122. Le voyage continue
Le 21 septembre 3918 AD, soit deux mois après le début des entraînements, Flint et ses amis avaient réussi à développer de meilleures capacités psychiques grâce à l'aide des divinités. Durant tout ce cheminement, le Célestia fut accosté sur l'une des lunes d'Acrylos, afin de reposer le noyau de création de grande taille qui leur servait de réacteur. D'ailleurs, les dieux et les déesses s'étaient relayés à tour de rôle, pour offrir de leur énergie magique au cœur de leur véhicule. Leur sacrifice avait permis à leurs compatriotes de survivre dans l'espace et aussi à améliorer leur qualité de vie, plus longtemps. Ils ne manquaient jamais de nourriture ou bien d'eau. Ils avaient désormais assez de jus dans leurs moteurs pour voyager quelque temps sans arrêter les machines, s'ils le souhaitaient.
Les tensions entre Flint et sa mère n'étaient plus aussi grandes qu'avant, mais il n'arrivait toujours pas à maintenir une conversation avec elle, sans avoir envie de lui coller une baffe. Leur relation houleuse avait alourdi l'atmosphère à bord du vaisseau. Pour cette raison, ils avaient conclu que Gabriel leur servirait d'intermédiaire jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de leur thérapie mère-fils.
Tous deux consultaient un psychologue à bord du vaisseau, au moins une fois par semaine. Monsieur Plante, l'ancien thérapeute de Nash et de Flint, avait été recruté après avoir été ressuscité grâce à la base des données. Cela avait fait l'affaire de Cassandra, qui avait plus que jamais besoin de son aide afin de gérer leur système de santé. D'après les réactions des membres de la Septième Brigade, Flint et Athéna avaient fait beaucoup de progrès.
Ce soir-là, Lucas et Misaki veillaient sur Randell alors qu'il dormait paisiblement dans sa chambre. Le couple avait choisi de le garder, pendant que ses parents étaient en mission de reconnaissance sur une nouvelle planète. Ils avaient trouvé un nouveau monde, le jour précédent, à travers leurs radars. Quelques-uns de leurs coéquipiers avaient décidé de s'y rendre, car ils avaient jugé qu'elle était vivable pour le commun des mortels.
— C'est un sage petit gars, tu ne trouves pas ? commenta Lucas qui jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. C'est toujours difficile de l'associer à sa vie d'avant...
— Je ne pensais pas dire ça un jour, mais Randell nous a beaucoup aidés, répliqua Misaki. Son idée de nous passer un par un dans les simulations, rien que pour recréer les illusions, c'était un coup de génie. Je suis étonnée... vraiment.
— Il n'y a que Kylie qui semble avoir eu des problèmes avec cette méthode. Ça ne m'étonne pas, quand même... sachant qu'elle est notre tête de linottes par excellence.
Misaki pouffa de rire. Le sale caractère de leur collègue de travail était, selon elle, ce qui la définissait le plus après sa légendaire teinture pourpre foncé.
Kylie avait hélas causé une panne à travers la salle des machines ; son casque avait surchauffé, alors qu'elle devait être la dernière à passer cette étape. Les dieux avaient jugé cet incident comme un mauvais présage. Pour cette raison, ils avaient décidé de l'entraîner autrement. À leurs grands étonnements, elle avait développé ses capacités plus rapidement que ses pairs.
Scottie n'avait pas éclaté son casque, mais avait obtenu des résultats tout aussi époustouflants que sa sœur. Étant donné que les jumeaux faisaient partie d'une longue lignée de divinités ; Athéna et son groupe avaient émis comme hypothèse que leur sang y était sûrement pour quelque chose.
Dernièrement, Hypnos avait essayé d'apprendre à tout le monde à se servir de la télépathie pour communiquer par pensées. Il n'y avait que Flint, Lucas, Luna, Wyatt et les jumeaux qui semblaient capables d'envoyer ne serait-ce que quelques messages à leurs pairs, mais ils avaient encore besoin de s'entraîner. Le capitaine de la Septième Brigade percevait mieux les pensées des autres, lorsqu'il faisait apparaître ses ailes. Lucas était pareil. Bientôt, ils seraient en mesure de communiquer sans même devoir décupler tous leurs sens... du moins, c'était ce que le Dieu du Sommeil espérait.
— As-tu du trèfle à me passer ? commenta Lucas, alors qu'il vérifiait ses cartes.
— Je t'échange mon cinq pour du cœur, ça te va ? répliqua son interlocutrice.
— Très bien.
L'un et l'autre s'exécutèrent. Lucas esquissa ensuite un petit sourire en coin.
— Hé hé hé... un Brelan ! chuchota-t-il, avant de déposer son jeu devant la guerrière.
Misaki se tapa le front et marmonna un juron dans sa langue natale. Pour la troisième fois d'affilée, ce soir-là, elle perdait au poker contre son ex. Ils ne sortaient plus ensemble, mais étaient restés de bons amis. Ils avaient compris tous deux que leurs tensions vis-à-vis Troyd et leurs nombreuses opinions sur cette guerre étaient en train de gâcher leur histoire d'amour. Pour cette raison, ils avaient décidé de passer à autre chose, pour le moment. Cela faisait l'affaire du gentleman, car il ne souhaitait pas perdre leur précieuse amitié. Peut-être que lorsque le conflit serait terminé, qu'ils reprendraient leur relation là où ils l'avaient laissé. Misaki ne voulait pas le perdre, mais savait que tôt ou tard, elle serait portée à retrouver ses enfants.
La guerrière lui avait confié, récemment, qu'elle s'ennuyait de Yosuke. Il avait compris qu'elle n'était pas tout à fait prête à s'engager dans une relation sur le long terme, même pour elle, quatre ans s'étaient écoulés depuis la mort du maître d'armes. La résurrection de son ex-mari n'avait fait que compliquer les choses pour eux. Elle avait besoin d'un peu plus de temps, se disait-il.
— Tu l'aimes toujours, n'est-ce pas ? avait demandé Lucas.
— C'est le père de mes enfants...
— Ce n'était pas la question.
Elle avait rougi, honteuse de ses mots. Ensuite, Misaki avait déclaré qu'il avait raison. Rien n'était vraiment terminé entre eux. Le simple fait que leur nouvelle planète avait été envahie durant leur absence, l'inquiétait énormément. Au moins, Athéna avait enfin pu lui confirmer que ses enfants étaient sains et saufs sur Terre. Conrad Sanders et Ruby McFinnigan les avaient adoptés dans cette existence et en prenaient soins. Cela avait soulagé la guerrière.
De retour au présent, l'albinos pianota sur l'écran magique de sa bague et envoya quelques crédits à son partenaire de poker.
— Je m'arrête pour ce soir, fit cette dernière.
— Hé hé, une chance que Kylie n'était pas de la partie, sinon nous aurions tous les deux perdu contre elle, affirma Lucas.
— Ça m'étonne quand même qu'elle n'ait pas perdu une seule fois depuis que nous sommes à bord du vaisseau... Je ne serais pas étonnée qu'elle triche.
Lucas haussa les épaules.
— Je ne pense pas que ce soit le cas. Elle est seulement chanceuse.
— Un appareil qui lui explose à la figure, tu appelles ça de la chance, toi ?
Son partenaire de jeu ne savait plus quoi lui répondre. Misaki se leva et s'étira. Il était temps pour elle d'aller se coucher. Elle avait déjà emporté un sac de couchage et des oreillers de sa chambre. Elle ne souhaitait pas réveiller le petit garçon alors, elle dormirait au sol. Elle n'avait pas vraiment envie de coucher sur le lit de Flint et Gabriel. Il lui passait de drôles d'idées dans la tête quand elle repensait au couple et leur libido très haute. Qui sait où ils avaient fait l'amour, dans cette chambre ? D'autant plus que Scottie et Wyatt avaient officialisé leur relation avec eux et ils couchaient tous ensemble, plusieurs soirs par semaine... Elle n'arrêtait pas de repenser à tout cela, alors qu'elle se préparait à dormir.
Lucas opta pour retourner dans son dortoir. Il avait suffisamment veillé avec son amie. Lorsqu'il sortit au couloir, il remarqua que tout était calme. Les gens étaient partis se coucher, à part quelques personnes à l'infirmerie et un petit groupe dans la salle de pilotage. Une odeur de gâteau se dégageait toutefois dans les couloirs.
Il suivit le parfum au chocolat jusqu'au réfectoire du vaisseau, où la plupart de ses amis avaient pris l'habitude de s'installer quotidiennement. Il vit Estelle et Luna, perchées près du comptoir, alors qu'elles observaient l'intérieur du four. Lucas ne s'était pas attendu à voir quelqu'un cuisiner à cette heure tardive.
— On ne dort pas ? demanda-t-il à sa nièce et leur camarade.
La magicienne se retourna brusquement vers Lucas et failli se cogner le pied contre le meuble. Elle ne l'avait pas entendu entrer, au milieu de leur conversation. Elle avait retrouvé sa couleur de cheveux habituelle, soit celle d'un mauve éclatant. Elle avait fini par comprendre que le rose ne lui allait pas si bien que ça.
— Pas avant d'avoir fini ce gâteau, bâilla Estelle.
— C'est pour quelle occasion ? interrogea son oncle.
— Pour célébrer la fin de notre entraînement spécial, déclara Luna. Enfin... aussi pour que je puisse célébrer son anniversaire, en retard...
Cette dernière pointa d'un signe de tête, Estelle à côté d'elle. La journaliste en question venait de fêter ses vingt-sept ans, le 31 août dernier.
— Ah oui ! s'exclama Lucas. Tu avais essayé le portail, ce jour-là.
— Oui ! Et j'ai pu me rendre sur cette nouvelle planète où nos collègues sont partis, déclara Luna. J'aime bien le nouvel algorithme que nos amis les dieux a intégré à nos machines. Maintenant, la capacité de personnes qui peuvent le traverser en même temps a grandement augmenté. Soit plus d'une vingtaine d'adultes et demi en même temps ! Je trouve ça chouette de leur part.
— Mouais, mais nos experts n'ont toujours pas réussi à régler le tapage que fait le portail, quand il est actif, formula Estelle. Au moins, c'est mieux qu'avant.
Lucas secoua la tête. Tout ce qui se rapportait aux chiffres et aux sciences, lui donnaient le tournis. Tout comme Flint, il avait n'avait jamais apprécié ces matières. C'étaient surtout les points forts de Kyran, qu'ils n'avaient plus revus depuis des mois. Ce dernier s'était volatilisé, tout comme sa sœur. Leurs âmes n'avaient même pas été retrouvées dans la salle des simulations, comme les autres. Cela voulait dire qu'ils se trouvaient probablement au Saint Royaume ou bien qu'on allait bientôt les réincarner.
Plusieurs dans leur brigade croyaient qu'il y avait d'autres bases, comme celle de la lune, où d'autres innocents avaient été mis dans des incubateurs. Athéna leur avait juré qu'Hypnos et Randell s'étaient occupés de la seule qui soit encore active, à ce jour. L'ennemi devait donc se servir de Kyran et Sarah comme des espions. Cette hypothèse avait mis tout le groupe en l'envers ; raison de plus qui les pousseraient à combattre le Conclave.
— J'espère qu'au moins, nous réussirons à sauver nos amis et nos familles, bientôt, soupira Lucas. Les quadruplés Markios n'ont pas été réunis depuis longtemps.
Luna hocha la tête et s'appuya sur le comptoir.
— On finira bien par les retrouver, ne t'en fais pas, dit-elle. Après notre petite mission sur Dickens, nous repartirons pour le Saint Royaume. J'espère seulement que nous n'y rencontrerons pas trop de problèmes... En tout cas, les radars n'ont rien remarqué après que j'y suis passé en coup de vent.
— C'était très dangereux de ta part, gronda Estelle, à l'attention de sa supérieure. Tu aurais pu y laisser ta peau !
— Eh, j'ai l'habitude du danger...
Luna leva les épaules et les mains dans les airs, nonchalamment. Cela fit grincer des dents, sa partenaire de magie. Lucas de son côté, venait de se souvenir que Dickens était en fait le nom qu'ils avaient choisi pour représenter temporairement le nouveau monde. Gabriel avait choisi celui-ci en l'honneur de l'un de ses romans préférés, Oliver Twist. Semblerait-il qu'après avoir retrouvé ses souvenirs d'antan, il avait souvent lu de ses œuvres lorsqu'il avait travaillé pour Athéna.
— On ne peut pas dire que notre ami bouboule ne manque pas de créativité pour les noms, fit l'ambassadeur avant de glousser. Dickens... c'est sympathique. Quand on y pense, son tigre s'appelle Charlie et c'est un diminutif de Charles Dickens.
Les deux jeunes femmes gloussèrent, car elles avaient déjà remarqué ce détail.
— Oh si tu savais... fit Luna. L'autre jour, on a discuté d'Ebenezer Scrooge autour d'un repas, parce que le temps des fêtes approche. Il faisait plusieurs parallèles entre ce personnage avare et certains d'entre nous. Excellent sujet psychologique, en fait. Je te recommande Un chant de Noël, si jamais tu t'ennuies.
Estelle roula des yeux et faussa une toux afin d'attirer l'attention de son amie vers elle. Luna comprit aussitôt que cette dernière voulait lui parler, seule à seule. Embarrassée, la magicienne retourna son regard vers l'ambassadeur.
— En fait, Est' et moi, on devait parler en privé d'une affaire très personnelle... tu vois ? Un truc de dames...
— Oh... je comprends, pardon, répliqua Lucas. Je vous laisse dans ce cas. Tâchez de ne pas vous coucher tard, car demain Athéna nous attend pour une réunion.
— Très bien, répondirent en chœur les deux amies.
Lucas inclina la tête poliment et se dirigea vers la sortie.
Une fois que la porte se referma derrière lui, Estelle soupira de soulagement. Elle n'avait pas passé une très bonne journée et était stressée à l'idée d'en parler à une amie. Elle n'avait pas envie que d'autres personnes s'en mêlent, même si c'était sa propre famille. Elle replaça une mèche de cheveu derrière une oreille et se tourna vers Luna. Son amie, inquiète, posa une main sur son épaule.
— Tu sais, ce n'est pas grave, ce qu'il t'arrive. Ça arrive plus souvent qu'on ne le croit.
— Tu plaisantes, j'espère ?
— Mais non...
— Je ne pourrais plus jamais concevoir d'enfants, si ça se trouve...
— Tu peux toujours demander de l'aide à ta grand-mère, non ?
Estelle secoua la tête et prit une grande respiration.
— Si les autres veulent se servir des machines et jouer avec leurs corps, c'est leur choix. Moi je suis telle que la nature m'a fait.
— Je sais, je comprends. Moi non plus, je n'aime pas utiliser les panneaux pour mon propre corps. Ça n'a pas l'air de gêner tes parents ou bien Wyatt et Scottie... mais, moi ? Non.
— Kylie s'en est servie pour recolorer ses cheveux une fois, et nous ne l'avons plus utilisé par la suite. Elle trouve que nous sommes parfaites comme ça.
Luna tapota des doigts sur le comptoir et cligna des yeux.
— Mais qu'est-ce qui te dérange vraiment ? Je croyais que Ky' et toi étiez d'accords pour ne pas avoir d'enfants ? Est-ce en rapport à ce que Scottie et Wyatt vivent ?
Estelle hocha la tête avant de se tourner vers elle.
— Scottie est venu m'en parler l'autre jour, il aimerait que l'une de nous soit la mère de leur enfant. Tout comme toi, tu désires avoir un bébé...
— Ah, mais c'est compliqué tout ça. Je vais finir par m'adopter un gosse. Ça vaut mieux ainsi. Finalement, toutes ces idées de me faire engrosser ou inséminer par l'un des mecs de notre équipe, ça me perturbe. Par contre, si tu as besoin de mes ovules...
Estelle répondit négativement à cette remarque.
— Pas besoin. Cassandra m'a dit qu'il est normal que mon cycle soit en retard, avec tout le stress que j'ai vécu dernièrement. Elle croit que je devrais attendre un peu, avant d'aller la revoir à l'infirmerie. Elle m'a dit qu'il est encore trop tôt pour me dire si je fais d'un dysfonctionnement d'ovaires... La stérilité et tout ça, quoi...
— Vingt-sept ans... c'est quand même jeune... Je n'aimerais pas être à ta place.
— Mm hmm... Pour Kylie, oublie ça. Elle n'acceptera jamais de se faire inséminer.
— Je comprends. Notre chère punk déteste les gamins, tout comme Wyatt.
Estelle haussa des épaules avant de poursuivre :
— Ce n'est pas qu'elle ne les aime pas, c'est qu'ils lui donnent des migraines à force de crier, et j'en passe. Sans oublier les odeurs... La dernière fois que nous avons gardé un bébé, elle n'arrêtait pas de geindre quand j'ai changé sa couche...
Luna grimaça. Elle comprenait tout à fait pourquoi Kylie n'aimait guère les fèces des tous petits. Elle-même n'avait jamais aimé cette puanteur.
— Bah, on s'y fait, répliqua la magicienne. C'est sûr que moi ça me lève le cœur, mais j'ai déjà gardé plusieurs bébés et je me débrouille assez bien...
Estelle se tourna vers le comptoir et s'avachit avant de se croiser les bras.
— Ce n'est vraiment pas le moment de penser à fonder des familles... avec cette guerre et tout... Pas étonnant que cela affecte mon cycle. J'ai hâte que tout cela soit fini.
Luna donna une petite tape amicale dans le dos de son amie et s'approcha ensuite du fourneau. Le gâteau allait bientôt être prêt et elles pourraient toutes deux le déguster avant de retourner dans leurs chambres.
Estelle ne souhaitait pas en parler à ses parents, puisque ces derniers étaient préoccupés par leurs nombreuses missions, ainsi que Randell, puis leurs nouvelles expériences avec Scottie et Wyatt. Parler de son problème à Luna l'avait beaucoup réconforté.
La présence du petit Randy provoquait en elle, un sentiment profond d'abandon. Elle ne voulait pas qu'on la prenne pour une jalouse. Malgré tout, avec toutes leurs nouvelles activités, elle s'inquiétait que ses parents ne la remarquaient plus autant qu'avant.
— Tout va s'arranger, tu verras, mentionna la magicienne. Au pire, utilise tes pouvoirs magiques comme te l'ont enseigné Athéna et Perséphone.
Estelle pencha sa tête d'un côté et de l'autre.
— Tu veux dire... ce que les machines de nos chambres pourraient normalement faire ? Avec mon propre mana... ?
— Oui. Avec tout ce qu'on nous a mis dans la tête, ces dernières semaines, nous seront bientôt tous en mesure de faire comme Gabriel et de modifier notre apparence, ainsi que l'intérieur de nos corps, grâce à notre volonté.
— J'ai essayé, mais je n'y arrive pas.
— Dans ce cas, c'est psychologique, ton truc. Peut-être qu'à force d'avoir suivi les conseils des quatre conseillers, tu fais un blocage.
Estelle baissa son regard. Elle commença à pleurer. Prise au dépourvu, Luna sursauta, mais sortit rapidement des mouchoirs pour son ancienne élève. Elle-même devait reconnaître que sa protégée vivait une situation humiliante. Luna s'en voulait pour ses choix de mots. Finalement, Estelle se calma et accepta les tissus de sa partenaire de cuisine. Pour le reste de cette soirée, elles discutèrent de recettes de desserts et de leurs entraînements.
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— Tout semble confirmer qu'il n'y a aucun signe de vies intelligentes sur cette planète, mentionna Wyatt en vérifiant les scanners de sa bague.
Debout, au centre d'une haute colline, il examinait les alentours alors que le petit groupe s'aventurait sur Dickens. Ils étaient tous vêtus de leurs armures et de leurs armes. Ils avaient croisé des bêtes sauvages et plusieurs animaux inoffensifs, mais aucun humanoïde. Cette planète regorgeait de verdures et d'eau potable. Le Célestia avait refait le plein de plusieurs aliments. D'après les premières analyses de Luna, il n'y avait pas tellement d'aliments toxiques là où ils circulaient.
— C'est étonnant que les dieux n'aient jamais vu ce monde avant aujourd'hui, répliqua Flint qui s'approcha du mage.
— En effet, déclara Shayne qui vint les rejoindre.
— Se pourrait-il que le Saint Royaume ne soit pas le seul endroit où vivent les dieux ?
Le général haussa des épaules.
— Je n'en sais rien, mais ça ne me dit rien qui vaille, répliqua-t-il. Nous trouvons de plus en plus de mondes comme celui-ci. Je pense que nous avons affaire à une nouvelle faction de divinités. Il n'y a pas d'humanoïdes, certes, mais au moins certains d'entre nous pourraient coloniser ces dernières. Nash pourrait nous en dire plus à ce sujet.
Flint secoua la tête avant de répondre :
— Ça m'étonnerait. Quand nous étions ensemble, il n'arrivait pas à se souvenir de la vie de Zeus. Par contre, moi, je peux déjà vous dire que ce monde date de plusieurs millénaires. À voir la taille des arbres gigantesques, je me dis qu'Aeglys n'était pas encore né...
Wyatt leva son regard vers le ciel, et essaya de deviner jusqu'où se rendaient ces énormes végétaux, en hauteur. La plupart d'entre eux frôlaient presque les nuages.
— Je n'aurais pas envie de tomber de ces branches d'arbres, remarqua-t-il, avant de déglutir. Ce serait la mort assurée...
Un peu plus loin, Scottie rangeait ses dagues à sa ceinture, après avoir confronté une espèce de fauve sauvage. La bête en question était venue les attaquer, mais il s'était porté volontaire afin de l'abattre. Il ne portait ni son arc, ni ses flèches, ce matin-là. Il avait décidé de tenter une stratégie différente après leur soirée passée à camper.
— C'est encore... loin... ? gémit une voix forte, derrière eux.
Flint, Shayne et Wyatt se tournèrent vers Gabriel, qui montait la grosse colline. Il tirait derrière lui, une charrette remplie de fruits et de légumes sauvages. Ceux-ci étaient beaucoup trop nombreux et trop lourds. Ils avaient déjà tous rempli leurs bagues d'aliments et avaient dû se résoudre de transporter le reste comme ça.
— À une dizaine de minutes de marche, nous devrions rejoindre le prochain camp, dit Shayne. Courage ! Ce n'est plus bien loin.
— Vous... voulez... ma mort... ou QUOI... ?! geignit le colosse.
Ce dernier hissa la charrette, une dernière fois, alors qu'il se posa sur une surface plus stable. Il s'essuya le front avec l'un de ses gantelets de protection.
— Je croyais que ça ne te faisait aucun mal de transporter tout ça, fit Wyatt.
— Ce n'est pas le mal qui m'embête, c'est le reste de mon corps !
Gabriel lâcha quelques toux avant de poursuivre.
— Peux plus respirer...
Il haleta comme un gros chien, essoufflé. Flint roula des yeux et caressa la tête du gros guerrier, lorsqu'il se trouva à proximité. Ce dernier avait fait beaucoup d'exercices pour eux, durant les dernières vingt-quatre heures. Cette mission entre hommes leur avait fait beaucoup de bien et cela leur avait permis de passer un peu plus de moments intimes avec leurs nouveaux amants. Cassandra, Luna et les autres étaient tous restés à bord du vaisseau, occupés à d'autres tâches. Lucas leur avait envoyé un message vocal, comme quoi, il ne pouvait pas les suivre. Du coup, ils n'étaient que cinq.
— T'es sûres que tu ne fais pas de l'asthme, chéri ? commenta Wyatt.
Le mage observa son grand partenaire, bedonnant, inquiet.
— Même les médecins ne comprennent pas comment le corps de Gab fonctionne, répliqua le capitaine qui haussa les épaules.
Shayne tourna son attention vers Flint et ajouta :
— En même temps, Cassandra m'a affirmé qu'elle le voit très rarement à l'infirmerie...
— Normal, je suis rarement malade ! exprima Gabriel.
Il se tapa les joues et mit une main en visière, au-dessus de ses yeux. Il chercha pour le prochain site de campement, où ils passeraient les prochaines heures. Puisque Célestia serait en orbite autour de Dickens pour les jours suivants, les membres de l'équipage pourraient visiter ce monde autant qu'ils le souhaitaient.
— La faune me fait étrangement penser à celle d'Aeglys, en tout cas, reprit Gabriel.
— Perséphone prétend que les extra-terrestres se ressemblent tous dans cette galaxie, parce qu'ils ont été créés par les anciens représentants du Conclave, dit Shayne. Ça n'explique toujours pas pourquoi cette planète leur était inconnue jusqu'à tout récemment.
— Dans ce cas, nous nous rapprochons du Saint Royaume...
Flint fixa son mari. Cela lui donna quelques frissons dans le dos. Voilà des mois qu'il espérait que leurs recherches finiraient par aboutir. Sa sœur lui manquait et il s'inquiétait pour Kyran. Ces derniers étaient absents depuis l'invasion de Célestia et la destruction d'Aeglys. Il espérait qu'ils étaient toujours sains et saufs. Le seul problème, néanmoins, c'était que sa sœur était probablement passée au camp ennemi. Les déchus, disait-on, méprisaient les forces de la lumière. Du moins, ce fut ce qu'Athéna et les autres dieux leur avaient raconté.
— Si nous sommes plus près de l'ennemi, il nous faudra bientôt redoubler de prudence, affirma Shayne. Gabriel ? Je suis désolé, mais nous devons repartir. Wyatt, continue à scanner les lieux.
Le mage opina du chef, tandis que le colosse lâcha un grognement similaire à celui d'un fauve. Ils se remirent tous en route et croisèrent Scottie en chemin. Ce dernier avait abattu plusieurs bêtes sauvages qui s'étaient montrées hostiles ; il dégoulinait de sang. Quand il le vit, son époux fit apparaître une brume magique qui entoura l'éclaireur. Le grand homme musclé fut lavé de la tête jusqu'aux orteils.
— Beurk ! râla Scottie. Je déteste quand tu fais ça !
Il avait de l'eau qui lui sortait des oreilles.
— Nous forcerais-tu vraiment à supporter cette odeur nauséabonde ? gronda Wyatt.
Le jumeau lui fit une moue sévère. Gabriel esquissa un sourire. Il reconnaissait que le mage semblait avoir adopté une attitude similaire à la sienne, lorsqu'il était question de s'occuper de Flint. Il les trouvait adorables. Le pauvre Scottie se gratta les tympans, pour essayer de faire tomber l'eau qui restait.
— On approche l'heure du dîner, fit Shayne. Nous allons prendre une courte pause au prochain campement, avant de poursuivre nos récoltes.
— Par contre, les gars, ce serait bien que vous fassiez venir une autre charrette du vaisseau, soupira le colosse. Celle-ci déborde déjà et m'épuise...
— Attendons de voir ce que nous pourrions récolter de plus, jugea le capitaine.
Flint observa le corps d'une bestiole, tout près. On aurait dit le croisement d'un sanglier et d'un loup. Il grinça des dents et se demanda comment réagirait Dia si elle voyait cette créature sauvage. La chose dégageait une odeur putride. Wyatt lança un deuxième sort aquatique et repoussa la dépouille à plusieurs mètres d'eux. L'arôme disparaissait déjà.
— Excellente initiative, remarqua Flint.
Il bâilla et s'étira. Cette journée se faisait déjà longue et il avait très mal dormi, la nuit dernière. Les ronflements de Gabriel avaient tenu réveillé, la plupart d'entre eux, longtemps. Sans sa machine, il ronflait si fort qu'il en réveillerait les morts. En plus, celui-ci parlait dans son sommeil de bercer un bébé. Rien que d'y repenser, le colosse étouffa un petit rire nerveux. Puis, son regard se posa sur Scottie et Wyatt.
Il repensait à la journée où il avait invité ces deux-là dans sa chambre pour la première fois, en tant qu'amants. La seule raison pour laquelle il avait quitté la baignoire à remous, au moment où tous deux allaient consumer leur amour avec lui, c'était parce qu'il avait ressenti un tract épouvantable à la dernière minute. Malgré cela, Scottie et Wyatt l'avaient traité aux petits oignons dès qu'ils furent allongés confortablement sur son grand lit. Il les avait alors permis de le guider à travers leur tout premier ménage à trois. Ils s'étaient bien amusés cette fois-là. Quoique les premières minutes furent maladroites et tous trois avaient rigolé comme des fous à chaque manœuvre particulièrement gênante. Gabriel avait appris que c'était la toute première fois qu'ils faisaient l'amour à plusieurs.
Cette expérience avait tellement plu au trio qu'ils avaient recommencé à se voir les jours suivants, y compris Flint qui s'était fait un plaisir d'échanger plusieurs baisers avec Scottie et Wyatt. Cette affection qu'ils ressentaient tous l'un pour l'autre, leur permettait de passer au travers de ces journées ennuyeuses dans l'espace. Ils pouvaient aussi penser à autre chose que cette fichue guerre qui inquiétait tout le monde à bord du vaisseau.
— Dis, Gab... as-tu un peu de place pour moi, dans ce chariot ? bâilla le capitaine.
Le guerrier bedonnant jeta un air froid à son mari et tourna son visage dans un autre sens. Il boudait. Flint pouffa de rire.
— Allons, c'était pour plaisanter.
— Développe tes muscles et on en reparlera, grommela le colosse.
Flint préféra ne pas en rajouter, mais fut surpris lorsque Scottie s'approcha de lui et le souleva dans les airs pour le prendre dans ses bras. Tel un gros chat qu'on aurait renversé sur le dos, le capitaine regarda son amant en clignant les yeux.
— Suffisait de demander, lui répondit Scottie avec un clin d'œil.
Les joues de Flint rougirent. Scottie s'était remis à la musculation, ce qui plaisait à ses partenaires. Il était loin d'être aussi puissant que Gabriel, mais son apparence plaisait beaucoup à Flint, Gabriel et Wyatt.
— Mon sauveur, plaisanta Flint avant de caresser la joue de l'éclaireur.
— Heureux de pouvoir vous servir, Votre Altesse, répliqua Scottie qui jouait le jeu.
Scottie adorait se prendre pour une sorte de chevalier galant pour Flint et Gabriel. Tous deux s'étaient souvenus à quel point il aimait les histoires de Fantasy, médiévales ou bien de chevaliers. Le simple fait qu'il fasse partie d'une brigade, lui donnait l'impression d'être le héros de l'un de ses livres de héros favoris. Wyatt le trouvait insignifiant, mais aimait que ses deux autres amants appréciaient les efforts de son mari pour les séduire.
Shayne, qui devait endurer leurs singeries depuis la nuit précédente, roula les yeux. Il avait l'impression d'être en trop avec ces quatre hommes qui passaient la plupart de leur temps à se courtiser quand il avait le dos tourné. Au moins, ils étaient heureux et ne faisaient de mal à personne. Il avait même dû prendre Artael à part, avec Athéna et Gabriel, pour lui expliquer la différence entre le polyamour, la polygamie et la polyandrie ; car le père de Flint, bien que bien instruit, n'avait jamais étudié sur ces trois sujets différents.
Même l'homme le plus intelligent de Baldt, après Randell Tabris, avait encore plusieurs choses à apprendre des relations humaines. Le pauvre patriarche des Markios s'était recouvert le visage de honte, lorsqu'il avait enfin compris ce que Flint avait essayé de lui faire comprendre, à maintes reprises. Ainsi donc, le polycule avait pu commencer à s'épanouir dans la vie à bord du vaisseau. Même s'ils faisaient beaucoup réagir les gens avec leurs excentricités, Shayne devait admettre qu'ils les préféraient ainsi que dépressifs.
Au bout de quelques minutes, les cinq hommes atteignirent enfin le campement mis en place par Luna, lors de sa toute première visite. Ils purent enfin se reposer après avoir marché plus de trois heures. Il aurait été plus facile pour eux de conduire un véhicule, cependant ce monde était trop sauvage et remplis d'herbes hautes. Ils auraient eu de la difficulté à s'y aventurer avec un scooter, par exemple.
Scottie et Gabriel étaient les seuls à se souvenir un peu de la simulation de la base lunaire. Ils se remémoraient d'avoir conduit des automobiles. L'éclaireur avait un vague souvenir de sa cantine mobile, alors que le gros guerrier revoyait dans son esprit, des flashes de sa période de strip-teaseur. Gabriel avait souvent conduit ses collègues de travail, chez eux, après avoir fini de travailler. Il regrettait de ne pas avoir emmené de véhicule sur Dickens.
— Ça ne serait pas mieux d'appeler le Célestia pour vider tout ça dans le hangar ? proposa-t-il en pointant sa charrette du regard. Je reviendrai d'ici à un quart d'heure.
— Bah, fais donc, répondit Shayne qui leva une main vers lui. Nous pouvons très bien nous débrouiller au cas où d'autres bêtes nous attaqueraient.
— Très bien ! Je reviens rapidement.
Gabriel appuya sur la gemme de sa bague et activa dans le menu holographique, l'option d'invoquer un portail. Un instant plus tard, il entra l'intérieur d'une grosse sphère énergétique, avec le chariot qu'il tira avec lui. Pour le plus grand soulagement des brigadiers, les ingénieurs à bord du Célestia avaient enlevé le message automatisé qui les avertissait, chaque fois qu'on les rapatriait au vaisseau.
— Je ne l'ai jamais vu autant marcher de sa vie, gloussa le général qui se tourna vers Flint. C'est un miracle, pas vrai ?
Scottie venait de poser le capitaine au sol et l'enlaçait, un bras par-dessus son épaule.
— Tu parles ouais, répliqua Flint. J'ai de la difficulté à le faire se lever de notre lit pour aller nous entraîner. Il est plus paresseux que d'habitude, depuis que nous vivons à bord du vaisseau. C'est une bonne chose qu'il soit venu avec nous pour cette mission.
— C'est pour son bien, répondit le général. Vos entraînements ont beaucoup amélioré votre santé, d'après Cassie. Même Hypnos reconnaît qu'il lui devient de plus en plus difficile de manipuler vos esprits.
Flint sourit. Il aimait que son supérieur lui fasse suffisamment confiance pour lui dévoiler des secrets professionnels. En même temps, Cassandra était aussi leur collègue de travail. C'était sa tâche, en tant que guérisseuse attitrée, de veiller sur eux. En retour, les autres brigadiers l'avaient toujours protégé.
— Ah, que ferait-on sans la magnifique Docteure Appleseed ? se dit le blond.
— Vous crèveriez sûrement, plaisanta Shayne.
Il eut un petit rictus, ce qui ne surprit pas son collègue, car ce dernier s'était habitué à son sens de l'humour sordide. Il ne l'affichait pas souvent, mais Flint était l'une des rares personnes à reconnaître que Shayne savait aussi blaguer.
— Brrr, ce que tu es sinistre, remarqua Scottie qui s'adressa à son supérieur.
— C'était de l'humour...
— Alors pourquoi ai-je froid dans le dos ?
L'éclaireur se cacha derrière Flint et observa Shayne d'un drôle d'air. Le général roula des yeux, tandis que Wyatt haussa des épaules.
Cependant, le mage ressentit un malaise et fit volte-face. Il leva la tête et vit trois figures encapuchonnées qui volaient dans les airs. Ces trois personnes étranges venaient d'apparaître de nulle part et l'une d'entre elles avait lancé un pic de glace magique à quelques mètres de Scottie.
— L'ennemi est là ! lâcha Shayne, qui matérialisa son épée.
Après avoir enlevé son bras de Flint, Scottie observa ce dernier qui bondit dans les airs. Les ailes du capitaine se manifestèrent aussitôt. Ce dernier fonça vers l'étrange trio, entouré d'un mur de lumière. Il ne vit pas le général qui tentait de le retenir, il avait déjà pris pour cible celui du centre.
L'adversaire de gauche frappa Flint avec un long fouet enflammé, qui donna un coup d'ailes pour se retrouver au-dessus de celui qui venait de l'attaquer. Flint invoqua une onde tranchante lumineuse qui détruisit aussitôt la cape de la personne. Ce qu'il vit, lui glaça le sang. Devant lui se tenait Estelle Markios, ou plutôt, une copie de cette dernière. Sans la moindre expression au visage, elle dévisageait son père, avec un petit sourire mesquin. Elle ramena son fouet contre son torse.
— Mais... que fais-tu là ? s'exclama le capitaine, confus. Je ne comprends pas ! Estelle, est-ce vraiment toi ?
La blonde passa une main dans ses cheveux et ne répondit rien. Un à un, les deux autres figures encapuchonnées ôtèrent leurs capes, dévoilant Wyatt Silverwind et Cassandra Appleseed. Flint comprit aussitôt qu'il y avait quelque chose d'anormal ici, car le véritable mage des eaux se trouvait en dessous de lui. Il comprit aussitôt qu'il s'agissait là de trois corps disparus de la Septième Brigade, ceux qu'ils avaient laissés derrière, avant de partir en mission pour la base lunaire.
Les yeux du capitaine s'écarquillèrent lorsqu'il ressentit une flèche se planter à travers son armure de cuir. Il poussa un cri de douleur et tomba dans le vide. L'attaque ne s'arrêta pas là, car le clone de Wyatt recouvrit Flint dans ce qui semblait être une glace de grande taille. L'épéiste perdit malheureusement connaissance, sous les cris apeurés de ses collègues. Shayne bondit dans les airs et se servit de son arme contre l'étrange iceberg, tandis que Scottie rattrapa son compagnon inconscient. Lorsque ce dernier retomba sur ses pieds, il leva son regard en l'air et remarqua que les trois clones avaient disparu.
— Où sont-ils ?! aboya Wyatt, à côté de l'éclaireur. Merde ! C'était quoi ça !? Scottie ! Allonge Flint par terre, tout de suite ! Je dois le soigner !
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