Chapitre 13 : Trainer le spleen
Hello !! Como esta today ? (Yes, je suis bilingue, y'a quoi). Non en vrai c'est faux, je suis une quiche en espagnol, genre en prépa on m'a mis latin LV2 carrément pour m'éviter une moyenne en baisse et c'est dire parce que c'est même pas une langue vivante haha !
Bref ! Jour de post, donc allons-y ! Mais juste avant petite info : les résultats du concours artistique sont postés dans mon rantbook et y'a eu un chapitre surprise de ATDM cette semaine pour ceux qui n'auraient pas vu ;)
Sinon, je m'excuse platement j'ai oublié de publier les memes de Lina la semaine dernière... Honte à moi ! Donc vous aurez double dose en fin de chapitre pour rattraper !
Ah et dernière info avant de vous laisser (enfin) : allez voir la série Lockwood & Co, c'est une merveille, je vis pour le ship Lockwood/Lucy depuis une semaine haha !
La citation du jour est d'une chanson que j'adore et elle tombe très bien parce que ce soir j'ai surpris mon père en train d'écouter les One Direction et je m'en remets pas tellement je me tape une barre, il assume tellement pas mais a fini par mettre à fond pour chanter avec moi. Je l'aime haha !
Bonne lecture !
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Chapitre 13 : Trainer le spleen
« Pay attention, I hope that you listen
'Cause I let my guard down
Right now I'm completely defenseless
For your eyes only I'll show you my heart [...]
I'm missing half of me
When we're apart »
- One Direction, If i could fly -
// 8 septembre 1980 //
La rentrée à Ilvermorny avait eu lieu il y a une semaine et Noah n'était toujours pas revenu. Et par Merlin, Julian n'arrivait pas à penser à autre chose.
Rationnellement, il avait pourtant des choses bien plus importantes sur sa liste des priorités, mais c'était plus fort que lui. Le lit vide dans son dortoir l'empêchait parfois de dormir jusqu'à tard dans la nuit et il finissait par tomber d'épuisement sur les premiers coups du matin. Et si les thés qu'Aileen lui tendaient le lendemain matin au petit déjeuner le faisaient tenir pour l'instant, ça finirait par ne pas suffire. Autour de lui, ce n'était pas l'agitation qui manquait pourtant : sa mère devait faire face à une montagne de démarches légales pour sa réhabilitation dans le monde des vivants, Ronan Graves était toujours en cavale, et Liam était dans tous ses états avec le procès d'Emilia qui devait avoir lieu dans l'année. Elle non plus n'était pas revenue à Ilvermorny d'ailleurs. Elle suivait ses cours à distance pour l'instant afin d'éviter l'agitation que ne manquerait pas de déclencher sa réapparition et voulait attendre que les choses se tassent avant de revenir. Le problème, c'est que Julian n'arrivait pas à s'en soucier.
Il avait atteint son seuil d'investissement dans l'affaire Emilia Cooper et avait l'impression d'être hors de son corps quand Théa, Aileen et Liam en débattaient. Il pensait à Noah, il se demandait où il pouvait être... Hilda les avait informés qu'elle avait reçu un message de sa sœur disant que Noah était bien avec elle, mais louper la rentrée était fort, même pour eux. Et comme si ça ne suffisait pas, il devait aussi subir les suppositions de Enjolras, Wilde et Liam dans le dortoir : ils avaient un pari en cours pour savoir de combien de temps Noah serait en retard pour sa rentrée à Ilvermorny.
Et comme un problème semblait trop peu à supporter, il devait admettre que la rentrée lui avait pesé bien plus que ce qu'il avait cru. Ce n'était pas tant la reprise des cours qui lui avait plombé le moral que de devoir quitter New York, les Grims, et surtout sa mère. Tout le trajet jusqu'à la gare de Grand Central, il s'était senti malade et ça n'avait – presque – rien eu à voir avec les soubresauts de la diligence. C'était une sensation bien plus profonde qui appuyait au centre de sa poitrine, un point douloureux impossible à dénouer malgré la maîtrise qu'il avait tenté d'avoir sur sa respiration. Son cerveau était plus fort : il n'arrivait pas à occulter que pour la première fois de son retour, il allait devoir quitter sa mère. Et c'était irrationnel, mais il avait tellement peur qu'elle disparaisse à nouveau... Il n'en avait pas dormi de la nuit et vu les traits tirés de sa sœur, Lottie non plus. C'était réconfortant de savoir qu'ils étaient sur la même longueur d'onde sur ce point pour une fois. Ils n'avaient d'ailleurs pas dû bien cacher leur trouble car leur mère les avait serré contre elle bien plus longtemps que d'habitude pour un jour de rentrée avant de les laisser partir.
Le poids dans sa poitrine ne s'était pas dissipé de la semaine... Même la vue d'Ilvermorny n'avait pas suffit à lui remonter le moral.
Tout ça faisait qu'il avait l'impression d'avoir l'esprit encombré d'un nuage d'orage ou au moins d'une brume épaisse et Aileen parut immédiatement le remarquer. Elle apparut dans son champ de vision en même temps qu'une tasse de thé.
- Pour te réconforter ? fit-elle en guise de bonjour. T'as l'air d'en avoir besoin.
- Oh... merci.
Il tendit la main instinctivement et replia ses doigts autour de la surface chaude. Son corps se détendit en réponse alors qu'Aileen se glissait en face de lui.
- Liam n'est pas descendu avec toi ?
- Non, il dormait encore... Il a dû mal à se remettre sur les horaires d'Ilvermorny. Il a dit que cette année, c'était lui qui était en décalage horaire.
- Ah oui, j'avais presque oublié que t'avais eu ça l'année dernière ! Bon sang, ça parait loin d'un coup, non ?
- Si...
Lui aussi avait du mal à se dire que ça faisait déjà un an qu'il était arrivé aux Etats-Unis et qu'en septembre dernier il découvrait tout juste Ilvermorny. Aujourd'hui, l'agitation du Réfectoire était devenue aussi familière que celle de la Grande Salle, tout comme les visages des autres élèves. Il repéra Clémence Laveau, la descendante de la reine du vaudou, et Elia Jauncey, la blonde californienne capitaine de Quodpot, en train de déjeuner plus loin ; mais aussi Manfred entouré des autres garçons de Senior. Lui, il n'avait pas eu hâte de le retrouver. Aileen intercepta son regard et grimaça sans commenter.
- Enfin peu importe, reprit-elle pour regagner son attention. Liam va devoir se lever à un moment, même si on est dimanche. Il faut qu'il m'aide à tenir le stand du journal !
Julian suspendit sa tasse. Merlin, il avait oublié ce détail.
- Oh c'est la Journée des Clubs, c'est ça ?
- Ouais comme tous les premiers week-end de rentrée ! T'avais pas remarqué les stand dans le hall ?
Il secoua la tête.
- Je suis descendu par les autres escaliers... expliqua-t-il. Mais ça veut dire... hum... tu vas avoir besoin de moi aussi ?
Techniquement, il faisait aussi partie du club de journalisme de l'école. Dans les faits, il avait dû y mettre les pieds deux fois l'année passée, trop occupé à gérer le Rituel d'Ancrage. Il s'y était si peu rendu que Maria Gonzales, qui gérait les impressions, lui avait un jour demandé s'il avait abandonné en cours de route. La question était légitime et il ne devait la mention de sa participation dans son dossier scolaire qu'à la mansuétude d'Aileen : il avait fait quelques illustrations dans son dortoir en commande de dernière minutes pour les articles les plus importants, mais elle ne l'avait jamais obligé à venir aux réunions du club. De fait, il trouvait presque étrange de devoir tenir le stand aujourd'hui, mais il n'était pas vraiment en position de refuser.
En face de lui, Aileen enfourcha une bouchée d'omelette et le toisa, songeuse.
- J'aurais bien aimé que tu nous relais un peu, admit-elle, mais je ne veux pas te forcer si tu ne le sens pas.
- Non, non... C'est juste, je ne sais même pas si j'arriverais vraiment à renseigner les gens intéressés...
- Ce n'est pas grave ça, tu ne seras jamais tout seul. Liam, Maria et moi, on sera toujours dans les parages. Par contre, j'avoue que je voulais t'en parler...
Les pommettes soudain parées de rouge, elle joua avec une mèche de cheveux roux avant de se les attacher pour gagner du temps. Julian sut ce qu'elle allait lui demander avant même qu'elle n'ouvre la bouche.
- Est-ce que tu veux toujours faire partie du club cette année ? Et avant que tu répondes, je précise que si la réponse est non, je ne me vexerai pas. Je sais que tu as déjà celui de Duel qui te plaît plus...
- Il ne me plaît pas plus... tenta-t-il de protester.
- ... et que tu l'avais rejoint surtout pour me faire plaisir l'année dernière. Et arrête, bien sûr que si tu préfères le club de Duel, vous pratiquez les sortilèges, c'est ton truc. La preuve : t'as été plus investi à battre Théa toute l'année qu'à proposer des sujets d'articles.
Immédiatement, sa réaction fut double : il se sentit tour à tour coupable de son manque d'investissement et agacé par le rappel des victoires incessantes de Théa. Le deuxième sentiment devait être le plus visible car Aileen éclata de rire en se servant un verre de jus de citrouille.
- T'inquiète, tu vas y arriver cette année. Il est temps que la reine des glaces chute de son piédestal comme dirait Liam.
- Il faudrait qu'il arrive à la battre aux échecs aussi pour ça, marmonna-t-il.
- Morgane, c'est vrai. Vous allez avoir du boulot.
D'un air tranquille, comme si elle était au-dessus de ses combats contre Théa, elle porta la main sous son menton pour continuer à l'observer, à nouveau sérieuse.
- Et donc le journal ? relança-t-elle.
Bien, elle avait beau être empathique, elle n'en restait pas moins directe. C'est ce qui faisait d'elle une bonne Représente de maison après tout. Mal à l'aise, il reprit une gorgée de thé pour se laisser quelques secondes supplémentaires. La vérité, c'est qu'il n'avait pas envie de continuer. Il avait l'impression de vivre un trop plein depuis un an et demi entre Noah, sa mère, l'affaire Emilia Cooper, son déménagement... Il était peut-être temps qu'il lève le pied, même si ce n'était pas facile à reconnaître. Surtout, il se sentait responsable et redevable envers Aileen de l'avoir autant aidé à s'intégrer.
- Je ne sais pas trop... soupira-t-il finalement, yeux baissés sur la nape blanche couverte de miettes. Je n'ai pas envie de vous abandonner maintenant, mais c'est vrai que l'année va être chargée. Il faut qu'on valide toutes les matières pour obtenir notre diplôme.
- Je me doute. Y'a certaines matières qui ne vont pas être faciles...
Nerveuse, Aileen se mordit la lèvre. Le système américain était en effet différent de Poudlard : pas d'ASPICS ni de grand examen en fin d'année. Tout se jouait lors des évaluations tout au long des deux semestres dans chaque matière. S'ils échouaient à l'une d'elles, ils n'obtiendraient pas tous les crédits pour leur diplôme et même si leur majeure – c'est-à-dire leur matière principale – pouvait équilibrer, il fallait rester vigilent à fournir des efforts toute l'année.
- Tu sais ce que tu vas prendre en majeure d'ailleurs ? demanda-t-il.
- Pas vraiment. J'hésite encore entre Histoire de la magie américaine et Herbologie... Je suis meilleure en Histoire c'est vrai, mais l'Herbologie pourrait être plus simple pour décrocher une mention...
- Oui, tu m'étonnes. Mais tu vas gagner des points avec ton option d'initiation à l'arithmancie, non ? T'es douée à ça.
- C'est vrai, convint Aileen. Et toi, tu sais déjà ?
Julian hocha la tête. Le choix n'avait pas été très difficile pour lui.
- Sortilèges... enfin je veux dire Enchantements, se corrigea-t-il en reprenant le terme américain. Ça sera le plus efficace.
- Oui, évidemment. D'ailleurs, tu pourras m'aider à réviser cette année ? J'ai l'impression de ne pas avoir bien suivi au dernier semestre et je ne comprenais presque plus rien en relisant mes notes cet été.
- Pas de problème !
Aileen sourit, rassurée. Elle le toisa un peu plus et son visage s'éclaira soudain.
- J'ai une idée. On a qu'à faire un deal, toi et moi : je te libère du club de journalisme et tu me donnes des cours particuliers en Enchantements de temps en temps, proposa-t-elle. Comme ça, tu gardes seulement le club de duels pour ton dossier et tout le monde est content.
L'idée lui parla tout de suite. A vrai dire, il n'eut même pas besoin d'y réfléchir. Donner des cours Aileen ne serait pas une corvée, bien au contraire, elle était appliquée et il pourrait réviser en même temps qu'il l'aidait. Il sourit à son tour et tendit son bras par-dessus la table.
- Deal, accepta-t-il.
- Génial ! s'exclama Aileen en lui serrant la main d'une poigne ferme. Je te déclare donc officiellement viré du journal de l'école.
- Et je te déclare officiellement engagée en tant mon élève.
Plus léger, il se réappuya contre le dossier de sa chaise et avala une nouvelle gorgée de thé. Aileen éclata de rire. Elle s'apprêtait à lui dire quelque chose lorsque son regard se perdit par-dessus son épaule et ses sourcils se haussèrent.
- Liam ! héla-t-elle.
Julian se retourna. Effectivement, Liam venait de franchir les portes du Réfectoire, les pieds traînants et les cheveux dressés en épis. Il devait venir de tomber du lit. Il arriva à leur table dans un bayement sonore.
- Salut... marmonna-t-il, la voix rauque. Désolé, j'avais pas entendu mon réveil.
- T'en avais pas mis, le dénonça Julian.
Liam lui adressa un geste grossier de la main.
- Faux ami, fallait laisser Aileen le croire.
- Aileen ne croit plus rien de ce que tu dis depuis longtemps, se moqua-t-elle. Mais heureuse de te voir debout, on a un stand à aller tenir ! Allez !
- Quoi ? Mais j'ai pas pris mon p'tit-déj !
- Fallait te lever plus tôt, répliqua-t-elle, impitoyable. Tiens, prend un café et un toast et on y va.
Elle lui fourra entre les mains une tasse et un toast, puis se leva avec énergie. Julian n'eut d'autre choix que de suivre le mouvement, abandonnant son thé au passage, et ils se dirigèrent tous les trois vers le hall d'entrée. Maintenant débarrassé de la question du journal, il abordait cette Journée de Recrutement des Clubs avec beaucoup plus d'enthousiasme et de sérénité. La brume épaisse qui avait envahi son esprit depuis le début de la semaine était toujours là, certes, mais Aileen avait agi comme un rayon de soleil capable de percer les nuages. C'était réconfortant d'être en orbite autour d'elle, même si ce n'était que pour aujourd'hui.
Comme l'année dernière, le vaste hall d'Ilvermorny avait été pris d'assaut par les élèves. De là il se trouvait, Julian ne voyait même plus les quatre statuts des emblèmes de maisons, à part un bout d'aile de l'Oiseau Tonnerre. Plusieurs tables avaient ainsi été installées et certaines croulaient sous les tracts tandis que d'autres étaient assaillis par la foule. Le stand des club sur balais – acrobatie, Quodopot et Quidditch – remportait notamment un franc succès. Une mèche de cheveux blonds attira son attention une seconde avant qu'il ne repère sa sœur derrière la table en train de distribuer des tracts. Elle ne savait visiblement plus où donner de la tête et Julian sourit, amusé et rassuré de la voir aussi passionnée. Pendant l'année écoulée, il lui avait trouvé une attitude frondeuse à mesure qu'elle grandissait, presque Gryffondor. Il en avait été déstabilisé, mais réalisait maintenant que c'était juste son âme de Poufsouffle qui s'exprimait autrement que par les clichés habituels : Lottie était travailleuse – elle conciliait sport et études en un équilibre qui tenait encore par la force de ses efforts – et surtout elle était tournée vers les autres. Elle voulait toucher les gens, leur transmettre sa passion... Et au vu des mains qui se tendaient vers elle pour avoir des tracts, elle y parvenait. Un peu plus loin, le club d'Astronomie attirait un peu moins, même s'ils avaient encore trouvé un slogan accrocheur cette année. De « visez les étoiles », on était passé à « un peu plus près des étoiles : rejoignez-nous ! » et Julian sourit.
- Club de journalisme ! lui hurla soudain Liam tout près de l'oreille. Rejoignez-nous ! On parle de potins toute la journée !
Aileen se précipita pour lui plaquer une main sur la bouche, catastrophée.
- Ah non ! Ne me fais pas passer pour un tabloïd stupide !
- Mais ça va attirer du monde !
- C'est non, martela-t-elle. Va distribuer notre brochure, je gère le stand avec Maria et Julian. Déguerpis, allez !
Elle lui donna une tape sur la tête pour faire bonne mesure et Liam s'éloigna, sa tasse de café toujours à la main. Il fut avalé par la foule en quelques secondes. Satisfaite, Aileen revint et lui faucha le coude. Il suivit le mouvement jusqu'à leur stand, plus simple mais décoré avec goût. Des pages de journal avaient été enchantées pour rester suspendues dans les airs tout autour et une machine à écrire rédigeait toute seule dans un bruit caractéristique et réconfortant. Tap, tap, tap. Julian laissa ses doigts courir sur le clavier alors qu'il passait derrière la table et Maria l'accueillit avec un sourire.
- Salut ! dit-elle avec un accent où les voyelles roulaient avec harmonie. Tu continues le club finalement ?
- Non... Désolé, trop de choses à gérer. J'aide juste pour aujourd'hui.
- Oh c'est dommage, j'aimais bien tes illustrations. Mais je comprends, tu vas avoir moins de temps cette année... c'est à cause du procès sur Ronan Graves ?
Pris au dépourvu, il se figea. Il savait que les élèves d'Ilvermorny avaient fini par savoir qu'il était impliqué avec ses amis dans une affaire liée à Emilia Cooper et Ronan Graves. Le va-et-vient des Aurors en fin d'année dernière n'avait après tout pas été discret, mais il avait espéré naïvement que l'été aurait apaisé les choses. Maria dû réaliser que sa question était indiscrète car elle fit un geste d'excuse avant même qu'il n'ait pu répondre. Si elle n'avait pas eu une peau aussi hâlée, elle aurait sûrement rougi.
- Pardon, je ne sais même pas si tu as le droit d'en parler ? Ils n'ont pas encore annoncé qu'il y aurait un procès, mais les journaux en parlent beaucoup chez moi.
- Chez toi ?
Maria hocha la tête.
- Au Mexique. Je viens de Oaxaca, c'est au sud de Mexico. Je rentre toujours pour les vacances et toute l'affaire a un peu fait la une cet été... Les médias ont un peu un problème avec Ilvermorny, c'est pour ça. C'est bête mais c'est comme ça.
- Un problème avec Ilvermorny ? Pourquoi ?
Maria haussa les épaules et réajusta le parchemin dans la machine à écrire. Elle lui répondit par-dessus son épaule, sa frange de cheveux noirs et lisses lui cachant en partie les yeux.
- Une vieille histoire, j'étais même pas née. Un élève en échange scolaire est mort ici je crois et il venait de la famille Calderon. C'est un peu l'équivalent des Wilkinson pour nous, elle est connue en politique surtout donc ça avait fait un peu un scandale diplomatique. Depuis ça, le Mexique aime bien critiquer Ilvermorny, tu vois ? Mes parents hésitaient même à m'y renvoyer cette année !
A la mention de la famille Calderon, Julian sentit son cœur bondir et il se raidit sûrement de manière tout sauf naturelle. A aucun moment il n'avait songé que l'histoire de Diego pouvait encore avoir des répercussions aujourd'hui mise à part l'évidence de l'incrimination de la Génération 1950. Il se souvint du teint livide de tante Cordelia, âgée de dix-sept ans, qui affirmait avec force que la mort de l'enfant chéri du Mexique ne resterait pas impunie si elle venait à se savoir et qu'ils en payeraient tous le prix. Si un simple scandale autour d'Ilvermorny – sans lien apparent pour le grand public – pouvait relancer le débat au-delà de la frontière, il n'osait pas imaginer si les Calderon apprenait la véritable histoire. Rien qu'à l'idée, son ventre se tordit un peu plus et il sentit une peur vicieuse courir sous sa peau.
Sous ce spectre de révélations, c'était sa mère qui était en danger. Et si lui-même ressentait ça alors même que Maria énonçait simplement ce fait sur le ton de la conversation, il n'osait pas imaginer la terreur qui avait dû la saisir lorsque Ronan Graves suspendait la menace de tout révéler telle une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Peut-être qu'une terreur pareille, alimentée pendant des décennies, pouvait vraiment pousser à feindre sa mort...
- Eh, ça vous fait bizarre à vous aussi ? lança Aileen en revenant vers eux. De ne plus voir Zack et Winona au stand de Quidditch ? J'ai l'impression qu'il manque quelque chose presque !
Julian pivota pour observer à nouveau le stand. Il n'y avait pas pensé jusqu'à présent, mais c'est vrai que les anciens septièmes années laissaient une sorte de vide. C'était étrange de ne pas voir Elicia Jauncey se battre avec Zack pour recruter de nouveaux joueurs, tout comme c'était étrange de voir Sora Qaletaga sans sa sœur.
- Un peu, admit Maria. Mais j'ai parlé avec Winona avant l'été, elle était contente de retourner à la Réserve. Pour Zack... j'avoue que je suis plutôt soulagée qu'il ne soit plus là....
Elle grimaça d'un air entendu et Aileen lui jeta un regard perçant. La raison du malaise de Maria était claire. En écho, comme à chaque fois que le sujet de Zack Ledwell était évoqué, Julian détourna les yeux, mal à l'aise pour une tout autre raison. Le poids dans sa poitrine se renforça et il se rembrunit.
- Ce n'est pas juste de dire ça, Zack était... commença Aileen sur la défensive.
- Oh Morgane ! s'exclama soudain Maria.
- Quoi ?
Coupée dans son élan, Aileen haussa un sourcil, surprise ; mais Maria pointa quelque chose derrière son épaule.
- Regardez ! dit-elle d'une voix étouffée. C'est Noah Douzebranches qui revient ?
Il fit volte-face si vite qu'il en eut le tournis une seconde, le temps que sa vision s'ajuste et qu'il arrive à voir au-delà de la foule des élèves pressés dans le hall. Maria avait raison. Entre les deux lourdes portes de l'entrée, Noah venait d'arriver, encadré d'Hilda et de l'agent Hercules Fischer. Le visage baissé et presque dissimulé sous ses boucles, il avait un sac à dos passé en travers de l'épaule et se tenait là comme s'il y avait été traîné de force. Ce qui pouvait très bien être probable au vu de l'air pincé de la tante Hilda. Son expression était si fermée qu'elle aurait pu rivaliser avec McGonagall dans ses mauvais jours et elle ignora superbement les élèves qui les dévisageaient en s'avançant dans le hall.
- Laissez passer s'il vous plaît, ordonna Fischer. Merci, laissez-passer.
Autoritaire, l'Auror dégagea un chemin pour que Noah et Hilda puissent traverser, ce qui n'empêcha pas les murmures fiévreux de s'élever soudain. Julian sentit son cœur s'emballer comme si un coup de stress et d'adrénaline combiné venait de le saisir.
- Si, c'est lui...
- Regarde, il est revenu ! Il était temps !
- Je croyais qu'il avait abandonné les études, j'avoue.
- Oh Wilde, tu me dois un dragot, j'avais raison : moins d'une semaine !
- On est dimanche, ça fait pile une semaine, ça ne compte pas.
- J'ai entendu dire qu'il avait été viré, moi. C'est faux du coup ? Il revient ?
Les voix, entremêlées, se heurtaient entre elles dans un concert de commentaire tout sauf discret. Noah garda les yeux fixés au sol, visiblement résolu à ne rien laisser paraître, mais Hilda accéléra le pas. Toujours figé derrière son stand, Julian laissa son corps pivoter comme dirigé par des fils invisibles pour suivre le cheminement de Noah. Il aurait voulu réussir à croiser son regard, mais Noah ne regardait personne. Une pointe de colère perça le brouillard qui l'enveloppait. Ça faisait plus d'un mois qu'il angoissait pour Noah, il s'était fait mille scénarios la nuit quand son esprit baissait la garde... Même après la confirmation qu'il se trouvait simplement avec sa mère et qu'il était parti de son plein gré, la crainte que Ronan Graves soit impliqué d'une manière ou d'une autre ne l'avait pas quitté. Et là, Noah revenait tel un Epouvantard surgissant d'un placard comme si tout était normal. Comme s'il n'avait pas loupé la rentrée d'une semaine ni inquiété tout le monde.
La gorge sèche, Julian continua à le fixer alors qu'ils arrivaient au pied des escaliers. S'il continuait à le faire, peut-être que Noah finirait par tourner la tête vers lui, mais il savait que c'était un souhait naïf. Il ne pouvait pas l'appeler par la seule volonté de son esprit non plus.
- Je peux vous laisser là ? entendit-il demander Fischer. Tout ira bien ?
Hilda acquiesça.
- Oui, ça ira. Et merci encore de votre réactivité et de vous être déplacé. (Elle se tourna ensuite vers Noah). Toi, tu vas poser tes affaires pendant que je vais m'entretenir avec la directrice. Tu nous rejoints ensuite, d'accord ?
A cause du bruit et de la distance, Julian n'arriva pas à capter la réponse de Noah, mais elle avait dû être seulement marmonnée en un vague assentiment car Hilda pinça les lèvres.
- Et pas de détour, c'est clair ? l'admonestera-t-elle avec autorité. La directrice Hicks est déjà plus que compréhensive de te laisser une chance. Allez, va.
D'un geste, elle le congédia et Noah ne se fit de toute façon pas prier. Il s'élança dans les escaliers tandis que les murmures reprenaient dans son dos, toujours plus forts. Un groupe d'élèves passa soudain dans son champ de vision et Julian perdit alors Fischer et Hilda de vue. Autour de lui, les voix se remirent à prendre de la consistance. Il avait vaguement conscience que Aileen et Maria étaient en train de commenter ce qui venait de se jouer devant eux, mais il n'arriva pas à se joindre à elles. En retrait, il tenta plutôt de maîtriser sa respiration, toujours entravée par ce poids qui lui pesait. Sa concentration fut brisée à la seconde où Liam fonça vers eux, survolté.
- Bordel, vous venez de voir ça ? Raccompagné par un Auror carrément ? Mais je croyais qu'il était majeur et que ça ne les concernait pas !
- Peut-être que Hilda l'a tendu au courant quand même ? supposa Aileen. Peut-être qu'il n'est pas revenu tout seul ?
- Il avait pas l'air ravi en tout cas, c'est sûr. Attendez, je reste avec vous maintenant.
Sans même faire le tour, Liam se hissa sur la table pour passer de l'autre côté en balançant ses jambes par-dessus. Maria poussa un cri de surprise.
- Liam, attention à la machine !
- Cooper !
Mais la diversion de Liam était exactement ce qu'il lui fallait. Julian en profita pour faire l'inverse – sans passer sur la table s'entend – et s'exfiltra du stand avec un « je reviens plus tard » que les filles entendirent à peine. Il ne s'attarda pas pour s'expliquer davantage. Il laissa le brouhaha du hall derrière pour monter les marches deux à deux, le souffle court. Et même s'il savait que c'était sans doute une mauvaise idée pour le moment, il voulait retrouver Noah. Plus que ça même, il avait besoin de le voir et surtout d'avoir une explication. La patience n'avait jamais été sa vertu.
Evidemment, le reste du château était désert. C'était l'avantage de la Journée de Recrutement et quand il arriva dans le Foyer, il ne croisa personne. Personne ne fut donc témoin de son hésitation derrière la porte du dortoir alors même qu'il devait avoir l'air ridicule, mais il n'entra pas immédiatement. Il tenta de faire le vide dans son esprit trop agité.... Il avait eu depuis juillet pour penser à ce qu'il allait dire à Noah en le revoyant et pourtant rien ne lui venait à cet instant. Frustré contre lui-même, il se décida à ouvrir la porte sans plus réfléchir sinon il aurait pu encore être là demain matin.
Dès qu'il entra dans le dortoir, son regard tomba sur Noah. Ce n'était pas difficile, son lit était juste en face de la porte et il était présentement assis dessus, adossé contre son oreiller, les jambes repliées contre lui. Son sac à dos était simplement posé au pied du lit comme s'il n'avait même pas pris le temps de le défaire, mais ce qui frappa Julian fut son expression. Il avait l'habitude de voir Noah frondeur, défieur, passionné, moqueur... Mais là, il était juste défait. A croire qu'il n'était pas le seul avec un poids sur les épaules et Noah renvoyait exactement cette impression. Il s'avança donc vers lui avec prudence.
- Eh... murmura-t-il. Je venais juste voir... enfin voir si ça allait...
- Ca va...
Mais même sa voix ne fit pas illusion. Julian s'avança un peu plus jusqu'à arriver près du lit et il s'appuya contre une des colonnes du baldaquin.
- Je ne savais pas que tu revenais aujourd'hui, dit-il sans pouvoir s'en empêcher.
Il espéra être arrivé à rester nonchalant, même s'il en doutait pas. Noah, lui, eut un rire étouffé dépourvu d'humour.
- Fallait bien, non ? Je suis revenu ce matin et Hilda voulait pas que je loupe « une heure de plus ». Je cite. Elle a arrangé un rendez-vous avec Hicks en moins d'un quart d'heure.
- Oh... Et Fischer ? Qu'est-ce qu'il faisait là ?
Rester factuel, s'accrocher à des choses neutres. C'était un bon moyen de commencer sans se mettre à crier directement ni sans braquer Noah d'entrée ou du moins c'est ce qu'il croyait avant de le voir tressaillir.
- C'est lui qui m'a ramené au café... après que ma mère l'aie appelé pour venir me chercher à New York. C'était plus rapide pour se débarrasser de moi.
La dernière phrase, prononcée plus basse comme un commentaire cynique, fut pourtant ce qui le crispa tout entier. Julian fut parcouru d'un frisson.
- Je comprends pas... souffla-t-il. Je croyais que t'étais parti avec elle. C'est ce que Hilda nous a dit...
- Ouais bah c'était plus compliqué que ça...
A nouveau, Noah baissa les yeux pour ne pas rencontrer son regard et il sentit la pointe de colère revenir le piquer. Il se pencha vers lui.
- Plus compliqué ? Noah, sérieux, tu sais à quel point tout le monde s'est inquiété ? On t'a cherché partout pendant deux jours !
- J'allais bien, c'est bon...
- Non justement ! Hilda était morte d'inquiétude, elle a débarqué chez nous, elle voulait mobiliser les Aurors. On a cherché dans la moitié de New York avec Théa ! Même Archer s'y est mis, c'est dire. (Il tenta de ravaler la bulle prête à éclater entre sa gorge et son torse, sans succès). Tout ça pourquoi ? Pour apprendre que t'étais juste parti en vacances avec ta mère sur un coup de tête ? Avec Ronan toujours en cavale ! Mais qu'est-ce qui va pas chez toi ?
- C'est la question à mille dragots, non ?
Il jeta ses mains vers le plafond, incrédule et frustré. Toujours la même défense brandie comme un bouclier, même si elle manquait étonnement de ferveur comme si Noah lui-même avait conscience de réciter un texte.
- Oh arrête avec ça, on en a déjà parlé. Et bon sang, regarde-moi !
Ça devenait dur de rester pencher pour tenter de croiser son regard et, las, Noah fini par relever les yeux alors que ses jambes retombaient contre le matelas, étendues devant lui. Et Julian fut à nouveau frappé au cœur. Il avait assez observé Noah toute l'année dernière pour savoir qu'il aimait ses boucles noires, mais il avait tendance à oublier tout ce que ses yeux bleus pouvaient véhiculer. A cet instant, il se rendit comprit avec un mouvement de recul qu'ils contenaient aussi bien des larmes qu'une émotion brisée.
- Jules, s'il te plait, j'ai vraiment pas envie d'en parler... souffla-t-il alors.
C'était inattendu. Tout était inattendu et rien ne correspondait à ce qu'il avait imaginé dans sa tête pendant tout l'été. Il en resta démuni. Il n'avait jamais entendu Noah avec ce ton suppliant, ni si prêt à craquer, et sa colère se résorba avec brusquerie.
- Noah...
Mais Noah avait déjà détourné la tête, les traits crispés. Il prit alors sa décision aussi vite qu'il avait ouvert la porte : c'était comme un bandage qu'il fallait enlever sans réfléchir.
- Décale-toi, fit-il en montant déjà sur le lit. Vas-y.
- Quoi ?
Surpris, Noah n'eut pas le temps de le retenir et il se retrouva assis à côté de lui, dos contre la tête de lit et épaule contre épaule avec lui. D'un coup de baguette, il ferma un des côtés des rideaux... Les fermer tous paraissait trop intime, mais au moins ils étaient plus isolés sans toute la vue sur le dortoir.
- C'est une nouvelle technique de drague, Jules ? lança Noah avec un rictus suggestif.
Mais même cette blague – pourtant sa spécialité – manquait de son mordant habituel et il perdit son sourire en soupirant.
- Il n'y a rien à dire, tu sais, dit-il avec fatalisme. Hilda a déjà convaincu Hicks de me laisser revenir, je vais sûrement avoir quelques heures de colle pour avoir louper la rentrée et être obligé de rattraper la semaine de cours. C'est tout...
- Je m'en fiche de la rentrée, répliqua Julian en toute honnêteté. Je veux savoir ce qui s'est passé.
- Tu le sais déjà dans les grandes lignes, tu l'as dit toi-même... Je suis parti le jour de mon anniversaire rejoindre ma mère et elle a bien voulu qu'on parte ensemble. On a fait une sorte de road-trip tous les deux mais... (sa voix flancha une seconde et il se râcla la gorge), mais tu la connais. Elle a craqué.
Un mauvais pressentiment s'éveilla en lui. Il visualisa un mur vers lequel ils fonçaient et osa toute de même relancer :
- Craqué dans quel sens ?
- Dans le sens où elle m'a sorti qu'elle n'avait jamais voulu être mère ni me garder en premier lieu, répondit Noah avec dureté, les yeux fixés droit devant lui. Qu'elle ne savait pas quoi faire et qu'elle ne voulait pas que j'habite avec elle. On a fini par rentrer sur New York et elle a appelé elle-même Fischer pour qu'il me ramène chez Hilda... Je pense qu'elle essaye de repousser leur prochaine rencontre en face à face...
Julian n'avait pas de mal à l'imaginer. La fuite semblait être le mode de fonctionnement préféré d'Heather et ce n'était peut-être pas si étonnant que Noah en ait hérité en partie. Surtout, il lisait entre les lignes ce qu'il ne disait pas à voix haute. La violence d'entendre sa propre mère dire qu'elle n'aurait pas voulu vous garder devait être immense, particulièrement pour Noah qui avait placé autant d'espoir en elle depuis des années. Il aurait voulu s'insurger – quelques insultes lui venaient même à l'esprit – mais l'expression dévastée de Noah l'en empêcha. Clairement, il n'avait pas besoin d'une énième leçon de moral maintenant...
- T'aurais dû voir Hilda quand elle m'a vu revenir escorté d'un Auror... continua-t-il d'une voix étouffée. Du grand spectacle.
- Je me doute...
Démuni, Julian se retrouva à court de mots. Il ne savait pas ce que Noah voulait entendre, ni même ce qu'il pouvait lui dire. Il ne voulait pas non plus outrepasser les limites et, prudemment, il glissa sa main vers la sienne. C'est ce que Noah avait fait pour lui la nuit où sa mère était revenue et qu'il avait son espèce de crise sous la douche. Le contact peau contre peau l'avait ancré bien plus qu'il ne l'aurait cru. Le souffle bloqué, il prit donc la main de Noah dans la sienne, s'attendant presque à être repoussé. Un battement de cœur passa, long et horrible, mais leurs doigts finirent par s'entremêler.
Et Noah ne s'écarta pas. Bien au contraire. Il parut céder complètement et se rapprocha un peu plus jusqu'à venir poser sa tête contre son épaule. Julian se laissa faire, figé, avant de réagir à son tour. Maladroitement, il se décida à pousser les limites plus loin et détacha sa main pour finalement venir passer son bras autour de Noah. Ils n'avaient plus eu autant de contact physique depuis les dernières vacances d'avril avant leur pseudo-rupture. Il s'attendait cette fois à se faire envoyer balader, mais à nouveau Noah ne s'écarta pas. Il s'accrocha plutôt à lui, le visage enfoui dans son cou et Julian retint sa respiration en sentant son souffle contre sa peau. Noah tremblait presque mais il ne chercha pas à l'écarter : s'il avait besoin de se cacher et d'avoir un soutien, alors il pouvait bien lui donner.
- Ca va aller... murmura-t-il dans une litanie vide de sens. Tu verras, ça va aller...
- Je pensais vraiment qu'elle avait changé, Jules... Que ça serait différent cette fois. Je pensais... que je serais assez pour une fois...
Sa voix s'étrangla à moitié et Julian resserra sa prise.
- Noah, ce n'est pas à toi d'être assez, arrête. Ce n'est pas de ta faute. C'est elle... Elle t'aime juste différemment, mais ça n'a jamais été parce que tu n'es pas assez...
- Alors pourquoi elle n'arrive pas à être avec moi plus d'un été, hum ? Je te jure, j'ai fait des efforts, on faisait ce qu'elle voulait, je dessinais même moins pour pas l'exclure... je me disais que si je faisais des efforts, j'arriverais à... je sais pas... à gagner son amour ou une connerie comme ça. C'est stupide...
Visiblement gêné, il baissa à nouveau les yeux et ses mains se mirent à s'agiter. Julian retint l'impulsion de déposer un baiser sur sa tempe et lieu de ça posa son menton contre la tête de Noah alors que celui-ci s'affaissait un peu plus contre lui.
- Non, ça l'est pas, rassura-t-il, sincère. Elle t'a poussé à le croire, c'est tout. Depuis que t'es gamin et qu'elle t'a demandé de choisir entre elle et Hilda d'ailleurs. En plus, ça ne fonctionne pas comme ça. Tu ne peux pas gagner l'amour de quelqu'un...
- Tu crois ?
Il hésita. Techniquement, oui, il le croyait. Mais il était aussi conscient du fait qu'il tentait toujours de plaire aux autres pour éviter le conflit ou pour avoir leur affection. Il répondait aux attentes exactement dans ce but, comme Noah avait pu le faire avec sa mère.
- Oui, finit-il par assurer doucement. J'ai pris du temps à le comprends, mais oui je crois. L'amour, ça ne se gagne pas... il y a un côté méritant peut-être, mais tu ne peux pas forcer les choses non plus en essayant de tricher ou d'être quelqu'un d'autre. Sinon, tout est faussé.
- Hum...
Noah n'avait pas l'air convaincu totalement, mais il était songeur et il savait qu'il faudrait un peu de temps pour qu'il intègre l'idée, lui qui ne connaissait que la reconnaissance comme moyen de se faire aimer. Hilda n'avait sans doute pas été différente de sa sœur sur ce point, même si son amour à elle avait été présenté sous d'autres conditions : la réussite scolaire, le comportement, un projet d'orientation convenable... Autant d'attentes que Noah peinaient à atteindre tant elles étaient éloignées de sa personnalité.
- Je t'ai vraiment inquiété ? lâcha-t-il soudain, toujours sans le regarder.
Julian ravala son rire incrédule.
- A ton avis ?
Son cynisme fit enfin relever les yeux à Noah. Le doute joua sur son visage une seconde avant d'être remplacé par la culpabilité.
- Oh... réalisa-t-il. Je ne pensais pas...
- Tu ne pensais pas que je m'inquiéterai pour toi ? Sérieusement ?
Il n'arriva pas à endiguer l'indignation dans sa voix, heurté, mais Noah secoua la tête.
- C'était compliqué... Entre nous, je veux dire. Je me disais que tu ne voudrais plus trop me voir cette année de toute façon. A cause de tout ce qui s'est passé et de ce qu'on s'était dit...
A nouveau embarrassé, il se remit à fixer le dortoir. Julian réalisa que c'était ici même qu'ils avaient eu leur dispute et qu'ils avaient mis fin à leur pacte-expérience, peu importe le nom qu'ils voulaient bien lui donner. Les joues sûrement rouge, il prit le temps d'assembler les mots qui virevoltaient furieusement en lui avant de répondre.
- C'est faux, j'ai dit que je t'aiderai avec ton book, marmonna-t-il.
- Tu l'as dit pour me faire plaisir.
- N'importe quoi, je l'ai dit parce que je le pensais. Ça serait un crime de ne même pas essayer avec le niveau que t'as.
Il n'eut pas à se forcer cette fois, ni même à réfléchir. Cette certitude était inébranlable au fond de lui. Un demi-sourire joua sur les lèvres de Noah et il n'arriva pas à le dissimuler, même en tournant la tête. Ils restèrent silencieux plusieurs secondes, juste absorbé dans la présence de l'autre, jusqu'à ce que Noah reprenne :
- J'étais pas sûr de moi, ok ? Parfois, c'est dur de savoir ce que tu penses... t'es juste retranché en toi-même. J'avais presque peur de m'être monté la tête tout seul, même si je sais que c'est pas le cas. Et je crois que je te l'ai pas dit depuis l'année dernière, mais... je suis désolé, tu sais. Pour ce qui s'est passé.
Julian sentit son rythme cardiaque repartir en flèche.
- Ah ? fit-il en tentant de maîtriser sa voix.
- Hum... T'avais raison, je n'aurais jamais dû balancer ce que j'ai dit à Hanna. C'était pas à moi de le faire... Et je sais aussi que je te demandais tout et son contraire...
Ce revirement complet était encore plus surprenant que son retour surprise. Pris au dépourvu, il le contempla, une sensation de chaleur dans le ventre, mais s'exclama tout de même :
- Merlin, t'as pris un coup sur la tête pendant ton road-trip ?
Surpris par sa réponse, Noah mit une seconde à réagir avant de partir dans un éclat de rire. Il se redressa et Julian retint un frisson alors que sa chaleur le quittait.
- Non, promis. Peut-être un mauvais sort à la Nouvelle-Orléans, mais c'est tout.
- T'as été à la Nouvelle-Orléans ?
Enthousiaste, il écarquilla les yeux et Noah sourit en acquiesçant. Il réajusta sa position, puis s'allongea un peu et se retrouva sur le côté, une main glissée sous sa tête. Julian l'imita aussitôt. Face à face, leurs jambes se touchaient presque au bout du lit et il tenta pour la énième fois de ne pas laisser son esprit divaguer.
- C'était la meilleur étape du voyage, ouais. J'aurais aimé y rester je crois. Ou que tu sois là...
- Que je sois là avec toi ?
- Ouais, avoua Noah dans un murmure. J'aurais aimé plein de choses je crois, même si la plupart sont impossibles.
Il y avait une certaine mélancolie dans sa voix et Julian décida de reprendre sa main libre dans la sienne. Il les laissa reposer entre eux.
- Qu'est-ce que tu ferais ? souffla-t-il dans un élan de courage. Si tu pouvais avoir tout ce qui est impossible ?
Le champ des possibles semblait infini et l'idée fit sourire Noah. Il prit un peu de temps pour réfléchir avant de se lancer :
- Je partirai, je pense. Des Etats-Unis même. Je t'emmènerai avec moi quelque part où on pourrait être tous les deux.
Julian se mordit l'intérieur de la joue. Au creux de son ventre, la chaleur se renforça.
- Juste tous les deux ? osa-t-il demander, même s'il connaissait la réponse.
- Ouais... on pourrait dessiner toute la journée. Il n'y aurait personne pour juger ni... interdire quoique ce soit.
Julian ferma les yeux. Derrière ses paupières closes, il pouvait presque imaginer ce que Noah décrivait. Il savait très bien ce qu'il faisait aussi. Il jouait avec le jeu à vouloir transgresser ce qui était interdit. Le cœur gonflé à en exploser, Julian se mit à tracer des lignes informes sur le dos de sa main.
- Jules... est-ce que t'es toujours en colère contre moi ? demanda soudain Noah.
La touche de vulnérabilité lui fit rouvrir les yeux.
- Non... admit-il.
Je suis juste triste, aurait-il voulu ajouter, mais il n'aurait pas réussi à expliquer pourquoi à voix haute. Ce n'était pas nécessaire de toute façon, Noah comprenait très bien. Il vit toutefois quelque chose s'allumer dans son regard et, alors qu'il commençait à réduire la distance entre eux, Julian se décida à ajouter :
- Mais ça ne change pas... on ne peut pas, Noah...
- Pourquoi ? Tu viens de dire que...
Il fit un geste frustré sans terminer sa phrase. Julian déglutit.
- Parce qu'on ne peut vraiment pas. C'est la loi, tu l'as dit toi-même. On n'a pas le droit... on n'a même pas le droit d'exister si on y pense.
- Mais on existe, Jules ! On est là, toi et moi, à tourner autour du chaudron alors qu'on sait très bien ce qu'on voudrait. Pas vrai ?
Si, évidemment. C'était criant entre eux et en même temps murmurer à voix basse, cette chose indicible et interdite. Buté, Noah laissa retomber sa tête contre le matelas et roula un peu plus près de lui. Il vint caresser son visage du bout des doigts et son souffle se bloqua en même temps que toute sa peau s'électrisait.
- Sois avec moi, Julian... murmura Noah dans un élan désespéré. Plus d'expérience, c'est bon j'ai compris. Mais juste... sois avec moi. C'est ça que tu voulais, non ?
C'était ce qu'il avait voulu il y a des mois, oui. Maintenant tout lui semblait beaucoup plus compliqué et pourtant tout son être vibrait, le poussait à accepter. Il en avait rêvé les yeux ouverts. Il ne savait pas ce que Noah avait vécu cet été, mais visiblement il avait enfin réussi à faire face à toutes les illusions avec lesquelles il s'était protégé l'année dernière. Le fait même qu'il l'appelle Julian et non « Jules » ajoutait une note de vérité à la supplique.
Pourtant, ça paraissait trop simple. Il suffisait à Noah de revenir dans sa vie, aussi imprévisible qu'un coup de tonnerre au milieu d'une tempête, pour qu'ils reprennent là où ils s'étaient arrêtés en mai dernier ? Ca semblait injuste et facile à la fois. Plus que tout, d'autres barrières que la loi se dressaient entre eux et Julian voyait le visage d'une d'entre elles danser dans son esprit très clairement.
Alors, sans se soucier de sa voix cassée et plaintive, il souffla :
- Quitte-la...
Les mots, douloureux, tombèrent de ses lèvres et Noah réaffermit sa prise en abaissant sa main jusqu'à la ligne de sa mâchoire et son pouce vint balayer sa joue dans un mouvement doux.
- Quitte Othilia... répéta-t-il. Pour moi.
- Jules...
- S'il te plait...
Il n'en avait plus rien à faire de paraître suppliant. Il fallait qu'il le dise pour ne pas regretter ni se laisser tenter d'accepter un nouveau pacte dont les termes ne lui iraient pas et cela malgré l'envie tiraillante qui le poussait à juste embrasser Noah pour tout oublier. Malheureusement, il comprit en une seconde qu'il se heurtait à un refus. C'était visible sur tout le visage de Noah et, instantanément, il sentit les larmes lui monter aux yeux.
- Non, attends, laisse-moi t'expliquer, s'empressa-t-il de dire. Jules, je suis désolé...
- Ca sera toujours elle, c'est ça ? Moi je reste l'expérience. Tu ne veux pas sacrifier ton couple pour ça...
- Non, pas du tout. Ecoute-moi, d'accord ? Je...
Frustré, il ferma les yeux et passa une main dans ses boucles – celle qui s'était trouvé juste avant sur son visage – et Julian se retrouva à souhaiter qu'il la repose où elle avait été.
- Faut que je te dise quelque chose... fit Noah d'une voix sourde. J'avais pas prévu de le faire, mais c'est arrivé et... j'avais juste besoin de parler...
D'un coup, la peur se rabattit sur lui.
- Faire quoi ? demanda-t-il, le cœur battant.
- J'ai... hum... j'ai parlé à ma mère... De moi, de ce que je ressentais... (il détourna les yeux, l'air coupable, avant d'ajouter dans un murmure). Je lui ai parlé de nous.
- T'as fait quoi ?!
La chaleur dans son ventre se changea en glace et vint bloquer sa respiration. Il n'arriva même pas à se soucier de sa voix qui dérailla clairement et se redressa sur un coude, le ventre labouré par des griffes angoissées. Noah en fit de même pour être à sa hauteur.
- Je sais, je suis un putain d'hypocrite, reconnut-il. Je t'ai fait toute une scène quand tu m'as dit que t'avais avoué à Hanna que tu voyais un garçon et pas une fille et j'ai fait dix fois pire...
- Mais t'as... t'as cité mon nom ?
- En quelque sorte...
La mort dans l'âme, Noah se retourna pour se pencher et attraper quelque chose hors du lit. Il entendit le bruit caractéristique d'une fermeture éclair, puis Noah roula sur lui-même pour être à nouveau face à lui. Il tenait dans ses mains son cahier à dessins, celui où il dessinait le plus.
- Je lui ai montré ça, expliqua-t-il, l'air embarrassé. Elle a compris assez vite. C'est visible sur chaque maudite page, je pense. T'es partout et pas seulement parce qu'on a dessiné ensemble depuis septembre dernier. C'est juste comme ça. Et non, tu ne peux pas voir, ajouta-t-il alors qu'il faisait un geste pour prendre le cahier.
- Quoi ? s'indigna Julian. Pourquoi ?
- Parce que mes capacités d'humiliation ont des limites, merci bien.
Le ton railleur ne parvint pas à cacher la gêne et il pencha la tête, presque suspicieux. Un sourire lui monta instinctivement aux lèvres.
- Quand tu dis chaque page... ?
- Ravale ton ego, Jules, c'est bon.
D'une main, Noah le repoussa et il retomba sur le matelas, un rire coincé dans la gorge. Il espérait vraiment ne pas rougir pour ne pas gâcher son effet, même si son cœur battait avec un trop plein d'affection. C'en était presque douloureux. Pourtant, il n'oubliait pas le sujet initial et son sourire s'évanouit.
- Mais alors Othilia... ? relança-t-il, perplexe.
- Ma mère pense que c'est plus prudent que je reste avec elle pour le moment. Avec tout ce qu'on raconte sur... les gens comme nous. La maladie des Non-Maj' aussi et puis à cause de la loi évidemment...
- Oh...
Il comprenait le raisonnement. Il le détestait. Mal à l'aise, il osa demander ce qui le préoccupait :
- Et ta mère ? Elle en a pensé quoi ?
- Elle n'a pas réagi comme Hanna déjà, c'était pas mal. Et elle a été surprise au début je pense, mais après... Elle m'a dit d'aimer qui je voulais et que ça ne changeait rien pour elle.
Deux pensées le traversèrent simultanément : le soulagement qu'Heather réagisse enfin bien envers son fils sur au moins un point et le mot « aimer » qui le percuta avec force. Sa cage thoracique parut rétrécir à nouveau et il fut persuadé d'une chose à cet instant : il ne voulait rien de plus que Noah Douzebranches. C'était un besoin qui pulsait en lui, partout et à chaque seconde. Il failli même y céder, prêt à basculer dans le précipice qui l'appelait, avant de se reprendre. L'angoisse de savoir que Heather était au courant pour eux se résorba un peu et il songea une seconde à avouer que Matthew aussi était techniquement au courant, mais le courage lui manqua. Peut-être plus tard...
- C'est bien, affirma-t-il d'une voix rauque. Qu'elle ait réagi comme ça, je veux dire.
- Hum... ça m'a fait ouvrir les yeux, je pense. Sur ce qui s'était passé l'année dernière. Et sur nous.
D'un coup, ça avait l'air si simple pour Noah. Ce « nous ». Si évident. Et Julian aurait aimé s'en tenir uniquement à cette sensation, mais il avait passé l'été à traîner un spleen impossible à chasser pour cette même raison. Ce « nous » brisé était devenu son seul horizon, lui-même réduit à un cercle infernal où ses pensées ne faisaient que tourner en boucle pour le tourmenter.
- Non, on ne peut toujours pas, refusa-t-il finalement. Je suis désolé, mais non.
Il se détesta en voyant l'éclat blessé qui traversa les traits de Noah, mais il était résolu à tenir bon.
- Ce n'est pas à cause de la loi. Ça serait une bonne raison pourtant, mais ce n'est pas ce qui m'a fait le plus mal on va dire. Je ne peux juste pas... faire comme si rien ne s'était passé.
- Jules, je t'ai dit que j'étais désolé !
- Et ça ne suffit pas. Si tu veux vraiment...
Il buta sur le mot, le visage brûlant.
-... je ne sais pas, mais me « récupérer » on va dire, déclara-t-il en faisant entendre les guillemets dans sa voix, il va falloir plus que ça. J'ai des conditions.
- J'écoute.
Sérieux, Noah le regardait droit dans les yeux désormais. Il tenta de réguler les battements affolés de son cœur avant d'énumérer :
- Plus de mensonges. Entre nous, je veux dire, je ne te demande pas qu'on dise la vérité totalement... enfin pas devant toute l'école. (Il s'humecta les lèvres, la gorge plus sèche que jamais). Plus de crise de jalousie non plus, ajouta-t-il d'un ton sans appel. Zack est parti de toute façon mais quand même. Ensuite, je veux que tu bosses pour l'école d'art. Sérieusement. Pas d'excuse, ni de mauvaise foi.
- T'es dur, excuse et mauvaise foi sont mes deuxièmes prénoms, protesta Noah.
Il ne se laissa pas distraire par le trait d'humour.
- Surtout, pas d'Othilia. C'est mon ultime condition. Je suis sérieux, Noah, on a assez fait de mal autour de nous...
- Jules...
- Tant qu'on aura pas tout ça, c'est non. Et j'attends de voir les autre points en action avant de prendre ma décision.
Les yeux de Noah s'écarquillèrent.
- Tu veux dire... même si je romps avec Othilia disons demain – ce que je ne ferai pas en passant, vraiment je ne peux pas – ça ne serait pas suffisant c'est ça ?
- C'est ça, confirma-t-il en essayant de garder au mieux son aplomb. Va falloir me reconquérir, Douzebranches.
La dernière phrase, prononcée sur un coup de tête avec suffisance, le poussa à sourire d'un air défieur. Il aimait subitement beaucoup l'idée de voir Noah se battre pour lui, même s'il ne l'aurait jamais avoué. En face de lui, Noah plissa les yeux cette fois-ci, clairement pris au dépourvu.
- Te reconquérir, hum ?
Comme pour tester la limite, il avança doucement la main, presque incertain, avant de venir la poser sur le haut de sa jambe. Julian comprit en une seconde que son plan allait être plus dur que prévu, surtout que Noah se mit à faire courir sa main plus haut vers sa taille. Il la stoppa en plein mouvement en l'emprisonnant dans la sienne.
- Pas comme ça, précisa-t-il d'un faux air sévère.
- Même si t'en as envie ?
Le rictus était de retour et il rougit. Il ne chercha même pas à nier, pas alors qu'il était allongé dans un lit avec Noah et qu'il devait retenir son esprit de convoquer des images trop explicites. Heureusement, sa volonté et son ego étaient plus forts.
- Va falloir déployer tous tes talents, désolé, maintint-il. Et remplir les conditions.
Il ne remit pas le nom d'Othilia sur la table, il avait été assez clair, même si le sourire amusé de Noah vacilla. Finalement, il lui offrait un sursis : le temps de réparer leur relation était aussi du temps pour appréhender l'idée de rompre avec elle et peut-être que c'était ce dont il avait besoin. Du moins, il l'espérait. Il ne savait pas ce qu'il ferait si Noah décidait finalement qu'il passait en seconde position derrière Othilia. Rien que d'envisager l'idée, la douleur dans sa poitrine se réveilla.
Malgré tout, en face de lui et toujours si proche, Noah le regarda d'un air tranquille. Et lorsqu'il parla, ce fut avec son assurance retrouvée, celle qui criait au monde qu'il pouvait prendre d'assaut tous les obstacles :
- Julian Shelton, prépare-toi à être séduit, affirma-t-il.
*************************
Verdict ? ^^ Si vous saviez comment je me suis éclatée à faire ce chapitre vraiment haha ! Surtout la fin ! Je voulais vraiment que Julian mette Noah devant ses responsabilités, qu'il ne lui suffise pas de revenir pour que la situation reprenne comme dans le tome 1. Le but est de les faire évoluer, de sortir de ce schéma toxique dans lequel ils s'étaient enfermés ensemble. Et poser des conditions, communiquer, était la clé pour repartir sur une nouvelle dynamique.
En plus, avouons-le, l'idée de voir Noah Douzebranches se démener pour reconquérir Julian était très amusante ^^
Allez, à dans deux semaines ! Et merci encore pour vos retours, le dernier chapitre notamment, ça m'a fait super plaisir (le charme de Matthew, ça !).
Les memes de Lina (avec description comme demandé, si ce n'estpas assez surtout n'hésitez pas àme renvoyer un message ^^) :
[Tête triste qui pleure : "moi à chaque fois que Heather et sa relation avec Noah est évoquée"]
[Gros plan de réalisation : "Julian qui vit sa vie en attendant la rentrée / Quand il va voir que Noah n'y sera pas"]
[Petit garçon qui boude en fonçant les sourcils : "Noah quand il va arriver après sa rentrée et se faire gronder"]
[Image divisée en deux avec deux opposants : "le road trip de Noah" vs "la rentrée qui guette"]
[Image d'un chien avec un regard suspicieux : "Charity quand Matthew a défendu la cause LGBT comme sa propre vie"]
[Image d'un homme qui pleure : "Hanna et les autres face à l'argumentation béton de Matthew et la soeur de Dorcas"]
Voilà ! Bon je suis nulle pour décrire les memes je crois, c'est super dur...
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