Chapitre 24 : La princesse exilée
Et ça y est, LHDI est de retour après deux mois de pause estivale ! Bon, j'ai pas eu beaucoup de soleil, mais j'ai eu l'inspiration. Je suis assez contente de l'avance que j'ai réussi à reprendre, même si je sais qu'elle ne durera pas éternellement. Normalement, vous avez des chapitres jusqu'en décembre assuré !
Pour vous donner une idée du programme : je continue sur mes publications d'une fois toutes les deux semaines. J'ai vraiment considéré l'idée de poster chaque semaine, mais je suis pratiquement sûre de ne pas réussir à tenir le rythme, surtout à cause du fait que mes chapitres sont longs. Ou du moins plus longs qu'à une époque. Si on compare avec le début de ATDM, les chapitres faisaient environ 4500 mots. Aujourd'hui, en moyenne, ils en font 7000, ce qui est veut dire plus de temps d'écriture ^^
Donc en septembre et octobre vous aurez LHDI une fois sur deux, puis à partir du 31 octobre, j'alternerai avec ATDM : ce qui fait que vous aurez un chapitre par semaine, mais de deux histoires différentes. J'espère que ça vous conviendra et que personnellement j'arriverai à tenir le rythme haha!
Au passage je vous demande votre avis : vous préférez que je poste le dimanche ou le lundi ?
Et enfin merci à tous pour vos retours sur le questionnaire, ça m'a été très utile et je prends en note toutes vos remarques pour m'améliorer ! Votre soutien et vos compliments ont en tout cas ensoleillé mon été *keur sur vous*.
Je vous laisse donc découvrir le chapitre d'aujourd'hui qui reprend là où on s'était quittés avant les vacances : le retour de Elizabeth Yaxley ! Plusieurs personnes m'ont demandé de rappeler son parcours et son histoire, normalement tout est dans ce chapitre-ci. Si vous trouvez que ça ne suffit pas, n'hésitez pas à me le dire et je ferai un recap !
WARNING : A partir de maintenant, j'évoque de manière claire un point important d'Ombres et Poussières de Perripuce. Si vous n'avez pas lu les 2 premières parties, vous serez spoilé sur ce point. A vos risques et périls !
Bonne lecture ! ^^
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Chapitre 24 : La princesse exilée
« Nous portons tous en nous des lieux d'exil, nos crimes, nos ravages. Notre tâche n'est pas de les lâcher sur le monde ; c'est de les transformer en nous et en les autres »
- Albert Camus -
//16 décembre 1979//
Julian ne pouvait pas dire qu'il avait passé une bonne première nuit au manoir. Il n'avait pas cessé de se retourner dans son lit en pensant à Elizabeth Yaxley telle qu'il l'avait découverte à Grand Central. Elle n'avait presque pas changé physiquement et pourtant elle lui était apparue si différente du souvenir qu'il gardait d'elle. A Poudlard, elle avait été la princesse de Serpentard régnant aux côtés d'Evan Rosier sur leur petit cercle d'amis sang-pur. Il aurait bien aimé lui attribué le titre de reine, mais Rosier n'aurait permis à personne – pas même sa propre fiancée – d'être à son niveau. Malgré cela, Elizabeth avait eu toute la prestance de son rang. Il ne lui avait certes jamais parlé, mais il suffisait de la voir traverser un couloir, tête haute et regard empli de confiance, pour comprendre le genre de personne qu'elle était et quelle sphère sociale elle représentait. Elle avait eu trois ans de plus que lui, mais il n'aurait pas pu l'ignorer. Elizabeth Yaxley incarnait tout ce qu'il ne serait jamais : sang-pur, riche, porteuse d'un héritage. A l'image de son fiancé, de Regulus Black, Livia Fawley, Darren Mulciber, les jumelles Zabini ou Augustus Rookwood ; elle avait fait partie de l'élite de Poudlard, issus d'une famille prestigieuse. La chute du piédestal n'en avait été que plus brusque et choquante. La rumeur de sa grossesse avait ébranlé les murs de Poudlard même. Il se souvenait encore du moment où il l'avait appris : il venait de sortir d'un cours de métamorphose sous l'air sévère de McGonagall avec Hanna lorsque Matthew était arrivé en courant vers eux, haletant, pour leur annoncer ce qui était désormais sous toutes les lèvres. La princesse de Serpentard attendait un héritier alors même que Evan Rosier avait quitté l'école un an auparavant. Elizabeth Yaxley n'avait pas pu nier – son ventre arrondi était une preuve irréfutable – mais elle avait tout de suite voulu faire taire les mauvaises langues en annonçant que l'enfant était bien de son fiancé. Ça n'avait pas suffi à apaiser les paroles fantomatiques qui circulaient dans toute l'école, impossible à endiguer. Même la disparition d'Alexia Cassidy qu'on disait à Sainte-Mangouste pour une raison inconnue n'avait pas suffi à éclipser la grossesse d'Elizabeth. Julian ne l'avait peut-être jamais porté dans son cœur, mais il l'avait plaint. Le point d'orgue de la chute précipitée d'Elizabeth Yaxley avait finalement eu lieu en juin. Membre de l'équipe de Serpentard pour l'épreuve de Défense Contre les Forces du Mal pour le Tournoi de Poudlard, il la revoyait encore affronter son épouvantard. Elle n'avait pas été plus qu'une mince silhouette au milieu du terrain de Quidditch et pourtant tout le monde avait eu les yeux braqués sur elle lorsque son épouvantard avait pris la forme de Gemma Ackerley, la sœur apprentie Auror décédée de Tiberius, leur présentateur. La main d'Hanna avait broyé la sienne alors que tout le stade avait poussé un cri de stupeur et d'horreur. Pourtant, ce qui aurait dû signer la fin d'Elizabeth aussi sûrement que l'impact d'Icare dans la mer icarienne n'avait pas eu lieu. Parce qu'elle s'était évaporée, volatilisée, évanouie. De ce qu'il en savait, les Aurors ne l'avaient pas retrouvé et il comprenait mieux pourquoi aujourd'hui.
Etendu sur le dos dans son lit, il contempla le plafond, encore incrédule. Hier soir, ils étaient tous rentrés au manoir dans un silence pesant et lourd, si étouffant qu'il aurait voulu sauter de la diligence en plein vol. Ce qui en disait long vu son vertige. Archer et Elizabeth étaient serrés l'un contre l'autre, le bébé de cette dernière babillant joyeusement sur ses genoux. Julian avait préféré se concentrer sur l'enfant pour éviter de voir le regard glacial de grand-mère Isadora. En le découvrant, il aurait aimé dire à tout ceux qui avaient douté de la paternité du bébé qu'ils s'étaient plantés royalement : il avait la blondeur des Rosier et des Yaxley, les traits de sa mère, les yeux de son père. Dans un filet de voix, Charlotte avait osé demander son prénom. La réponse d'Elizabeth avait presque été couverte par le bruit de la canne de leur grand-mère frappant le sol. Archibald Regulus Yaxley. Il avait haussé un sourcil, surpris, mais n'avait pas commenté. Il n'en pensait pas moins : le fait qu'il porte le nom de sa mère indiquait que Rosier ne devait plus être dans le tableau – même si le fait qu'elle entretienne visiblement une relation avec Archer était déjà un bon indice – et par Merlin les sangs-purs étaient vraiment fous pour nommer un bébé « Regulus ».
Encore frappé d'incrédulité – il n'était pas sûr que le sentiment disparaisse de sitôt – il se leva finalement et descendit, le ventre grondant. Dans le petit salon, Théa, Leonidas et Lysandra étaient en train de prendre le petit déjeuner. Il tournèrent la tête vers lui en l'entendant arriver.
- Tiens Julian, enfin réveillé, l'accueillit son parrain. Viens te joindre à nous.
- Merci... J'ai dormi tard ?
- Pas vraiment, Charly et ton père dorment encore, répondit Théa en jouant avec sa fourchette au-dessus de son omelette. Il est à peine neuf heures. Pas mal, tu t'améliores depuis la dernière fois.
- La dernière fois, j'avais six heures de décalage horaire en pleine tête, lui rappela-t-il avant de s'assoir à côté d'elle.
- C'était pour ça que tu buvais autant de thé ?
- Je bois toujours du thé.
Théa eut un rictus.
- C'est vrai. Tiens, sers-toi.
Elle lui tendit la théière et il l'accepta avec reconnaissance. Devant lui, Leonidas déplia son journal, son assiette de pancakes à peine entamée. Julian fut étonné qu'il soit encore ici.
- T'es pas rentré à Boston ? demanda-t-il.
- Hum ? Oh non, pas encore. Je comptais rester encore aujourd'hui, l'Ambassade m'a accordé ma journée et Lysa voulait passer un peu de temps ici. On devait repartir ce soir, revenir pour noël et se rendre en Angleterre pour le nouvel an.
- « Devait » ? releva Théa, toujours frontale.
Lysandra prit un air entendu après avoir avalé une gorgée de café.
- Disons que les évènements d'hier changent la donne, admit-elle. Et puis, nous ne sommes toujours pas sûrs de pouvoir franchir les frontières, même avec le passe-droit diplomatique de Leo.
- Mais si vous allez en Angleterre pour le nouvel an... ça veut dire que... ?
- Qu'on ira chez les Bones, oui, confirma son parrain.
Julian se redressa. La seule mention de Matthew lui provoqua un sentiment de vide et de manque. Son intérêt devait être un peu trop lisible car les lèvres de Lysandra s'étirèrent en un fin sourire que son rideau de cheveux sombres n'arrivait pas à cacher. Décidément, sa ressemblance avec Cassie Bones le perturbait toujours autant.
- Donc... vous verrez Matthew ? dit-il d'un ton trop neutre pour l'être.
Il se fustigea mentalement. « Bien joué, tout en subtilité, Shelton », pensa-t-il. Pas étonnant que Noah se moque de lui.
- S'il n'a pas fui de chez ses parents à cause des pleurs du bébé, oui, certainement, fit Lysandra.
- Simon est un bébé tranquille, objecta Leonidas. Bien plus que ne l'était Matthew.
- Mais bien moins que Spencer.
- Parce que tu as déjà vu un enfant plus calme que Spencer ?
- Ça dépend, commenta Julian sans réfléchir, s'il n'arrive pas à terminer ses puzzles, il peut vite s'énerver. Ou quand il n'arrive pas à faire du vélo.
Surprise, Lysandra le dévisagea par-dessus sa tasse et il se sentit rougir. Une soudaine réalisation se peint sur ses traits aristocrates.
- C'est toi qui a essayé de lui apprendre à en faire, souffla-t-elle. Au printemps ? Avec Matthew ?
- Oh... hum, oui, oui c'était moi...
- Cassie n'en décolérait pas quand je l'ai vu quelques jours plus tard. Apparemment, Spencer a fini dans un buisson de ronces. (Elle plissa les yeux). Tu as envoyé mon neveu et filleul dans un buisson de ronces.
Julian déglutit. Il se retint d'objecter que, techniquement, Spencer s'y était envoyé tout seul en perdant l'équilibre sur une route de campagne de Terre-en-Lande. Matthew et lui n'avaient pu que pousser des cris – « pédale, Spence, bordel ! », « non, Spencer, va tout droit ! Tout droit ! » - avant que la bicyclette ne bascule avec l'enfant. Un échec cuisant qu'il avait préféré mettre sur le compte des cailloux et des trous dans le sol pour éviter de se remettre en question.
Il devait avoir l'air idiot, figé sur sa chaise sans savoir quoi répondre à Lysandra, parce que Théa éclata de rire à côté de lui.
- Oh Morgane, Julian ! Alors comme ça, tu n'es pas doué en tout ?
- Je sais faire du vélo, protesta-t-il, piqué.
- Mais pas apprendre à en faire, visiblement.
Il lui arracha son toast des mains, agacé et amusé à la fois de voir Théa rire à ses dépens.
- C'est pas comme si j'avais placé le buisson de ronces délibérément à cet endroit pour que Spencer tombe dedans.
- Peu importe, dit Leonidas en souriant, Spencer va bien et je promets d'aller arracher le buisson de ronces moi-même pour venger ton honneur de professeur de vélo s'il le faut. (D'un geste ferme, il referma son journal). Mais si ta question était : est-ce que tu pourras voir Matthew pendant ces vacances, j'ai bien peur que la réponse soit non, Julian.
- Oh...
Il tenta tant bien que mal de ne pas montrer sa déception, mais vu l'expression attristée de son parrain il ne devait pas y être vraiment parvenu.
- Je suis désolé, si je le pouvais je vous ferais venir en Angleterre. Mais mon passeport diplomatique ne peut pas s'étendre à toute ma famille, surtout si éloignée. J'ai déjà de la chance que Lysandra puisse venir grâce à sa citoyenneté anglaise.
- Il l'a aussi, intervint Théa sur le ton de l'évidence. La citoyenneté anglaise je veux dire.
- Oui, mais pas encore celle américaine. S'il part, il ne pourra pas revenir à cause de la fermeture des frontières. Courtoisie de Celestina Rappaport.
- Celle-là, vraiment... grinça Lysandra.
Mais Julian, lui, tiqua sur autre chose.
- Comment ça « pas encore » ? répéta-t-il.
- Oh, c'est vrai que j'ai oublié de t'en parler. Je suis en train d'essayer d'accélérer le processus pour que toi, Charly et ton père puissiez obtenir la citoyenneté américaine. Ça serait plus simple pour les voyages ou vous faire rester sur le territoire si besoin. Techniquement, vous y avez le droit grâce à Aurélia. Son... décès complique juste un peu les choses pour Ethan.
Il hocha la tête et but une gorgée de thé. En vérité, il ne savait pas trop quoi penser de cette acquisition de nationalité. Leonidas avait raison, ça simplifierait sûrement les choses, mais il n'arrivait pas à chasser le sentiment que c'était une sorte de trahison envers l'Angleterre. Depuis le début – depuis le jour de l'annonce du déménagement – son séjour aux Etats-Unis avait toujours été seulement cela : un séjour. Il reviendrait en Angleterre aussi vite que possible, il n'y avait aucun doute là-dessus. Au moins, il pourrait venir rendre visite aux Grims pendant les vacances avec son passeport américain.
A côté de lui, Théa dût se lasser des subtilités administratives et mordit dans son toast qu'elle lui avait repris avant de dire en mâchonnant :
- Et sinon... On va continuer à ignorer le sujet encore longtemps ?
- Le sujet ? s'enquit Leonidas, même si Julian devina qu'il savait très bien de quoi Théa voulait parler.
- L'inconnue mystérieuse d'Archer ! Enfin, plus si mystérieuse maintenant. Je m'attendais à beaucoup de choses. Une Non-Maj', même ! Mais alors un bébé !
- Ce n'est pas le sien, ne put s'empêcher de glisser Julian.
Théa lui coula un regard en biais, sourcil dressé.
- On ne peut pas sûrs. Personne n'a parlé hier, la pauvre fille a été mise dans une chambre comme une pestiférée.
- La pauvre fille s'appelle Elizabeth Yaxley et elle était enceinte avant d'arriver aux Etats-Unis.
Au fond de son esprit, il reconnut son ton que Matthew appelait « fayot de Serdaigle » quand il donnait une réponse précise sans effort. Mais pour une fois, Théa ne parut pas s'en offusquer. Elle s'étrangla juste avec les miettes de son toast et le dévisagea pendant que Lysandra et Leonidas échangeaient un regard entendu en face d'eux. Visiblement, eux aussi savaient pour Elizabeth.
- Eh, deux minutes ! s'exclama Théa en reposant son verre de jus de citrouille. Comment ça se fait que je sois la seule à ne pas être au courant, là ? J'ai loupé une information ?
- Tu as loupé un scandale, corrigea Lysandra sans se départir de son calme.
- Un scandale ? Parce que vous la connaissez ? La copine d'Archer ?
- On peut dire ça, c'est une histoire vieille d'un peu plus d'un an maintenant. Les Yaxley sont une famille importante en Angleterre. La patriarche, Caesar, est un proche d'Orion Black et de la famille Malefoy. Ses fils sont soupçonnés d'être des mangemorts.
Théa cligna des yeux. Il voyait bien qu'elle comprenait à moitié les informations que Lysandra lui livrait et il tenta de l'aider.
- Vois les Black comme l'équivalent des Grims, conseilla-t-il. Les Malefoy comme... les Wilkinson et les Yaxley comme les Jauncey ? Mais en encore plus anciens et tournés vers la magie noire depuis une dizaine d'année à cause de Tu-Sais-Qui ?
- De je sais quoi ?
- Le mage noir... Volde... enfin tu sais.
- Ah oui, lui. C'est ridicule de ne pas prononcer son nom, tu sais. On ne faisait même pas ça pour Grindelwald.
Prononcer le nom de Grindelwald avait dû lui coûter au vu de l'histoire de son père et il grimaça. Elle avait sans doute raison, mais il n'arrivait pas à se détacher de la peur qu'inspirait le nom depuis qu'il était apparu.
- Pour te situer donc, Elizabeth est la nièce de Caesar, reprit Lysandra. Je ne me tiens plus au courant de toutes les histoires des grandes familles sorcières, mais je sais qu'elle était fiancée je crois.
- A Evan Rosier.
- Au fils Rosier ? Encore pire que ce je croyais.
Leonidas sourit, visiblement amusé face à son ton blasé.
- Elle était fiancée ? répéta Théa, l'air incrédule. Et elle l'est toujours ? Parce que si oui, grand-mère va en faire une attaque ! Elle va jeter trente sorts à Archer avant de s'effondrer, bien sûr, mais son cœur lâchera.
- Théa, ne parle pas comme ça, fustigea soudain tante Cordelia en entrant.
Julian l'en aurait presque oublié. Elle avait fait une brève apparition hier au dîner, mais l'ambiance était tellement tendue que personne ne s'était attardé avant de rejoindre sa chambre. Aujourd'hui, elle portait ses cheveux auburn relevés en chignon et sa robe de sorcière tirait vers le pourpre.
- Cordelia, salua Leonidas avec politesse.
- Leo, toujours là sans être annoncé à ce que je vois.
- J'avais dit que je passerais quand les enfants rentreraient d'Ilvermorny.
- Dis plutôt que tu voulais assister à la débâcle aux premières loges, riposta-t-elle en prenant place en bout de table. Robert et Dilysa viennent d'arriver. Apparemment, maman a convoqué un « conseil de famille » pour parler du cas d'Archer et... Elizabeth ?
- Elizabeth Yaxley, glissa Julian pour ce qui lui semblait être la centième fois tellement l'information le choquait toujours.
Sa tante tourna son regard vers lui, puis avisa Lysandra. Celle-ci ne prit même pas la peine de lui adresser un sourire et il eut l'impression qu'elles ne se portaient pas mutuellement dans leur cœur.
- D'après ce que j'ai entendu, vous la connaissez, c'est ça ? demanda Cordelia.
- Comme je disais avant d'être interrompue, oui, son nom a quelque peu fait la une de l'actualité l'année dernière. Elle a été accusée d'un crime avant de rompre ses fiançailles et tout ça pendant qu'elle était enceinte.
Résumée ainsi, l'affaire Elizabeth paraissait effectivement scandaleuse. A sa droite, Théa siffla.
- Tu vois, mère, lâcha-t-elle, je ne suis pas si compliquée en fait comme fille...
- Je n'ai jamais prétendu que tu l'étais, rétorqua Cordelia en roulant des yeux. Mais je ne pensais que c'était si compliqué en effet... Que pensait Archer franchement ?
- Ah les raisons du cœur, déclara Leonidas, indulgent. Tout le monde peut reconnaître que ce n'est jamais facile, non ?
Immédiatement, Julian songea à Hanna. La dernière fois qu'il lui avait parlé, c'était dans sa lettre d'il y a une semaine. Elle lui racontait qu'elle se sentait un peu seule à cause de Matthew qui passait plus de temps avec ses joueurs de Quidditch de Gryffondor et surtout Charity Burbage. Elle se demandait si ce n'était pas inévitable maintenant qu'il n'était plus là pour faire le lien entre eux, même si dès qu'ils se retrouvaient tout allait bien. C'était ambivalent donc et elle ne savait pas quoi en penser. Il avait eu de la peine pour elle. Il savait ce que la distance pouvait faire à une relation et pourtant il ne doutait pas que s'il la revoyait en face de lui demain, ça serait comme s'il n'était jamais parti. Une dualité dure à vivre en somme, mais il se refit une note mentale pour demander à Matthew ce qu'il en pensait et surtout ce qui passait avec Charity bon sang. Il se souvenait vaguement d'elle. Ils avaient eu des cours en commun et elle plaisantait parfois avec Matthew comme ils étaient dans la même maison, mais elle ne l'avait pas plus marqué que ça.
Mais après tout, une relation pouvait évoluer rapidement. Il n'y avait qu'à voir comment la sienne avec Hanna avait pris une route glissante, comment Archer et Elizabeth s'étaient rencontrés, comment il avait d'abord trouvé Noah antipathique avant de se lier avec lui grâce au dessin... La tête baissée vers sa tasse de thé, il sentit une sensation étrange lui oppresser la poitrine en réalisant qu'il venait de comparer sa relation avec Noah à... Il préférait ne pas y penser.
- Si vous voulez mon avis, cette Elizabeth a l'air d'une fille à problème, reprit Cordelia d'un ton sans appel. Elle a été poursuivie pour un crime vous avez dit ?
- Je crois, oui, répondit Lysandra. Enfin, si ma mémoire est bonne elle n'a pas été jugée. Je ne sais plus pourquoi...
- Parce qu'elle s'est enfuie.
D'un bloc, toute la table se tourna vers lui. Théa avait l'air prête à manger un bol de popcorn en l'écoutant et il décida de s'adresser à elle principalement, plus à l'aise.
- Il y a eu un Tournoi à Poudlard il y a deux ans. Elle participait pour sa maison, mais au moment de son épreuve, elle a dû affronté un épouvantard. Et il a pris la forme d'un... d'un corps.
- Morgane... Un corps ?
- Celui d'une jeune Auror apprentie qui s'était fait tuer par des mangemorts. Un mandat d'arrêt a tout de suite été lancé contre Elizabeth. Si elle connaissait le corps de Gemma Ackerley, c'est qu'elle savait quelque chose sur sa mort. Peut-être même que... qu'elle était responsable. On n'a jamais su, elle s'est enfuie et a dû quitter le pays pour venir ici.
Il termina son récit avec un regard entendu et sa tante blêmit, l'air encore plus affolée qu'il y a quelques minutes, tandis que Leonidas et Lysandra jetaient des coups d'œil vers l'entrée comme s'ils se demandaient si Elizabeth n'allait pas débarquer pour tous les tuer.
- D'accord, c'est même pire que ce que je pensais, s'inquiéta à nouveau Lysandra. Leo, la prochaine fois que je te dis que ma famille ne pourrait pas être pire, rappelle-moi que vous avez une potentielle meurtrière sous votre toit, tu veux bien ?
- Lysa...
Il n'eut pas le temps de défendre sa famille car Tikky, l'elfe de maison, entra à cet instant dans le salon, manquant de les faire sursauter.
- Messieurs, mesdames, s'inclina-t-il. Dame Isadora vous demande dans le grand salon.
- Maintenant ? J'ai même pas terminé mon omelette ! protesta Théa, dépitée.
- Parce que tu veux vraiment louper ce qui va suivre ? lui fit remarquer Lysandra en se levant.
Théa parut reconsidérée sa position et le tira brusquement sur ses pieds, une main agrippée à son coude, l'autre piochant une dernière bouchée de son petit déjeuner.
- C'est pas faux. Allez viens, Julian, tu m'expliqueras si y'a des choses anglaises que je comprends pas.
- Des choses anglaises...
- Allez ! Et lâche ta tasse de thé.
Son ton directif mit fin à ses protestations et il se résolut à suivre sa cousine, les adultes dans leur sillage. Dans l'entrée, les tableaux accrochés au mur chuchotaient fiévreusement entre eux, signe d'émoi. La grande tante Saranna, celle qui avait donné son nom au manoir, était sûrement la plus agitée sous sa lourde perruque poudrée.
Ensemble, ils entrèrent dans le grand salon où se trouvaient déjà grand-mère Isadora, Charlotte, son père, Archer, Elizabeth et son bébé, mais aussi deux personnes qu'il n'avait jamais vues. Il devina leur identité d'un seul coup d'œil. Robert Grims, l'aîné de la fratrie et son oncle, ressemblait énormément à son défunt père d'après ce que Julian avait pu voir sur les portraits. Il partageait avec ses deux sœurs des traits communs, plus marqués, même si ses cheveux étaient d'un brun profond striés de mèches grises. En costume, il se tenait près de la cheminée, raide et nerveux. Assise dans un fauteuil près de lui, sa femme, Dilysa, semblait ne pas réussir à regarder quiconque en face. Incontestablement, Archer tenait d'elle : mis à part ses yeux bleus colbat – marque de la famille Grims – il avait le nez, la minceur et les oreilles légèrement décollées de sa mère.
Le silence dans la pièce était si pesant que Julian se mit à fixer obstinément le hochet du bébé, une chouette aux plumes bleues et aux grands yeux écarquillés qui agitaient les ailes au rythme des secousses. Il commençait à lui trouver une ressemblance troublante avec Otis Clavis, le gardien d'Ilvermorny, lorsque grand-mère Isadora finit par prendre la parole.
- Bien, je vous remercie à tous d'être venu si vite. Ce n'est pas idéal bien sûr. Robert, pour une fois que tu es là, j'ose espérer que tu te présentera formellement aux enfants d'Ethan et Aurélia après tout cela ?
Le regard de Robert glissa vers eux. Il parut seulement prendre conscience de leur présence et il les dévisagea, lui et Charlotte, avant de se reprendre. Julian aurait été incapable d'interpréter ce qu'il ressentait en découvrant les enfants de sa sœur plus de quinze ans après leur naissance. A sa décharge, il ne savait pas non plus quoi penser de lui.
- Bien sûr, mère, finit-il par déclarer avec raideur. Je vous prie à tous de m'excuser pour mes absences répétées, le marché du Dragot est compliqué en ce moment et je n'ai pas pu me libérer... Et je constate que j'ai donc des choses à rattraper.
Cette fois, il désigna d'un air entendu Elizabeth, assise dans un fauteuil avec Archer derrière elle. Sa main était posée sur son épaule, comme s'il voulait réaffirmer la nature de leur relation.
- En effet, il y a des choses à rattraper, confirma sa grand-mère. A commencer par cette histoire. Archer, lorsque nous avions évoqué la possibilité de fiançailles pour le printemps en vu de la fin de tes études, je ne pensais pas exactement à... ça.
- Ça ? répéta Archer d'un ton mordant alors qu'Elizabeth tressaillait. Qu'est-ce que ça veut dire « ça » ?
- Je pense que c'est explicite.
D'une main gracile et gantée, Isadora désigna le bébé.
- Mademoiselle, je ne doute pas de votre... bonne foi. Mais vous reconnaitrez tous les deux, je le pense, que tout ceci n'est pas convenable.
- C'est même ridicule, intervint Robert, agacé. Enfin, Archer, je ne vois même pas pourquoi nous en discutons ! Tu ne peux pas t'afficher avec une jeune femme qui a déjà un enfant et dont la situation est...
Il ne termina pas sa phrase, laissant planer un silence sans doute plus explicite et Elizabeth s'empourpra.
- Mais père...
- Mais rien du tout, Archer ! Par Morgane, réfléchis deux secondes. Tu es l'héritier de cette famille, l'ensemble de nos amis et connaissances observent ton avenir avec attention. Tu imagines ce que les gens vont dire ?
- Ce ne serait pas convenable, répéta grand-mère Isadora.
Julian piétina sur place. Il n'avait aucune idée de la raison de sa présence et toute la scène lui paraissait complètement irréaliste. Pendant quatre mois, loin du manoir, il avait presque oublié le statut si aristocratique des Grims, mais la réalité lui revenait en pleine face. A part son père et sa sœur, personne n'avait d'ailleurs étonné de la conversation : Théa, Leonidas et Lysandra regardaient presque Archer avec compassion, mais aussi une pointe d'ironie, comme s'ils savaient qu'il n'avait aucune chance.
- Est-ce qu'on peut au moins en discuter ? plaida-t-il malgré tout. J'y ai beaucoup réfléchis ces derniers mois, je sais que ce n'est pas idéal, mais Elizabeth et moi nous nous...entendons vraiment bien. J'étais au courant de sa situation depuis le début et je suis prêt à faire ce qu'il faut.
- Quoi ? A élever l'enfant d'un autre à dix-sept ans ? coupa Dilysa, incrédule. Enfin, mon chéri, redescend sur terre. Ce n'est pas envisageable. Et comme disait ta grand-mère, ce n'est surtout pas convenable. Pense à ce que les gens vont dire, pense aux jeunes filles que nous avions envisagées pour un futur mariage...
- Il n'est pas question de mariage pour l'instant, mère !
- Pas maintenant, non, mais ça viendra un jour. Et je ne veux pas qu'une erreur – une relation malencontreuse – compromette tes chances. Il faut être réaliste, Archer.
- Et vous ne pouvez pas prendre en compte ce que je veux moi ? Ce que nous voulons tous les deux ? Notre relation est déjà là, ça fait des mois que nous nous envoyons des lettres ! Prenez le temps d'apprendre à connaître Elizabeth !
Celle-ci se râcla la gorge. Julian se retint de fermer les yeux comme s'il assistait au déraillement d'un train.
- Je comprends vos inquiétudes, convint-elle. Je sais que ma présence n'est pas... voulue.
- Elizabeth, non...
- Ce n'est rien, Archer, nous le savions tous les deux. (Elle sourit, crispée). Je sais aussi que ma situation est loin d'être « convenable ». Mais Archer a été là pour moi depuis mon arrivée ici. Nous nous sommes rencontrés à une soirée chez les Wilkinson l'année dernière car un ami de la famille a eu la gentillesse de m'héberger avant que je ne trouve un logement plus permanent. Et... nous nous sommes juste aperçus que nous avions énormément en commun.
- Des intérêts ne font pas une relation, objecta Robert. Vous ne paressez pas vous rendre compte de la situation dans laquelle vous nous mettez, mademoiselle.
- Au contraire, je m'en rends pleinement compte. Sauf votre respect, monsieur, je viens d'un milieu qui... m'a bien fait comprendre l'inconvenance de ce que je représentais. Croyez bien que je n'aurais pas choisi cette vie de gaité de cœur.
- Et pourtant ce sont des choix qui mènent à ce genre d'incident, lui rétorqua Dilysa sèchement. Il y a une raison pour laquelle le mariage est censé être sacré.
- J'étais fiancée quand je suis tombée enceinte, tenta de se défendre Elizabeth.
- Mais pas encore accusée de meurtre.
Julian se raidit. Pendant une seconde, le silence reprit ses droits et tout le monde se figea, désarçonné. Cordelia, qui venait de parler, toisa Elizabeth avec froideur.
- Cordelia, mit en garde Leonidas d'une voix sourde.
- Quoi ? On peut passer encore une heure à disserter sur la convenance ou non d'une grossesse hors mariage, l'enfant est là maintenant et on ne pourra rien y faire. Je pense que ce n'est même pas le plus grand problème dans la réputation de cette jeune fille. (Elle leva la main comme pour apporter du poids à ses paroles). Quand est-ce que nous comptons parler de l'affaire judiciaire dans laquelle elle est impliquée ?
- Je ne suis pas sûr de suivre, dit Robert, sourcils froncés. Quelle affaire ?
Paniquée, Elizabeth échangea un regard lourd de sens avec Archer. Visiblement, il savait. C'était déjà une crise de moins à gérer. Julian n'aurait pas supporter de le voir apprendre la vérité devant eux tous. Pourtant, le fait qu'Archer soit au courant le laissait perplexe : comment pouvait-il la soutenir tout en sachant ce qu'elle avait fait ?
- Ce n'est rien, tenta de nier son cousin. Une histoire sans importance, c'est réglé.
- Rien n'est sans importance quand il s'agit des membres de ma famille, asséna grand-mère Isadora. De quelle affaire s'agit-il, Cordelia ?
- Je ne connais pas les détails. Julian et Lysandra viennent de me l'apprendre.
Comme dans une parodie effrayante du petit déjeuner, tous les regards se tournèrent vers lui et la femme de son parrain. Si Lysandra réussit à garder une expression neutre sur son beau visage, il dût afficher sa panique un peu trop franchement car Leonidas eu l'air inquiet et alluma une cigarette.
Dans son fauteuil, Elizabeth pivota vers eux, étonnée. Elle ne sembla pas le reconnaître, pas plus qu'hier soir. Il ne pouvait pas vraiment l'en blâmer : pour la plupart des gens à Poudlard, il avait été un élève de plus perdu dans la masse, l'ami Serdaigle de Matthew Bones tout au plus. Pour quelqu'un comme Elizabeth Yaxley, il avait dû être purement et simplement invisible.
- Ils ne savent rien, s'exaspéra Archer. Toute cette histoire est un malentendu, je peux vous assurer qu'Elizabeth est innocente.
- Morgane, de quoi parle-t-on ?
- Mère, je vous en prie, faites-moi confiance...
- On parle quand même d'un meurtre, maintint tante Cordelia. C'était qui ? Une jeune Auror tuée par des mangemorts ?
- Des mangemorts, pas Elizabeth. Elle a été accusée à tort à cause d'une peur face à un épouvantard qui ne serait pas recevable devant un tribunal ! Les Aurors n'avaient aucune preuve, c'est bien pour ça que le dossier est classé maintenant et qu'il n'y a aucun mandat d'arrêt contre elle !
La main serrée sur sa canne, grand-mère paraissait prête à s'évanouir ou à les frapper tous. Julian rentra la tête dans les épaules.
- Le dossier est surtout classé parce qu'elle s'est enfuit, commenta Lysandra platement. Je n'appelle pas ça une attitude innocente, même si je suppose qu'il devait y avoir des circonstances atténuantes...
- Atténuantes ? s'étrangla Cordelia. Cette affaire prouve une chose : elle fréquentait des mangemorts. Des partisans d'un mage noir ! Je ne vais quand même pas être celle qui va rappeler la gravité de ce que ça implique ? Vous voulez voir l'histoire se répéter ?
Blême, elle promena ses yeux bleu colbat sur l'assemblée. La mention de Ronan Graves, son mari emprisonné et actuellement en cavale, jeta un froid glacial. A ses côtés, Théa émit un souffle haché et il se décala légèrement pour la soutenir. Elle ne bougea pas, mais il la sentit s'appuyer une seconde contre lui. Archer et Elizabeth parurent désespérés et il se retrouva presque à les plaindre. Presque. Parce que peut-être que Elizabeth était innocente pour Gemma Ackerley – il avait beau ne pas l'aimer, il ne la voyait pas non plus tuer quelqu'un – Cordelia avait raison : elle s'était sans doute liée aux mangemorts. Et les mangemorts avaient tué sa mère.
Instinctivement, ses yeux se portèrent vers le bras d'Elizabeth enroulé autour de son bébé et il se demanda si la marque des ténèbres marquait sa peau pâle juste en-dessous de sa manche brodée d'or. De leur côté, les parents d'Archer semblaient prêts à jeter dehors la fille qui menaçait l'avenir si brillant de l'héritier des Grims. Lysandra, elle, piqua la cigarette des mains de son mari avant d'en prendre une bouffée.
- Cordelia, ne fais pas semblant de comprendre ce qui te dépasse, dit-elle.
- Je te demande pardon ?
- Il est facile de critiquer quand on vient d'une famille comme celle-ci qui a toujours été... philanthrope. Si vous saviez qui était les Yaxley, vous sauriez aussi que cette jeune fille n'a certainement pas eu le choix de ses fréquentations avant maintenant.
- Peu importe que cela vienne d'elle ou de sa famille, nous ne pouvons pas supporter d'être à nouveau associé à la magie noire, Lysandra, protesta grand-mère Isadora.
- Mais personne n'est au courant ! objecta Archer.
- De l'autre côté de l'Atlantique, visiblement tout le monde l'est, mon garçon.
- Alors quoi ? Vous allez vous opposer à ce qu'ils se fréquentent juste à cause de son association fortuite aux mangemorts ? Comme vous aviez émis des réserves pour notre mariage à nous à cause de ma mère née Black ?
Surpris, Julian releva la tête. Il réalisa soudain pourquoi les traits de Lysandra lui avaient paru familiers de plus d'une façon : elle était le portrait de Cassie Bones, bien sûr, mais elle avait aussi toute la noblesse et la beauté des Black. De ce qu'il pouvait juger, ses yeux gris et sa chevelure noire rappelaient incontestablement Sirius et Regulus. Encore plus surprenant, il découvrait donc que les Grims n'avaient pas été en faveur du mariage de Lysandra avec son parrain. A les voir désormais, si proches et unis à se passer la cigarette entre eux, c'était presque difficile à croire.
- Ne ramène pas tout à toi, cingla Cordelia en roulant des yeux. Tu n'étais pas liée à un mage noir et tu n'avais pas d'enfant hors mariage. D'ailleurs tu n'en as toujours pas.
- Oh et n'aimes-tu pas me le rappeler à chaque instant ? siffla Lysandra, l'air furieux.
- Ce qui est inapproprié et certainement pas l'ordre du jour, la soutint Leonidas.
En réponse, Cordelia pinça les lèvres, mais elle finit par se détourner pour recentrer son attention sur Archer et Elizabeth. Cette dernière redressa le menton.
- Ecoutez, je le répètes, je sais que mon cas est difficile mais... je ne supporte pas la magie noire, j'ai fui avec mon fils pour échapper à tout ça et j'aime Archer. Je ne vous demande rien.
- A part peut-être l'argent de cette famille, grommela Robert, le coude posé sur le manteau de la cheminée.
- Père ! Vous ne pouvez pas...
- Bien sûr que si, je peux ! Tu es l'héritier, Archer, agis comme tel ! C'est évident que cette fille ne cherche qu'à mettre la fin pour assurer sa situation par une alliance qui lui donnerait un nom respectable et de l'argent pour élever son bâtard.
L'insulte parut être celle de trop. Les yeux d'Elizabeth étincelèrent.
- Vous pouvez me traiter de tous les noms, monsieur, mais je vous demanderais de ne pas vous en prendre à un enfant d'un an.
- Oh voyons, nous...
- Justement, coupa brusquement Leonidas en s'avançant d'un pas, nous ne nous sommes pas intéressés à ce charmant petit garçon. Archibald, c'est cela ?
Elizabeth lui jeta un regard reconnaissant.
- Oui, monsieur... Archi.
- Presque comme Archer !
- Le destin, sourit-elle, ce qui éclaira son visage. Il est né en octobre l'année dernière à Washington.
- Ah mais ça en fait un Américain !
- Qui reste un Anglais, j'y tiens.
Julian se surprit à sourire légèrement en voyant le bébé agiter à nouveau son hochet chouette. Malheureusement, ça ne parut pas attendrir tout le monde.
- Pour l'amour de Morgane, Leo, ne te mêle pas de ça, dit Cordelia avec mordant. Le problème reste le même, relation sincère ou non. Sa réputation est la même ! Archer ne peut pas se montrer en couple avec elle.
- Une réputation se réhabilite.
- Nous savons très bien que non, contra Dilysa avec un regard d'excuse pour son fils. Mon chéri, je suis désolée, mais c'est la vérité. Rien ne s'oublie et certainement pas à notre niveau. Tout le monde attend le moindre faux pas. Si cette histoire de mangemort et de meurtre nous explose en pleine figure...
- Alors vous ne lui laissez même pas une chance ?
- Archer...
- Nous nous aimons, plaida à nouveau Elizabeth, désespérée. S'il vous plait, je vous promets que je ne veux de mal à personne.
Pendant une horrible seconde, Julian aurait presque été prêt à oublier ce qu'elle représentait. Il aurait même été prêt à l'écouter, à entendre ses justifications concernant Gemma Ackerley. Sa mère n'aurait pas voulu qu'il s'accroche à sa colère, pas devant un amour qui était visiblement sincère. Il n'avait jamais vu ces derniers mois autant d'émotions jouer sur le visage de son cousin.
Mais il était aussi impossible d'occulter les expressions butées des autres dans la pièce. Grand-mère Isadora, Robert et Dilysa restaient inflexibles. Théa et Charlotte oscillaient entre peur et pitié, même s'il s'avait qu'elles finiraient par se ranger du côté du couple. Son parrain et Lysandra, eux, marquaient clairement leur soutien et s'étaient déplacés pour se tenir aux côtés d'Archer. Pourtant, celle qui avait l'air le plus vindicatif restait Cordelia. Droite, elle émit un grondement sourd venu de la poitrine et donna littéralement un coup sur la table près d'elle, faisant vaciller un vase en porcelaine.
- Assez ! proclama-t-elle. La question est réglée ! Vous devriez partir, miss Yaxley.
- Vous n'avez aucun ordre à lui donner, répliqua Archer, poings serrés. Ça ne vous concerne même pas, c'est entre mes parents, grand-mère et nous.
- Tu crois que ça ne me concerne pas ? Vraiment ? (Elle le fusilla du regard et haussa brusquement la voix). Ecoute moi bien, Archer, je ne le redirai pas. Moi vivante, les personnes pratiquant la magie noire ne passeront plus la porte de ce manoir. Je refuse d'accueillir encore une fois ce genre de personne sous le toit où je vis ! Où vivent ma fille et ma mère ! Où vivent la famille de ma sœur assassinée par ces gens ! La magie noire m'a assez coûté ! Tu m'entends ? Mon mariage, ma réputation, ma petite sœur, mon propre fils ! (Sa voix dérailla brièvement et les genoux de Théa flanchèrent une seconde avant que sa mère ne reprenne). Elle veut protéger le sien ? Qu'elle le fasse. Mais pas avec nous ! Dehors !
L'ordre claqua haut et fort, violent. Le bébé se mit à pleurer, effrayé, et Elizabeth elle-même ravala ses larmes alors qu'Archer les dévisageait, sonné. Le bas de sa robe traînant sur le parquet, Cordelia sortit en trombe du salon, bousculant Lysandra au passage. Julian resta prostré où il était, incrédule et le ventre lourd.
Pendant un moment, personne n'osa prendre la parole, puis Leonidas aida Elizabeth à se remettre sur ses pieds avec bienveillance.
- Venez, je vais vous raccompagner, ça vaut mieux. (Il lui tendit le mouchoir glissée dans sa pochette de costume). Tenez, là, ça va aller.
Reconnaissante, Elizabeth essuya ses larmes, tentant de calmer les cris et les pleurs de son petit garçon qui s'égosillait dans ses bras. Sans un mot, elle adressa simplement un signe de tête au reste de la famille avant de partir à son tour, digne. Archer la regarda s'en aller, impuissant.
- C'est pour le mieux, lui assura sa mère avec patience. Tu verras, mon chéri.
Pour le mieux... Julian n'en était plus si sûr.
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Alors ? ^^
J'avoue j'ai adoré écrire ce chapitre et j'espère qu'il vous a plu ! Il y a plusieurs mentions à des personnages ou des situations de ATDM, j'espère que tout était clair pour vous. Si l'histoire de Elizabeth vous semble encore floue, surtout dites-le moi et je referai un debrief.
Prochain post : Chapitre 25 - Lundi 20 septembre
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