139. Troyd Markios
Voilà plus d'une heure qu'ils étaient repartis pour Baldt. Flint conduisait les chevaux alors que Gabriel, Nash et Misaki se reposaient à l'intérieur de la calèche. D'après la fausse louve élémentaire, Shayne et les autres les rencontreraient à mi-chemin, avant même d'atteindre la capitale. À l'intérieur du véhicule, le colosse avait activé une barrière synthétique qui repoussait déjà quelques démons – cet engin leur avait été offert par l'armée, peu de temps avant leur départ. Les chevaux avaient parfois peur, mais finissaient toujours par se calmer lorsqu'ils rebondissaient sur le champ de force. Heureusement pour eux, ils avaient bien été dressés.
— Non, pensa Flint. Ce ne sont que des données informatiques.
DIA-X12, quant à elle, examinait les signes vitaux de son porteur. Les battements de son cœur étaient revenus à la normale et cela la rassurait.
— Comment se fait-il que vous ayez brisé le protocole ? lui demanda alors Flint. Normalement, une I.A. de ces simulations ne doit pas parler du monde extérieur aux clients du logiciel. Votre créatrice l'a bien exigé lorsqu'elle vous a programmé.
— Je sais, mais les esprits élémentaires de cette simulation sont différents, Monsieur Markios. Luna savait que tôt ou tard, elle aurait besoin d'aide si jamais les choses tournaient mal dans son logiciel. Elle nous a créés dans le but précis de vous sortir de la simulation, au cas où vous deviez en devenir prisonniers. Nous sommes aussi ici pour vous assister, peu importe le souci. Vérifier vos signes vitaux et votre état psychologique est tout à fait logique pour nous.
— Donc, nous pourrions sortir de la simulation, si nous le souhaitions, grâce à vous.
— Oui, mais j'ai choisi de ne pas le faire, car il me fallait découvrir une manière de contenir le virus à l'intérieur de vos machines. S'il fallait qu'il se répande à travers votre vaisseau, cela provoquerait une catastrophe. N'oubliez pas que vos casques sont liés au système de vos ordinateurs...
— Je vois... donc vous agissez comme un pare-feu.
— C'est exact. Nous éliminons l'infection de notre mieux... Ici, elle prend la forme des disciples de la renégate Perséphone. Les individus partaient tous de la même intelligence artificielle. Dans ce monde, elle se fait passer pour Randell Tabris.
— Mon fils ? Troyd a voulu faire de lui un monstre ?
— Souvenez-vous qu'il ne s'agit pas de votre véritable fils, Monsieur Markios, mais d'un désir enfouit de votre oncle. Pour lui, Randell représentait un ami et un excellent collègue. Cette version d'Aeglys est en fait un mélange de tous vos souhaits, de vos regrets et de ce que vous auriez voulu accomplir. La planète sur laquelle vous vous promenez en ce moment est celle que vous avez quittée au début de votre voyage, dans les moindres détails. Il y a quelques petites différences, certes, mais elle est fidèle à vos souvenirs.
— Pas vraiment, puisque Yosuke serait vivant en ce moment.
— Yosuke ? Qui est-ce ?
— L'ex-mari de Misaki. Je me dis qu'elle n'a pas voulu qu'il vienne l'embêter dans cette simulation, même s'ils sont en très bons termes...
— C'est bizarre... en effet.
Ils continuèrent donc à rouler la calèche le long de la route jusqu'à ce qu'ils arrivent près d'un vieux moulin abandonné. Ils y virent de la lumière, où les attendaient Shayne, Cassandra et Luna. Ils avaient allumé un feu de camp et activé un champ de force synthétique afin de se protéger des monstres. Près du feu, le puma noir observait les flammes. Flint approcha ses chevaux des autres montures et arrêta leur véhicule. Gabriel, Nash et Misaki sortirent rejoindre les autres.
Lorsque Flint s'approcha des braises, il remarqua que l'apparence de ses amis avait changé. Cassandra avait l'air plus vieille que la dernière fois qu'il l'avait vue dans la simulation, Shayne n'avait plus ses crocs de vampire et Luna avait grandi de quelques centimètres. NOX-X12 leur avait donc redonné leurs véritables traits du monde extérieur.
— Comme on se retrouve ! s'exclama la guerrière albinos. Ça fait du bien de revoir vos vraies formes. Est-ce que votre I.A. vous a tout expliqué ?
— Oui, répondit Shayne. De ce fait, nous devons retrouver Troyd et la source du virus, si j'ai bien compris.
— La source en question est Randell Tabris, expliqua DIA-X12, ou du moins, celui de cette dimension virtuelle. Je ne sais pas exactement où il se cache, mais il est en mouvement avec votre prisonnier de guerre. Si nous avions d'autres agents X12 en notre présence, je crois qu'il serait plus facile d'augmenter la puissance de nos radars. Toutefois, je n'ai pas le droit de modifier l'interface de ce monde.
La magicienne s'approcha de Flint et des autres.
— Ah ? Ce n'est que ça ? demanda-t-elle. Tu oublies un détail, ma vieille. Je suis celle qui a créé cette simulation, alors je sais comment m'en servir.
Elle fit ensuite apparaître un panneau de configuration dans le vide, avec un écran holographique, et se mit à pianoter quelques informations dans la base des données de la simulation. Aussitôt, quatre créatures apparurent aux côtés de Misaki, Cassandra, Nash et elle-même. Il s'agissait d'un chien de prairie, d'une crécerelle, d'une loutre et d'un phénix.
— Vous nous avez appelés, Mère ? demanda KELVIN-X12 à sa créatrice.
— Oui, Kelvin. Le logiciel a été compromis par un virus de source extérieure. J'ai besoin que vous nous aidiez à localiser la source. Cherchez pour l'entité RANDELL_TABRIS_X19.exe et dites-nous où nous pourrions le trouver.
— À vos ordres, Mère, répondirent les six X12 en même temps.
Les élémentaires se rassemblèrent en cercle, un peu plus loin et exécutèrent leur tâche. On pouvait voir plusieurs formules algorithmiques flotter autour de ces derniers. Flint profita de cette distraction pour se tourner vers Luna.
— Comment se fait-il que tu n'aies pas créé de versions virtuelles pour Éclipse et Charlie ? Je pensais que tu les aimais.
— Je n'ai pas eu le temps de les intégrer au logiciel, dit-elle. Ils étaient encore en phase de développement lorsque ta mère nous a demandé de prendre Troyd en charge. Je ne pouvais rien lui refuser après tout ce qu'elle a fait pour nous.
— Je vois...
Trois minutes plus tard, les six intelligences artificielles se séparèrent et revinrent vers le Flint et ses compagnons.
DIA-X12 fut celle qui leur adressa la parole :
— RANDELL_TABRIS_X19.exe et TROYD_MARKIOS_X21.exe se trouvent à l'ancien centre pénitencier de votre région, Monsieur Markios. Celui qui se trouve au nord-ouest de la capitale. Que désirez-vous faire ?
— Nous allons les arrêter, bien sûr, dit le capitaine.
— Mais nous ne sommes pas assez nombreux, protesta Gabriel.
— Ha ? Ce n'est que ça ? commenta Luna. Pfft... Fastoche.
La magicienne réactiva son panneau de configuration et fit apparaître un instant plus tard une armée de soldats qui les entouraient. Tous portaient les armures officielles de l'armée baldtienne.
— God Mode, activé ! dit-elle en gloussant.
— De quoi parle-t-elle... ? commenta Gabriel, qui se tourna vers la guerrière albinos.
Misaki haussa des épaules. Elle ne comprenait pas cette expression non plus.
— En gros, ça veut dire que nous allons botter le cul à ce fils de pute ! ajouta Luna.
Nash foudroya la magicienne du regard, qui saisit aussitôt sa maladresse. La demoiselle aux cheveux mauves rougit.
— Pardon, patron. Tu sais où je voulais en venir, non ? dit-elle.
— Il s'agit quand même de ma mère. Choisis mieux tes insultes, la prochaine fois.
— D'accord, patron.
— Je ne suis plus ton supérieur depuis que Flint est aux commandes, Luna...
— Ça m'est égal. Pour moi, tu seras toujours mon chef.
Elle lui fit son plus beau sourire et il roula les yeux. Inutile de contredire les paroles de cette magicienne foldingue. Il se contenta de hausser les épaules et se tourna vers le reste de son groupe. Ils étaient tous aussi ébahis que lui de voir autant de soldats les entourer, tous entourés de champs de forces et bien équipés.
— On fait quoi avec eux ? fit Misaki. Shayne, as-tu une idée ?
— En tant qu'ancien général de l'armée baldtienne, tu pourrais t'en occuper, non ? proposa Flint.
— Très bien, répondit le guerrier ténébreux. Je sais exactement où nous nous rendons, alors laissez-moi réfléchir à ce que je dois dire...
Ils attendirent un instant avant que Shayne s'avance vers la foule qui les encerclait. Ce dernier leva un bras en l'air afin d'attirer l'attention vers lui.
— Soldats ! aboya-t-il. Des terroristes ont envahi le centre pénitencier de Baldt ! En tant que votre général, je vous ordonne de nous assister à les éliminer !
— Général ? lança l'un des soldats. Toi ? Tu n'as même pas le badge qui vient avec !
Luna roula des yeux et pianota encore une fois dans le panneau des commandes afin de changer les vêtements de Shayne. Cette fois, il portait un uniforme militaire aux couleurs de la république, ainsi que plusieurs badges sur sa poitrine. Elle jeta alors un mauvais regard en direction du soldat et ce dernier recula de peur. Elle se croisa les bras et afficha un sourire satisfait.
— Avez-vous d'autres objections ? interrogea-t-elle aux gens devant elle.
— Non madame !
— Rien à dire, mademoiselle !
— Très bien, formula Flint. Shayne ? Tu peux continuer.
Cette fois, les soldats écoutèrent les paroles du maître d'armes et décidèrent de le suivre. Ensuite, les sept compagnons montèrent à bord de leurs calèches, accompagnés des X12 et se déplacèrent à la tête de cette gigantesque armée. Ils étaient des milliers à traverser les plaines, que ce soit à pied, à chevaux ou en véhicules. Leur objectif était simple : éradiquer les terroristes et leur source. Le virus informatique intégré à l'intérieur de la simulation serait donc éliminée. Alors, Flint et ses amis pourraient enfin retourner dans le monde réel.
— C'est dingue, mais j'ai l'impression de revivre le combat final contre Satan et ses démons, mentionna Gabriel, à bord du véhicule où se trouvaient Flint et Misaki.
— Peut-être que Monsieur Troyd essayait de recréer la même ambiance ? suggéra DIA-X12. Après tout, d'après les archives de votre vaisseau, il n'a jamais connu la victoire que le diable lui a promise. Il a été écrasé et enterré avec les criminels de guerre. C'est possible qu'il veuille tout simplement se venger.
— Ça ne m'étonnerait pas de mon oncle, dit Flint. Il ne changera jamais. J'ai bien peur qu'il soit une cause perdue. Je sais que ma mère voulait lui donner une dernière chance, mais certaines personnes n'en valent vraiment pas la peine.
— Elle voulait aussi ramener Perséphone, Thanatos et Hadès de leur sommeil éternel, déclara Misaki. Je crois qu'après ce fiasco, elle va devoir trouver d'autres moyens de les ramener parmi les vivants.
— Il lui reste toujours l'option de les réincarner dans de nouvelles vies, de nouvelles familles, et j'en passe, répondit Gabriel. Par contre, je crois qu'il serait mieux que nous abandonnions toute tentative de les sauver.
Flint et Misaki hochèrent leurs têtes en même temps. Le gros guerrier trouvait cela triste pour Athéna, car elle voyait toujours le bon en tout le monde. Il espérait qu'elle comprendrait que sa vision ne se réaliserait sans doute jamais. Fatigué, il décida de faire une sieste. La route vers le centre pénitencier serait longue.
¤*¤*¤
Au milieu de la nuit, Shayne avait conduit ses hommes à destination. Ils avaient réussi à encercler l'immense bâtiment et abattu plusieurs disciples rapidement. Les deux camps perdaient des soldats à un rythme rapide, mais Luna pouvait facilement créer de nouveaux alliés en jouant avec la base des données. Elle avait tenté à quelques reprises de supprimer le fichier contenant virus, mais sans succès. Le mettre en quarantaine était aussi impossible. Il leur faudrait donc improviser, soit de purger son apparence physique. Randell Tabris, ou du moins son intelligence artificielle, devrait malgré tout être éliminé.
— C'est un vrai labyrinthe, cet endroit ! grogna Flint qui ouvrit une porte, au rez-de-chaussée. Où peuvent-ils bien se trouver ?
— Essais le premier étage ! lança Misaki, à plusieurs mètres de lui.
Tous les membres de la brigade fouillaient les pièces de fond en comble. Ils voulaient mettre un terme à cette folie au plus vite. Ils croisèrent plusieurs disciples qu'ils éliminèrent à l'aide des X12 et des soldats, mais ils ne trouvèrent aucune trace de Troyd, ni de Randell. Au moment où Flint allait monter l'escalier lié au premier étage, ce dernier s'effondra. Le tyran vêtu de son armure et sa cape rouges bondit sur lui comme un sauvage et planta son épée dans son bras gauche, en plus de l'enfoncer au sol. Flint hurla de douleur alors que son oncle essayait de le tuer.
— ENCULÉ ! grogna l'homme à l'armure écarlate. TU AS TOUT FAIT FOIRER ! C'ÉTAIT MON HEURE DE GLOIRE ET TU ME L'AS VOLÉE !
Il donna plusieurs coups de poings dans la figure du capitaine et se mit à rire aux éclats avant de lui trancher son bras. La particule de chair détachée du corps de Flint se volatilisa en codes binaires. Du sang coulait déjà de son corps tandis que son oncle visait cette fois sa tête. Ce fut à cet instant que Gabriel fonça dans le général sanguinaire et lui planta sa hache dans l'épaule.
— Att... Attend ! cria Flint. On ne peut pas le tuer avant d'avoir éliminé Randell !
Troyd n'en avait rien à faire de l'avertissement de son neveu. Il se prenait un plaisir fou à torturer les membres de la Septième Brigade. Peu importe le nombre de fois que ça lui prendrait, il les tuerait encore et encore. Ses dents devinrent aussi pointues que celles d'un démon et il enfonça ses crocs dans la nuque du colosse.
— ARGGGGGH ! hurla Gabriel. DÉGAAAGE !
Il donna un coup de poing dans le ventre du guerrier écarlate qui fut repoussé contre un mur de pierres. Le bâtiment tombait en ruines, il y avait des murs détruits par les termites et les nombreuses bêtes qui étaient venues y vivre. Tout ça, depuis qu'on l'avait abandonné. Cette vision du centre pénitencier représentait bien celui qui avait existé autrefois, mais son état était pire que dans les souvenirs de Flint. Ce fut à cet instant qu'il réalisa que ce monde virtuel n'était pas parfait et qu'il ne le serait jamais. Pendant ce temps, il mit une main sur son moignon sanglant et essaya de se relever, malgré la douleur. DIA-X12 se matérialisa à côté de lui et invoqua un sortilège de guérison : le bras disparu repoussa en quelques secondes et une main apparue au bout de ce dernier. Furieux par le geste de l'intelligence artificielle, Troyd se dégagea du mur et bondit vers la créature.
— Dia, non ! cria Flint. Laisse notre amie tranquille !
Il s'élança alors en direction de son oncle et le poussa de la louve virtuelle. Il lui avait déjà crevé un œil et fracturé la mâchoire. La pauvre DIA-X12 faisait peine à voir, mais elle soignait ses blessures avec le même sortilège qu'elle venait de lancer sur le bras du jeune homme. Flint dut s'arrêter un instant pour se souvenir qu'elle n'était pas la véritable Dia, mais une intelligence artificielle. Dans sa roulade avec Troyd, il se prit un crochet du droit dans la tronche.
Nash vint aussitôt à l'aide de son neveu et donna un coup de pied dans la gueule de son frère qui perdit enfin connaissance. Un peu plus loin, Cassandra soignait la blessure de Gabriel, tandis que Luna lançait une multitude de sortilèges vers les disciples qui venaient de s'approcher d'eux.
Au-dessus de leurs têtes, Shayne et NOX-X12 luttaient contre Randell Tabris, enfin sorti de sa cachette. Le maître d'armes se cacha derrière une poutre pour éviter un sortilège de foudre et lui lança une onde tranchante avec l'élément des ténèbres intégré dans cette dernière. Le corps du sorcier n'avait plus rien d'humain. Il assumait parfaitement son rôle de virus informatique et avait pris une apparence plus monstrueuse. Ses mains n'étaient plus que d'étranges tentacules alors que sa tête ressemblait à celle d'un démon insecte. De la bave sortait de sa gueule et formait de nouveaux disciples humanoïdes à chaque minute, partout où il passait.
— Cassandra ?! lança Shayne par-dessus son épaule. Peux-tu m'aider ?!
— Tout de suite, chéri ! répondit la guérisseuse.
La guérisseuse grimpa dans les bras de Gabriel qui l'aida à bondir dans les airs. Elle atterrit là où l'escalier avait commencé à s'effondrer. Dans sa main, WINDY-X12 venait de prendre la forme d'un arc. L'intelligence artificielle l'obéissait au doigt et à l'œil, comme si elle avait été programmée pour ressembler à la véritable Windy. Cassandra décocha plusieurs flèches de vent vers le sorcier.
Randell tomba par-dessus une rambarde et s'écrasa au rez-de-chaussée, pour se briser la nuque. Comme prévu, tous les disciples présents aux étages disparurent dans un vaste nuage de nombres binaires. La source du virus était morte. Dans cette salle sombre du centre pénitencier, Flint et ses amis purent entendre les cris de leurs adversaires qui se désintégraient en même temps que leur créateur.
— C'est déjà fini ?! se dit Misaki qui se passa un doigt sous son nez. Dommage. J'aurais pu passer des heures à combattre ces imbéciles !
Luna pouffa de rire et s'agenouilla, soulagée que toute cette expérience soit enfin terminée. Dans son dos, les ailes de KELVIN-X12 se déployèrent. Elle se releva pour bondir en direction de ses camarades et atterrit près de Flint. Le phénix se sépara alors de la jeune femme et se tint debout près de sa sœur, la louve.
— Ce n'est pas encore terminé, déclara Cassandra, qui venait de bondir jusqu'à eux, depuis le premier étage. Nous devons encore nous occuper de ce porc.
Elle pointa Troyd d'un doigt. Elle n'avait toujours pas oublié ce que cet homme avait tenté de lui faire, quelques jours plus tôt — du moins, dans cette simulation. Ses nouveaux souvenirs ne la quitteraient pas de sitôt. Elle visait déjà la nuque du pervers sanguinaire avec son arme.
— Permission de l'exécuter ? demanda-t-elle à Flint et Nash.
Tous deux hochèrent leurs têtes respectivement. Elle décocha la flèche qui transperça l'artère carotide de Troyd. Ce dernier gémit de douleur, puis s'éteignit. Elle soupira de soulagement, sachant qu'il ne pourrait plus lui faire de mal.
— Il est toujours vivant dans le monde réel, déclara Luna. Mais je peux le maintenir ainsi quelques minutes, afin que nous puissions tous nous réveiller.
— Fais donc cela, s'il te plaît, demanda Flint. Nous ne voulons pas que ce carnage se reproduise à bord du vaisseau.
— Et comment ! C'est moi l'experte, après tout.
Elle lui fit un clin d'œil et disparut dans un pop sonore avec le mot Déconnectée qui apparut en rouge néon devant leurs yeux, là où elle s'était trouvée, quelques secondes plus tôt. Le corps de Troyd quant à lui n'avait pas disparu, comme si quelqu'un ou quelque chose l'empêchait de revenir au monde réel. Luna était probablement intervenue à temps.
Flint remarqua aussi que les soldats que la magicienne avait invoqués avec le logiciel étaient figés dans le temps ; ils ne bougeaient plus et ne respiraient plus. Le monde virtuel dans lequel ils se trouvaient avait cessé de fonctionner. Pourtant, les membres de la Septième Brigade pouvaient encore se déplacer et respirer, y compris les six intelligences artificielles qui les accompagnaient.
— Alors, c'est ici qu'on se quitte... déclara DIA-X12 qui se tourna vers Flint, puis Nash. C'était bien de vivre quelque temps à vos côtés. J'espère qu'on se reverra un jour...
Flint fronça des sourcils et baissa son regard vers la fausse Dia. Elle n'avait pas la même personnalité que celle qu'ils connaissaient dans leur véritable dimension, mais elle était tout aussi amicale. Il regrettait presque de devoir la quitter.
— Que va-t-il se passer, maintenant que nous avons détruit le virus ?
— Le serveur va être redémarré et nous reviendrons à notre état initial, sans l'influence de votre oncle, Monsieur Markios.
— Et vous allez nous oublier, n'est-ce pas ?
— Non... pas forcément. Nous serons simplement endormis jusqu'à ce que Luna ait à nouveau besoin de nos services. Nous serons toujours là au cas où vous auriez besoin de vous aventurer dans le cyberespace.
— Qui sait... peut-être qu'un jour, j'arriverai à convaincre la véritable Dia à venir faire ta rencontre, gloussa Flint.
— Ça me ferait plaisir ! Tout comme à ma fratrie.
Flint se pencha vers la louve virtuelle et lui caressa la tête pour la réconforter. Elle était triste, mais essayait de le cacher, elle voulait rassurer son nouvel ami. Il ne s'était pas attendu à ce qu'il s'attache autant à une intelligence artificielle.
— Je m'excuse de t'avoir manqué de respect, dit-il. J'espère que tu sauras me pardonner, DIA-X12.
— Ce n'est pas grave. J'avais compris que tu étais contrarié par la situation.
— Non... Je t'ai traité comme un vulgaire robot, alors que selon moi, tu es bien plus vivante que je ne l'imaginais au départ. Cette expérience m'a ouvert les yeux.
— Moi... vivante... ?
La louve virtuelle semblait perdue dans ses pensées, tandis que Flint lui fit une grattouille sous le menton. Ces mots la rassuraient et la chagrinaient à la fois. Elle savait qu'ils ne se reverraient pas avant quelque temps, mais était heureuse de s'être sentie utile.
Cassandra et les autres membres de la brigade remercièrent tous les esprits artificiels qui, un à un, quittèrent le centre pénitencier. DIA-X12 afficha un dernier regard à Flint, avant de suivre ses frères et sœurs. Leurs premières rencontres avaient été brèves, mais chaque porteur avait l'impression d'abandonner ces pauvres bêtes imaginaires à leurs sorts. Même Nash, qui normalement, n'avait aucune affinité avec Bella dans le vrai monde, aurait aimé que Wyatt Silverwind soit là pour elle. Tous deux avaient combattu vaillamment, à leurs côtés. Contrairement à la véritable Bella, la version de cette simulation était demeurée discrète. Ce qui avait l'affaire de toute leur équipe, en fait.
— Ce combat s'est passé plus vite que je ne l'aurais imaginé, mentionna Flint. Si ç'avait été le monde réel, je sens que ç'aurait été plus difficile. Pas vous ?
— Mouais, répondit Gabriel. Mais avec Luna et ses connaissances informatiques, on s'en est bien sortis, je trouve. Que va-t-on faire de Troyd, au réveil ?
— Je peux toujours le tuer comme sur la station lunaire... répliqua Misaki, avec un sourire en coin. Pas de pitié pour ce porc.
La guérisseuse éclata de rire, mais se tut rapidement, car elle avait peur de paraître égoïste. Elle aurait fait la même chose que sa meilleure amie, du moins, pour cette fois. En tant que soigneuse professionnelle, elle ne pouvait pas se permettre de penser comme une meurtrière, mais seulement pour le bien-être des autres.
— Est-il au moins dans un incubateur ? interrogea Shayne. Je ne m'en souviens plus.
Il tourna son visage vers Flint, puis sa fiancée. Cassandra hocha la tête.
— Oui, comme nous tous, répondit le blond. Quand je me suis réveillé un peu plus tôt, j'étais dans un incubateur, entouré du même liquide qu'on avait utilisé sur la base.
— Certains souvenirs du monde réel sont encore flous dans mon esprit, formula Shayne. Qu'est-ce qui cause ça, d'après vous ?
— Probablement ce fichu virus, suggéra Cassandra.
Ils entendirent alors un bruit de cloche étrange au-dessus de leurs têtes, suivi de la voix de Luna à travers ce qui semblait être un interphone imaginaire.
— Ça va les gars, dit-elle. Le porc a été endormi avec de puissants sédatifs. Il ne se réveillera pas avant vingt-quatre heures. Je vais fermer le serveur et vous sortir. Tenez-vous prêts, ça va vous donner le tournis.
— Et merde, soupira Flint.
Aussitôt ces paroles prononcées, les membres de la Septième Brigade furent déconnectés en même temps et tout devint noir autour d'eux. Le monde virtuel avait complètement disparu. Il ne restait plus qu'un tourbillon étrange de données informatiques qui tournoyait dans le vide. Tranquillement, ils revenaient un à un dans le monde réel.
Flint se sentait un peu nauséeux lorsqu'il rouvrit les yeux, mais il n'avait pas autant mal au cœur que plus tôt, dans la journée.
Le liquide protecteur qui l'entourait coulait déjà à travers les tubes de son incubateur. Près d'une minute plus tard, il sortit du récipient en verre et ramassa la serviette que lui tendit aussitôt sa fille, Estelle. La journaliste se leva sur la pointe de ses pieds afin de lui faire une bise sur la joue.
— Bienvenue dans le monde des vivants, papa, dit-elle.
Cette phrase lui réchauffa le cœur. Au moins il n'avait pas vécu cette aventure pour rien, s'il se faisait accueillir si bien dans sur son vaisseau.
¤*¤*¤
En décembre, soit trois mois après l'incident de la dernière simulation ; Artael marcha le long d'un vaste tunnel métallique où se trouvaient de nombreux prisonniers de guerre. Voilà depuis longtemps que la guerre envers Satan et ses sujets était terminée. Certains de ces gens attendaient encore d'être jugés par le nouveau Conseil des dieux. Plusieurs semaines plus tôt, on avait déplacé un individu important dans l'une de ces cellules, tout au fond de l'étage le plus bas.
Cette prison se trouvait à plusieurs kilomètres de Baldt, au Saint Royaume. Seules les autorités de ce monde pouvaient y accéder, y compris quelques soldats bien entraînés. Aux prisonniers les plus dangereux, on s'assurait de limiter leurs mouvements en les entravant avec des bracelets magiques et des chaînes qui les électrocutaient, si jamais ils essayaient de s'enfuir. Le détenu qu'Artael était venu voir était nul autre que son frère jumeau, l'impitoyable Troyd. Sa sentence avait été choisie un mois plus tôt : la mort et la réincarnation sans souvenirs. Les dieux voulaient éliminer les enfers afin de donner de meilleures opportunités aux démons de se racheter. L'âme de Troyd serait vide et il renaîtrait dans le corps d'un nouveau-né. Il serait endormi ce soir même, le 15 décembre 3919 AD. Sa seule demande fut de revoir son jumeau, une toute dernière fois.
Artael avait bon cœur et respectait toujours ses engagements. Pour cette raison, il décida de répondre à la dernière volonté de son frère. Ils auraient tous deux accès à une petite pièce, séparés par une vitre et une petite ouverture par laquelle ils pourraient discuter. Comme prévu, les jumeaux seraient surveillés par les gardiens de la prison, mais ils ne pourraient pas entendre ce qu'ils se diraient ; seulement les voir.
Le Président Markios avait compris que Troyd voulait lui dire quelque chose. Mais quoi ? Que lui voulait-il ? Ce fut sur ces pensées qu'il s'assit à l'intérieur de la salle qu'on leur avait réservée. Son frère s'installa en face de lui, les mains menottées derrière le dos. Il esquissa un petit sourire quand il vit son frère cadet.
— Alors, tu es venu, remarqua le tyran. Pas mal, le frangin... Ça me va droit au cœur.
— Ce n'est pas un luxe, très cher. Tu as la cote maximale et tu as reçu la peine de mort. Ce n'est pas ce que j'appellerai une victoire.
— Peut-être, mais pour la première fois de ta misérable existence, tu oses répondre à mon appel alors que j'ai besoin de toi. Qu'est-ce qui a changé ?
— Rien. Je ne refuserai jamais la dernière volonté d'un membre de ma famille... aussi abject soit-il. Si je suis venu, c'est parce que tu voulais me parler, n'est-ce pas ? C'était bien ce que tu nous as dit au tribunal.
Troyd opina du chef et soupira.
— Ne crois pas que je vais m'excuser, car je suis tel qu'on m'a élevé. Par contre, si je dois mourir, autant révéler tout ce que j'ai sur la conscience depuis que je suis gamin. Une enfance que tu as sûrement oubliée, tellement tu étais occupé à élever notre frère. Es-tu prêt à entendre la stricte vérité ?
— La vérité sur quoi ? Je ne te suis pas.
— T'es-tu jamais demandé pourquoi papa avait fait de moi son favori ?
Artael haussa un sourcil. Il ne comprenait pas où il voulait en venir. Oui, Virgile Knox l'avait pris pour son chouchou, l'avait toujours sorti de prison et avait fait de lui son trophée – son général. Le mage avait toujours pensé que leur père adoptif l'avait simplement aimé à cause de sa personnalité et de sa puissance.
— Non... pas vraiment, répliqua-t-il.
— Tu te souviens des nombreuses fois où nous allions à l'église, quand la Mère Agathielle était toujours en services ? Papa l'aimait beaucoup la Mère Agathielle... Oh que oui, il l'aimait... Tellement qu'il ne faisait que parler d'elle chaque fois qu'il me demandait de lui faire des trucs...
Artael écarquilla les yeux et se mit une main devant la bouche.
— C'était notre petit secret... continua Troyd. À tous les dimanches, elle l'excitait et lui, fervent croyant qu'il était, n'osait pas se branler. Alors pour se soulager, il me prenait en cachette et je te laisse imaginer la suite. Pour acheter mon silence, il m'offrait tous les jouets que je désirais... Puis quand Agathielle est partie, il a continué à faire de moi son... esclave sexuel, prétendant qu'il avait développé une attirance pour moi. Je me suis tue. Durant tout ce temps. Tu n'as jamais rien remarqué, tu étais toujours occupé. Mais un soir, il m'a pris... je n'avais que douze ans... Je ne voulais pas... mais il m'a quand même fait des choses horribles et... c'est là que j'ai compris qu'Athéna ne viendrait jamais me sauver... Que cette salope pouvait crever autant de fois que je l'aurais souhaité ! J'ai craché sur votre foi et je me suis battu corps et âme pour faire revenir Perséphone. Je souhaitais me venger de notre père. Mais il était trop tard. Il est mort et vous ne l'avez jamais puni. Il est déjà réincarné, quelque part, grâce à votre système de cul. Ceci ne changera pas l'opinion que j'ai de vous, car je sais que ma mort n'aura servi à rien. Mais tant et aussi longtemps que des gens comme lui existeront, ce genre de crimes se répétera et ce cycle continuera... encore et encore. Tout ce que j'ai appris, je l'ai appris de lui...
— C'est connu, la plupart des criminels sexuels ont autrefois étés victimes d'abus sexuels.
— Et comment... Nous passons des années à souffrir en silence, à ne jamais dévoiler ce qu'on a subi pour enfin péter un câble... Toutes les femmes que j'ai pénétrées étaient pour moi le plus grand soulagement...
— Tu es un monstre...
— Un monstre qui a été abusé par ton propre père, je te signale !
— Peu importe. Tu aurais pu m'en parler quand nous étions plus jeunes. Au lieu de cela, tu t'es renfermé et tu as tout gardé pour toi. J'aurais pu t'aider... j'aurais pu...
Troyd secoua la tête et continua à lui sourire.
— Je ne veux pas de ta pitié. De toute façon, tu n'en avais pas la force, ni moi. Cette pute d'Agathielle nous a sauvés, mais elle m'a condamné à une existence damnée pour un putain de président pédophile...
— Elle n'était pas une pute... C'était une sainte !
— Peu importe... Toutes les femmes... Elles sont toutes les mêmes... Elles vous promettent le bonheur, la sécurité, l'amour et ensuite elles vous jettent comme les salopes qu'elles sont. Elles ne mériteront jamais mon respect.
Artael secoua la tête. Il ne voulait pas écouter les paroles de son frère. Il le répugnait.
— Pfft... au moins, je suis reconnaissant d'une chose dans toute cette putain de vie, dit le prisonnier. Tu ne devineras jamais ce que c'est.
— Non quoi ? Raconte.
— Ton fils... Flint. Lui, au moins, il a profité de la bite. Et tu veux savoir le pire dans tout ça ? Papa a voulu s'essayer à une époque avec les quadruplés.
— Mensonge ! Jamais il n'aurait touché à mes enfants !
— Et pourquoi crois-tu qu'il a voulu le faire ? J'étais devenu trop vieux pour lui. Plus je grandissais et plus, il me trouvait laid. Il m'insultait et déversait toute sa colère sur moi, parce que je ne prenais pas assez soin de mon corps ! Alors un soir... il s'est approché de ton fils pendant qu'il dormait et a voulu le toucher...
— Ne dis pas ça... Je ne veux rien entendre !
— Et je l'ai assommé. Ton fils avait quatre ans et il était à un cheveu de se faire pénétrer par son propre grand-père. Et toi ? Tu bossais, ce soir-là, alors que Papy Vivi devait surveiller tes gosses ! Mais non, c'est moi qui étais leur gardien...
Artael déglutit. Son frère lui disait-il la vérité ? Virgile Knox avait-il vraiment abusé sexuellement de lui ? Cela expliquerait beaucoup de choses, mais il avait de la difficulté à le croire. C'était sa parole contre celle d'un supposé pédophile qui était passé entre les mailles du filet du système de réincarnation.
— Puisqu'on en est aux révélations... autant te dire que je me suis vengé sur lui, ce soir-là, reprit Troyd. Je l'ai dopé avec toutes les drogues inimaginables que j'ai récoltées au marché noir et je lui ai fait boire plein d'alcool. Il a frôlé l'overdose. Ce n'est rien comparé à ce qui s'en venait. J'ai endommagé ses cellules nerveuses de manière permanente avec mon cocktail médical.
— C'était donc ça, sa tentative de suicide ratée ?
Artael faisait un lien avait cette période de la vie du Président Knox, où celui-ci avait été retrouvé presque mort dans sa chambre, à moitié nu.
— Oui... et il n'a plus jamais été le même par après. Même qu'il a arrêté de me harceler sexuellement et qu'il n'a plus jamais osé s'approcher de tes morveux. Tu veux savoir pourquoi, cher frangin ? Parce que je lui plantais toujours un putain de couteau à la jugulaire à chaque fois qu'il osait s'approcher d'eux. En quelque sorte, j'ai été l'ange gardien de tes gamins pendant quelques années... Pour ça, je crois que tu m'en dois une. Maintenant, je n'ai qu'une dernière requête avant de mourir.
— Et c'est quoi, cette requête ?
— Je veux que tu me fasses la promesse que plus jamais vous ne laisserez un pédophile se réincarner... compris ? Ils doivent tous payer.
— Je verrai ce que je peux faire...
— Non ! Tu dois faire mieux que ça pour tes enfants et tes petits-enfants !
Troyd tapa du pied et fit trembler un peu la vitre qui les séparait, ce qui mit l'un des gardes en alerte. Artael appuya sur son microphone et leur dit de ne rien faire, qu'il avait la situation sous contrôle.
— D'accord. Je t'en fais la promesse, Troyd. Au nom de tous les enfants abusés sexuellement par leurs parents ou d'autres adultes, nous ferons de notre mieux pour ne plus laisser passer ces derniers dans notre système.
Cela calma le tyran qui soupira de soulagement. L'homme qui avait autrefois porté une armure écarlate pouvait mourir en paix, sachant qu'il avait commis d'énormes crimes dans sa vie. Au moins, il aurait fait quelque chose de bien, dans tout ça.
— Une dernière chose, avant que je m'en aille, dit Artael.
Il se leva et fixa son frère dans les yeux.
— Athéna... tu l'as violée, n'est-ce pas ? Lucas a un code génétique qui se rapproche beaucoup plus au tien, qu'au mien. Je lui dis quoi, dans ce cas ?
— Tu parles de l'ambassadeur ? Je n'ai jamais eu la fibre paternelle. C'est toi qui l'as élevé, donc parle lui en tant que père et non en tant que remplaçant. C'est un bon type... je suis heureux pour lui que vous ne l'ayez pas rejeté à sa naissance.
Cette remarque étonna Artael. Même qu'il était touché par les mots de son frère. Ainsi, son jumeau était capable d'éprouver de la sympathie pour son fils trans. Dans des circonstances différentes, il aurait pu être un bon père. Le président soupira et se dit que cette conversation était terminée. Il osa quand même adresser un dernier regard à son frère, puis parti, enfin libre.
Ce soir-là, Troyd fut exécuté à la chaise avec des injections. Tous les membres de sa famille étaient là ; y compris Athéna qui tenait la main de son mari. Ce dernier n'osait pas se demander si son frère avait dit toute la vérité, mais il était prêt à lui pardonner, ne serait-ce que par bonté d'âme.
Enfin, l'ancien tyran de Baldt ferma les yeux et plus jamais ils n'entendirent parler de lui. Celle qui fut autrefois la princesse de la faction olympienne poussa un soupir de soulagement. Toutefois, personne n'avait remarqué la petite larme qui avait coulé le long de la joue de celui qu'on avait autrefois appelé, Troyd Markios...
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