Chapitre 35 Le passé n'a pas disparu, il est tenu secret
Quel imbécile. Voilà tout ce que je ressentais à l'encontre du Sheioff. Une profonde lassitude également. De ne pas parvenir à lui accorder ma confiance. De lui devoir constamment des justifications. Lui aussi se méfiait toujours de moi. Tant pis. J'avais d'autres chats à fouetter après tout. Je résistai à l'envie de fourrer ma main dans ma poche. Pas tant que je ne serais pas dans l'aile est.
Haddrix l'avait deviné. L'endroit où je voulais me rendre. Son souvenir était encore plus présent ici qu'à l'Académie. Tapi dans chaque recoin de couloir. Son rire résonnait sur les terrasses comme dans mon esprit. Son parfum imprégnait l'air comme une réminiscence de sa présence.
Had'..., mes vieilles habitudes revenaient au galop. J'étais ici presque comme si j'étais à Tirawan. Je connaissais chaque couloir de ce palais, chaque peinture accrochées au mur, chaque interstice de ces murs en pierre. Jamais je n'aurais osé agir avec autant de familiarité si je parvenais enfin à reléguer mes émotions au second plan.
Ici. La pierre disparaissait derrière le pan de tissu ocre. Je me glissai derrière la tenture sans ralentir le pas. Mes yeux mirent quelques secondes à s'habituer à la soudaine pénombre, mais je connaissais chaque aspérité du sol. Une fine couche de mousse phosphorescente tapissait la pierre. Elle diffusait une lumière rosée.
Le tunnel débouchait sur une terrasse enchâssée contre la falaise, accessible uniquement par ce corridor secret sinon par le ciel. Bijou du Seigneur de ces lieux, elle renfermait plus de secrets qu'un écrit du règne des Premiers.
Je levai les yeux vers l'arc boutant taillé à même l'ivoire. Là. Une pyrie, ailes déployées, se dressait fièrement parmi les autres gravures. Je descendis prestement les trois marches qui me séparaient de la terrasse. À l'instant où mes pieds se posèrent sur le sol recouvert d'un tapis turquoise, il s'illumina vivement. Le phénomène se propagea à tout le tapis végétal, dessinant des ombres mouvantes sur les diverses plantes.
Ce jardin recelait les dernières essences d'une terre-mère érodée par le temps. Des essences qui peuplaient notre sol à l'époque où Isadora les cultivait. A l'époque où l'Obscurité n'était pas encore apparue.
De l'armérie pourpre trônait au milieu d'une jarre, ses larges feuilles duveteuses serties d'épines. Un buisson de baies d'Agreb, juteuses à souhait, ployait sous le poids de son lourd chargement. Il faudrait bientôt les ramasser.
Je déambulai lentement entre les parterre, cueillis deux ou trois fruits bien mûrs, jusqu'à l'étang. Le cœur du jardin suspendu. Je m'assis en tailleurs sur la mousse céruléenne, contemplant les fleurs qui encadraient le point d'eau comme une couronne. Elles poussaient par centaines, à présent, ces fleurs. Les miennes.
Je pouvais à nouveau ressentir cet honneur lorsque Haddrix m'avait proposé d'apporter un peu de "moi" à ce jardin. Je lui avais offert ce que j'avais de plus précieux. Car ces lys azurés représentaient ce que j'avais de plus cher au monde. Quelque chose que j'avais construit par moi même. Un lien indéfectible. Ces fleurs étaient mon totem. Ce qu'il me restait de lui, jusqu'à ce qu'un miracle se produise.
Le vent s'engouffra dans les buissons fleuris. les feuilles bruissèrent pour manifester leur impatience.
- Je sais que tu es là depuis que j'ai mis le pied dans ce jardin, souris-je. Viens-ici.
Je tapotai du bout des doigts le sol à mes côtés. L'instant suivant, une silhouette s'avachit à ma droite dans un éclat de rire. Puis, le silence reprit ses droits pendant quelques minutes.
- Ils sont toujours aussi magnifiques, murmura doucement le jeune homme.
- C'est parce qu'ils viennent de toi.
- C'est vrai qu'ils sont ta création la plus réussie.
- Et la seule, souri-je. Ou presque. Un mage de la Terre n'a en théorie pas le droit de créer de nouvelle espèce.
- En tout cas, je ne me lasserai jamais de les contempler. J'aimerais pouvoir le faire plus souvent.
Sous la paume de ma main gauche, la mousse fourmillait. Une tige fendit soudain le sol entre mes doigts au bout de laquelle s'épanouit un lys azuré plus petit que les autres. Je le cueillis délicatement, il tenait au creux de ma main.
- Tiens, conserve-le toujours sur toi. Ainsi, je ne serais jamais loin.
Daisyel secoua la tête, dépité.
- Je ne peux pas. L'obscurité va le détruire.
J'esquissai un sourire rusé.
- Prends-le, insistai-je. Fais moi confiance.
Cette fois, il n'hésita pas. Il saisit la fine tige entre son pouce et son index. Le bout de la fleur noircit aussitôt, sur un peu plus d'un centimètre seulement.
- Tu vois ? L'obscurité ne remporte pas toujours la bataille. Ce lys est l'expression même de ma magie, c'est un combat à arme égale. Tant que je serais vivante, il restera lui aussi en bonne santé.
Mon frère observa la petite fleur avec une profonde reconnaissance. Lui aussi devait se sentir bien seul. Je recouvris sa main de la mienne.
- N'oublie jamais que ce lys te représente aussi. Peu importe ce qu'il arrivera, je te ramènerai près de moi, débarrassé de l'obscurité. Elle ne gagnera pas contre moi.
Il inspira profondément, les yeux clos. Lorsqu'il les rouvrit, une nouvelle détermination y luisait calmement.
- Confiance ?
- Et loyauté, complétai-je avec large sourire.
- Je crois que je te dois bien quelque chose, maintenant. Après tout, tu ne m'as jamais posé aucune question.
- Et je t'interrogerai pas sur les plans de Léander. S'il l'apprend..., je refuse de prendre ce risque. Je n'ai pas besoin d'en apprendre plus pour l'instant. Ceci-dit, j'ai bien une question.
D'un geste habile, je saisis un petit mouchoir de flanelle et le dépliai au creux de ma paume. Pendu à un cordelet, une perle rouge sang rougeoyait. Une aura de puissance se dégageait d'elle. À peine plus de quelques jours auparavant, elle pendait au cou de mon frère.
- Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?
Il pinça les lèvres. Sa mâchoire se contracta.
- J'aurais dû me douter que tu n'en resterais pas là, soupira-t-il.
- J'ai accepté l'autre nuit de la garder uniquement parce que tu ne souhaitais pas que Rhee soit au courant. Maintenant, je veux des explications.
- Je veux que personne d'autre ne soit au courant, rectifia mon frère, personne. C'est une nécessité.
- Pourquoi ? Vas-tu enfin me dire ce qu'est cette perle ?
Daisyel prit une nouvelle inspiration. Il ferma les yeux, se redressa. Je sentis petit à petit le souffle du vent s'intensifier légèrement. Je compris. Sa magie s'éleva dans les airs pour se glisser dans mon oreille. J'adorais l'entendre chuchoter.
- Ne m'interromps pas. Tu poseras tes questions après. Cette perle vient d'un pays qui n'existe plus. Qui ne fait pas partie de la Terre-mère. Elle concentre un pouvoir extrêmement puissant et possède une volonté qui lui est propre. Elle n'offre pas sa puissance à qui la veut, elle choisit personnellement son porteur.
Le souffle me manqua. La révélation était à la hauteur de mes espérances.
- Je ne sais pas comment elle pourrait réagir avec la magie de l'obscurité. Il n'est pas question de l'expérimenter. C'est pour la mettre à l'abri que je te la confie. Léander ne doit pas mettre la main dessus.
Je hochai vivement la tête.
- Je ne connais pas l'étendue de ses capacités, ma mère n'a pas eu le temps de m'enseigner à m'en servir. J'ai appris seul. La seule chose que je sais, c'est que c'est l'une des Sothàn. Ce sont ses mots. J'avais six ans, je ne savais même pas ce que ça signifiait. Voilà. Tu sais tout.
- D'où vient-elle alors ?
Daisyel sourit d'un air nostalgique.
- De là où j'ai grandi, Laya. De l'autre côté des Montagnes de Shinéar, dans la vallée du Huan'sen.
Je haussai un sourcil surpris. C'était la première fois que Daisyel évoquait précisément son enfance. Je posai ma main sur la sienne. Le souffle du vent s'éloigna alors de mon oreille et mon frère redressa son torse.
- Nous en parlerons, je te le promets.
- Mais une autre fois, souris-je.
- C'est important, Laya. Vous n'avez que quelques jours pour prendre le large. La nouvelle de votre arrivée à Dishôn n'est pas encore arrivée aux oreilles de Léander, mais ce sera assurément le cas après la fête de la fille du Seigneur Haddrix.
- Nous n'avons pas prévu de nous attarder, seulement de prendre le temps de planifier un voyage sur, le rassurai-je.
- Je m'occupe de tout, je vous accompagnerai jusqu'à la frontière des Terres d'Arhein. Je viendrai vous chercher lorsque le moment sera plus sûr. Léander est intelligent, il va chercher à vous prendre en tenaille. Il faudra passer entre les mailles du filet et vous aurez besoin de moi.
Un large sourire étira mes lèvres à l'annonce de la nouvelle. Daisyel nous accompagnait ! Il serait à mes côtés.
- J'ai l'impression que tu as déjà tout planifié.
- Je cogite encore, le mieux ç'aurait été d'obtenir de l'aide de ton père adoptif, mais je dois rester discret.
Je lui frappai sèchement l'avant-bras.
- J'ai déjà un père, protestai-je. Tu le sais très bien.
Un sourire taquin étira ses lèvres.
- J'en connais un qui n'est pas convaincu.
- Tu veux parler de Rhee ? Pas moi. Ce n'est pas le sujet.
Pourtant, il poursuivit sur le même ton.
- Tu devrais être plus honnête avec lui. Arrête de te mentir à toi-même, en fait.
- Que veux-tu dire ?
Son sourire s'accentua. J'avais sauté les pieds dans le plat.
- Que tu vas débarquer chez les Sheioff sans rien connaitre d'eux. Tu es une paria là-bas et tu comptes te présenter devant eux sans même connaître leurs forces et leurs faiblesses ? Ils vont te reprocher d'avoir perdu ton clan, que vas-tu rétorquer en échange ?
Ses remarques me bouleversèrent profondément. Daisyel n'avait pas tort. Mais il me plaçait sans détours face à mes torts et mes craintes vieilles de plusieurs années.
- Tu ne peux pas les affronter sans te connaître parfaitement, reprit-il plus doucement. Il est temps pour toi de découvrir qui tu es entièrement. Tu as appris à appréhender ta Terre, mais tu trembles comme une enfant apeurée face à ton Feu. Rhee peut te permettre de lui ouvrir ton cœur sans t'y brûler les ailes.
Je restai muette, stupéfaite. Les mots résonnaient en moi, défilaient dans mes pensées, décortiqués et assimilés. Daisyel me connaissait pas cœur. Il avait appuyé sur une corde sensible, avec juste assez de pression pour me convaincre sans m'échauder.
Le silence étendit ses ailes au-dessus du petit bassin. Je méditais sur ses paroles plus que de raison. Bien sûr qu'il avait raison, mais l'admettre heurtait ma fierté.
- Tu l'as sauvé, n'est ce pas ? lançai-je distraitement
Le changement de sujet le désarçonna. Lorsqu'il saisit le fil de mes pensées, il acquiesça.
- Oui, c'est moi qui suis... derrière tout ça.
- Tu l'as mis sur ma route volontairement.
Un rire dépité s'échappa de ma gorge.
- Et je n'ai rien vu. Comment as-tu fait ?
Mon frère me pressa affectueusement l'épaule, l'air rieur.
- Ça a été mon tour de veiller sur toi, Laya. Tu dépérissais de jour en jour et c'était encore trop risqué de me montrer, alors j'ai fait d'une pierre deux coups. Je savais qu'il aurait besoin de toi et toi, tu avais besoin de lui.
Il sourit avec douceur.
- Je ne regrette pas. Vous vous êtes bien trouvés.
Ce fut à mon tour de le taquiner.
- Il te ressemble, remarquai-je avec une pointe de sarcasme. Pour ne pas dire qu'il pourrait être toi à quelques années près.
- Dans ce cas, tu ne pouvais que t'attendrir. Je devine que tu ne fais pas seulement référence à notre regard envoûtant.
Un rire léger s'échappa de mon souffle haché.
- Je fais allusion à sa force de caractère, la manière qu'il a de se passer la main dans les cheveux lorsqu'il est contrarié. Il ne peut pas s'empêcher de se préoccuper des autres, avec autant de sévérité que de douceur, exactement comme toi.
Un élan de douceur se diffusa dans ma poitrine.
- Il rit comme toi. Il parle de la même façon. Il porte autant de cicatrice derrière son sourire de façade.
Je soupirai soudain.
- J'ai si peur qu'il m'en veuille pour ça.
- De nous comparer ? s'étonna mon frère
- Non, mais j'ai si souvent l'impression de parler à une version de toi plus jeune. Je ne veux pas qu'il pense qu'il te substitue. Ce n'est pas vrai. Ce gamin, je l'adore.
Daisyel s'esclaffa.
- Ah ça, il n'est pas né celui qui lèvera la main sur lui !
Le silence balaya la surface de l'étang. Tâcher de mettre des mots sur ce que je ressentais à propos de Lay était étonnamment difficile.
- Quelque part, je n'ai pas réussi à te protéger, alors que je t'en avais fait la promesse. Cet enfant, sa mère me l'a confié de la même façon que le destin t'a mis sur ma route il y a six ans. C'est une deuxième chance.
Plus les mots s'échappaient de mes pensées en écho audible, plus ils prenaient racine.
- Non seulement je n'ai pas le droit à l'erreur, mais cette fois, je n'échouerai pas. Il est sous ma protection.
- Il y a une autre solution.
Sa remarque mit quelques secondes à s'imposer dans le flot de mes pensées.
- Tu peux lui enseigner à se défendre.
Un sourire sans joie étira mes lèvres.
- Tu en étais capable et ça n'a pas suffit, répliquai-je douloureusement.
- Non, mais il n'est pas moi. Tu l'as dit toi-même. Cet enfant est un adolescent, maintenant. Il faut qu'il apprenne.
Je conservai un silence obstiné. Soudain, une idée germa.
- Enseigne lui la magie de l'air, m'exclamai-je brusquement. Je n'en ai pas la connaissance, mais toi, si.
- Il n'en est pas question ! Je n'enseignerai rien du tout, se rebiffa le jeune homme. C'est toi, la future mentor, pas moi.
Un sourire amusé étira mes lèvres. Il est vrai que ma fonction d'Héritière de la Terre me prédisposait à enseigner les jeunes Tamar.
- Ce qui n'arrivera jamais, étant donné que mes futurs élèves sont enterrés à Tirawan, fis-je remarquer.
Il détourna la tête, non sans murmurer une excuse.
- Ne ravale pas tes mots. Ce que je voulais dire, c'est que tu es un excellent professeur, tu n'as pas besoin d'en avoir la fonction. Te rappelles-tu tout ce que tu m'as appris ?
Il soupira, un tantinet irrité.
- Je le sais, mais la situation a changé. Tu sais très bien pourquoi je refuse d'enseigner Lay.
Je hochai la tête avec franchise, lui tirant un second soupir.
- Ce que je sais aussi, c'est que tu la maîtrises plutôt bien, pour l'instant. Ce qui ne va pas durer. Voilà pourquoi je veux que tu le prennes sous ton aile, maintenant.
Il soutint farouchement mon regard. Son obstination frôlait ma détermination. Lay avait besoin de lui. Je ne pouvais pas me permettre de laisser son enseignement de côté plus longtemps.
- Sa magie de l'air est un électron libre qui peut exploser à tout moment. J'ai refusé de lui enseigner quoi que ce soit pour le protéger des espions de son père. Ça ne peut plus attendre. Il doit savoir s'en servir, même si je suis presque certaine qu'il est loin d'être un novice.
Daisyel souleva un sourcil étonné.
- Tu en doutais ? Leander n'est pas homme à laisser au hasard la formation de son fils.
Il grimaça.
- Je peux même l'affirmer.
Une question se fraya soudain un chemin glacé sur ma langue.
- Qu'est-il advenu de sa mère ?
Daisyel pinça ses lèvres, les poings serrés.
- Il a fait ratisser tout Vëonar pour la retrouver. Ses meilleurs pisteurs, des tueurs sans pitié, sont sur ses traces. Il voudrait que je me joigne à eux lorsque j'aurais achevé ma mission. Aux dernières nouvelles, ils seraient sur le point de la retrouver, déclara-t-il sombrement.
Sa mission. J'avais presque oublié ce point. La mission de Daisyel consistait à exterminer les Sheioff. Il n'avait plus abordé ce point depuis que les mots avaient débordés de son esprit.
- Que vas-tu faire ? demandai-je malgré moi
Il ouvrit des yeux ronds et poussa une exclamation muette. Il se ravisa soudain.
- À ton avis ? s'enquit-il, espiègle. Quelle est la meilleure façon de les prévenir ? Leur envoyer des brochettes ou une missive scellée ?
Mon poing s'écrasa contre sa clavicule.
- Idiot. Je me charge de les avertir, c'est pour ça que j'ai quitté l'Académie. Je parlais plutôt de...
- Ainsi donc leur sort te préoccupe ?
Les mots se figèrent sur ma langue en même temps que mon mouvement. J'oscillai entre l'indignation et l'amusement. Son sourire rieur trancha pour moi. Je ne parvenais pas à être en colère contre lui.
- Je ne souhaite pas leur mort. Je ne peux pas laisser les derniers Mages mourir dans l'ombre. Je le fais aussi pour ma mère. Elle m'aurait ordonné de ne pas leur tourner le dos, si elle avait été là.
Je suivais Rhee surtout pour cette raison. L'une des dernières paroles de ma mère avait été à propos de mon père. Elle tenait à lui, en débit de son abandon. Je ne lui avais peut-être pas pardonné, mais je ne laisserai pas mourir le dernier membre de ma famille. Je n'oublierais jamais les liens du sang. Je levai vivement les yeux vers Daisyel.
- Il est mon père autant que tu es mon frère.
- Alors profite de ces instants de répit, Laya. Ils ne seront pas volés, je crois.
Je saisis sa main tendue, la pressai contre mon cœur.
- Viens à la cérémonie.
- Je ne suis pas invité, Laya, rit le jeune homme.
- C'est chose faite. Viens, s'il te plaît.
Daisyel carra la mâchoire, indécis.
- J'aime toujours autant danser, avançai-je dans un murmure taquin.
Il grogna et dissimula un sourire. Moi j'esquissai le mien avec plaisir. Je me jetai dans ses bras.
- Merci, soufflai-je.
- Toi aussi, tu me manques.
Soudain, un cri déchira le silence. Un souffle chaud balaya mes cheveux. Nous relevâmes la tête dans un même mouvement. Riv fendit les cieux à peine à trois mètres au-dessus de nous. Il se dissimula dans une crevasse de la falaise qui nous surplombait. Nous perçumes à l'instant le claquement de pas sec à l'entrée du jardin.
J'adressai un hochement de tête à mon frère, les bras crispés dans l'attente du danger. L'instant suivant, un doux courant d'air caressait ma peau. Daisyel était parti. La chaleur du soleil s'abattit sur mon épiderme avec la violence d'un ouragan. Je me souvins alors que je préférais toujours me rendre à Faiz en compagnie de mon frère. Surtout lorsque j'avais appris que sa magie tempérait le climat à proximité de son corps.
Je plissai les yeux sous la lumière éclatante qui se reflétait sur la mousse. Une silhouette plus haute que moi, plus large que Rhee, un tantinet moins souple, émergea des buissons d'anthyllias pourpre. La stupéfaction prit le pas sur la crainte.
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