138. Une sensation de déjà-vu
Estelle venait de faire sa ronde dans la salle des incubateurs du vaisseau. Voilà quelques jours que ses parents, ainsi que plusieurs membres de la Septième Brigade s'étaient portés volontaires à confronter l'âme de Troyd Markios, dans une simulation. Afin de s'assurer qu'ils ne manqueraient de rien, la journaliste assistait les infirmiers et les infirmières qui changeaient les solutions intraveineuses.
— Bon après-midi, Cassandra, dit-elle avant de passer devant le contenant où se trouvait la guérisseuse. J'espère que tout va bien, là-dedans...
Estelle discutait parfois avec ses camarades endormis, à travers leurs cases de verres. Cela lui permettait de rester saine d'esprit, sachant qu'ils n'avaient pas disparu complètement. De temps en temps, elle leur confiait même ses secrets.
Quelques semaines après leur départ dans l'espace, le Capitaine Markios avait reçu un appel de sa mère et elle lui avait demandé s'il voulait accomplir cette mission. Flint avait d'abord hésité, puis avait fait part de cette requête au reste du groupe. Le but était de rétablir un lien avec le tyran, afin de voir s'il pouvait être réhabilité à la société des anges. Le nouveau Conseil voulait éviter de répéter les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs et d'enfermer les criminels de guerre dans de nouvelles dimensions. Pour eux, il était important de les réformer. Troyd faisait partie de ce nouveau programme. Si cela fonctionnait, Athéna s'engagerait personnellement à sauver les âmes de Perséphone et Thanatos. Au cas échéant, le Conseil effacerait les souvenirs de Troyd et le réincarnerait dans une nouvelle vie, avec une nouvelle identité.
— C'est de la folie ! avait lancé Estelle avant que ses parents n'entrent tous deux dans leurs incubateurs. La dernière fois que vous avez essayé de ramener Perséphone, elle a corrompu ce monde et a tenté de vous tuer !
— Je sais, mais cette fois, j'ai codé quelques petits trucs qui pourront nous aider, avait répondu Luna. Tu verras, nous sortirons du logiciel amélioré, sain et sauf. Fais-moi confiance, Est'. Je sais que ça peut t'effrayer, mais je me suis améliorée en programmation.
La journaliste avait dégluti et observé sa famille et ses amis s'endormir dans ces grands contenants en verres. Elle s'était beaucoup inquiétée parce que Gabriel, étant très enceint, avait décidé de participer à cette mission quand même. Puisque la simulation se déroulerait surtout avec leurs cerveaux, Cassandra s'était jurée qu'elle le sortirait de là, si jamais il y avait des complications. Wyatt avait mis une main sur son épaule afin de la rassurer, le jour où tout ça avait commencé. Il veillerait sur les activités cérébrales des sept membres de leur équipe, ainsi que celles du prisonnier.
— Pas besoin de t'en faire pour eux, Est', avait-il dit. J'ai la situation en main.
Malheureusement pour la journaliste et le mage, il leur était impossible de voir ce qui se passait à l'intérieur de la simulation. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, avait brouillé tous les écrans dans lesquels ils pouvaient normalement voir à travers des caméras virtuelles du logiciel. Il leur avait été impossible de tout rétablir. Voilà plus d'une semaine qu'ils vérifiaient les signes vitaux de tout le monde et tout portait à croire qu'un problème extérieur les forçait à rester à l'intérieur de ce monde digital. Ils avaient compris rapidement d'où venait la source du problème.
Avant de plonger dans un profond sommeil, Troyd avait équipé son casque de réalité virtuelle d'une puce électronique qui avait contaminé les données avec un virus informatique. Flint et son groupe devraient donc trouver la source du mal à l'intérieur de la simulation et l'éliminer eux-mêmes.
— Je leur avais pourtant dit que c'était une mauvaise idée... avait grogné Estelle.
— Nous ne pouvions pas prévoir qu'il nous ferait un coup pareil, avait répondu Scottie. Tout ce qu'on peut faire pour le moment, c'est soutenir nos amis.
Estelle avait remercié le jeune homme qui avait ensuite continué à l'aider, tous les jours, mais elle était si débordée à s'occuper de leurs enfants qu'elle ne pouvait plus vraiment faire attention à la salle des incubateurs. Kylie avait récemment repris le travail même si elle avait droit à son congé de maternité. Comme prévu, elle avait mis au monde deux jumeaux, un garçon et une fille. Estelle avait choisi de nommer leur fille Alexia, tandis que Scottie et Wyatt avaient nommé leur garçon Zéphyr. Ils étaient en parfaite santé et ne manquaient de rien. Si bien dire qu'ils étaient bien entourés.
— Ça fait maintenant huit jours qu'ils sont coincés dans ces machines, dit Estelle à Wyatt, alors qu'elle s'approcha de la salle des commandes. As-tu réussi à communiquer avec eux ?
— Négatif. Cela risque de me prendre un peu plus de temps que prévu. Je te suggère d'aller passer un plus de temps avec nos enfants, car il n'y a rien que l'on puisse faire. Aie confiance en tes parents. Luna ne les laissera pas tomber.
— Huit jours, répéta la journaliste. Huit putains de longues journées sans voir mes parents. Je commence à devenir folle, Wyatt ! La dernière fois que j'ai été séparé d'eux, c'était pour dix ans !
— Je sais... mais ne t'en fais pas, le vaisseau est bien équipé pour les protéger.
— Je ne veux pas que mes petits grandissent sans connaître leurs grands-parents... et leurs oncles ainsi que leurs tantes. Lucas est déjà un amour de s'occuper autant de nos bébés quand nous sommes occupés, mais là, j'ai peur...
— Ne t'en fais pas. Connaissant les membres de notre groupe, ils sont probablement déjà en route pour aller botter les fesses de Troyd. Ils sont très débrouillards.
Estelle soupira et jeta un regard en direction des incubateurs. Elle posa son regard sur le gros bedon de Gabriel, qui flottait dans le liquide des machines. Cette fois, ils s'étaient assurés qu'il puisse se sentir confortable lors de cette simulation et s'étaient arrangés pour lui trouver un contenant beaucoup plus large que la première fois. D'après les guérisseurs du vaisseau, la grossesse du colosse n'avait pas subit de lacunes avec la simulation. Il devrait donc accoucher au mois de décembre, si tout se passait bien jusque-là, soit dans trois mois environ.
Gabriel était devenu si gros à cause de cette grossesse et de son appétit féroce qu'il ne pouvait plus tellement se déplacer. Dans cette simulation, Luna s'était assuré qu'il aurait une apparence plus mince afin qu'il se sente plus à son aise.
— C'est la dernière fois que je serais enceint, avait grogné ce dernier qui avait eu de la difficulté à embarquer dans la machine.
Dernièrement, le pauvre colosse avait beaucoup ronchonné, à cause des courbatures de son corps. Il aurait préféré n'être enceint que d'un seul bébé. La prochaine fois, s'il devait revivre cette expérience, il serait mieux préparé en avance. Il suivrait mieux les conseils de Cassandra, qu'ils avaient un peu négligés au fil de sa grossesse.
En temps normal, il se serait sûrement privé d'engraisser autant, puisqu'on avait toujours besoin de sa force, mais il avait décidé de profiter de ses neufs mois afin de se reposer. Estelle l'enviait presque de s'amuser autant. Elle aurait aimé porter ces bébés à sa place, mais était quand même heureuse qu'il vivait son rêve.
— Et dire que bientôt, je vais avoir quatre nouveaux petits frères, pensa la journaliste... Ça va en faire, du bruit, à bord du vaisseau.
Elle esquissa un sourire alors qu'elle observait ses deux parents, depuis sa position. Elle les imaginait déjà se tenir la main, dans cette simulation.
— Je m'ennuie de leurs voix, dit-elle, tout haut. Le vaisseau est trop calme sans leurs folies.
— Moi aussi, ils me manquent, avoua Wyatt. Au moins, nous n'avons pas à nous préoccuper de l'équipage puisqu'ils sont en congé forcé. C'est une bonne chose que nous soyons revenus à Baldt pour cette mission. Cela nous donne la chance de fréquenter d'autres personnes que nos collègues.
— Et mon frère peut voir son grand-père et sa grand-mère comme il veut, sans oublier nos enfants, puis ceux de Shayne et Cassandra.
— Et les nombreux enfants de nos employés.
Estelle devait admettre que cela lui manquait de se lever à tous les jours et de voir des gamins qui couraient dans les couloirs du Célestia II, alors que leurs gardiens essayaient de les élever. Leur voyage le plus récent avait à peine duré trois mois avant que Flint ne reçoive les directives d'Athéna. Ils avaient eu le temps d'explorer plusieurs planètes et récolter de nouveaux noyaux de création, afin de les ramener avec eux au Saint Royaume.
— Tu devrais aller te reposer, voir comment se porte ta femme et nos bébés, suggéra Wyatt. Alexia a mal dormi, la nuit dernière. Je me demande si elle n'est pas tombée malade. Vous devriez l'emmener chez le médecin.
— Ne t'inquiète pas pour Lexie, Kylie doit l'emmener à l'infirmerie cet après-midi. Nous avons pris rendez-vous, ce matin. Il y avait déjà une place de disponible.
Estelle ramassa les restes de son dîner qu'elle jeta à la poubelle, but son jus d'orange d'un trait et salua les assistants de Wyatt. Ceux-là avaient tous des tâches particulières, comme vérifier l'état du serveur ou bien le niveau des génératrices qui alimentaient les machines. Il y avait eu une panne de courant, trois jours plus tôt, mais ces engins leur avaient sauvé la vie pendant quelques heures.
— Je vais y aller maintenant, dit la jeune femme.
— Passe le bonjour à Scottie, si tu le vois en ville, commenta le mage.
— Tu devrais peut-être rentrer te coucher, tu sais ? Tu es ici depuis la nuit dernière.
— Je n'ai pas sommeil.
Il bâilla aussitôt, ce qui voulait dire qu'il mentait. Estelle fronça des sourcils et roula les yeux. Lui aussi passait beaucoup de temps près des incubateurs, puisqu'il l'avait promis à Luna. Et aussi, parce qu'il s'inquiétait beaucoup pour Flint et Gabriel. Pour Wyatt, les liquides n'avaient aucun secret, il était facile de reconnaître quand les incubateurs avaient besoin d'être changés ou quand ses amis avaient besoin d'être hydratés davantage. Toutes les fenêtres de son ordinateur lui permettaient de calculer les doses à donner par intraveineuses. Le sac de Gabriel n'allait pas tarder à être changé par une infirmière, car son corps et ses bébés exigeaient beaucoup d'entretien. Wyatt avait tellement peur que l'un d'entre eux souffre qu'il passait presque toutes ses journées dans cette salle.
— Avec tout le respect que je te dois, Wyatt, tu devrais te coucher sur l'un des lits du dortoir d'à côté, suggéra Estelle. Laisse l'un de tes assistants t'aider.
— Non, non... ça ira. Je n'ai qu'à boire un peu de café. Je me coucherai dans quelques heures, c'est promis. Mmm... ? Intéressant...
— Quoi donc ? Qu'y a-il ?
Estelle vit que Wyatt examinait son écran d'ordinateur et lisait des informations qu'elle ne comprenait pas.
— L'incubateur de Flint a une irrégularité depuis quelques minutes. Il essaie de se réveiller, mais c'est impossible... ? Il n'a pas accès à la commande de sortie.
— Une irrégularité ? Où veux-tu en venir ?
— Tu connais ton père, c'est une vraie tête de mule. Il a dû se dire qu'il devait se réveiller et puis voilà, il est en train d'ouvrir les yeux...
Estelle se tourna vers l'incubateur en question et vit que Wyatt avait raison. Flint était bel et bien en train de se réveiller. Mais le corps du grand blond fut soudainement pris de convulsions. Aussitôt, Wyatt appuya sur le bouton d'alarme. Estelle vit aussitôt une lumière rouge entourer le corps de son père. Prise de panique, elle courut en direction du grand contenant.
— Papa ! hurla-t-elle. Que t'arrive-t-il !?
— Ne restez pas là, Madame Markios, formula un scientifique qui s'était approché de Flint avant elle. Nous avons besoin d'espace pour travailler !
Elle se tassa aussitôt, alors qu'une équipe de secourisme arriva dans la pièce. Le liquide protecteur de l'incubateur commençait à se vider à travers les tubes et le corps de Flint, en pleine convulsion, glissa tout doucement contre la paroi de verre. Le couvercle s'ouvrit et le capitaine tomba dans les mains d'un volontaire qui le posa sur une civière. Aussitôt, un médecin se pencha sur lui et ouvrit une paupière pour vérifier son état.
Estelle pleurait déjà, apeurée à l'idée de perdre son père. Elle le revoyait déjà dans ses souvenirs, alors qu'il la portait sur ses épaules près de l'église de Baldt. Elle se souvenait du jour de son adoption comme si elle s'y était encore. Il ne pouvait pas partir comme ça, sans même lui dire au revoir ! Il ne respirait même pas, son visage était devenu bleu. Elle voulait courir vers le corps inconscient de Flint afin de le tirer de son profond sommeil, lui donner des gifles au visage pour la moindre réaction. Elle se maudissait d'avoir oublié plusieurs techniques de secourisme. Cependant, ces cours ne lui serviraient à rien, vu l'état de son esprit affolé.
Un secouriste se pencha vers Flint et appliqua une pression cardiovasculaire et entoura ensuite sa bouche pour lui souffler de l'air. Il ne respirait toujours pas.
— Papa ! hurla Estelle, en larmes. Papa ! Je t'en prie, réveille-toi !
Puis, tout devint silencieux autour de la journaliste. Le cœur de Flint arrêta, ce qui déclencha le la machine à laquelle il était attaché. Un médecin empoigna alors deux défibrillateurs qu'il frotta et chargea ensuite la poitrine du blond de plusieurs volts. Estelle, en état de panique, serra la main de Wyatt, qui s'était approché d'elle. Tout comme Estelle, il était terrifié d'apprendre ce qui s'était passé au capitaine.
Mais que s'était-il passé ?
¤*¤*¤
Voilà plus de dix minutes que la calèche de Nash et son groupe s'était arrêtée sur la route. Ils étaient partis aussitôt que Gabriel avait préparé les provisions pour ses collègues et lui. lls avaient quitté Baldt depuis des heures.
À mi-chemin, Flint avait eu un malaise et était sorti du véhicule, suivi de l'esprit de la lumière de la simulation. Il avait perdu connaissance au bout d'un moment et son oncle avait dû lui taper les joues, pour essayer de le réveiller. Pris de panique, il vérifia son pouls, mais fut soulagé de voir qu'il respirait encore et que son cœur battait à un rythme normal dans sa poitrine.
— Qu'est-ce qui lui arrive ? formula Nash. Le sais-tu, toi ?
Il leva son visage vers la louve. Elle secoua la tête.
— Non, je ne sais pas, dit-elle. Est-ce la première fois que ça lui arrive ?
— Oui, répondit Gabriel, penché vers lui. Il ne s'est jamais évanoui en ma présence.
Le colosse prit sa température, elle n'avait pas changé.
— Je ne ressens aucun maléfice en lui, rajouta la louve.
— Dans ce cas, nous allons attendre qu'il se réveille, dit Misaki.
La guerrière albinos était celle qui avait conduit les chevaux jusque-là. Elle avait attaché ces derniers à un arbre afin de ne pas leur laisser leurs lourds harnais. Ces pauvres bêtes, bien que puissantes, méritaient quand même son respect pour traîner autant de brigadiers à tous les jours. Misaki se sentait fébrile depuis qu'elle avait rencontré Dia. S'occuper des montures l'aidait à garder son calme.
— Dites, vous n'avez pas l'impression de déjà-vu ? remarqua l'esprit de la lumière. Depuis quelques jours, j'ai ce sentiment déroutant qui me ronge les méninges...
— Quel genre de sentiment ? questionna Nash.
— Le genre que je me sens tout le temps observée... et pas par vous... Tout cela a commencé le jour où vous m'avez libérée de Kritz. Et puis suite à l'attaque du culte, l'autre jour, une vision m'est apparue en l'espace d'une seconde. Nous étions tous à bord d'un étrange... véhicule ? Et je crois qu'il était entouré d'étoiles...
— Quoi ? Toi aussi, tu as ce genre de vision ? interrogea Gabriel.
Nash sursauta, ainsi que la guerrière.
— J'ai ressenti la même chose, répondit Misaki. Comment est-ce possible ?
— On se joue de nous, peut-être ? fit son supérieur.
— Quoi qu'il en soit, je trouve cela déstabilisant, avoua Dia.
— N'y a-t-il rien que tu puisses faire pour l'aider ? formula le colosse.
Dia se tourna vers le golem qui venait de lui poser cette question. Elle pouvait guérir les blessures, mais s'occuper des comateux ou bien des personnes inconscientes, n'était pas son expertise. Cassandra ou Luna auraient sûrement trouvé un moyen de le ranimer, soit avec une potion ou un sortilège... mais elles se trouvaient en ce moment même avec Shayne, dans un autre bout de la région.
— Je peux toujours essayer d'entrer en communication avec Flint, se dit la louve. Tassez-vous un peu, je vais faire quelque chose à sa tête.
— Que comptes-tu faire, au juste ? questionna Nash.
— Ce que la plupart des esprits font avec leurs porteurs, ils synchronisent leurs pensées à leurs partenaires afin qu'ils puissent échanger des informations importantes. Nous le faisons toujours brièvement lorsque nous touchons la peau des humains. C'est une façon pour nous de reconnaître si nous tombons entre de bonnes mains ou pas.
— Et qu'arrive-t-il si vous tombez dans les mauvaises mains ?
— On s'en va, tout simplement. À moins d'être corrompus et alors, on doit se faire tuer par nos proches...
— C'est morbide tout ça...
— Ouais bah, des fois, on n'a pas d'autres solutions si nous voulons faire notre travail. La réincarnation est essentielle si nous voulons préserver le voile. Sinon, trêve de bavardage inutile, les gars. Laissez-moi faire mon boulot !
Gabriel se releva et se tassa un peu, suivi de Nash et de Misaki. La louve s'approcha alors de Flint, son porteur dans cette simulation, et posa sa gueule sur le ventre du jeune homme. Elle ferma les yeux et leurs corps se mirent à briller, grâce à leur lien magique.
— Et ça dure combien de temps, cette synchronisation ? demanda le capitaine.
— Chut ! ordonna Dia. Je me concentre.
— Quel sale caractère, marmonna Misaki.
— J'ai l'impression que Flint déteint sur elle, chuchota Gabriel.
— J'ai de bonnes oreilles ! grogna la louve. Maintenant, ouste ! Allez plutôt me pêcher quelques truites dans la rivière, je risque d'avoir très faim après cette session !
Nash n'en revenait pas qu'elle les menait tous à la baguette. Elle ne manquait pas de cran, en tout cas. Il se dit qu'il valait mieux la laisser tranquille et lui permettre de vérifier le subconscient de son neveu. Pour cette raison, il fit signe à ses deux autres compagnons de le suivre. L'heure du souper approchait et il commençait lui-même à avoir faim. Ils avaient dîné en chemin, sans même prendre la peine de s'arrêter. S'ils partaient bientôt, ils arriveraient à Osbourg avant la tombée de la nuit. Contrairement aux plaines et aux bois qui se répandaient à la grandeur de leur région, le désert était plus petit, mais beaucoup plus chaud. À Osbourg, ils comptaient retrouver Lusso, l'esprit de la terre.
Lors de cette simulation, lorsque les membres de la Septième Brigade étaient partis en mission à Kritz, ce fut Flint qui trouva Dia dans les sous-sols de l'église, au lieu de son oncle Nash ; qui avait retrouvé son rôle de capitaine. Or, aucun membre de la Septième Brigade était conscient qu'ils se trouvaient dans une réalité qui ne leur appartenait pas. Cela n'expliquait pas toutes les étranges visions qu'ils avaient eues durant ces dernières heures.
La rivière à laquelle Nash et son groupe se trouvaient était reliée au lac baldtien, situé à l'est de la capitale et un peu au nord de la communauté d'Aöryn. Souvent, des poissons d'eaux douces remontaient cette dernière. Les brigadiers et les voyageurs en profitaient pour pêcher ici avec leurs armes ou leur magie. Nash repéra rapidement ce qu'il cherchait : de jeunes truites. Il esquissa un sourire et retroussa ses manches.
— Laissez-moi ceux-là, dit-il à ses camarades. J'ai ce qu'il nous faut.
— C'est comme tu veux, fit Gabriel.
Aussitôt, le capitaine lança un sortilège de vent glacial sur l'eau où il avait repéré les poissons et attendit que la glace soit assez solide pour s'en approcher, sans la briser avec son poids. Ensuite, il se concentra sur un point précis et souleva dans les airs, un très gros glaçon qui contenait les truites. Avec son pouvoir relié à la science du sérum, il venait de tailler ce dernier et le souleva avec sa puissance mentale.
Un instant plus tard, il déposa le gros bloc de glace à leurs pieds. À travers ce dernier, ils purent voir une dizaine de poissons figés. Misaki siffla d'étonnement.
— Wow... toujours aussi intéressant, ton talent !
— Je m'en sers de moins en moins, dernièrement, mais ça me fait toujours plaisir de me rendre utile, dit-il. Par contre, nous allons devoir allumer un feu...
Il se tourna vers Gabriel et se gratta l'arrière de la nuque.
— Tu préfères qu'on les cuise comment ? lui demanda-t-il. En brochettes ?
— Oui. Ce serait plus rapide comme ça. Il nous faut seulement du bois pour allumer notre feu. As-tu un briquet sur toi ?
Le capitaine fit signe que non. Ils se tournèrent tous deux vers la guerrière qui roula des yeux avant de sortir le sien.
— Tu fumes ? formula Nash.
— Je l'ai confisqué à une adolescente qui rôdait trop près du palais. C'est la fille adoptive de Conrad. Elle n'arrête pas de semer la pagaille.
— Ah ouais, la fameuse Kylie... commenta Gabriel. Il parait que son frère et elle veulent former un groupe de musique, pas vrai ? Leur pauvre père doit en baver...
— Eh... il vaudrait mieux qu'on ne laisse pas Estelle s'en approcher, suggéra Nash. Ça lui donnerait de mauvaises idées.
Le colosse afficha un air sévère envers Nash qui comprit qu'il valait mieux ne pas insister. Ce dernier s'inquiétait pour la sécurité de sa petite-nièce, mais faisait confiance à Flint et Gabriel pour bien l'élever. Il se contenta de lever les épaules et partit à la recherche des branches afin d'allumer le feu de camp. Misaki décida de le suivre.
Un quart d'heure plus tard, ils cuisaient déjà leurs brochettes de truites. Flint ne s'était toujours pas réveillé et Dia était dans une transe profonde. Nash, Misaki et Gabriel optèrent pour ne pas les déranger. Ils décidèrent qu'il serait mieux de camper près de la rivière pour cette nuit, plutôt que de repartir avant la tombée de la nuit. Le soleil allait se coucher plus rapidement que prévu. Une fois leur repas terminé, Gabriel s'éloigna et sortit les tentes q'ils avaient rangé dans leur calèche, avant de quitter Baldt.
— On ne pourra plus camper comme ça, d'ici à quelques semaines, constata Nash. Dommage. Ça va me manquer, cette température.
— On recommencera au printemps, gloussa Gabriel.
— Et l'été aussi... Mmm... oh ! On a oublié de sécuriser le camp...
— Au moins, il n'y a pas tellement de monstres dans les parages.
— Ça, c'est parce que le soleil est toujours à l'horizon...
Quelques mètres plus loin, Misaki s'approcha de Dia afin de poser une assiette avec deux truites bien cuites à ses côtés. Elle avait enlevé les arêtes pour éviter qu'elle s'étouffe et rajouté des restes de leur dîner, des morceaux de sandwich au poulet. La louve ne la remarqua même pas, toujours dans un état léthargique.
— Dia, je ne veux pas t'interrompre, mais est-ce que ça va ? demanda Misaki.
Aucune réponse. La guerrière albinos haussa des épaules, puis commença à se retourner vers le capitaine et le colosse lorsque Flint sursauta. Ce dernier prit une grande respiration et regarda autour de lui, désorienté. Il empoignait le gazon et cligna des yeux. À côté de lui, l'esprit de la lumière secoua la tête.
— Flint ! lança Gabriel avant de courir vers lui.
— Mais que s'est-il passé ? demanda Nash, une fois qu'il arriva près d'eux.
— Ouah, pas si vite, vous deux. J'ai la tête qui tourne.
Flint essaya de se relever, mais il s'était réveillé à une telle vitesse que les images bougeaient dans tous les sens, dans sa tête. Toutefois, tous comme les autres, il avait eu des visions depuis qu'il avait fait la rencontre de Dia. Il savait désormais pour quoi. S'il parlait devant les autres, à cet instant, il risquait de provoquer la panique générale. Il prit une grande respiration et demanda à Gabriel, d'une main, de l'aider à se redresser.
Une fois debout, il dut faire quelques pas afin de retrouver son équilibre. Il trébucha sur un caillou, sans faire attention et tomba dans les bras de son oncle.
— Tout doux, Flint. Prends ton temps.
— Mm... gémit le blond.
— As-tu besoin qu'on te porte jusqu'à la calèche ?
— Ça ne sera pas nécessaire.
— Es-tu capable de nous expliquer ce qu'il t'est arrivé ?
Flint déglutit et opina du chef avant de se tenir droit. Il s'appuya sur le bras de Gabriel et regarda ses trois autres compagnons à tour de rôle. Comment leur expliquer que ce qu'il venait d'apprendre allait sûrement changer la perception de ce qui les entourait ?
Il ne pouvait plus reculer.
— Rien de tout ceci n'est réel, déclara-t-il, avec un ton grave. Nous sommes coincés dans un programme de réalité virtuelle. Quelqu'un a bousillé nos souvenirs, nos traits de personnalités et nous a emprisonné dans un univers qui n'existe pas.
Le silence fut la seule réponse de ses compagnons.
Nash était bouche bée. Misaki écarquillait les yeux. Gabriel tremblait légèrement. Toutefois, la louve était calme. Flint posa son regard sur l'animal, comme si elle faisait tache dans le décor. Elle était la créature qu'il ne reconnaissait pas, ici.
— Qui es-tu vraiment ? demanda Flint à l'intruse.
— Je suis Dia, voyons... ! protesta la louve.
— Tu n'es pas celle que je connais réellement, mais une usurpatrice. La véritable Dia est un bout-en-train, n'arrête pas de faire des blagues et n'est pas aussi calme. En plus, elle se trouve au Saint Royaume, en compagnie des membres de sa fratrie. Tu n'es pas ma Dia. Alors qui es-tu ?
L'esprit élémentaire soupira et se transforma aussitôt en sphère lumineuse, sous les regards ébahis de Nash, Gabriel et Misaki.
— Il est clair qu'on ne pourra jamais remplacer les véritables relations, dit l'étrange boule de lumière. Toutefois, ce fut une expérience intéressante. Je me présente : DIA-X12. Je suis une intelligence artificielle chargée à veiller à ce qu'il ne vous arrive rien de grave dans cette simulation. Je dois veiller sur vos signes vitaux et psychologiques. Présentement, le battement de cœur du sujet Flint Markios est très élevé. Je vous prie de rester calme, Monsieur.
— Une simulation ? exprima Nash qui cligna des yeux. Mais de quoi parlez-vous ?
— Ce serait plus simple, si tes souvenirs n'étaient pas trafiqués, mon oncle, soupira Flint. Mais bon, voilà, quelqu'un s'est amusé avec eux et nous voilà coincés ici. La chose qui se tient devant nous n'est pas le véritable esprit élémentaire de la lumière.
Il pointait la sphère lumineuse sans même la regarder.
— C'est une machine ou plutôt, l'esprit d'une machine. Ce monde n'est pas le nôtre, mais un ensemble de données informatiques récoltées par des experts. Ce gazon sous nos pieds est composé de codes binaires, tout comme le poisson dans cette assiette.
— Codes binaires... ? formula le capitaine, confus. Données informatiques ?
Flint soupira et s'adressa alors à la boule de lumière.
— DIA-X12, pouvez-vous débloquer les souvenirs de mes compagnons ?
— Tout de suite, Monsieur Markios. Mais cela risque d'être violent.
— Minute, elle suit tes ordres ? commenta Misaki.
— Elle l'a dit elle-même, elle doit prendre soin de nos têtes.
— Oui, mais sûrement... il y a quelqu'un qui tire les ficelles derrière tout ça, non ?
Flint n'avait pas le temps de lui répondre que déjà, l'intelligence artificielle flotta au-dessus de la tête de la guerrière albinos. Cette dernière gémit de douleur lorsqu'un rayon de lumière lui toucha le front. Cela ne dura que quelques secondes. Ensuite, DIA-X12 fit la même chose avec Gabriel, puis Nash.
Alors que Misaki se frotta les tempes, elle vit que l'apparence de Flint commençait déjà à changer sous ses yeux. Il avait grandi de quelques centimètres, avait une coupe de cheveux différente et semblait beaucoup plus musclé que dans ses souvenirs. Le rythme cardiaque de la jeune femme s'accéléra pendant que sa mémoire revenait lentement. Finalement, elle se souvenait de tout.
Gabriel n'avait pas tellement changé, quant à lui, outre le fait que son tour de taille avait beaucoup augmenté. Sa barbe était taillée différemment et ses cheveux aussi. Le changement le plus radical fut celui de Nash, dont le corps avait l'air beaucoup plus en santé que sa version précédente.
— Ah, voilà qui est mieux, soupira Flint de soulagement. Ça, c'est le corps dont je me souvenais. Beaucoup plus à mon aise avec ça.
— Ouf, tu es plus grand, marmonna Misaki qui cligna des yeux. C'est étrange...
— Ça va te prendre un peu de temps avant que tu t'y habitues.
Flint se tourna alors vers la sphère lumineuse et mit une main sur sa hanche. Nash était étonné de voir à quel point son neveu avait pris de l'assurance en si peu de temps. Ses souvenirs revenaient graduellement, mais il avait l'impression de vivre de tout nouveaux sentiments. Il ne le reconnaissait plus.
— DIA-X12, dit Flint. Je suis le Capitaine Markios du Célestia II et comme l'exige le protocole à bord de mon vaisseau, tu dois m'obéir. Quel est l'état de mon équipage ?
— Vous êtes sains et saufs, Monsieur. Seulement, huit d'entre vous ont été plongés dans un profond sommeil dans la salle réservée aux casques de réalité virtuelle. L'un d'entre vous a par contre trafiqué le programme et vous ne pouvez plus en sortir.
— Oui, mais vous étiez complice avec lui, n'est-ce pas ?
— Pas nécessairement, Monsieur. Je ne suis pas programmée pour cela. Vous le savez déjà que je ne ferais jamais de mal à personne.
— Mais de quoi parlez-vous ? s'interposa Nash, confus.
Flint se passa une main dans ses cheveux et respira un bon coup.
— Tout ceci n'est qu'une mission, mon oncle. Une mission qui a mal tourné.
— Où veux-tu en venir ? demanda Gabriel.
— Lorsque nous étions sur la route, je me suis enfin souvenu de notre présence dans cette réalité virtuelle. La huitième personne qui nous a accompagnés jusqu'ici est nul autre que l'âme de Troyd Markios. Nous avions reçu la tâche de le réhabiliter, mais il semblerait que la simulation ait subi quelques failles.
— Réhabiliter ? répliqua Nash. Tu veux dire que...
— Nous devions lui donner une dernière chance de se racheter pour ses crimes et voir si l'option de l'insérer dans la société spirituelle était possible. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Troyd devra répondre de ses actions pour avoir saboté nos souvenirs. En plus, il a essayé d'agresser l'avatar de Cassandra. Il est clair que notre mission est un échec.
— Et qui nous a donné cet ordre, déjà ?
— Ma mère. Qui d'autre ?
Nash se pinça le haut du nez et essaya de réfléchir à tout ce que venait de lui dire son neveu. Ainsi donc, les derniers jours n'étaient rien de plus qu'une illusion.
— Comment a-t-il pu saboter le programme, dans ce cas ? demanda-il, alors qu'il se tourna vers l'intelligence artificielle. Pouvez-vous nous expliquer ?
— Certainement, Monsieur. Le sujet médical Troyd Markios a injecté une infection depuis son casque de réalité virtuel ; ce qui a affecté la simulation pour vous tous. Votre neveu ici présent a réussi à sortir de la simulation et a détecté l'anomalie. J'arrive à le ressentir à travers son cerveau.
— Une infection ? répéta l'oncle.
— Un virus informatique, confirma Flint. Bref, ce virus nous a tout fait oublier de la raison pour laquelle nous sommes ici. Il s'est joué de nous. Ce monde n'a été construit que pour une chose : l'étudier et voir si nous ne pouvions pas faire de lui une meilleure personne. J'ai bien peur qu'il ait profité de la situation afin de jouer avec la base des données... C'est un peu ce qui s'est passé sur la base lunaire.
— Voilà qui est embêtant. Et Artael dans tout ça ? Il est vivant ?
— Pas celui de cette simulation, mon oncle. Ce n'est pas mon véritable père, mais une invention de nos souvenirs collectifs. En autre terme, il est, lui aussi, une intelligence artificielle, ici.
Flint tourna son attention vers Gabriel. Le colosse était en sanglots, une main sur le ventre. Les autres remarquèrent qu'il n'allait pas bien.
— Ce salaud m'a fait croire que j'ai porté Estelle en moi... hoqueta-t-il.
— Ça par contre, ça ne venait pas de lui, Monsieur Markios, déclara DIA-X12. Il s'agissait de votre rêve le plus cher. Je suis désolée...
— Alors... je n'ai jamais vraiment porté ma fille... ?
— Hélas, non. Tout ceci n'est qu'un défaut de cette simulation. Mais cela n'efface pas tout l'amour que vous ressentez pour votre enfant dans le monde réel.
Gabriel sourit et essuya ses larmes.
— Je me disais bien aussi qu'il y avait quelque chose de louche dans ton histoire et celle de Flint, soupira la guerrière albinos qui s'approcha du gros guerrier. Mais bon, ne t'en fais pas, la boule de lumière a raison. Tu es le véritable papa d'Estelle.
— Et nous avons aussi un fils qui nous attend dans le monde réel, ajouta Flint. Le véritable Randy... tu t'en souviens ?
Le gros barbu hocha la tête et esquissa un sourire. Jamais il n'oublierait le jour où son créateur avait décidé de revenir dans sa vie, sous la forme d'un gamin. Après tout, Gabriel devait au départ ressembler au père biologique de Randell et y contenir son âme. Ce fut dans le plus grand des hasards qu'il était venu au monde avec l'esprit d'une autre personne. Oui, Gabriel se souvenait désormais de son petit garçon.
Il écarquilla les yeux et se souvint d'un détail important.
— Mes bébés ! beugla-t-il. Nous devons sortir d'ici !
— Tes bébés... ? dit Nash, confus.
— Longue histoire, mon oncle, répliqua Flint. En gros, Gabriel est un polymorphe dans la véritable dimension et nous attendons quatre bébés dans son ventre.
Nash et Misaki étaient stupéfaits. Ils ne savaient plus trop comment réagir, face à une telle réaction.
— Flint... couina Gabriel. Je dois sortir d'ici... Nos enfants pourraient être en dangers...
Le colosse se tourna vers son époux pour le prendre par la manche.
— Pas si vite, Monsieur Markios, déclara DIA-X12. Si nous sortons de la simulation tout de suite, rien ne dit que vous serez en mesure de contrôler votre prisonnier. Je propose que nous procédions à un autre plan.
— Alors que doit-on faire ? demanda Flint.
— Vous devez retrouver la version de Troyd dans cette simulation et l'appréhender. Je me chargerai du reste.
— Et que veux-tu dire par reste ?
— Je vais m'occuper de purifier l'infection et ensuite l'emprisonner sur ce serveur jusqu'à ce que vous sortiez d'ici. Je suis programmée à endormir certains de mes clients quand leurs cerveaux ont besoin de sommeil, mais je peux très bien... accélérer le processus. Est-ce que ça vous convient, comme solution ?
— Ma foi, si ça peut nous aider à éviter un véritable bain de sang, je suis partant.
— Dans ce cas, retournons à Baldt et trouvons notre homme. Vous pouvez le traquer à travers le système, n'est-ce pas ?
— Oui, mais ne souhaitez-vous pas avertir vos amis ?
— Si vous pouviez vous occuper de les réveiller à distance, ça pourrait nous être utile et ça nous ferait gagner un temps précieux.
— Je ne peux pas me déplacer, mais le programme NOX-X12 pourra très bien nous aider. Nous sommes liés, lui et moi, ne l'oubliez pas.
— Très bien. Ordonnez à votre frère de leur redonner leurs souvenirs.
— À vos ordres, Capitaine Markios !
Flint se croisa les bras et regarda la sphère lumineuse d'un air sévère. Il était impatient d'en finir avec cette simulation et de revenir au monde réel. Ainsi, toutes ses discussions avec l'intelligence artificielle, avant qu'il ne découvre la vérité sur elle, avaient été un tissu de mensonges... Tout ça, pour une simulation. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était qu'elle avait eu une vision du vaisseau et de lui. Avait-elle cherché à les aider ? Il ne comprenait pas. Cette intelligence artificielle aurait normalement dû s'en tenir au programme de cette simulation, mais il semblerait qu'elle ait développé ses propres sentiments ainsi que ses propres désirs.
Flint se souvint alors d'une discussion qu'il avait eue autrefois avec Luna... la véritable Luna. Cette dernière avait programmé les intelligences artificielles de sorte qu'elles s'adaptent aux gens avec qui elles interagissaient. Cette DIA-X12 ne faisait donc qu'évoluer en fonction de ses propres pensées. Un tel logiciel deviendrait dangereux entre de mauvaises mains. Voilà pourquoi Troyd devait être arrêté au plus vite. Flint déglutit lorsqu'il vit la sphère lumineuse reprendre la forme de la louve sous leurs yeux. Il comprit aussi qu'ils ne sortiraient pas de cette simulation avant un certain temps. Il espérait toutefois que ça ne leur prendrait pas une éternité. La louve s'approcha de lui et reprit l'apparence d'une épée à sa ceinture.
Il observa donc son oncle, son époux et la guerrière albinos avant de leur dire :
— Partons. Nous allons retrouver le groupe de Shayne en chemin.
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