Chapitre 25 : Un cadeau dans le cœur

OH MON DIEU TOUT LE MONDE ! 

Je sais, j'étais pas censée poster mais.... Je suis admissible à mon concours de bibliothèque ! Genre j'y croyais tellement pas, j'avais pas du tout eu le temps de me préparer et j'y étais un peu allée juste pour voir, mais je suis admissible ! J'avoue que j'ai encore du mal à y croire, mais je me suis dis que pour fêter ça j'avais bien le droit de poster un chapitre ^^ En plus j'avais hâte de vous donner celui-ci ! (Et Perri m'a un peu encouragé sooo). Rah vraiment trop contente ! 

J'espère qu'il vous plaira ! 

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Chapitre 25 : Un cadeau dans le cœur

« Les vieux objets ont résisté ; ils portent en eux une expérience de la vie. Les objets neufs ne sont pas pubères ; ils ne comprennent rien à notre solitude. »

- Martin Page -

// 18 décembre 1979 //

- Non, sérieusement Spence, je dois y aller là !

- Mais attends... Regarde ! Regarde ! J'ai presque fini le puzzle et...

- Et donc je le verrai quand tu l'auras complètement terminé, assura Matthew en enfilant sa veste. Mais là, j'ai une amie qui m'attend.

D'un pas pressé, il dépassa Spencer et dévala l'escalier. Le tapis cramoisi qui recouvrait les marches étouffèrent ses pas jusqu'à ce qu'il saute la dernière marche, atterrissant lourdement sur le parquet du hall qui grinça sous lui. Il le regretta une seconde plus tard lorsque sa mère sortit du salon à l'affut. Il maudit son sixième sens d'Auror.

- Matt, attends deux secondes ! appela-t-elle en réajustant Simon contre sa hanche.

- Rah, maman, sérieux je dois y aller. Je suis déjà en retard.

- Rappelle-moi où tu vas comme ça, un dimanche une semaine avant noël ?

- Acheter des cadeaux pour mes amis. Je sais, je sais, je m'y prends tard. J'ai juste pas eu le temps avant...

Sa mère soupira, presque attendrie, avant de reprendre son expression spéciale interrogatoire qu'il redoutait depuis ses six ans quand il avait compris qu'il était incapable de lui mentir.

- Tu vas à Londres alors ?

- C'est le plus pratique, oui. (Il anticipa sa prochaine remarque). Et je vais prendre le magicobus, t'en fais pas, t'as même pas besoin de me faire transplaner. Reste avec les moustiques !

- J'suis pas un moustique ! hurla Spencer depuis l'étage.

Simon, lui, se contenta de babiller joyeusement dans les bras de sa mère. Matthew le regarda, à nouveau perturbé de voir qu'il avait autant grandi depuis septembre dernier quand il était reparti à Poudlard. C'était presque étrange.

- Mais tu y vas tout seul ? reprit sa mère, sourcils froncés.

- Hum... Pourquoi ?

- Pourquoi tu réponds à ma question par une question ?

Matthew rougit. Merlin, il détestait la capacité de sa mère à le percer à jour.

- Maman...

- Matthew Leo Bones. Une réponse, tout de suite.

- Non, non, d'accord. J'y vais avec une amie. Avec... Charity.

- Charity ? répéta-t-elle. Qu'est-ce qui est arrivé à Hanna Faucett ?

- Elle est occupée, dit-il en passant sciemment sous silence qu'il ne lui avait pas proposé de venir. En plus, l'un des cadeaux que je vais acheter est pour elle. Ça serait contreproductif. Il faut aussi que j'en trouve un pour Julian. Tu crois que tante Lysandra pourra lui faire passer ?

A la mention de son meilleur ami, l'expression de sa mère oscilla entre tristesse et détermination. Il piétina sur place, impatient.

- Oui, bien sûr, je lui demanderai, répondit-elle finalement. Mais Matt, si tu vas à Londres, tu évites les endroits sorciers, c'est clair ?

- Quoi ? Mais je t'ai dit, je vais acheter des cadeaux, je...

- C'est non-négociale. Ton père est occupé aujourd'hui sinon il t'aurait accompagné, mais je ne veux pas que tu sois seul du côté sorcier avec les risques qui courent en ce moment.

Abasourdi, Matthew grogna. Au-delà du rappel que son père était encore pris par ses obligations un dimanche – ça ne s'arrêtait jamais – il ne comprenait pas la position de sa mère.

- Mais maman ! protesta-t-il. Je viens te de le dire, je ne serai pas tout seul, Charity sera avec moi. Et puis allez, y'a peu de chance que les mangemorts débarquent pendant les achats de noël. Sois pas dramatique.

- Et toi ne sois pas naïf. Je veux bien croire que tu n'as pas entièrement conscience de tout se qui passe à Poudlard, mais tu lis les journaux comme tout le monde il me semble. Il n'y a plus une semaine sans que les mangemorts ne frappent quelque part aussi bien chez les moldus que les sorciers. Estime-toi déjà heureux que je te laisse y aller sans un adulte.

- Sérieux, je vais faire comment moi pour acheter des cadeaux à mes amis ? Au moins le Chemin de Traverse, allez...

- Matt, je suis Auror...

- Comme si on risquait de l'oublier !

-... et crois-moi quand je te dis que le Chemin de Traverse est justement une des cibles les plus sensibles en ce moment. Il y a déjà eu une attaque meurtrière il y a à peine un mois. C'est non.

Matthew serra les mâchoires, frustré. Dans sa tête, il songea au nécessaire d'astronomie qu'il avait repéré pour Hanna dans une vitrine fin août et il renversa la tête en arrière une seconde, songeant déjà à une idée de remplacement qui pourrait faire l'affaire. Malgré tout, il décida de tenter une dernière fois.

- Maman, s'il te plaît, je ferai vite et...

- Bon Matthew, s'impatienta-t-elle, ne fais pas l'enfant, tu as seize ans par Merlin !

- Et pourtant tu me traites comme si j'avais l'âge de Spencer !

- Parce que tu agis comme tel ! Ou tu veux que je te rappelles que pas plus tard que juin dernier un attentat a eu lieu en pleine journée à quelques mètres du Ministère aux Archives Magiques ? Tu veux que je te rappelles le nombre de victime et qu'Aurélia Shelton en faisait partie ?

Le ton cinglant de sa mère lui fit l'effet d'un coup à l'estomac et il se figea. Il revoyait encore son visage le soir où elle lui avait annoncé la nouvelle : elle avait eu l'air triste et déterminé, exactement comme il y a quelques secondes. Plus que tout, il repensa aux épaules tendues de Julian qui serrait une Charlotte en pleurs contre lui à l'enterrement. Il n'y avait même pas eu de corps à mettre en terre. Toutes les victimes n'avaient pas pu être retrouvées sous les gravats.

- Je m'en rappelles très bien, marmonna-t-il à travers ses dents serrées. C'est bon, j'irai du côté moldu. Je peux y aller maintenant ?

- Allez, file, le libéra-t-elle d'un coup de menton en direction de la porte. S'il devait arriver quelque chose, tu te sers de ta baguette, tu m'entends ? Je me fiche que tu ne sois pas majeur ou du secret magique, je t'en donne le droit, d'accord ?

Il déglutit.

- Ok...

La conscience lourde, il attrapa son écharpe accrochée à la patère et l'enfila. Simon le regarda d'un air curieux avant d'agiter ses petits bras contre sa mère. Cette dernière réajusta sa prise avant de le rappeler alors qu'il tournait la poignée de la porte d'entrée.

- Et Matthew ?

- Oui ?

- Elle s'appelle Charity alors ? dit-elle, amusée.

- Oh Merlin, je pars !

Les joues rouges, il sortit de la maison sous le rire amusé de sa mère. Il pressa le pas et dépassa leur jardin, s'élançant dans les rues de Terre-en-Lande comme si elle allait revenir sur sa décision et venir le traîner par le col pour le faire rentrer. Sous ses pieds, la neige tombée la veille crissa et il s'amusa à en ramasser le long d'un muret avant de lancer sa boule devant lui. Quand il passa devant l'église, il vit le révérend Bennett en train de dégager l'entrée et il lui adressa un signe de tête poli. Il avait une petite fille de l'âge de Simon qu'il avait vu la semaine dernière lorsqu'il avait gardé ses frères et avaient dû les trainer avec lui au marché pour faire les courses. En voyant la petite Victoria dans les bras de sa mère, Simon avait caché sa tête dans son cou et il avait rigolé.

Quand il atteignit la limite du village, il tourna sur lui-même pour s'assurer que personne ne se trouvait à proximité avant d'appeler le magicobus. Le célèbre bus impérial violet se matérialisa devant lui dans un « bong » sonore et il monta d'un bond.

- Bienvenue à bord du magicobus, fit une voix blasée. Kevin Mells, votre contrôleur. Vous vous rendez... ?

- Hum... A Londres. Le Chaudron Baveur.

Perturbé, il remonta l'allée en jetant des coups d'œil par-dessus son épaule. Kevin Mells. C'était un visage qu'il ne s'attendait pas à revoir aujourd'hui. Maintenant qu'il y repensait, il se souvint brusquement que Julian lui avait dit l'avoir vu et qu'il travaillait maintenant en tant que contrôleur. Matthew s'assit en essayant de ne pas le fixer avec insistance, mais il n'oubliait pas non plus que c'était lui qui avait tagué leur vestiaire de Quidditch alors même qu'il faisait partie de l'équipe en tant que Batteur. Les traces rouges sur le mur lui restaient encore en mémoire.

Finalement, Kevin Mells sortit de son champ de vision et il posa sa tête contre la vitre, préférant observer le paysage. Ça ne servait plus à rien de repenser à cette histoire. Elle paraissait même dérisoire aujourd'hui, presque trois ans plus tard, alors que la magie noire continuait à gagner du terrain.

C'était comme la réapparition d'Elizabeth Yaxley de manière inattendue chez les Grims. Il avait failli s'étouffer en recevant la lettre de Julian deux jours plus tôt. Pendant un instant, il avait même envisagé de descendre en parler à sa mère. Après tout, même si le dossier avait été classé et le mandat d'arrêt levé, les Aurors avaient à un moment voulu mettre la main sur la fugitive du Tournoi de Poudlard. Et pourtant, il s'était ravisé et était resté dans sa chambre. D'après ce que disait Julian – tout aussi incrédule que lui visiblement – Elizabeth Yaxley avait trouvé, ou était en train de trouver, une sorte de rédemption aux Etats-Unis même si sa rencontre avec la famille Grims avait été une véritable débâcle. Il avait calculé dans sa tête que son bébé, un petit garçon apparemment, devait avoir à peu près l'âge de Simon. Il n'avait juste pas eu le cœur à lâcher les Aurors sur eux.

Plongé dans ses pensées, il ne s'aperçut qu'il était arrivé à destination que lorsqu'une vieille sorcière agita la main devant ses yeux. Il sursauta.

- Eh petit, dit-elle, je crois que c'est ton arrêt.

- Oh... euh pardon... Merci, madame.

En vitesse, il s'empressa de descendre du bus. A peine eut-il posé le pied à terre que le magicobus disparu, le laissant dans le cœur agité de Londres. Sur le trottoir d'en face, il découvrit Charity qui attendait à l'extérieur du Chaudron Baveur.

- Eh Matt ! héla-t-elle en levant la main.

Comme s'il ne l'avait pas déjà vu. Avec un sourire spontané aux lèvres, il traversa pour la rejoindre. Elle portait ses longs cheveux blonds détachés et ils lui tombaient jusqu'à la taille à part une simple mèche qu'elle avait tressé et accroché sur le côté de sa tête avec une épingle dorée. Emmitouflée dans un manteau bleu marine côtelé, elle portait un jean évasé et des bottines en cuir. Il réalisa que c'était la première fois qu'il la voyait avec autre chose que son uniforme.

- Salut, sourit-elle. Je commençais à me demander si t'allais pas me laisser en plan.

- Ouais désolée, j'ai été retenue par ma mère... et mon frère aussi. Une histoire de puzzle. (Il se racla la gorge). Bref, hum... Tu es très jolie. Ça te va bien.

Il la désigna de haut en bas et elle sourit un peu plus, gênée mais l'air flatté.

- Oh merci... Toi aussi. Enfin pas « jolie ». Je veux dire...

- J'ai compris, rassura-t-il en priant pour ne pas rougir.

- Génial... Alors on y va ?

- Ah oui... Juste, on pourrait rester du côté moldu ? J'ai promis à ma mère. Elle est Auror, tu comprends, et elle s'inquiète du coup... enfin j'ai promis qu'on n'irait pas dans les lieux sorciers.

- Oh ! Non pas de problème, ça me va. Mais tu ne voulais pas chercher des cadeaux pour tes amis ?

Il soupira.

- Si, c'était le plan. Je vais improviser, je pense. J'avoue que je ne connais pratiquement pas Londres et encore moins le Londres moldu...

Le visage de Charity s'éclaira. Elle redressa le menton, un sourire mutin aux lèvres et se désigna avec théâtralité.

- Tu as de la chance, monsieur Bones ! Il se trouve que je connais très bien le Londres moldu.

- Toi ?

- Et oui. J'adore Londres de manière générale et j'ai un peu... une passion pour la culture moldu.

- Une passion ? répéta-t-il, étonné. Pour les moldus ?

- Pour leur mode de vie, disons. Leur culture, leur art, la mode, les coutumes... Je trouve ça fascinant ! C'est une autre civilisation juste à côté de nous qu'on côtoie tout le temps sans rien savoir d'eux. Ça m'a intrigué alors j'ai voulu en apprendre un peu plus et à chaque vacances je viens ici. Je fais des musées ou des sorties.

Encore plus surpris, il dévisagea Charity comme s'il la découvrait soudain sous un nouveau jour. Depuis leur baiser échangé dans les vestiaire de Quidditch un mois plus tôt, leur relation était demeurée ambigüe. Ils ne s'étaient jamais posés tous les deux pour en discuter, ni mettre des mots sur ce qu'ils étaient, mais il aimait l'idée de ne pas se mettre la pression et de se laisser porter. Ça lui permettait aussi de découvrir des aspects de Charity qu'il ne connaissait pas ou n'avait fait que soupçonner. Le premier d'entre eux : son esprit aventureux. Alors qu'il faisait attention à ne pas la brusquer de peur de faire éclater le fragile équilibre sur lequel il évoluait ensemble, elle était presque toujours celle qui initiait les contacts physiques. Et Merlin ce qu'elle lui faisait perde la tête. Ses joueurs n'étaient pas dupes et lui lançaient d'ailleurs des regards suggestifs à chaque fois qu'il s'attardait dans le vestiaire. Avant les vacances, Adrian Connelly s'était même fendu d'un commentaire, moqueur : « tu passeras le bonjour à Burbage si t'es pas trop occupé, capitaine ». Il l'avait mis dehors d'un coup de balai. Alors apprendre qu'elle s'intéressait à la culture moldu ne l'étonnait qu'à moitié à bien y réfléchir. Charity aimait découvrir ce qu'elle ne connaissait pas.

- Miss Burbage, tu es donc la fille qu'il me faut ! déclara-t-il. Tu veux bien jouer le guide ?

- Avec plaisir. Vas-y, dis-moi. On cherche quoi pour qui.

Il inspira et se mit à compter sur ses doigts alors qu'ils se mettaient à marcher côte à côté, s'éloignant du Chaudron Baveur.

- Alors : un cadeau pour mes frères, Spencer et Simon. Ils ont cinq et un an respectivement. Ensuite pour Hanna, je pensais à quelque chose en rapport avec l'astronomie. Elle est un peu obsédée avec ça.

- Passionnée, rectifia Charity.

- Oui, si tu veux. Je me disais que ça serait aussi sympa de prendre quelque chose pour l'équipe. Je pensais à une bannière de Quidditch, mais ça va être compliqué... Sinon, y'a aussi un cadeau à trouver pour Julian. Je ne sais pas si tu te souviens de lui, il est parti cette année ?

- Julian Shelton, si, je me souviens. Tu étais tout le temps avec lui dans la salle d'étude à jouer au scrabble.

Il haussa un sourcil et avança au passage piéton.

- Tu m'espionnais ou quoi ?

- Non, rougit-elle, j'étais attentive c'est tout. Tu râlais hyper fort dès que tu perdais. Ce qui arrivait souvent au passage.

- Eh, je me battais contre un esprit de Serdaigle. Un peu de respect.

- Si tu le dis. Bon donc récapitulons : Spencer, Simon, Hanna et Julian. Quelqu'un d'autre ?

Instinctivement, il songea à elle. Ça faisait plusieurs jours que l'idée de lui offrir un cadeau pour noël lui trottait dans la tête, mais il ne savait pas s'il outrepasserait les règles tacites qui semblaient s'être mises en place entre eux. Incertain, il décida de remettre la question à plus tard.

- Je dois aussi trouver quelque chose pour mes parents, mais je pense que je prendrais une photo de mes frères et moi à mettre dans un joli cadre. Ma mère se plaint toujours qu'on n'a jamais le temps d'en prendre et qu'elle ne nous a pas tous les trois.

- Bonne idée ! (Elle frappa dans ses mains). Bon, je te propose de commencer par tes frères. Il y a un magasin de jouet ancien près de Westminster. On peut aller y faire un tour ?

- Si tu veux, c'est toi la guide !

- Parfait. T'as déjà pris le métro ?

- Le truc sous-terrain pour se déplacer, là ?

- Cela même.

Il secoua la tête.

- Non, jamais...

- Ravie d'être ta première fois alors ! lança-t-elle. Allez viens.

S'étranglant à moitié, il resta figé une seconde alors qu'elle s'éloignait vers une bouche de métro en faisant virevolter ses longs cheveux blonds. Elle savait très bien ce qu'elle faisait avec ce jeu de mot et il sentit ses joues s'embraser avant de lui emboîter le pas. C'était encore plus gênant parce que c'était vrai dans tous les sens du terme : Charity était sa première copine, ses premières expériences. Il avait déjà embrassé deux ou trois filles pendant des fêtes l'année dernière, mais ça n'avait jamais été sérieux. Et même si Charity et lui n'avaient jamais été très loin – rien qui implique d'enlever leurs vêtements à aucun moment – il avait plus d'une fois terminé sous une douche froide pour s'éclaircir l'esprit.

Concernant le métro, il découvrit qu'il détestait ça. Déjà, il resta perplexe avec son ticket devant les portiques, se prenant des remarques agacées des londoniens pressés à qui il bloquait le passage. Charity lui montra comment faire avec patience, quoiqu'avec un sourire amusé aussi. Puis, le trajet fut une horreur : c'était bruyant, instable et mal odorant. Il regretta au moins dix fois son balai en voyant les arrêts défiler.

Quand ils sortirent enfin de la rame, Charity lui attrapa la main pour ne pas le perdre dans la foule et il sentit son cœur battre avec un temps de retard comme s'il avait loupé une marche. Il n'arrivait pas à voir son visage puisqu'elle le tirait derrière elle, mais il ne chercha pas à se dégager, même lorsqu'ils ressortirent dehors.

- C'est juste là, indiqua-t-elle d'un geste vers une boutique. Viens.

La devanture devant laquelle ils s'arrêtèrent détonnait fortement avec celles qui l'encadraient. Plus ancienne, peinte d'un vert bouteille réconfortant, elle attirait l'œil. Dans sa vitrine étaient exposés des jouets en tout genre : un ours en peluche, des poupées en porcelaine, un théâtre de marionnettes, des petites voitures, des livres pour enfants... Il sourit, prit d'une nostalgie étrange.

- Sympa... Comment t'as découvert ça ?

- Je me promenais un jour après avoir visité l'Abbaye de Westminster. Faudra que je t'emmène un jour, il y a plein d'hommes célèbres qui y sont enterrés. Shakespeare par exemple !

- Attends, je le connais lui... Le poète moldu ?

- Merl... Mon dieu, Matt, un peu de culture ! Evidemment !

Il nota qu'elle s'était rattrapée à temps de jurer sur le nom de Merlin alors qu'un couple passait derrière eux.

- Allez viens, on entre.

Le tirant par la main, elle l'entraîna à l'intérieur. Une clochette annonça leur entrée. Le vendeur était occupé avec quelques clients et ils avancèrent entre les étagères. Curieux, Matthew se retint de toucher à tout.

- C'est incroyable, souffla-t-il. On dirait que le temps s'est figé.

- Complètement, c'est ce que j'adore ici. Oh regarde, c'est tellement joli.

Elle lui lâcha la main pour se diriger vers une étagère et il ressentit un manque soudain. Déstabilisé, il fourra sa main dans sa poche, puis il la rejoignit. Elle lui mit une boîte ouvragée sous le nez.

- Regarde, si tu tournes la clé là, lui dit-elle en joignant le geste à la parole, ça fait...

- De la musique, s'émerveilla-t-il tandis qu'une douce mélodie s'élevait de la boîte. Comment... ? Ils font ça sans... ?

- Sans magie, oui, chuchota-t-elle tout bas. Juste un simple mécanisme qui actionne le tout.

- Incroyable...

- Je trouve aussi.

Presque avec révérence, il lui prit doucement la boîte des mains et se mit à l'observer de plus près. Elle était en bois simple avec des animaux sculptés sur le côté : un ours, un paon, un renard, un loup... Il traça les formes en relief du bout du doigt.

- Je la prends, déclara-t-il sur un coup de tête. Pour Spence.

- T'es sûr ? Tu ne veux pas voir si tu trouves autre chose ?

- Nope ! Ca changera un peu de ses puzzles.

- Comme tu veux, accepta-t-elle. Il y a des peluches aussi là-bas. Pour le petit, peut-être ?

- Pourquoi pas, oui...

D'un même mouvement, ils se rapprochèrent des peluches alignées sur une étagère. Il y en avait de toutes sortes et de toutes tailles, mais aucune ne lui tapa dans l'œil. Distraitement, il s'amusait à repositionner un ours correctement quand Charity poussa un petit cri de ravissement. Elle attrapa un livre positionné sur un présentoir derrière elle.

- Oh j'adorais cette histoire, petite ! Tu connais ?

Elle retourna le livre pour qu'il puisse lire la couverture. Il plissa les yeux.

- Jack et le haricot magique, lut-il. Non, jamais entendu parler.

- Vraiment ?

- Non, j'ai été biberonné au Conte des Trois Frères si tu veux tout savoir. Mais toi, comment tu le connais ? Je croyais... Enfin, tes parents sont... ?

Il n'osa pas prononcer le mot « sorciers » alors que les autres clients continuaient à déambuler dans le magasin. D'après ce qu'ils savaient, les Burbage était une famille sang-pur de second rang qui n'avait jamais été très importante mais dont la lignée s'était...préservée faute d'un autre terme. Il n'arrivait pas à croire que la passion du monde moldu de Charity avait commencé si jeune.

- Si, ils le sont, confirma-t-elle en caressant l'illustration d'un garçon en train d'escalader une plante géante. Une voisine m'avait offert le livre pour mon anniversaire. C'était la gardienne de l'immeuble en fait et elle le faisait pour tous les enfants. Mes parents ne pouvaient pas refuser. C'est devenu mon histoire préférée !

- Oh... Et ça parle de quoi ?

- De Jack qui échange une vache contre des haricots magiques et va combattre un géant dans les nuages.

Pris de court, il ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Pardon ? s'esclaffa-t-il. Mais c'est ridicule, les géants ne...

- C'est un conte pour enfant, Bones ! Ce n'est pas fait pour être réaliste. La baguette, la pierre et la cape n'existent pas non plus, non ?

- Pas faux... Laisse-moi voir ?

D'une main, il feuilleta l'album. Les illustrations, anciennes, parsemaient les pages de couleurs pastel et il se prit à les observer, fasciné, alors même qu'elles ne bougeaient pas. Il y avait une certaine poésie à l'immobilisme des images tandis que l'histoire, elle, avançait vers son dénouement. A nouveau, il prit sa décision en une seconde.

- Adjugé, lança-t-il. Ça sera pour Simon !

- Mais il ne sait pas lire ?

- Il saura un jour.

- Quoi ? Tu fais des économies pour quand il apprendra enfin à lire ?

- Ah mais je suis radin, je ne te l'ai pas dit ?

Sa remarque, sarcastique, eu le mérite de la faire rire. A la caisse, elle l'aida à trier sa monnaie moldue et le vendeur ne parut même pas remarqué qu'ils ne s'y connaissaient pas. Il se contenta de leur tendre leurs achats dans un sac avec un sourire. Impressionné, Matthew ressortit dans la rue en jetant à Charity un regard plein de respect. Il ne réalisait qu'à cet instant à quel point elle maîtrisait son sujet.

- Ca, c'est fait ! s'exclama-t-elle, satisfaite. J'espère que ça leur plaira...

- Ce sont des enfants et ça ce sont des cadeaux. Crois-moi, ça ne peut que plaire.

- Mais si Simon est déçu que les images ne bougent pas ?

- T'inquiète pas, Simon s'extasie devant tout. Il va adorer je te dis.

- Tant mieux... Oublie pas de m'accorder le crédit de ce cadeau ! C'était mon idée !

Elle lui jeta un regard entendu et il feignit de s'indigner, main sur le cœur.

- Quoi ? C'est moi qui ai décidé de le prendre !

- Mais c'était mon livre préféré et c'est moi qui te l'ai conseillé.

- Peu importe, tu ne seras pas là quand je m'approprierais la réussite de ce cadeau.

- Non, Matt ! Vas-y, rends-moi le livre !

- Certainement pas, rit-il.

D'une main, il leva le livre au-dessus de sa tête, hors de la portée de Charity. Elle se mit à sauter sur place, tentant de lui arracher des mains, mais elle était bien trop petite et il éclata de rire.

- Un problème, miss Burbage ?

- Bones, rends-le-moi !

- Hum, qu'est-ce que j'y gagne ?

- De ne pas te prendre un coup de pied dans l'entre-jambe !

- Ouch, grimaça-t-il. Des menaces bien graves.

- Et que je n'hésiterai pas à mettre à exécution...

Exaspérée, elle le fusilla du regard. A nouveau, elle tenta de sauter sur place, mais il redressa son bras immédiatement. Elle soupira, puis son regard dériva une seconde par-dessus son épaule.

- Oh regarde, un magasin de vinyles ! On peut y aller après ?

- De vinyles ?

- L'évolution du gramophone en gros, expliqua-t-elle. J'en vois souvent quand je me balade, mais je n'en ai aucun. Pourtant, il y a de la bonne musique dans ces magasins.

- Parce que tu connais la musique moldue ?

- Un peu... Je dois encore me renseigner. Mais je peux te dire une chose : les Beatles sont le plus grand groupe de tous les temps, les Bee Gees sont parfaits pour danser, mais j'ai un coup de cœur éternel pour Queen.

- Queen ?

- Je te ferai écouter un jour, promis.

Momentanément distrait par son exposé sur la musique moldue, il baissa la garde. Littéralement. Charity se hissa sur la pointe des pieds et lui vola deux choses : le livre et un baiser. Surpris, il savoura ses lèvres contre les siennes, brûlantes par rapport à l'air glacial de décembre, avant de comprendre qu'il s'était fait avoir.

- Eh ! protesta-t-il.

- Chut, je vais te le rendre. Laisse-moi juste... Ah où est-ce que je l'ai mis ?

Le livre pressée contre sa poitrine, elle se mit à chercher dans son sac besace avant d'en sortir un stylo, triomphante.

- Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit-il, perplexe.

- Je m'assure que Simon connaisse la vérité.

- Quoi ?

Mais elle ne lui répondit pas. D'un coup de dent, elle débouchonna son stylo et se mit à écrire sur la page de garde du livre posé en équilibre précaire sur son genou. A l'envers, il n'arrivait pas à déchiffrer et il se mit à loucher.

- Charity...

- Deux secondes... (Elle griffonna à toute vitesse avant de taper le stylo contre la page d'un point final). Et voilà ! Tu peux lui offrir de notre part maintenant.

Sur ses gardes, il reprit l'album et l'ouvrit. L'écriture ronde et penchée de Charity s'étalait sur trois lignes : Pour Simon, joyeux noël. Un jour, tu arriveras à lire ce livre tout seul et il deviendra peut-être ton préféré, comme moi. Ne laisse pas Matthew te raconter n'importe quoi, c'était mon idée. J'espère qu'il te fera plaisir. Avec toute ma sympathie, ta peut-être future belle-sœur, Charity.

Il manqua de s'étrangler une fois encore, les yeux fixés résolument sur la signature. Il entendit Charity éclater de rire et il releva les yeux pour la voir presque tordue en deux, hilare.

- Oh mon dieu, Bones, ta tête !

- Mais t'as vu ce que t'écris ? dit-il d'une voix au moins trois octave plus haut que d'habitude.

- C'était juste une blague !

Et elle se remit à rire. Figé une seconde, il ne put s'empêcher de se joindre à elle. Ils devaient offrir un portrait étrange : deux adolescents qui riaient à gorge déployée, les pieds dans la neige, un album illustré pour enfants entre eux. Insouciant comme rarement depuis un moment, il passa un bras autour de Charity et l'attira contre lui en déposant un baiser sur son front.

- Ah miss Burbage, vous êtes un phénomène !

- Je prends ça pour un compliment, déclara-t-elle en souriant, le teint rougi. Mais c'est bon, j'ai fait ma blague. Efface-moi la fin du mot, ça serait gêtant si tes parents voient ça.

- Je laisse le reste ?

- Evidemment, la vérité doit triompher !

Matthew sourit.

- C'est ça... J'effacerai ta connerie en rentrant d'un coup de baguette, t'en fais pas. (Il lui reprit la main). Bon allez, on a d'autres cadeaux à trouver ! En route !

**

*

Frigorifié, Matthew rentra avec soulagement, les bras chargés de sac et un sourire aux lèvres. Il avait passé encore deux heures à écumer les magasins avec Charity à travers Londres et il était épuisé. Pourtant, malgré la fatigue, il n'arrivait pas à effacer la sensation de joie qui lui collait à la peau. Depuis le départ de Julian, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé une journée pareille, drôle et sans prise de tête.

Charity l'avait emmené dans des librairies, des magasins de souvenirs et même une grande chaîne spécialisée dans la vente de thé. Il y avait trouvé une boîte d'assortiments insolites pour son meilleur ami. Dans la boutique de souvenirs, il avait acheté un t-shirt avec le logo de la NASA pour Hanna et une banderole avec marqué « Champions » pour son équipe de Quidditch. Il savait bien qu'elle était destinée aux supporters de foot, mais il n'y avait pas de raison pour qu'il ne puisse pas l'accrocher dans leurs vestiaires. Il avait même fait un dernier achat après que Charity soit repartie, le laissant attendre le magicobus après un baiser qui l'avait laissé le souffle court. Dès qu'elle était sortit de son champ de vision, il avait rebroussé chemin pour retourner au magasin de vinyle qu'ils avaient vu près de la boutique de jouets anciens et il avait pris un album de Queen. Le vendeur lui avait assuré que c'était le dernier du groupe, sorti en novembre, et que la chanson Don't Stop Me Now était sûrement la meilleure dessus. Il lui avait fait confiance.

Se débarrassant de sa veste, il posa ses paquets à ses pieds et héla à travers la maison :

- Je suis rentré ! Y'a quelqu'un ?

- Dans le salon, Matt ! lui répondit la voix de son père.

Matthew haussa un sourcil. Son père était donc rentré. Il reprit ses sacs et se dirigea dans la salon où il trouva effectivement son père, debout face à un homme qui lui tournait le dos. En l'entendant arriver, il se retourna et Matthew reconnut avec stupeur James Potter en personne.

- Bordel, laissa-t-il échapper, Potter ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?

- Matthew !

- Eh salut, Bones ! Je passais juste dire quelque chose à ton père, je vais repartir. Comment tu vas ?

La voix de Potter, si familière, n'arriva pas à l'arracher à son choc de le voir débarquer dans son salon et il le dévisagea de la tête au pied pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. En deux ans, James Potter n'avait pas tellement changé : corps mince, lunettes vissées sur le nez, cheveux en pétard, sourire malicieux. Il avait peut-être juste pris un peu des épaules. Incrédule, il secoua la tête avant de finalement répondre à la question :

- C'est les vacances donc ça ne peut qu'aller bien, dit-il en repensant à sa journée idéale avec Charity.

Potter eut l'air envieux.

- Moi aussi, je voudrais des vacances.

- Ca sera pour plus tard, lui dit son père avec humour.

Matthew fronça les sourcils. Il réalisa qu'il ne savait même ce que faisait Potter depuis son départ de Poudlard et il se demanda soudain s'il travaillait pour son père sans qu'il le sache.

- T'es à la Justice Magique ? s'étonna-t-il.

- Moi ? Non, Merlin, la catastrophe ! Ca serait ironique vu toutes les règles que j'ai brisé de vouloir les faire respecter.

- Mais alors... tu fais quoi ?

Sa question sembla provoquer un léger malaise. Soudain, il devint suspicieux. Ce n'était pas censé être une question compliquée, il n'y avait pas à hésiter. Il repensa alors à ce qu'il avait appris depuis quelques temps – depuis plus d'un an même – et à toutes les informations qu'il avait pu glanées ici et là. Son père s'était lancé dans quelque chose. Quelque chose avec Dumbledore pour lutter contre Tu-Sais-Qui. La rumeur enflait de plus en plus et un nom avait fini par émerger : l'Ordre du Phénix. Une société secrète qui évoluait et menait des actions en dehors du contrôle du Ministère qui n'arrivait de toute façon pas à endiguer cette guerre en cours que personne ne voulait reconnaître. Si Potter ne travaillait pas, c'était peut-être parce qu'il consacrait son temps à autre chose...

Nerveux, Potter coula justement un regard vers son père et celui-ci ajouta du tabac dans sa pipe avant de lancer sur le ton de la conversation.

- Tiens, James, je t'ai dit que Matthew était capitaine de Quidditch cette année ?

- Quoi ? Non ! (Il sourit, l'air sincèrement excité). Alors comme ça t'as pris ma place, Bones ?

Il ne leur fit pas l'affront de relever la façon dont ils avaient peu subtilement éludé sa question et préféra se concentrer sur le fait que Potter – un Maraudeur bon sang – était visiblement intéressé par sa vie. Son père pourrait peut-être prendre des leçons.

- Disons que j'ai récupéré le poste, dit-il sans pouvoir s'empêcher de laisser filtrer une certaine fierté dans sa voix.

- Et je suis sûr que tu t'en sors bien.

- On va dire que ça peut aller...

En vérité, il n'oubliait pas ce qu'il devait à James Potter. Il avait été celui qui l'avait recruté comme gardien en troisième année, qui lui avait fait confiance et qui lui avait appris à faire partie d'une équipe. Il avait d'ailleurs rarement vu un joueur aussi doué. Avec Artemisia Meadowes, il avait sans doute été le seul de leur génération qui aurait pu intéresser des recruteurs.

- C'est génial, félicitations ! s'exclama finalement Potter avec sa bonne humeur familière. Et l'équipe, ça donne quoi ?

- Adrian est toujours là. Il m'a cédé le brassard de capitaine parce qu'il doit se concentrer sur les Aspics, mais il est fidèle au poste. Olympe Belby aussi est encore là. Pour les autres, j'ai dû renouveler. Ce n'est pas brillant, mais j'espère que ça fera l'affaire... On a gagné contre Serpentard en octobre. Maintenant que Regulus Black est plus là, ça va nous faciliter la vie.

Pendant une brève seconde à la mention de Black, le sourire de Potter vacilla, mais il se reprit.

- Pas mal, jugea-t-il. Et puis t'inquiète pas, les années de transitions sont jamais faciles. J'ai juste eu de la chance de récupérer une bonne équipe déjà formée par Mathieu Cassidy.

- T'étais quand même plutôt bon comme capitaine. Enfin, ça dépend. Je fais encore des cauchemars de tes tours de terrain imposés même sous la pluie.

- Ah Bones, il faut savoir former la jeunesse.

A côté d'eux, son père s'esclaffa dans un rire étouffé par la fumée de sa pipe et il donna une tape sur l'épaule à Potter. Matthew ne put ignorer le pincement au ventre qu'il ressentit. Ça faisait bien longtemps que son père n'avait plus eu ce geste envers lui...

- Sage conseil, commenta-t-il. Gardons-le en tête. En tout cas, merci d'être passé James. J'en tiendrai Maugrey informé.

- Parfait, merci. Bon je vais y aller, Lily va m'attendre et on a encore au moins trente-six choses à faire. Vous saviez vous que ça prenait autant de temps à faire des cartes de remerciements pour les invités post-mariage ?

- Bordel parce qu'il y a un mariage aussi ?

- Matthew !

- Désolé, désolé...

Potter lui fit un clin d'œil et leva sa main où brillait une alliance.

- Oui, un vrai mariage. J'ai demandé la main de Lily cet été. 

- Et elle a dit oui ? Genre, elle s'est engagée à passer toute sa vie avec toi ?

- Je sais, moi aussi j'ai été surpris.

A nouveau, son père sourit, puis il coupa court à la conversation en raccompagnant Potter jusqu'à la porte. Matthew les suivit, toujours estomaqué d'apprendre la nouvelle du mariage de James et Lily. A croire que tout pouvait arriver. Avec un dernier signe de la main, leur invité finit par prendre congé et Matthew le regarda partir sans avoir bien réalisé qu'il était même arrivé.

Dès que la porte se referma finalement, son père détailla les nombreux sacs qu'il tenait encore à la main.

- Et bien, tu as dévalisé Londres ?

- Non, répondit-il un brin trop sèchement, arrachant enfin son regard de la porte. Si tu avais été là ce matin, tu saurais que j'avais juste mes achats de noël à faire.

A sa décharge, son père ne se laissa pas démonter. Il cala sa pipe entre ses dents et prit un air intéressé.

- Magnifique. Tu as trouvé tout ce qu'il te faut ?

- Oui ! Tu verras, je pense que ce que j'ai pris pour Simon et Spencer leur plaira. J'ai été dans un magasin de jouets moldus.

- Ah oui, dit-il sans avoir l'air surpris, ta mère et moi trouvions que c'était plus prudent.

- Justement, elle est où maman ?

- Elle est partie promener Simon et Spencer au parc pour leur faire prendre un peu l'air. Elle ne devrait pas tarder à revenir...

A peine son père eut-il finit par sa phrase que la porte d'entrée se rouvrit si brusquement qu'ils sursautèrent. Son père amorça même un geste pour sortir sa baguette avant de se rendre compte que ce n'était que sa mère, habillée d'un gros manteau et un bonnet enfoncé sur ses cheveux. Elle posa Simon par terre avant de se redresser, une lueur triomphante dans le regard.

- Elle est magique ! annonça-t-elle à la cantonade comme si elle s'adressait à un stade et pas juste à sa famille à moins d'un mètre.

- Quoi ?

- Je vous jure, je n'arrivais pas à le croire, mais elle est magique ! Merlin, si je m'y attendais...

- Cassie, de quoi est-ce que tu parles ?

D'un coup de talon, sa mère se déchaussa et entreprit d'enlever son manteau à Spencer qui se battait avec la fermeture éclair.

- La fille du révérend, la petite Victoria ! Elle était au parc avec nous et elle s'est mise à prendre les cubes de Simon.

- Faut toujours qu'elle lui vole ses jouets, marmonna Matthew.

- Oh mais elle ne les a pas volés n'importe comment. Elle les a fait léviter !

Matthew sentit sa bouche s'ouvrir sous le coup de la surprise et son père manqua de s'étouffer avec sa pipe.

- Elle a quoi ? s'exclama-t-il.

- Elle a utilisé la magie ! Je te jure, Edgar, je l'ai vu de mes propres yeux. Sa mère n'a rien vu, elle essayait de faire descendre son fils aîné – Alexandre – de la branche d'arbre sur laquelle il s'était perché. Mais elle les a fait léviter !

- La fille du révérend... Ouh ça va être quelque chose, commenta Matthew, choqué.

Sa mère acquiesça avant de reprendre Simon dans ses bras. Il avait les cheveux tout ébouriffé à cause de son bonnet.

- J'ai hâte de leur apprendre que leur fille est une sorcière quand ça sera le moment. Je pense qu'on a encore quelques années devant nous, mais il faudra quand même surveiller. (Elle détailla alors ses achats). Et bien, t'en as trouvé des choses !

- Eh, pourquoi ça vous étonne tous les deux ? J'ai des amis, vous savez !

- Oh bien sûr, j'en doutais pas. J'espère qu'il y a une bague avec un diamant pour ta pauvre mère dans tout ça ?

- Si tu veux une bague avec un dimant, augmente mon argent de poche !

- Bien essayé, reconnut-elle. Allez, va ranger tout ça. Je t'appelle quand le dîner est prêt.

Matthew hocha la tête. Reprenant encore une fois tous ses paquets, il monta les escaliers tant bien que mal en essayant de ne pas se prendre les pieds dans le foutu tapis qui recouvrait les marches. La première chose qu'il fit dès qu'il referma la porte de sa chambre fut de tenir sa promesse envers Charity et d'effacer la fin de son mot avec le « future belle-sœur » tout en gardant le reste. Et pendant tout le processus, il n'arrêta pas de sourire. 

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Et voilà ! 

Comme vous avez pu le voir, ce chapitre est entièrement consacré à Matthew et on y retrouve plusieurs références, notamment à ATDM et O&P à travers les personnages de James et Victoria. J'ai adoré écrire tout ça, franchement je m'amuse énormément à tisser les fils de cet univers étendu et vous retrouverez plus de détails dans chacune des histoires (par exemple la demande en mariage de James à Lily dans le tome 3 de ATDM). 

Au passage, j'ai comptabilisé les votes et le lundi l'emporte pour le jour de publication ! 

Prochain post : chapitre 26 - Lundi 27 septembre 

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