quand elle leva la tête, elle ne trouva qu'un visage complètement fermé. Mais décida de le confronter.
— Pourquoi me regardez-vous ainsi ?
— Je tente de vous comprendre Emma Brok, j'essaye de vous analyser. Confia-t-il d'un air sombre.
Sous la nervosité, elle sourit, les sourcils froncés.
— Et que donne votre analyse monsieur Dantes ?
La profondeur de l'acier qui embrasait son regard se fit plus sombre. Il la fit tournoyer d'un mouvement autoritaire sans quitter son regard.
— Rien de bien concluant mademoiselle, vous êtes pour moi un mystère.
Le cœur battant, elle baissa les yeux sur son torse robuste, sans trouver les mots qui pourtant se succédaient dans sa bouche.
— Pourtant, votre visage parle beaucoup pour vous Emma. Murmura-t-il d'une voix pénétrée.
— Je sais, c'est assez gênant comme ça, Avoua-t-elle en remontant sa main sur sa large épaule.
Il se tut un instant, puis reprit d'une voix plus radoucie.
— Tout à l'heure, il a parlé pour vous, quand j'ai suggéré que vous m'épousiez.
Aussitôt, Emma arrima ses yeux dans les siens.
— Évidemment ! Quelle femme serait restée de marbre devant cette proposition ?
Il sourit avec arrogance.
— Aucune sans doute, j'imagine qu'elles se seraient empressées d'accepter.
Emma n'avait pas la force de contre-attaquer son assurance, car il avait raison...aucune femme n'aurait résisté à une telle proposition. Devenir la femme d'Azzario Dantes était sûrement l'un des fantasmes les plus en vogue de l'année. Il suffisait de jeter un coup d'œil dans les magazines pour le comprendre.
— Pourquoi ne pas demander à Sharon ? D'ailleurs je trouve que vous l'avez délaissé ce soir.
- Vous trouvez ? Demanda-t-il d'une voix amusée. Moi je pense qu'elle est en train de me piéger...
Il se rembrunit comme s'il traversait les ténèbres.
— Pourquoi dites-vous cela ?
— Je suis plus dupe, je sais reconnaître les femmes perfides, qui ne rêvent qu'à une rivière de diamants.
— Vous êtes un homme très séduisant, je doute que ce soit seulement pour une rivière de diamants.
Il rit légèrement et la fit tourner de nouveau.
— Merci mademoiselle Brok...mais je sais ce que Sharon vaut, je suis déjà passé par-là.
Emma souda son regard.
— Je vous en prie Emma, je sais que Sergio vous a révélé mon passé, tout le monde ici le connaît.
— Je ne voulais pas vous...
Il la coupa en expirant bruyamment, jetant un bref coup d'œil à la salle.
— Savez-vous ce que l'on peut ressentir après un tel mensonge ? Trois semaines après avoir dit oui ?
L'amertume dans son regard, l'incitant à se taire.
— Je pensais être amoureux, quelle lamentable erreur d'avoir cru en cette femme. Quant à la suivante...
Il rit amèrement, un pli dur se dessina sur ses lèvres fermées.
— Quand elle a découvert qu'elle était enceinte, j'ai tout de suite compris que cet enfant n'était pas le mien, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait plus rien entre nous au lit.
Il marqua une pause et secoua de la tête.
— Pourtant elle persistait à me laisser penser que c'était le mien, jusqu'à la naissance.
Il replongea son regard dans le sien.
— Vous auriez dû voir la tête de la sage-femme trois jours plus tard quand elle m'a tendu le bébé. Un bébé avec des yeux verts, les cheveux blonds...
— Je suis sincèrement désolé monsieur Dantes.
— Ne le soyez pas, je ne veux pas de pitié, j'ai mûri, forcé dans l'âge, plus rien ni personne ne peut m'induire en erreur, je suis plus le jeune homme naïf d'autrefois.
Emma affirma son dire d'un faible mouvement de tête et quitta ses yeux pour découvrir que la masse de couples qui dansaient était peu à peu en train de disparaître.
— Mais avec vous Emma, j'aspire à toute autre chose.
À ses mots, elle sentit son cœur résonner dans ses tempes. Sa large main serra dans son dos le tissu pour l'enfermer dans son poing.
— Monsieur Dantes, ce que vous dites n'a absolument aucun sens...
— Au contraire, vous êtes sincère, censé, douce...vous êtes l'opposé de ce qu'il y a ici...
— Ce n'est pas une raison valable pour me faire ce genre de proposition, c'est totalement fou.
L'homme serra ses mâchoires.
— C'est un dire consciencieusement réfléchi...croyez-moi si j'étais fou, j'épouserais Sharon demain matin.
Atterrée, Emma sentit son cœur palpiter rapidement alors qu'il reprit :
— Je l'épouserai et je vivrai sûrement une vie remplie de solitude, je maudirai l'amour et puis un jour...je songerai à avoir un enfant, si je peux en avoir et bien sûr, elle refusera trop inquiète pour ses courbes et sa carrière.
Emma cessa de bouger ses jambes au rythme de la chanson.
— Si vous pouvez en avoir ? Répéta-t-elle en le dévisageant.
Il releva la tête et ne baissa que ses yeux sur elle.
Sa large gorge se mit à déglutir.
— Je commence à me demander si je peux en avoir en effet...
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