chapitre 1
Le vent frais venait caresser les cheveux noirs d'Edna. La jeune femme observait les champs qui s'étendaient à perte de vu derrière le jardin de ses grands parents.
Elle était assise à la fenêtre, les jambes dans le vide. Edna dépoussiéra sa jupe bleue, se mit debout dans l'encadrement, s'accrocha au rideau et prit une grande respiration...
- Jeune fille, descend de là immédiatement !
Adna sursauta en voyant sa mère chargée de boîte en carton, traverser la cours qui donnait sur la chambre.
Elle ne répondit pas mais s'écarta du vide pour sauter sur le vieux parquet. Elle observa autour d'elle. Au lieu de trier chaques objet entre jetable et vendable, elle s'extasiait sur chaque petites figurines qui composaient l'armoire. La jeune femme les avaient trouvées bien caché au fond de celle-ci, elle avait l'apparence de jeune femme dansant avec des bonnets et des moufles, faisant tournoyer leur robes blanches brodées de fleurs bleues.
Surment un souvenir de voyager de sa grand-mère, qui devait être en bas à surveiller les aller et venues de ses enfants pour débarrasser ses affaires de la maison. Edna rit à s'imaginer la scène. Sa grand-mère lui avait impérieusement demandé de vider cette chambre seule, ce qui l'éloignait de l'agitation en bas.
Heureusement, car sa tante, qu'elle n'avait jamais aimé, se disputait déjà sur l'argent qu'il faudrait investir pour l'enterrement du grand-père. Son mari n'était guère mieux qu'elle et semblait s'unir d'un parfait duo avec sa grand-mère pour surveiller chaques objets qui sortait de la maison. Non pas par valeur sentimentale, mais pour l'argent qu'il pourrait en tirer. Ils habitaient dans la ville d'à côté mais vivaient sans se préoccuper d'avantage de leur ailleux. Jusqu'à aujourd'hui.
Edna se remit au travail, songeant au récent départ de son grand-père. Il avait fait un AVC, il ne bougeait plus du lit depuis un mois. Ils s'étaient tous réunis avant même qu'il soit mort pour commencer le rangement. Comme si sa grand-mère aller suivre dans les jours qui suivraient. Edna rit, sa grand-mère n'aimait pas son mari. Peut-être à une époque, qui sait, mais la jeune femme ne les avait jamais vu s'accorder de l'affection en dix-huit ans de sa vie.
Elle saisit un torchon et frotta le meuble en bois. Elle se pencha pour frotter le fond quand son pied frappa la plainte de l'armoire. Un bruit de cassure résonna dangereusement dans les oreilles d'Edna. La jeune femme s'accroupit doucement en grimaçant. Pourvu que la fissure ne soit pas trop grande, cette armoire était dans l'inventaire des meubles à vendre.
Elle passa sa main sur le boit enfoncé. Le meuble ne devait plus très bien tenir pour qu'il se torde si facilement. Elle voulut cacher l'anomalie en remettant le bois correctement, mais elle poussa trop fort et le bois s'enleva de lui seul. Edna resta figée, la planche entre les mains.
- C'est pas moi, assura t-elle.
Puis elle fronça les sourcils. Il y avait un creux sous l'armoire, un creux comblé par un objet rectangulaire. Edna saisit un torchon qu'elle mit sur son nez, ramena ses cheveux ondulés en queue de cheval et se pencha dans la poussière pour récupérer, une valise.
Elle avait dû être mise là depuis des années vu son cuire vieillit et les centimètres de poussière déposaient dessus. Edna fit s'envoler les dernières miettes grises qui recouvrait l'objet. Elle passa sa main sur les initiales gravées sur la valise en lettre d'or. "J.L", c'étaient celles de sa grand-mère ; Jeanne Lowars de son nom de jeune fille.
Edna se leva pour fermer la porte doucement, elle était seule à l'étage. Elle se précipita sur la valise, avide de découvrir ce qu'il y avait dedans et pourquoi elle était cachée.
Elle rompit les deux boutons qui retenaient le trésor et ouvra la boîte les mains fébriles.
Elle fit face à une multitude d'objets, beaucoup de lettres emballées en fagot par des cordelettes ainsi que quelque bijoux.
Edna n'eut pas le temps de soulevait les lettres jaunis que quelqu'un l'interpella du rez-de-chaussée.
- Edna, on s'en va, monte dans la voiture, lui dit son père.
La jeune femme se tourna vers la porte entrouverte de la chambre, d'où on pouvait apercevoir le coin de la valise encore en observation.
- Partez sans moi, je vous rejoins tout à l'heure. J'ai quelque chose à finir.
Son père commença à gesticuler, il remit son chapeau droit sur sa tête et leva un doigt rondelet.
- Ça va faire tard après.
- Mais laisse la finir Martin, elle n'est pas perdue, elle est avec moi, intervient Jeanne, appuyée sur sa canne.
- Ah d'ailleurs maman, non, tu viens avec nous je t'emmène en même temps à ton rendez-vous médical, dit la mère d'Edna en passant une main dans le dos de la vielle femme.
Elle portait un long manteau boutonné et un large chapeau. Kittie Brown était une femme élégante, douce avec les autres mais assez sévère parfois. Son père lui, toujours à leur côtés, était sur le pied de guerre, la montre accrochée à sa veste. Edna avait irrité ses cheveux noirs de sa mère et de ses yeux verts. De son père, elle en avait gardé la mâchoire carrée.
- Très bien je vous suis, Edna reste ici si tu veux, les clefs sont sur le comptoir, dit Jeanne en faisant lentement demi-tour.
Edna bondit de joie.
- Merci, bisous maman, bisous papa, à tout à l'heure !
Son père lui fit un signe de main et la jeune femme vit du haut de l'escalier, le trio lui tournait le dos et partir vers la sortie.
Elle s'agenouilla de nouveau devant la valise pour observer la dates des lettres. 20 juin 630, 30 juin 630, 12 juillet 630... 28 décembre 633, 8 novembre 635. La correspondance épistolaire avait durée plusieurs années, il y avait des centaines de lettres dans cette valise. Et puis Edna tomba sur d'autres lettre. 8 avril 640... 5 août 646 était la plus récente. Avec qui sa grand mère avait entretenu une si longue liaison ? Et l'avait arrêtée net depuis dix ans maintenant puisqu'ils étaient en l'an 655 à présent. Edna s'imagina une histoire d'amour impossible dans laquelle elle se plongera...
Un bruit fracassant lui fit ratter un battement de coeur. Le sol avait tremblé... Edna ferma la valise, la glissa sous l'armoire et dévala l'escalier. D'où était prévenu ce son ? C'était celui d'une explosion !
Ça ne venait pas de la maison, mais de plus loin dans le village. Edna n'eut qu'à suivre la fumé noire dans le ciel pour atteindre l'accident. Elle courut à travers les ruelles, avec un étrange pressentiment.
- Edna ! Un homme la saisit avant qu'elle ne puisse voir totalement l'apparence de la voiture qui était apparemment accidentée.
C'était son voisin, monsieur Jacobe. Pourquoi la tenait-il ainsi ?
- Que s'est-il passé ? Les passagers vont bien ? Qui-est-ce ?
Elle pouvait bien se permettre de demander ça, ils se connaissent tous dans le village.
Jacobe ne lui répondit rien et la relâcha doucement. Edna lui jeta un regard inquiet avant d'observer la scène en détail. La voiture était en miette, comme si elle avait explosée. C'était peut-être le cas ? La jeune femme se rapprocha des débris pour récupérer un bout de ferraille rouge avec un autocollant dessus. Un autocollant en forme de coeur qu'elle avait un jour accroché à la carrosserie de sa voiture.
- Non ! Maman !
Edna se précipita sur ce qu'il restait de la voiture en flamme.
- Edna c'est dangereux ! cria Jacobe en la saisissant de nouveau pour la faire reculer.
- Mais ils faut les sortir de là ! Jacobe !
L'homme camoufla les larmes qui devalaient ses joues.
- Je suis désolé Edna, ça sert à rien. C'est fini.
La jeune femme arrêta de se débattre, resta muette et statistiques pendant plusieurs minutes. Des pas résonnèrent derrière elle, des bras l'entouraient. C'étaient ceux de Lya, qui la serra fort contre elle. Edna la reconnue à ses cheveux blonds, presque blancs et son parfum rosé. Sa meilleure amie avait le visage tiré, presque angoissée. Elle secoua un peu son amie pour la pousser à se lever.
Les habitants commencèrent à atteindre le feu, à essayer de récupérer les corps avec dignité. Beaucoup chuchotaient à son sujet. La femme du boulanger avec son panier de pain, courait en tout sens pour montrer son tablier tâché par la poussière. Seule quelques jeunes mères aux gants blancs, tenant leur enfant en tenue du dimanche, observaient la scène avec peine, priant pour l'âme des victimes.
- Elle venait de perdre son grand-père, ses parents, ses cousins et sa grand-mère maintenant oui... Ils étaient tous dans la voiture.
Lya se leva en saisissant la main d'Edna et regarda de tous côtés.
— Il faut partir, rapidement.
Edna se leva sans chercher pourquoi son amie semblait si stressée. Elle tourna les talons, se mit à marcher en direction inverse puis à courir pour retourner chez sa grand-mère, faussant compagnie à Lya.
Sa vue était brouillée. Elle avait temps de fois fait cette route à pied, qu'heureusement son instinct la guidait d'elle-même. Tout son être rêvait de se rouler en boule quelque part, seule. De faire taire cette angoisse, cette voix qui lui criait
« Ils sont morts, ils sont tous morts ».
Plus encore d'avantage, cette impression que le monde entier n'était qu'enfer. Cette sensation qu'elle n'avait jamais ressenti avant. C'était un sanglot qui restait bloquait dans sa gorge, et qui lui semblait, resterait pour toujours.
Elle monta les escaliers, s'assit devant l'armoire de la chambre dont elle tira la valise et se replongea dans les lettres. Elle espera oublier, faire abstraction, pour quelques instants.
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