Chapitre 23 : Abattre le dernier mur
Helloooo ! Ca y est on se retrouve pour le dernier post avant la pause estivale traditionnelle ^^ J'ai l'impression que l'année est passée super vite haha !
Je dois dire que je suis assez contente de cette première partie de tome 2 : elle s'est écrite sans trop de difficulté, à part quelques points de tensions mais quelques discussions avec Perri ont suffi pour garder le rythme fluide. J'espère que pour vous tout va bien aussi. On y reviendra en bas, mais n'hésitez pas à me dire ce que vous aimez, ce que vous aimez moins, la direction que vous aimeriez voir l'histoire prendre. Je ne garantis rien, mais ça m'aidera et comme la suite n'est pas encore écrite, tout peut évoluer si des idées me viennent haha !
Concernant la rupture entre Noah et Othilia, merci pour vos retours ! Dans la grande majorité, ce que je voulais faire passer à été ressenti : ce sont deux ados qui vivent une première déchirure amoureuse et qui ne sont plus sur la même page. C'est dur à vivre, ils ont des traumas chacun à gérer vis-à-vis de la situation et tout prendra du temps.
En tout cas, ça nous fait arriver à ce moment... Je ne vous en dis pas plus, on se retrouve en bas ^^
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Chapitre 23 : Abattre le dernier mur
« Nous savons que dire à quelqu'un qu'on l'aime n'est ni une promesse, ni un engagement, que c'est une garantie pour l'instant, une explication temporaire de nos comportements. Un gage, prêté, ou que l'on échange, à un moment donné, contre la confiance qui nous permettra de créer de l'intimité. »
- Agathe Saint-Maur, De sel et de fumée-
// 27 novembre 1980 //
Au final, Noah n'était jamais revenu de son tour pour « voir s'il trouvait d'autres livres ».
Julian était pourtant resté encore plus de trente minute à leur table sur le balcon en fer forgé qui surplombait la bibliothèque avant de remballer ses affaires et celles de Noah. En redescendant, il avait un détour pour éviter de passer devant les tables de Liam, Aileen, Wilde, Othilia et Théa et il était maintenant tout seul dans son dortoir, enfin plus au calme. Il aurait dû en profiter pour terminer son analyse de baguette, surtout qu'il ne manquait plus grand-chose, mais la disparition soudaine de Noah occupait trop son esprit. Dès qu'il posait les yeux sur son parchemin, ses pensées dérivaient. Rien de nouveau sous le toit d'Ilvermorny en somme.
Il se demanda où Noah avait bien pu aller s'il n'était pas revenu à leur dortoir ? Et surtout pourquoi ? Une énième fuite après sa blague un peu trop explicite ? « Je peux me mettre à genoux pour autre chose sinon » ... Rien qu'en y repensant, Julian sentit son visage le brûler. Tout était un éternel recommencement entre eux en vérité : un pas en avant, deux en arrière. Un baiser, des vérités exprimées, se cacher derrière des mensonges, nier toujours et encore... Noah avait fait des effort dernièrement pourtant, mais il avait parfois l'impression que ça ne serait jamais suffisant sans que ça soit vraiment leur faute. C'était juste ainsi. Même Zack Ledwell, qui avait apparemment pris la décision de ne plus se cacher, vivait en marge. Parce que tout était dangereux. Et il ne savait pas s'il était prêt à faire un tel sacrifice, à toujours être en décalage et à se cacher au cas où sans savoir comment son entourage pourrait réagir. C'était épuisant.
Epuisant, oui, mais ça ne l'empêchait pas d'espérer que Noah franchisse la porte de leur dortoir ici et maintenant.
- Merlin...
Son soupir se perdit dans le silence. D'un œil, il jeta un regard sur sa pile de courrier et décida qu'il ferait mieux de s'occuper au lieu de ressembler à une héroïne de Jane Austen.
Il repoussait le moment depuis le début du week-end, faute de temps, mais il avait vu passer une lettre de grand-mère Isadora et de Matthew dans le lot ; il était grand temps qu'il leur réponde. Il piocha une enveloppe au hasard dans la pile : c'était celle de son meilleur ami.
Salut Ju',
Désolé de ne pas avoir répondu avant, je pensais que j'aurais plus de temps après les vacances d'Halloween, mais en fait c'est tout le contraire.
Les entraînements de Quidditch sont de plus en plus intenses et me prennent presque un soir sur deux. Je sais ce que tu vas me dire : t'es capitaine, c'est toi qui gère les entraînements, qu'est-ce que tu fiches ? T'as raison, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je ne sais plus si je te l'avais dit ou si j'avais voulu effacer le match de ma mémoire pour ma santé mentale, mais on a perdu contre Serdaigle la dernière fois. En même temps, face à Artemisia Meadowes... J'ai appris que des recruteurs étaient venus la voir. Ils viennent souvent observer les septième années avant leur sortie de Poudlard ; mais là s'ils s'intéressent déjà à elle alors qu'elle a encore deux ans à faire, c'est qu'elle passera pro c'est sûr ! Bref, tout ça pour dire qu'on doit vraiment mettre les bouchées doubles si on veut espérer rester dans la course pour la Coupe de Quidditch.
Pour celle des Quatre Maisons, disons que j'ai abandonné. Mes résultats sont pas mauvais pourtant, mais clairement c'est pas moi qui vais sauver Gryffondor. Je crois que Lily Evans ne m'a jamais autant manqué, elle nous sauvait de la disgrâce au moins. Et c'est pas Charity avec ses notes en Etudes des Moldus qui va nous aider non plus !
En parlant de Charity – je t'interdis de rire à ma transition bancale, j'ai fait deux paragraphes sans parler d'elle, c'est bon mon honneur est sauf – les choses sont un peu compliquées... Rien de dramatique, hein, mais on s'est un peu engueulés dernièrement. Ça serait dur de tout t'expliquer par écrit, désolé tu dois pas comprendre grand-chose, j'ai juste besoin d'en parler je crois... Hanna et moi, on se parle toujours pas, et les gars de mon dortoir ne comprendrait pas vraiment. J'ai tenté de leur parler une fois et ils ont dit que Charity était juste hystérique, que je devrais me trouver une copine moins prise de tête. Ca m'a énervé. Et ce qui m'énerve, c'est que Charity parle à Hanna par contre.
Oui, oui, t'as bien lu. J'ai cru que j'allais halluciné au petit-déj la dernière fois, mais elles étaient ensemble à discuter. Elles ont pas l'air d'être devenues les meilleures amies du monde non plus, mais je les vois de temps en temps échanger quelques mots dans le Hall ou la salle d'étude. Quand j'en ai parlé à Charity, elle m'a juste répondu que « c'était pas parce que j'étais en froid avec Hanna qu'elle devait faire pareil et qu'elle avait sa propre personnalité ». Voilà ! Ambiance !
Bon, je sais, tout ça doit te paraître un peu flou. Pour résumé, on s'est engueulés avec Charity mais on se reparle maintenant... Seulement, on a jamais reparlé de notre dispute en tant que telle. C'est comme si rien ne s'était passé. Alors c'est plutôt pas mal, j'avoue, mais... je sais pas, y'a quelque chose qui me dérange. Et je sais ce que tu vas dire : « parle-lui ». Le problème, c'est qu'elle ne veut pas parler. C'est juste pas son truc. Et c'est un peu le nœud de notre problème.
Je lui reproche de pas assez s'ouvrir à moi sur tous les plans et elle me reproche de trop forcer, d'en demander trop... C'est pas censé être l'inverse ? Depuis quand c'est le gars qui en demande trop ? C'est frustrant, je comprends rien.
En plus, j'ai pas l'impression de vouloir « trop » quand je lui dis qu'on est en couple : on passe notre temps ensemble, on a eu des rendez-vous tout l'été, et disons que les choses ont aussi avancé dans la salle de bain des préfet si tu vois ce que je veux dire... (non, avant que tu demandes, pas jusqu'au bout mais tu vois l'idée). Et même là, je l'ai senti sur la réserve, c'est bizarre.
Bref... Je sais pas ce que t'en penses, je voulais ton avis. Est-ce que ça vous arrive aussi avec N. ? (Oui, je maintiens mon utilisation d'initial). Tu disais que parfois t'avais du mal à savoir ce qu'il pensait ou voulait vraiment non ? Est-ce que... vous aussi « les choses ont avancé » d'ailleurs ? Parce que tu peux m'en parler, tu sais...
Voilà, allez, j'arrête là sur Charity, c'est largement suffisant. Enfin presque. C'est un peu lié au sujet de notre dispute, mais il y a autre chose dont je voulais te parler dans cette lettre. Cette année, les vacances de noël vont être un peu particulières. Mes parents vont devoir pas mal bosser pour ne pas changer et comme Charity ne veut peut pas venir, j'ai décidé de passer ma deuxième semaine de vacances avec tante Lysa et tonton Leonidas !
Doooonc devine qui sera à New-York pour ton anniversaire ?!
J'ai hésité à garder la surprise, mais on ne va pas la faire chaque année, c'est compliqué à mettre en place. Hâte de redébarquer chez les Grims et de te voir en tout cas !
A bientôt !
Matt
Julian contempla la lettre et la tête lui tourna une seconde. Trop d'informations d'un coup ! L'émotion prédominent fut d'abord l'excitation et la joie : Matthew allait revenir pour les vacances. Après un an sans le voir, le peu qu'ils avaient eu l'hiver dernier avait paru si court qu'il en était resté sur sa faim. Les lettres maintenaient le lien, bien sûr, mais ce n'était pas pareil que de pouvoir discuter ensemble de vive voix jusqu'à tard dans la nuit ou même pouvoir faire des parties de scrabble jusqu'à s'envoyer les lettres à la figure de frustration. Sourire aux lèvres, il relut donc trois fois le passage où le voyage était mentionné pour être sûr de ne pas mal comprendre avant de s'attarder à nouveau sur le reste des mots.
La deuxième émotion le frappa alors. L'inquiétude. Comme la dernière fois, il lut entre les lignes ce que Matthew disait sans s'y attarder ou sur le ton de l'humour : il paraissait éprouvé par toutes ses responsabilités. Capitaine de Quidditch, les Aspics, ses frères et ses parents... Jusqu'à présent, Charity avait eu l'air d'être la bouffée d'air frais parmi tous les soucis, mais l'air frais semblait s'être changé en ouragan ces derniers temps. En plus de ça, il avait dû mal à saisir tous les enjeux de la dispute. Matthew restait évasif, comme si lui-même ne comprenait pas très bien ce qui avait déraillé, et il se demanda quels conseils il pouvait bien donner à son meilleur ami. La comparaison dans la lettre avec Noah lui arracha une grimace : en vérité, il savait quel conseil fonctionnait même si c'était sans doute un peu hypocrite de sa part. Parler ensemble, poser tout à plat, communiquer. Même si Noah et lui avaient fait des progrès fulgurants dans ce domaine – ça aurait été difficile de faire pire que l'année dernière de toute façon – il avait conscience que le chemin serait encore long.
Quant à Charity et Matthew, les choses avaient l'air d'autant plus compliquées que la dispute semblait peser sur lui alors même que Charity l'avait écarté comme si de rien était. Deux visions différentes donc, ce qui n'allait pas être simple si une nouvelle dispute éclatait. Il espéra que ça ne serait pas le cas.
Perdu dans la contemplation de la lettre de Matthew qu'il était en train de relire pour la troisième fois, il manqua de louper la porte du dortoir qui s'entrouvrit sans bruit. Ce fut le parquet grinçant qui l'alerta et il releva les yeux pour découvrir Noah en train de refermer le battant dans son dos, le souffle presque court. Il se redressa brusquement, lettre oubliée.
- Merlin ! T'étais passé où ? s'exclama-t-il avant que Noah ait pu sortir un mot.
Au lieu de lui répondre, celui-ci parcourut la pièce d'un bref regard.
- Les autres sont pas là ?
- Quoi ? Non, non... Ils doivent toujours être à la bibliothèque. Là où j'étais aussi, tu sais, si tu me cherchais...
Il mêla son accusation à une bonne d'ironie, pas vraiment en colère mais davantage curieux. Noah ne parut de toute façon pas plus relevé, toujours agité, et il traversa le dortoir pour venir près de lui sur le lit. Son cerveau enregistra un peu trop cette information avant de se reconcentrer.
- Désolé, finit par s'excuser Noah. J'avais pas prévu de partir... J'avais juste quelque chose à faire et ça demandait un peu de temps.
- Du temps ? Pourquoi ?
Noah baissa la tête. Ses boucles noires – qui commençaient à être trop longues – retombèrent sur son front et cachèrent son regard. Il faillit ne pas l'entendre quand il répondit, même si proches :
- Pour faire les choses bien pour une fois...
- Qu'est-ce... ?
Il se coupa de lui-même. Noah avait relevé la tête et une certaine solennité habitait ses traits. Un espoir impossible à endiguer gonfla en lui, mais il tenta de le réprimer. Il ne voulait pas subir une énième déception et pourtant il se repassa la vision de la bibliothèque, les tables à travers les rayonnages... Il avait fait un détour pour éviter les autres et il avait distingué vaguement les cheveux roux d'Aileen, toujours si voyants, et même la silhouette massive de Wilde à côté de celle plus menue de sa cousine. Mais il n'avait pas vu le carré blond d'Othilia. Il avait juste pu la louper parmi tous les élèves pourtant, ce n'était pas impossible. L'espoir le poussa malgré tout à demander.
- T'étais avec Othilia... ? murmura-t-il.
Ses doigts se crispèrent sur le couvre-lit si fort qu'il sentit ses ongles lui rentrer dans la paume à travers le tissu. Et alors, après une multitude de secondes qui parurent une éternité, Noah hocha la tête.
- Ouais, j'étais avec elle, acquiesça-t-il. Et c'est fini, Jules. Entre elle et moi, c'est terminé, ça y est.
Les mots résonnèrent avec un écho étrange, le tintement d'une finalité attendue et en même temps irréelle. Honnêtement, il pensait presque ne jamais les entendre, ces mots. A force, une certaine résignation s'était emparée de lui et il ne le reprochait plus qu'à moitié à Noah : lutter contre tout un système, une société et des lois était un prix trop élevé. Ils n'y arriveraient jamais et il était condamné à être juste « l'autre » dans cette relation, celui qui serait aimé dans l'ombre comme tant d'autres avant lui. Parce que leur relation – les relations comme la leur – ne pouvait être vécu qu'à l'image de leur premier baiser. Dans l'obscurité caché, sous terre, en marge... La lumière et le monde réel étaient fait pour les filles parfaites comme Othilia, celle qu'on pouvait embrasser et prendre par la main avec fierté. Sans honte, ni crainte. Il en était venu à se persuader que si ce n'était pas elle, ça en serait toujours une autre de toute façon. A ce jeu, il avait forcément perdu le rapport de force.
Et pourtant...
Et pourtant, Noah Douzebranches l'avait fait. Il lui avait prouvé qu'il avait tort. Il ne lui offrait pas encore ni la lumière ni le monde réel – peut-être même ne pourrait-il jamais lui offrir – mais il lui donnait encore mieux : une relation sans concession. Sans le goût de trahison sur chaque baiser, ni sans l'impression de ne pas être assez... Finalement, ça ne devrait le surprendre qu'à moitié. Noah avait passé sa vie à croire qu'il n'était pas assez et il avait donc fait enfin le choix de ne pas l'imposer à son tour. Il eut l'impression de respirer pour la première fois depuis un an et demi.
Ce fut alors plus fort que lui : il sourit.
Il s'en voulut presque instantanément pourtant ; il n'aurait pas dû sourire à une annonce pareille. Il aurait dû demander à Noah comment il se sentait, si Othilia allait bien, dire qu'il était désolé d'en être en partie la cause. Il aurait dû trouver des mots d'apaisement, mais il n'arrivait qu'à sourire, soulagé.
Sans doute trop tard, il tenta de le cacher en portant son poing contre sa bouche pour le dissimuler faute de pouvoir le ravaler et espéra se donner un air songeur. Noah lui renvoya un regard pas dupe, amusé.
- T'as le droit, tu sais, lui lança-t-il avec affection. Je sais que ça a été long, je suis désolé... Pour toi et pour elle...
Il aurait voulu le rassurer et affirmer que non, mais le mensonge ne réussit pas à se former sur sa langue. Noah ne l'aurait pas cru de toute manière et il laissa donc retomber son poing, laissant libre court à son sourire vacillant et à ses émotions contradictoires.
- C'est vrai, convint-il. Mais peut-être que c'était le bon moment. Le faire plus tôt si tu n'étais pas prêt, ça nous aurait peut-être tous envoyé dans le mur...
- Peut-être, ouais...
Ca n'empêchait pas une certaine mélancolie d'émaner de lui. Il aurait voulu la chasser tout en sachant qu'il n'en avait pas le droit : perdre Othilia – d'une façon ou d'une autre – avait toujours été une angoisse pour Noah, une angoisse qui se réalisait aujourd'hui.
- Merci... souffla-t-il alors, porté par la spontanéité. Je me doute que ça n'a pas dû être facile donc merci...
- Merci ?
Incrédule, Noah secoua la tête.
- Jules, parfois j'aimerais savoir ce que j'ai fait pour que tu débarques dans ma vie, fit-il avec une touche de fascination. C'est à moi de te dire merci de ne pas avoir abandonné.
- Non, tu...
Il s'interrompit à nouveau lui-même. Noah ne comprenait pas qu'il n'aurait pas pu l'abandonner même s'il le voulait et ça le terrifiait autant que ça l'emportait dans une vague euphorique. Seulement, pour la première fois, il n'y avait plus de mur entre lui et ce sentiment. Son sourire revint en force à cette seule pensée et il renversa la tête en arrière pour tenter de réprimer le rire instinctif qui montait en lui. Noah rit à son tour.
- C'est bon, Jules, t'as le droit, répéta-t-il.
Il tenta de s'en convaincre, à moitié convaincu même s'il le désirait si fort. Avoir le droit semblait à vrai dire encore une notion un peu galvaudée, surtout avec la Loi des Mauvaises Mœurs, mais peu importe. Il retourna donc son attention vers Noah, puis déclara d'une voix enrouée :
- Ca aussi, j'ai le droit maintenant, non ?
Et il se pencha pour venir l'embrasser, juste pour le plaisir de le faire. Pour une fois, il tenait à ce que ça ne soit pas Noah qui rompt la distance et prenne l'initiative, il en avait envie. Il en avait envie depuis des semaines, porté par les regards de Noah, ses sous-entendues, ses touchées, son propre désir. Et Merlin, ce que ce baiser parut différent d'un coup. Plus libre, plus libérateur. Il ne dura pas longtemps, il ne voulait pas les emmener sur une pente qu'il ne maîtriserait pas, mais il savoura les lèvres de Noah contre les siennes avec enthousiasme. Quand il brisa le baiser, ce fut à cause de son sourire une énième fois.
Noah l'imita et ils devaient certainement avoir l'air un peu niais, tous les deux à sourire face à face sur ce lit à baldaquin, mais tant pis. Dans ce sourire, Julian lisait surtout tout le chemin parcouru et Merlin ce que la route avait été éreintante. Ça ne l'empêcha pas de voir danser entre eux la figure de celle qui avait pesé sur leur relation durant des mois et il se résolut à poser la question fatidique :
- Et Othilia ? Comment... comment elle l'a pris ?
La légèreté de Noah le déserta en une seconde. Il ne rencontra d'ailleurs pas tout à fait son regard en répondant.
- Pas très bien, avoua-t-il du bout des lèvres. En fait, je pourrais même pas te dire si je l'ai quitté ou si c'est elle qui m'a quitté... ça a été rapide et en même temps j'ai l'impression que ça a duré une éternité. On avait tous les deux trop tirés sur la corde, elle a juste rompu aujourd'hui... On savait que ça allait arriver, on savait juste pas quand exactement...
- Oh...
- Ouais... Je me suis rarement senti aussi mal, mais il fallait le faire. Pour elle et pour moi, vraiment. J'ai essayé de la rassurer, je lui ai dit qu'elle méritait mieux et que je l'avais aimé mais... ça suffit juste pas parfois, tu sais ?
Il y avait une sorte de gravité peu commune dans la voix de Noah et il hocha la tête, compréhensif. Dans la dernière partie de la phrase, il entendit surtout toute l'histoire avec Heather : oui, parfois, l'amour ne suffisait pas. L'amour d'une mère, l'amour d'un couple... Le sentiment avait beau pouvoir déplacer des montagnes, il n'était pas une formule magique qui pouvait tout réparer ni tout guérir. C'était ainsi. Il tiqua cependant sur un autre mot. « Mériter », toujours et encore.
- Elle méritait quelqu'un qui l'aimerait elle, sans mensonge ni concession, corrigea-t-il avec douceur. Ça ne veut pas dire que tu n'étais pas assez bien, ni qu'elle l'était trop pour toi. L'amour, ça ne se gagne pas à force de sacrifices répétés, tu te souviens ?
- Hum...
Noah eut l'air d'avoir du mal à acquiescer, mais il le fit quand même, signe que l'idée commençait à s'ancrer en lui. Puis, un tic nerveux agita sa joue et il parut hésiter à poursuivre.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Noah soupira.
- Faut que je te dises un truc...
Le genre de phrase qu'il redoutait, merveilleux. D'instinct, il sentit son estomac se plomber et il laissa ses doigts pianoter contre sa jambe pour se calmer et se laisser le temps de stabiliser sa voix.
- Qu'est-ce qu'il y a ? répéta-t-il, nerveux.
- C'est Othilia... Je te l'ai dit, elle était assez mal, on a parlé de plein de choses... De nous surtout pour essayer de comprendre pourquoi ça n'avait pas fonctionné, qu'est-ce qu'on avait fait ou pas fait. (Il déglutit). C'était assez chaotique, mais... elle...
- Elle quoi ? pressa-t-il.
Il détestait cette sensation d'être suspendu à l'annonce d'une catastrophe et Noah lui donna raison en soufflant finalement, le visage grave :
- Elle sait, Jules. Pour toi. Enfin, elle sait pour nous je veux dire.
- Quoi ?!
Le son qui sortit de sa bouche parut distordu. Il n'y avait pas d'autre mot : distordu par une panique soudaine, un shot d'adrénaline dans les veines. Il n'avait plus aucune envie de sourire. Sa relation avec Noah était leur secret ; un secret absolu et la dernière personne qui aurait dû être au courant était Othilia elle-même. Elle était même la pire personne, celle qu'il fallait garder à tout prix dans l'ignorance.
Immédiatement, Noah leva les mains, comme pour le stopper d'être emporté dans une spirale infernale.
- Non, non, ça va ! Je te jure que ça va ! Eh, Jules, regarde-moi d'accord ? (Il porta une de ses mains à son visage et l'autre descendit sur son genoux, l'ancrant à lui). Elle m'a promis de ne rien dire. On y a passé du temps, mais... elle ne te fera rien. Je ne l'aurais pas laissé partir si j'avais eu le moindre doute, je te le jure.
- Elle ne me fera rien ? haleta-t-il. Mais toi ? Toi ?
- Non plus... j'en suis presque sûr. Elle n'est pas comme ça, tu le sais. Elle a menacé de tout révéler à un moment, mais c'est la colère qui parlait et honnêtement je suis mal placé pour la blâmer. Mais elle a fini par comprendre que ça serait trop dangereux pour tous les deux... Tout ira bien, Jules...
A son ton, il comprit que Noah tentait de se rassurer tout autant lui-même, mais il ne protesta pas. Au lieu de ça, il se laissa entraîner dans son étreinte, habité par le besoin de le sentir contre lui. Ils mirent quelques secondes, mais ils finirent par se retrouver adossés à la tête de lit, les jambes allongées devant eux, et le bras de Noah passé en travers de ses épaules. A quelques détails près, c'était la même position qu'en début d'année après son retour de fugue, même si ça avait été lui qui l'avait tenu contre lui cette fois-là. Il supposait que c'était presque étrange, ce besoin de proximité qu'ils avaient souvent. Ça avait fait partie de leurs moments de flirt dès le début, il s'en rappelait un peu embarrassé, mais à bien y regarder ce n'était pas si étonnant que ça. Aux yeux du monde, ils devaient maintenir une barrière constante entre eux, alors ça faisait du bien de laisser tomber la garde quand ils étaient seuls et de juste se toucher sans prétendre ni faire semblant.
Le cœur toujours battant d'inquiétude à cause d'Othilia, il se souvint brusquement d'un autre détail. Un détail qu'il aurait sûrement dû avouer à Noah il y a longtemps.
- Noah ?
- Hum ?
Ses doigts frôlaient la base de son cou et il avait du mal à se concentrer, mais il força les mots à sortir.
- J'aurais dû te le dire avant... entonna-t-il, anxieux. Mais Matt sait aussi... Pas juste pour moi. Il sait pour nous.
La main de Noah s'immobilisa.
- Bones sait ? fit-il d'une voix indignée. (Il se tourna à demi pour lui faire face, incrédule). Jules ! Personne devait être au courant, c'était le deal de base ! La règle la plus importante !
- Il a deviné ! se défendit-il. Et tu peux parler, je te rappelles que tu l'as dit à ta mère ? Ou ça dérange seulement parce que c'est Matthew ?
- Ca n'a rien à voir...
Mais la protestation était faible et il sut qu'il avait touché un point sensible à la façon dont Noah détourna à nouveau le regard, l'air trop nonchalant pour qu'il y croit désormais.
- Qu'est-ce qui n'a rien à voir ? pressa-t-il alors. Que tu l'ai dit à ta mère ou que Matt soit au courant plutôt que quelqu'un d'autre ?
Noah haussa les épaules.
- Je sais pas, les deux ? Othilia et ma mère, c'est différent.
- Cette mauvaise foi ! s'exclama-t-il, partagé entre amusement et agacement. En quoi c'est différent ? C'est même moins dangereux que Matt sache que tous les autres, il l'a assez bien pris et je sais qu'il ne dira rien à personne.
Pour seule réponse, Noah grommela quelque chose d'incompréhensible. Il aurait voulu le forcer à articuler et à dire ce qu'il pensait, mais il avait appris qu'être frontal avec Noah pouvait plus l'amener à se renfermer qu'autre chose. Un autre souvenir remonta alors à la surface et il se demanda s'il n'avait pas un début de solution pour le pousser à s'exprimer. Hésitant, il lança avec prudence :
- Eh ? Tu te souviens du jeu qu'on avait fait il y a un an jour pour jour ? A Thanksgiving en haut du mont des Errants ?
- Une question chacun notre tour jusqu'à ce que celui qui n'arrive plus à répondre perde ? se remémora Noah. Ouais évidemment. C'était le fameux jeu où tout ce que je voulais te demander, c'était « est-ce que t'es intéressé par moi ou je m'imagines tout ça ? ».
- Quoi ? rit-il, surpris.
Noah roula des yeux.
- Fais pas comme si tu le savais pas, Jules. T'aurais pu me sortir comme question « c'est quoi ton plat préféré ? » que mon cerveau me hurlait de répondre « oh aucune idée, un triangle ! Bref, à moi maintenant, t'as déjà pensé à m'embrasser ? ».
Ce fut plus fort que lui, il éclata cette fois franchement de rire. Il avait évidemment noté toute l'ambiguïté à l'époque entre eux, mais non il avait été loin de se douter que ça avait été aussi à ce point pour Noah. Il n'avait pas été seul.
- Pourquoi tu ne m'as pas demandé à ce moment-là alors ? souffla-t-il, une note incrédule dans la voix.
Noah le regarda en biais à travers ses cils. Il haussa les épaules à nouveau.
- Parce que je pensais que tu dirais non, reconnut-il honnêtement. Et que j'allais te faire peur si je te le demandais... t'aurais même voulu fuir pour plus jamais me parler et à cause de ton vertige tu serais tombé du haut de la falaise. J'aurais eu des explications alors assez compliquées avec Eulalie Hicks en personne.
Il ignora le dernière touche d'humour, conscient de ce qu'elle dissimulait. Merlin... Il commençait tout juste à prendre conscience de tous les non-dits qu'ils avaient gardé, incapables de les exprimer à voix haute, et toutes les conséquences qui en avaient découlé. Avec le recul, ç'en était presque stupide.
- Bon sang, Noah. Tu aurais pu me faire faire n'importe quoi à ce moment-là, avoua-t-il sans honte pour lui faire réaliser. Tu m'aurais demandé et j'aurais dit oui parce que j'aurais été incapable d'autre chose !
- Oh...
Il ne trouva rien à répondre. Sans doute que les mêmes pensées le traversaient en cet instant : ils auraient gagné tellement de temps à parler, même si le problème d'Othilia serait resté en suspens. Le corps pressé contre celui de Noah, Julian ramena une de ses jambes vers lui et posa son menton sur son genou replié, songeur.
- On peut le refaire, proposa-t-il. Le jeu. Mais cette fois, on pose toutes les questions qu'on veut. Celles dont on veut vraiment les réponses...
- La vérité, rien que la vérité votre Honneur ? s'amusa Noah.
- C'est l'idée, ouais.
Du coin de l'œil, il lui coula un regard pour jauger sa réaction, mais il aurait dû le savoir : Noah Douzebranches ne reculait pas devant un défi.
- Ok, ça me va, accepta-t-il. Qui commence ?
- Moi. (Il n'eut pas à réfléchir pour trouver sa question). Est-ce que t'es sûr qu'Othilia ne dira rien non plus sur toi ? Que tu ne risques rien ?
- On commence direct avec les questions compliquées donc ? Qu'est-ce qui est arrivé à « ma couleur préférée » ?
- Noah...
Il n'avait plus envie de tourner autour du chaudron. Autant commencer par frapper fort donc, oui, ça leur éviterait de prendre un chemin détourné sur lequel se perdre. Encore. La façade bravade de Noah se fendilla d'ailleurs et il se remit à caresser la base de sa nuque du bout des doigts.
- Je ne peux rien garantir, c'est entre ses mains à elle, répondit-il finalement. Mais je pense que oui, je ne risque pas grand-chose. Je te l'ai dit, Jules, elle n'est pas comme ça. Et je sais aussi que ce qui t'angoisse, c'est que j'ai plaidé ta cause plus que la mienne, mais c'était la meilleure chose à faire...
- Non... je ne veux pas que tu te sacrifie pour moi. Je ne veux pas que tu penses que ça serait moins grave pour toi à cause de ton histoire...
Noah afficha un rictus, désabusé.
- Je sais. Mais je ne pouvais pas trop en demander à Othilia non plus, pas après l'avoir trahi à ce point... C'était stratégique aussi. Avec toi, j'avais plus de chance qu'elle accepte et c'était ma priorité. Il faut que tu admettes que parfois tu ne peux pas tout contrôler, Jules. C'est comme ça.
- Hum...
Il détestait l'idée, mais il la comprenait. Noah se réajusta contre la tête de lit, puis ce fut à son tour.
- A moi de poser une question donc ? fit-il, concentré. (Il réfléchit quelques secondes, les yeux fixés sur le dortoir vide, avant de se tourner vers lui). Ok... est-ce que il y a déjà eu d'autres gars ? Avant moi, je veux dire ? Ou avant Hanna ?
Etrangement, il ne fut pas surpris par la question. Il savait aussi que ce n'était sans doute même pas celle que Noah voulait poser précisément, mais il ne le releva pas et répondit sans hésitation, conscient qu'elle avait malgré tout de l'importance.
- Non, dénia-t-il. Ce n'est pas comme si les occasions s'étaient vraiment présentées non plus, mais non.
- Pas même un baiser, rien ?
Il secoua la tête. A part Hanna, ses expériences amoureuses avaient été presque inexistantes et il ne pouvait même pas dire que même celle-ci avait été très loin. Une fois de plus, il ne put s'empêcher de noter son écart avec Noah sur le sujet et essaya de ne pas s'en trouver gêner. Il s'apprêtait pourtant à se justifier – voire à s'excuser sans bien savoir de quoi – quand Noah le prit de vitesse :
- Pas même avec... ? Enfin, même avec Matthew ? Rien ?
Les mots s'échappèrent de ses lèvres avec réticence, presque comme s'il ne voulait pas vraiment les dire à voix haute mais qu'il n'arrivait pas à les retenir. Julian le dévisagea. Là où il était en train de s'inquiéter de son inexpérience, Noah avait visiblement d'autres préoccupations et il faillit en rire. Il ne le fit juste pas pour ne pas le vexer.
- Avec Matt ? répéta-t-il, incrédule. Non ! Non, il ne s'est rien passé entre nous. Il n'aime pas... je veux dire, il aime les filles. Ca n'aurait même pas pu arriver.
- Mais si ça avait pu ? Tu l'aurais voulu ?
Il y avait quelque chose dans la voix de Noah, une note presque provocatrice et craintive à la fois dans un mélange détonant. Il étudia son visage plus attentivement, même s'il refusait de rencontrer son regard : il y vit tout ce qu'il savait déjà. Noah n'avait pas de peur plus primaire que celle qui l'habitait au quotidien, celle de ne pas être assez, d'être abandonné sans se retourner, de ne pas répondre aux attentes de ses proches. Et comment l'en blâmer quand tout le monde avait alimenté cette peur sans s'en rendre compte ? Heather, Hilda, Othilia, Théa, Raphaël, les professeurs. La possibilité qu'il ressente quelque chose pour Matthew n'aurait été qu'un terreau en plus pour cette crainte.
Indulgent, il veilla donc à véhiculer toute sa conviction et sa sincérité en répondant.
- Je ne crois pas, non, évalua-t-il avec franchise. C'est dur à dire aujourd'hui évidemment, mais je ne pense pas que Matthew et moi on aurait été compatibles dans ce sens-là. (Il pencha la tête sur le côté et explicita en voyant Noah froncer les sourcils). Oui, Matt est mon meilleur ami, c'est vrai. Et notre amitié fonctionne parce qu'on se complète bien, parce que les années à Poudlard nous ont rapproché et qu'on se rejoint sur plein de choses. Mais on aurait été trop différents sur trop de choses pour que ça aille plus loin...
- On est différents aussi, toi et moi, objecta Noah. Certains pourraient même dire radicalement différents.
C'était vrai. Pour un observateur extérieur, il aurait été facile de tomber dans une dichotomie sans nuance : Noah était le garçon en marge, un peu torturé avec des problèmes de famille, il pouvait être tranchant dans son humour aussi bien que dans ses attaques ; là où lui-même était seulement le premier de la classe, le prodige en sortilège plus calme, organisé et poli. Mais en tant qu'artiste, il aimait justement les nuances. Et c'étaient celles-là qui étaient importantes entre Noah et lui.
- Tu trouves ? rétorqua-t-il. Moi, je dirais pas tant que ça. On a des passions en commun et on se rejoint souvent au milieu dans notre façon d'être.
Si Noah était radical dans ses idées en apparence, il trouvait qu'il l'était davantage. C'était un défaut ou une qualité selon les situations, mais il avait du mal à changer d'avis ou à pardonner. Ce qui s'était passé avec sa mère l'avait prouvé et même sa manière de s'occuper compulsivement de Lottie en était le reflet. Noah au contraire pouvait se montrer plus flexible à cet égard, plus prompt à la souplesse, surtout ces derniers temps : il s'excusait et reconnaissait ses erreurs. Il avait des exemptions bien sûr, comme avec Liam, mais c'était ce qui faisait qu'ils se comprenaient. Il acceptait de l'autre ses radicalités dans un sens ou un autre. Par exemple, Théa lui avait fait assez comprendre que son ego l'agaçait parfois, là où Noah avait seulement manifesté de la fierté à le voir tenir tête à Fleming pendant le cours sur les baguettes.
Il exposa tout ça à Noah et celui-ci finit par considérer l'idée, l'air convaincu.
- C'est vrai, admit-il. Et tu... t'as pas ça avec Bones ?
- Non. Matt a une place différente pour moi, comme j'en ai une différente pour lui. Je ne dis pas que je n'ai jamais songé à lui... de cette façon... quand on était plus jeunes, reconnut-il, les joues rouges. Mais ça n'a pas duré longtemps, genre vraiment.
- Ah...
L'aveu parut crisper Noah une seconde et il s'en voulut d'avoir admis quelque chose de si insignifiant, quelque chose dont il ne restait à présent plus aucune trace. Il poursuivit donc pour le lui faire comprendre :
- Matt et moi, on s'entraide et on se donne des conseils sans mentir, ni prendre de détour, parce que c'est à ça que sert un meilleur ami. Mais il n'a jamais compris ce que j'aime autant dans l'art, comme je ne comprendrai jamais tout à fait son envie de brûler la vie intensément en fonçant tête baissée. (Il leva la main avant que Noah ne l'interrompt, pressentant sa question). Et non, ce n'est pas ce que tu fais toi. Toi, tu fonces quand t'es sûr d'obtenir quelque chose. Tu le fais parce que t'y crois, même si tu finis par te tromper. Matt... il le fait parce qu'il est incapable de supporter de ne pas le faire. Et ça m'énerve qu'il ne prenne pas le temps de réfléchir de temps en temps. Bref, tout ça pour dire que non : promis, il n'y a jamais rien eu entre Matthew et moi. Il n'est pas mon type. Tu peux éviter de balancer ton poing dans le mur du coup et t'épargner de te faire mal !
La dernière phrase, prononcée avec humour, lui valut d'être repoussé avec un « Morgane, Jules, sérieux » et il sourit alors que Noah roulait des yeux.
- Tu vas jamais me lâcher avec ça, pas vrai ? grommela-t-il.
- Non, parce que ça va à l'encontre de tout ce que je viens de dire : t'avais pas réfléchi du tout avant de le faire, ça. Et justement, à mon tour pour ma question...
- Tu vas la poser, bon sang...
- Est-ce qu'il s'est passé un truc entre Zack Ledwell et toi ?
- Et il l'a posé, évidemment, mesdames et messieurs !
Sous un faux air exaspéré face à un public imaginaire, Noah gagna du temps pour éluder la question, mais il ne flancha pas et continua à le fixer. Noah finit par soupirer.
- Une fois, avoua-t-il dans un filet de voix. Il m'a embrassé. Je l'ai repoussé. On a arrêté de se parler, voilà, fin de l'histoire.
- Oh...
Il aurait voulu ne pas avoir de réaction, mais le tressaillement qui le traversa fut instinctif. C'était étrange pourtant... Il avait l'habitude de savoir Noah avec Othilia – de voir Noah avec Othilia même – mais l'imaginer en train d'embrasser un autre garçon était différent. Différent comment, il n'aurait pas trop su comment le définir, mais différent.
- Jules...
- Non, non, pardon... Je veux dire, tu me connaissais même pas. Je peux pas juste m'attendre à ce que rien ne soit arrivé avec personne...
- Sans doute, mais c'était vraiment pas grand-chose, minimisa Noah avec insistance. Si tu penses que Matthew et toi, vous êtes pas compatibles, alors crois-moi Zack et moi encore moins. Il m'a juste fait comprendre... que c'était une des possibilité pour moi. Que je pouvais le vouloir... Mais j'étais pas prêt à le reconnaître et il n'était pas celui qui me fallait pour le faire...
Mais moi, oui ? souffla-t-il intérieurement. La réponse sous-entendue était assez explicite pour qu'il ne demande pas à Noah de le confirmer de vive voix, même si une chaleur familière se logea dans sa poitrine. Il avait été celui qui avait permis à Noah de ne plus fermer les yeux sur cette partie de lui-même et il en tirait une certaine fierté. Il en tirait même une certaine fierté face à Zack sans l'admettre... Théa n'avait peut-être pas tort quand elle parlait de son égo, mais c'était un problème pour plus tard.
- Quand tu dis que c'était une des possibilité pour toi... ? releva-t-il à la place, gêné. Ca veut dire que ce n'est pas la seule ? Les garçons, je veux dire ?
Autant être clair dans les termes, ils n'étaient plus à ça près, même s'il sentit le sang lui monter aux joues. Noah marqua une pause, hésitant, avant d'hocher la tête.
- C'est ça, oui, confirma-t-il. Un moment, je me suis demandé si t'étais juste une exception, mais en fait... Je vois bien ce qui s'est passé avec Zack. Je sais ce que j'ai ressenti avec Othilia. Je crois juste que je peux... aimer les deux. Zack a dit que ça s'appelait être bisexuel.
Il prononça le mot comme pour le convaincre, comme pour donner du poids à la réalité qu'il tentait de décrire. Julian cilla. Une drôle de sensation germa dans son ventre, remplaçant la chaleur, et il tenta d'évaluer ce qu'il ressentait vis-à-vis de ce constat. D'un côté, il était soulagé que Noah ait trouvé des réponses sur ce qu'il était – il voyait bien que ça le rassurait – et d'un autre il ne put s'empêcher d'être légèrement déçu qu'ils ne vivent pas la même chose. De toute façon, il s'en était douté : la relation de Noah avec Othilia n'avait jamais été la même que la sienne avec Hanna et il en avait déjà été touché l'année dernière.
- C'est pas grave, pas vrai ? s'assura Noah, nerveux.
- Non, non, évidemment...
- Mais ça te gêne...
Il se redressa, surpris.
- Quoi ? Non, pas du tout ! objecta-t-il en se sentant soudain coupable de lui faire croire ça. C'est juste... que c'est pas la même chose pour moi. Mais je pense que tu le savais...
- Je m'en doutais, nuança Noah avec diplomatie. Avec Hanna... ?
- Rien. Je ne ressentais rien... ou alors pas grand-chose...
Ils savaient très bien à quoi ce « rien » faisait référence. Ce n'étaient pas ses sentiments car il avait aimé Hanna à sa façon, comme une amie et en tant que personne. C'était tout le reste. Tout ce qu'un garçon était censé ressentir pour une fille. A cet instant, Noah eut le même regard que Matthew avait eu face à l'aveu : de l'acceptation mêlée à une pointe d'incompréhension.
Or, c'était cette incompréhension qui faisait mal. Parce que rationnellement, il savait qu'il aurait dû éprouver du désir pour des choses qui le laissaient de marbre, voire le rebutaient. Noah et Matthew pouvaient songer à Othilia et Charity et ressentir des choses... Lui ? Il ne voyait même pas pourquoi, ni comment ils faisaient.
- C'est pas grave, commenta finalement Noah. C'est juste comme ça, non ? Mais je ne peux pas m'excuser d'avoir aimé embrasser Othilia ou de coucher avec elle... même si tu le voudrais, je suis désolé...
- Non, coupa-t-il, le visage toujours brûlant. Non, t'as pas à être désolé, t'as raison...
Un silence gênant s'étendit alors un moment, le temps qu'ils intègrent les dernières révélations, puis Noah se râcla la gorge.
- Encore à mon tour ? s'assura-t-il.
- Ouais...
- T'as dit que Matthew n'était pas ton type. Du coup, c'est quoi ? Beau et talentueux ?
Le « contrairement à Bones » flotta au-dessus d'eux, implicite, tandis que Noah se pointait avec ironie. Julian éclata de rire devant l'effronterie.
- Non, plutôt humble et modeste, répliqua-t-il sur le même ton. Ce qui me fait me demander ce que je te trouve.
- Tu brises mon cœur, Jules.
Dans un geste grandiloquent qui aurait presque pu appartenir à Liam, Noah porta la main à son torse, faussement blessé. Il sourit, conscient qu'il le faisait pour lui et pour dissiper les dernières traces de tension ambiante.
- Je ne sais pas si j'ai un type, jugea-t-il finalement. Comme je disais, je n'ai pas eu mille opportunités pour y réfléchir avant d'arriver aux Etats-Unis.
- Oh arrête, si tu l'avais envisagé avec Matthew même deux secondes plus jeunes, y'a forcément eu d'autres gars, juste comme ça.
Il rougit. Il sentait bien que Noah tentait de compenser son baiser avec Zack Ledwell en cherchant à connaître sa propre histoire et un visage lui revint soudain en tête, même s'il ne s'était évidemment rien passé. Adossé contre Noah, il espéra que celui-ci ne verrait pas son expression, mais il ne détourna pas la tête assez vite, ni assez subtilement.
- Ah ah ! chantonna-t-il. La vérité, rien que la vérité votre Honneur, tu te souviens ?
- Ca n'a rien à voir...
- Pas grave. Allez, Jules, raconte.
Merlin, si Matthew l'apprenait, il se ficherait de lui. Heureusement, il y avait peu de chance que Noah et Matthew se retrouvent à parler un jour, surtout de ses précédents béguins, et il céda en s'appuyant un peu plus contre Noah pour éviter de tout à fait rencontrer son regard. Il réaffermit son étreinte en écho dans la seconde.
- D'accord, d'accord, il y avait un gars, concéda-t-il. Il avait trois ans de plus, c'était un Gryffondor...
- T'as un truc pour les mecs plus âgés, commenta Noah, amusé.
Il lui donna un coup de coude pour toute réponse.
- On a six mois d'écart, même pas. On aurait été dans la même année si y'avait pas la règle des onze ans révolus pour entrer à l'école.
- Peut-être, mais quand même.
Bon sang, il n'y avait rien qu'aimait plus Noah que d'avoir le dernier mot. Il laissa couler et poursuivit.
- Je crois que je peux le raconter maintenant parce que je le réalise, mais je ne suis même pas sûr que je comprenais vraiment à l'époque que... que je le regardais différemment des autres, avoua-t-il. Tout le monde regardait Sirius Black, ça brouillait les pistes.
- Pourquoi ?
- Hum ?
- Pourquoi tout le monde le regardait ?
La question l'amusa. Pour ceux qui avaient connu les Maraudeurs à Poudlard, la raison était évidente ; personne n'aurait même songé à la poser et il se surprit à marquer une pause, cherchant les mots justes pour faire comprendre à Noah ce que les quatre garçons de Gryffondor avaient représenté à l'échelle de Poudlard.
- Je t'ai déjà parlé des Maraudeurs, non ? se rappela-t-il. La première fois qu'on a joué à ce jeu ?
- Oui, je crois. T'as dit que c'était à cause d'eux que t'avais le vertige, mais seulement parce que Bones voulait pas en décevoir un dans l'équipe de Quidditch ou un truc du genre ?
Il approuva d'un hochement de tête.
- James Potter, le capitaine, c'est ça. Il faisait partie d'une bande qui s'appelait eux-mêmes les Maraudeurs, je n'ai jamais bien compris pourquoi. Le surnom avait un peu fait le tour de l'école quand je suis arrivé en première année. Et Sirius Black en faisait partie. (Il veilla à garder un ton neutre malgré la flambée qui ne manquait sûrement pas de colorer son visage à cet instant). Quand je dis que tout le monde le regardait, je veux dire que les garçons voulaient lui ressembler et les filles voulaient toutes sortir avec lui.
- Toi compris ?
- Faut croire... Il était cool, il était drôle et il était beau, énuméra-t-il. Et en fait, peut-être bien que j'ai un type...
L'aveu lui échappa en même temps que la réalisation le frappa et Noah ne laissa évidemment pas passer la baguette qui lui était tendue.
- Pourquoi ? Il était comment ? attaqua-t-il avec un rictus dans la voix.
C'était certain désormais : Matthew pourrait se payer sa tête jusqu'à leur quarante ans minimum.
- Je sais plus vraiment, éluda-t-il alors qu'il se souvenait parfaitement de Sirius Black. Les cheveux noirs, les yeux clairs, assez grand... Un côté un peu rock...
- Ca nous rappelle vraiment personne, non, c'est vrai, nargua Noah, bien trop amusé par a situation.
Mortifié, Julian se cacha le visage entre ses mains.
- Je crois que je préférais vraiment quand tu balançais ton poing dans le mur... maugréa-t-il.
- Mais non ! Si on y regarde bien, j'ai un type pour les cheveux blonds aussi, sans doute. Aïe !
Un nouveau coup de coude avait fusé, vif, et Noah éclata de rire avant de déposer un baiser sur sa tempe. Il visait sans doute sa joue, mais il s'était détourné pour lui échapper, faussement piqué dans son amour propre.
- Ca prouve que t'es constant, Jules, c'est une bonne chose !
- C'est ça...
Il aurait voulu résister un peu plus longtemps, mais l'horrible vérité fut que sa volonté bascula à la seconde où Noah inclina sa tête vers lui pour déposer ses lèvres contre sa mâchoire. Julian Shelton, prépare-toi à être séduit. C'était à peine une caresse, à peine un frôlement, mais ce fut suffisant pour le faire se tourner à nouveau vers lui. Leurs regards s'accrochèrent. Encore une fois, il aima leur proximité : c'en était étourdissant après avoir fait tant d'effort pour dresser des murs entre eux et résister, toujours résister... Porté par sa seule volonté – et parce qu'il le pouvait – il leva sa main gauche pour venir la porter vers les boucles de Noah et jouer avec lentement.
- Il manquait ça à Sirius Black, souffla-t-il comme un secret. Il avait des cheveux ennuyeux.
Ennuyeux n'était peut-être pas le bon terme pour désigner des cheveux, mais il se comprenait. Noah laissa échapper un rire étouffé.
- J'aurais pu choisir ça comme question, commenta-t-il. Qu'est-ce que tu m'as trouvé ? Pourquoi moi ? Et puis j'ai repensé à ton obsession pour mes boucles et je suis dit que ça valait pas le coup de perdre une question pour ça.
- Je n'ai pas une obsession.
- Non, bien sûr...
Rien qu'au ton moqueur de Noah, il sut que ça ne servait à rien de se battre pour faire valoir le contraire et il leva les yeux au ciel. Sa main resta où elle était pourtant et il enroula une boucle autour de son doigts dans un mouvement apaisant.
- Ca peut être ma prochaine question à moi, fit-il valoir. Qu'est-ce que tu m'as trouvé à moi ?
- Tu veux la réponse par ordre chronologique ou alphabétique ?
- Noah...
Il lui coula un regard insistant de biais, curieux. Quand il ne répondait pas directement, il savait que c'était pour mieux reculer un aveu et sa suspicion grandit en voyant une légère rougeur lui marbrer le cou.
- Ton accent, finit par lâcher Noah au bout de quelques secondes. C'est la première chose que j'ai remarqué, voilà.
- Mon... ? Quoi ? s'esclaffa-t-il. Mais t'avais dit que tu le trouvais agaçant ! C'est ce que tu m'as dit au Bal des Fantômes sur le toit, l'année dernière.
- Le trouver agaçant et le trouver sexy peuvent très bien aller de paire, merci bien.
Il cilla, certain d'avoir mal compris une seconde. C'était peut-être bien qu'il entendait le mot « sexy » pour le désigner et ce fut à son tour de rougir pour la énième fois. Pourtant, la carte était intéressante à avoir dans sa manche et il s'en fit une note mentale. Noah leva la main avant même qu'il ait pu reprendre la parole.
- Non, Jules, essaye même pas d'en jouer, menaça-t-il. C'est à mon tour de toute façon.
- Tant pis, je garde ça pour plus tard. Je t'écoute.
Amusé, il attendit patiemment. Noah se contenta de rouler des yeux une fois de plus, l'air de déjà regretter son aveu, mais il était trop tard. Il garda le silence encore un moment et la question tarda à venir. Julian pivota sur le côté pour mieux l'observer, surpris. Il sentit que la question qui allait suivre serait différente des autres.
- J'ai rempli toutes tes conditions, non ? souligna soudain Noah dans un souffle. J'ai fait des efforts, on a mis les choses à plat tous les deux... et c'est terminé avec Othilia, ça y est.
- Oh...
Il aurait dû le voir venir. Pourtant, ça n'empêcha pas son estomac de faire un soubresaut et son cœur de se lancer dans une course un peu plus frénétique. Le moment lui apparut si fatidique d'un coup : c'était sa décision. C'était sa réponse qui allait importer. Noah déglutit.
- Jules... ? murmura-t-il.
- C'est pas une question, ça... Faut jouer le jeu jusqu'au bout, non ?
Merlin, il avait l'impression que son cœur allait exploser.
- J'ai plus envie de jouer, protesta Noah. Ni de faire des expériences ou de prétendre que c'est pas réel...
- Non ?
- Non...
Sa voix s'était réduite à un murmure, comme s'il prenait lui aussi conscience de l'ampleur du moment. Dans son esprit, Julian vit valser toutes les entraves de ces derniers mois, tous les murs qui s'étaient dressés entre eux : la loi des Mauvaises Mœurs, la peur du jugement, la crainte des insultes et des injures, la douleur infligée à eux-mêmes et aux personnes autour d'eux... Il revit le visage d'Hanna déformé par le dégoût, celui compatissant de Matthew... Il revit surtout le regard de Noah à chaque fois qu'il l'embrassait ou se tenait proche de lui ; la retenue dont ils avaient fait preuve, les craquages impossibles à réprimer. Merlin, ce que s'était fatiguant de se battre contre soi-même. Peut-être qu'il était temps d'abattre le dernier mur donc... Eux-mêmes.
- Demande-le moi alors, murmura-t-il, presque suppliant. Vas-y...
La main de Noah se crispa, mais il n'hésita pas. Les mots tombèrent de ses lèvres en une seconde, comme s'ils les avaient retenus trop longtemps :
- Jules, est-ce que tu veux bien être avec moi ?
« Sois avec moi... ». C'était la supplique – à moitié ordre – qui lui avait adressé au retour de sa fugue à la rentrée. Cette fois-ci, c'était une demande. Et ça changeait tout. Il ne prit même pas la peine d'acquiescer, la réponse était évidente depuis une éternité. Au lieu de ça, il réaffermit leur étreinte, pressant leurs corps ensemble, et murmura seulement :
- Merci...
Il n'y avait pas besoin de plus. Ils venaient d'abattre le dernier mur.
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DEUX TOMES ET DEMI POUR Y ARRIVER MAIS VOILA ! Verdict ? ^^
Vraiment, ce chapitre je l'avais en tête depuis longteeeemps. Je voulais reprendre le jeu des questions/réponses, mais que cette fois ils se connaissent. Les questions devaient plus sincères, plus personnelles. Ils ne se cachaient plus derrière des mentions vagues : on met carte sur table.
Surtout, je ne voyais pas Noah attendre avant de dire à Julian qu'il n'était plus avec Othilia. C'était le paradoxe : tout devait trainer en longueur des mois, mais une fois la dernière étape passée, ça allait très vite. Parce que finalement, Othilia n'était pas le dernier mur, elle en était seulement un parmi d'autre. Le dernier mur, c'était eux-mêmes.
Sur ce sujet, j'aimerais revenir une dernière fois sur le contexte dans lequel ils évoluent. Dans le dernier chapitre, certain.es trouvaient que Noah abusait de tout de suite demander à Othilia de ne rien dire, particulièrement pour Julian. Alors, la souffrance d'Othilia est complètement compréhensible et personne ne peut lui enlever. Noah est en faute sur beaucoup de points, on ne lui enlèvera pas non plus. Cependant, ça serait une erreur de ne pas voir sa propre douleur, moins tangible et évidente que celle d'Othilia : la violence que Noah prend en pleine face, c'est celle d'être nier par toute une société, c'est la remise en cause de son identité et de son existence même. Sa tromperie, ses doutes et sa colère ne sont pas celles d'un garçon de 18 ans dans une relation normale. Dieu sait que je déteste cette expression - "normale" - mais elle est là la réalité de la violence : quoiqu'on fasse, quoiqu'on essaye de se dire, il y a toujours une petite voix pour nous rappeler qu'on se situe hors d'une norme et qu'à ce titre notre identité est niée en partie. A l'époque et dans la société où vit Noah, cette négation est dangereuse : elle peut lui coûter un avenir, elle peut l'envoyer un psychiatrie, elle peut faire souffrir sa famille mais surtout elle peut condamner Julian. Dans sa chute, si Othilia en décide, il l'entraîne avec lui. Et je pense sincèrement que ce genre de peur prend aux tripes et est dévastatrice.
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Sur cette note joyeuse... On ne va pas faire un bilan avec questions et tout le tralala pour ce demi-tome, mais de manière générale hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ces 23 chapitres, ça m'aidera à brainstormer cet été haha ! -->
Il ne me reste plus qu'à vous remercier très chaleureusement et sincèrement ! Vraiment, ça dépasse toutes mes espérances et vous me poussez sans cesse à continuer à faire vivre ces personnages : merci mille fois ! J'essaye d'écrire le plus possible pour reposter à la rentrée, je vise mi-septembre mais je vous tiens au courant sur insta si y'a du retard ^^ Je vous aime, vous êtes incroyables, merciiiii !
Et merci à Perri évidemment, mon âme soeur d'écriture ! Sans toi, je serai nulle part aujourd'hui <3
Entre temps, n'hésitez pas à me dire pour vos examens (bac, brevet, concours...). Ca me fera super plaisir de savoir vos résultats ! Par whatsapp pour celles qui mon numéro (team salon du livre), par insta ou même ici ! Et je croise les doigts pour tout le monde !
On se quitte avec les memes de Lina, of course ! Merci à toi du fond du coeur de nous faire rire à chaque fin de chapitre !
Bel été !! 🧡
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