Chapitre 11 : Le mal des mots

Hey ! Je suis vraiment désolée, je poste tard... j'avais complètement oublié qu'on était samedi, je suis juste épuisée en ce moment - la reprise post noël me met K.O - donc j'ai à peine conscience de ce que je dois faire, aka poster le samedi voyons haha! Au passage, c'est pour ça que les productions réalisées pour le concours créatif de noël mettent un peu de temps à arriver, ça va me prendre un peu de temps et je manque cruellement d'énergie, mais promis je n'oublie pas ^^

Sur cette mini intro, je vous donne le chapitre et je vais sûrement faire une nuit de 10h haha ! Celui-ci est sûrement mon deuxième préféré pour le moment de ce tome et devinez quoi ? On retourne du côté de Noah !

La citation collait parfaitement à Noah à mon sens

**********************************************************

Chapitre 11 : Le mal des mots

« De belles histoires
Tu parles, que des conneries
Alors maintenant, on se retrouve sur la route
Avec nos peurs, nos angoisses, nos doutes
Qui a le droit, qui a le droit
Qui a le droit d'faire ça
À un enfant qui croit vraiment
C'que disent les grands ? »

- Patrick Bruel, Qui a le droit ? -

// 29 août 1980 //

En un mois et demi, Noah avait plus vu du pays qu'en dix-huit ans d'existence. La route semblait s'étendre devant lui, infinie, et les possibilités l'étaient tout autant. Chaque jour, sa mère sortait une carte routière et il pointait un point différent vers lequel ils se dirigeaient. Ils pouvaient rester quelques jours dans les endroits les plus intéressants. Il avait particulièrement aimé la Nouvelle-Orléans il y a quelques jours. Depuis leur départ de New-York, ils avaient longé la côte, traversés la Caroline du Nord et du Sud, avant de rentrer dans les terres. Ils étaient restés près d'une semaine vers Atlanta avant de descendre jusqu'à la Nouvelle-Orléans, sans doute la ville où se mêlait le plus le monde sorcier et le monde Non-Maj' de tous les Etats-Unis. Il y avait repéré énormément de références à Marie Laveau, l'ancêtre de Clémence Laveau, sa camarade d'Ilvermorny. Tout avait été incroyable là-bas. Les tombes des cimetières cachaient le plus souvent des entrées sous-terraines vers des bars sorciers clandestins ou des repères de pixies. Personne n'avait sourcillé en les voyant entrer, lui et sa mère. Heather avait eu l'air si à l'aise dans cet environnement chaotique qu'il avait eu l'impression de la redécouvrir.

Le bar Terre des morts, notamment, avait été une expérience hors du commun. Dissimulé sous la tombe même de Marie Laveau, il fallait descendre une volée de marches en pierres glissantes pour y accéder. A l'intérieur, le sol était fait de terre battue récoltée dans le cimetière depuis des décennies et l'ambiance feutrée était contrebalancé par le jazz animé qui faisait vibrer les murs. Noah avait mis quelques minutes à s'en rendre compte, mais ces derniers avaient été construits avec des cercueils imbriqués dans la brique même et entre eux s'étalaient plusieurs portraits de grands vaudous de la ville. Le plus grand de tous, évidemment, était celui de Marie Laveau, grandeur nature. Elle toisait l'entièreté du bar, habillée de la même façon que sa forme spectrale qui venait à chaque Bal des Fantômes à Ilvermorny, même si là les couleurs ajoutaient une âme vivante à son portrait. Ses bras étaient recouverts de bracelets dorés, ses cheveux couverts d'un foulard violet éclatant, et son éternel serpent albinos s'enroulait autour de ses chevilles. Dès qu'un client se présentait au bar, c'était elle qui choisissait sa commande ; c'était la règle. Et justement, les clients n'étaient pas en reste. Noah avait repéré plus de personnes costumées qu'il n'avait pu en compter et il y avait de tout : des plumes, des colliers à perles, du maquillage extravagants, des robes du siècle dernier. Des gobelins déambulaient dans l'assistance et même d'autres créatures. Il avait vu des hommes habillés en femmes et des femmes en hommes. Tout le monde parlait fort, dansait, buvait. C'en avait été vertigineux.

Au bout d'une heure, il avait réussi à trouver une place assise à une table et regardait sa mère danser sur du jazz avec une sorcière rencontrée quelques minutes auparavant. Ses boucles noires désordonnées volaient autour d'elle. Il s'était senti heureux pour elle car pendant le temps d'une soirée, ce fut comme si tous ses démons l'avaient quitté. Elle riait et discutait avec tous les inconnus qui l'abordaient et hurlait même de temps en temps avec fierté « oui, c'est mon fils là-bas » en le pointant du doigt. Il répondait toujours avec un signe de la main que les inconnus lui rendaient. C'était un esprit de fête agréable, bien loin du café classique d'Hilda et du quotidien d'Ilvermorny. Il y avait même un peu trop bu pour la première fois depuis longtemps et avait passé la journée du lendemain à essayer d'échapper à sa gueule de bois, mais ça avait valu le coup.

Aujourd'hui, trois jours plus tard, il regrettait encore l'ambiance de la Nouvelle-Orléans. Ils venaient de passer la frontière de la Louisiane et se dirigeait maintenant vers le cœur du Texas, à savoir Dallas, mais la route était encore longue.

- Morgane, ce qu'il fait chaud... râla sa mère en s'éventant d'une main, l'autre sur le volant.

- C'est le mois d'août dans le sud, tu t'attendais à quoi ?

- A ce que cette clim fonctionne mieux à vrai dire.

Exaspéré, elle remonta ses lunettes de soleil aux verres teintés en jaune - il avait toujours espoir de lui « emprunter » avant la fin du voyage - et se mit à appuyer sur des boutons au hasard sur le tableau de bord.

- Comment ça marche... ? grommela-t-elle, yeux plissés.

- Je crois que ça marche déjà. Mais il faut que tu fermes ta fenêtre, ça fait rentrer l'air chaud et la clim n'a aucun impact sinon.

Elle lui jeta un regard sceptique, mais obtempéra. D'un coup, le bruit du vent rugissant se réduisit considérablement et il soupira de soulagement. Contre sa peau, il pouvait déjà sentir l'air frais de la clim avec plus de force et il lui renvoya un coup d'œil qui signifiait clairement « tu vois, j'avais raison ». Elle se contenta de secouer la tête, puis remit la radio en fond sonore. Des notes disco emplirent la voiture.

There's not a soul out there

No one to hear my prayer

Gimme, gimme, gimme a man after midnight

Won't somebody help me chase the shadows away?

Gimme, gimme, gimme a man after midnight

Take me through the darkness to the break of the day

- C'est pas mal, jugea-t-il à voix haute.

Depuis le début de leur road-trip, sa mère se faisait un devoir de « faire son éducation musicale » et il commençait à connaître pas mal de chansons Non-Maj'. Il avait particulièrement aimé Roxane de Police qui passait à la radio au moins trois fois par jour en ce moment, surtout depuis qu'il savait que la chanson parlait d'une prostitué. Il trouvait ça incroyable que les Non-Maj' puissent chanter aussi librement sur des sujets pareils. A côté de lui, sa mère éclata de rire.

- Je ne t'aurais pas pris pour un fan d'ABBA, admit-elle. Mais oui, c'est pas mal.

Elle se mit à battre la mesure sur le volant et ils chantèrent le refrain ensemble, loupant sûrement plusieurs mots, mais le son de la radio n'était pas assez puissant pour qu'il entende bien. Ils continuèrent à rouler ainsi plusieurs kilomètres.

Du coin de l'œil, Noah garda son attention sur sa mère. Elle roulait toujours trop vite par rapport aux limitations de vitesse qu'il voyait, mais il y avait peu de voitures autour d'eux. Surtout, il prit brusquement conscience que c'était sans doute la plus période qu'il avait passé avec elle depuis sa petite enfance. Un mois et demi, presque deux mois. Ça paraissait trop beau pour être vrai et il en vint à se demander si elle n'allait pas vraiment mieux, si toutes ses promesses pouvaient enfin être tenues. Elle avait affirmé à Hilda cette année qu'elle allait garder son travail et pourrait revenir dans leur vie, peut-être moins le reprendre lui et Raphaël avec elle. Il ne voulait pas se faire de faux espoirs et, pourtant, il n'arriva pas à s'empêcher d'imaginer ce que leur vie pouvait devenir avec elle. Ils pourraient toujours voir Hilda et vivraient avec leur mère comme quand ils étaient petits, mais sans les crises incessantes. Il aimerait essayer au moins. Il savait qu'avec elle, il n'aurait même pas à lui cacher Julian ou ses esquisses pour l'école d'art. Il pourrait être lui-même.

- On est le 29 août ? s'exclama soudain sa mère, l'air surpris.

Il suivit son regard. En bord de route, un panneau fait à la main indiquait qu'aujourd'hui avait lieu un vide-greniers au prochain village. Il acquiesça.

- Ouais, c'est ça. Pourquoi ?

- Morgane, je n'avais pas vu les jours filer ! Mais... ta rentrée à Ilvermorny ? C'est lundi !

Qu'elle pense à quelque chose comme ça à cet instant seulement le pris au dépourvu et il éclata de rire.

- Tu le réalises maintenant ? fit-il, incrédule. Je croyais que tu savais.

- Quoi ? Non ! Enfin si, je sais que la rentrée est le 2 septembre, comme d'habitude, mais je pensais qu'on avait encore au moins une semaine. On n'y sera jamais en voiture...

- Parce que tu comptais y être ?

- Pas toi ?

Ils se dévisagèrent, soudain conscients de ne pas être sur la même longueur d'onde, et Noah se pencha pour éteindre l'autoradio.

- Maman, comme tu avais l'air de vouloir continuer le voyage encore plusieurs jours, non je me suis dit que je louperai la rentrée, énonça-t-il sur le ton de l'évidence. De toute façon, on ne fait jamais rien la première semaine, juste des révisions, le choix des clubs, tout ça.

- Oui, oui, mais enfin... Hilda ne va pas aimer...

- Je croyais qu'on n'écoutait plus Hilda ?

- N'exagère pas non plus, Noah, il va bien falloir que tu rentres à un moment.

Très honnêtement, il mit plusieurs secondes à comprendre ce qu'elle venait de dire. Les mots tourbillonnèrent entre eux, lourds, avant de prendre sens et il sentit son estomac se nouer d'un coup. Il la fixa un peu plus.

- Quoi ? s'étrangla-t-il. Mais...

- Bon tu n'auras sûrement pas le temps de repasser chez elle avant la rentrée là, mais ça aurait été bien au moins un ou deux jours avant de reprendre les cours et...

- Maman ! Je ne rentrerai pas !

Ce fut à son tour de paraître surprise et elle quitta enfin la route des yeux pour le dévisager.

- Comment ça ? Pour les vacances, il faudra bien que...

- Attends, attends, coupa-t-il. Tu te moques de moi, là, c'est ça ?

- Quoi ? Non, Noah, je...

- Je me suis barré, c'était tout le but de l'opération ! Le voyage, venir te retrouver !

Elle fronça les sourcils.

- Oui, je sais tout ça. Tu es parti à cause de Julian et de l'école d'art, on en a parlé. Mais je t'ai dit, l'école n'est pas avant l'année prochaine, on a le temps de régler ça avec elle. Et pour Julian, je te l'ai dit aussi, tu ne lui en parles pas et ça ira.

Elle énonçait ça avec tellement d'évidence et de clarté qu'il faillit croire qu'ils l'avaient déjà effectivement décidé ensemble, mais l'incrédulité prit le dessus malgré tout. Il se tourna sur son siège pour lui faire face complètement.

- « Et ça ira » ? répéta-t-il d'une voix dure. Mais t'avais dit... enfin t'avais surtout dit que je pourrais enfin venir vivre avec toi...

- Oh... Oui, oui, mais pas maintenant, Noah.

Il eut l'impression de recevoir un véritable coup en plein thorax.

- Pas maintenant ? se récria-t-il. Mais alors quand si ce n'est pas maintenant ? Ca fait sept ans que t'as perdu la garde, encore plus depuis qu'on n'a pas vécu ensemble pour de vrai, et maintenant qu'on peut, tu veux encore reculer ?

- Je ne veux pas reculer, arrête, protesta-t-elle d'un ton ferme. Mais ça se prépare, je n'ai pas la place chez moi, Raphaël n'est pas majeur, et Hilda ne va pas être d'accord...

- Ne te cache pas derrière Hilda ! Qu'est-ce que toi tu veux ?

Il posa la question comme une évidence, juste pour lui ouvrir les yeux, mais elle eut l'air soudain mal à l'aise. Ses nerfs se crispèrent et une boule d'inquiétude se logea dans sa gorge. Elle fixait à nouveau la route, les mains serrées sur le volant, et il claqua des doigts pour ravoir son attention.

- Maman ! Qu'est-ce que tu veux, toi ? Est-ce que tu veux que j'habite avec toi ?

Il détesta la touche de plaidoirie dans sa voix, mais il ne parvint pas à l'endiguer. Suspendu à sa réponse, il détesta la façon dont elle inspira, l'air incertaine, pour se laisser du temps. Elle se passa une main dans les cheveux, agitée, et joua avec une branche de ses lunettes.

- Noah, écoute... entonna-t-elle, mal assurée.

Il secoua la tête.

- C'est oui ou non, maman, pas de besoin de plus.

Il n'avait pas la patience d'écouter un de ses grands discours sur la vie, il avait besoin d'une réponse. Crispée, elle finit par soupirer et détourna le regard vers la route avant de répondre :

- Non... Pas pour le moment, non... je ne pense pas que ça serait une bonne idée.

La boule se mit à brûler et il tenta de déglutir. Il restait une nuance qu'il voulait mettre au clair.

- Tu ne le penses pas ou tu ne le veux pas ?

- Mon fils, tu...

- Réponds !

Elle se mordit la lèvre et il réalisa soudain qu'elle avait les larmes aux yeux. Il sut ce qu'elle allait dire avant même qu'elle ne souffle, désespérée :

- Je ne le veux pas...

- Morgane...

- Mais, Noah, laisse-moi t'expliquer. Je n'ai jamais voulu... je n'ai jamais su être mère et...

Ses mots se mélangèrent et se heurtèrent les uns aux autres, incohérents. Les yeux brûlants, il détourna la tête vers sa vitre et le soleil l'aveugla. Il avait l'impression d'être hors de son corps.

- Arrête la voiture, exigea-t-il.

Il reconnut à peine sa voix. Il s'était détourné pour refaire face au parebrise et elle lui jeta un regard perplexe.

- Quoi ? On est en plein milieu de...

- Arrête la voiture, je te dis !

Dans un mouvement brusque, il tendit la main vers le volant, mais il n'alla pas jusqu'à le toucher. Sa mère paniqua pourtant suffisamment pour se rabattre sur le côté dans une embardée et il ouvrit sa portière avant même qu'elle n'ait coupé le moteur. Dès qu'il sortit de la voiture, l'air chaud et étouffant du Texas le prit à la gorge et il se plia en deux, un cri dans la gorge. Il avait envie de frapper quelque chose, juste pour extérioriser, et se contenta de donner un coup de pied dans un cailloux qui partit se perdre dans les hautes herbes sur le bas-côté. Devant lui, des champs s'étendaient à perte de vue, une véritable mer de blés et de maïs. Ils étaient vraiment au milieu de nulle part. De l'autre côté de la voiture, sa mère sortit à son tour. Elle tremblait presque, mais il n'arriva pas à compatir. Ses émotions étaient en train de déchirer sa poitrine et il se détourna quand elle avança vers lui.

- Noah, ça ne va pas ! On ne peut pas...

- J'avais besoin d'air !

- Eh, eh, regarde-moi. Noah, écoute-moi !

Elle l'attrapa par le bras et il se dégagea d'un mouvement sec.

- Laisse-moi ! s'écria-t-il.

- Non, non, s'il te plaît, ne le prends pas comme ça...

Sa voix commençait à partir dans des tremblements étranges et il reconnut les prémices d'une crise qui arrivait. Il n'arriva pourtant pas à se calmer.

- Comment tu veux que je le prenne ? Ca fait des mois que tu me dis qu'on va redevenir une famille, mais t'en pensais pas un mot ! Tu l'as jamais voulu !

- C'est faux, c'est faux... On est une famille, Noah. Mais j'ai besoin qu'Hilda s'occupe encore de vous un petit peu, je...

- Mais tu crois quoi ? T'attends quoi, même ? Qu'on ait trente ans avec Raphaël ? cria-t-il, véhément. Je suis majeur, maman, le MACUSA n'a plus rien à dire ! Qu'est-ce qui te retient encore ?

Elle pressa ses paumes contre ses yeux. Les larmes mal contenues étaient en train de faire couler son mascara en traînées noires autour de ses cils.

- Essaye de comprendre, supplia-t-elle. Je ne sais pas comment faire...

- Arrête de dire ça, t'as eu deux enfants, tu te doutais bien qu'il faudrait les élever !

- Mais je n'ai jamais réussi, Hilda a toujours...

- Tu te reposes sur Hilda depuis qu'on est gamins ! Mais maman, on n'a plus cinq ans, c'est différent ! On peut s'occuper de nous-mêmes !

- Raphaël ne voudrait même pas...

Il retint un nouveau cri de rage. La frustration monta en lui. Elle n'avait pas le droit de se cacher derrière Raphaël qui - certes - s'était toujours senti plus proche de Hilda et qui n'avait jamais souhaité retourner chez leur mère.

- Mais moi, je le veux ! Je le veux parce que tu m'as dit ça finirait par arriver, je t'ai cru ! Mais quoi ? Hum ? C'était encore une de tes promesses dans le vent ?

- Non, non... pleura-t-elle.

- Alors explique-moi, maman. Qu'est-ce que tu comptais faire ? Pourquoi tu ne veux plus que j'habite avec toi ?

Il se tenait face à elle maintenant, il tentait de croiser son regard. Mais il savait que c'était peine perdue. Assaillie par sa panique et par ses cris, elle regardait partout sauf vers lui, les mains agités de tremblement, et il vit presque l'éclat qui se brisa dans ses yeux. Elle se mit à hurler à son tour.

- Je n'ai jamais voulu être mère, tu comprends ça ? Je ne voulais pas tomber enceinte, c'est juste arrivé ! Je n'ai jamais su quoi faire de toi ! Mes parents m'ont poussé à te garder, ils disaient que je devais assumer... Et pour Raphaël, je me disais que ça aurait pu faire revenir votre père, mais c'était pire ! Je... je... je n'y arrive pas ! Je n'ai jamais réussi... Si Hilda n'avait pas été là...

Etranglée par ses sanglots, elle se détourna, une main dans les cheveux. Elle était hystérique et donna un coup sur le capot de la voiture, incapable de lui faire face. Il resta figé à sa place. Les mots, tous plus violents les uns que les autres, lui percutèrent le cœur, encore et encore. Et son esprit prit le relais pour les asséner en boucle : « je n'ai jamais su quoi faire de toi... mes parents m'ont poussé à te garder... ». Il n'avait jamais osé demander. Il avait craint la réponse, mais elle venait de le confirmer. Si elle avait eu le choix, elle aurait avorté. Ce n'était même pas légal à l'époque chez les Non-Maj' et très vivement critiqué chez les sorciers, mais elle l'aurait fait. Il n'avait été qu'une erreur qu'elle regrettait encore. Raphaël, au moins, avait été voulu un temps. Il avait cru, sûrement lors d'une de ses crises, qu'un deuxième enfant aurait remis sa vie sur ses rails. Ça n'était évidemment jamais arrivé.

Soudain pris de nausée, il s'adossa à la voiture, le regard perdu dans le vague. La colère n'arrivait plus à prendre le pas sur la torpeur et ses yeux le brûlèrent soudain. Il sentit les larmes couler, à peine conscient. Il avait été tellement stupide. Hilda avait tenté de le prévenir pourtant, mais il n'avait jamais voulu écouter, porté par une foi inexplicable en sa mère. Parce que comme d'habitude, il était incapable de prendre une bonne décision.

- Oh Noah, je suis désolée, je suis désolée...

Il tourna la tête. Sa mère était revenue vers lui et elle tenta de prendre son visage entre ses mains en voyant qu'il pleurait, mais il la repoussa.

- Arrête, cingla-t-il. Je ne veux pas...

Il ne savait même plus ce qu'il ne voulait pas. La voir ? Continuer à se faire manipuler ? C'en était étouffant, cette douleur sourde au fond de lui. Une mère était censée être celle qui vous aimait sans condition, ni limites. La sienne n'avait jamais été normale, mais même ça elle n'y parvenait pas.

- Noah, je n'aurais pas dû dire ça aussi... brutalement, souffla-t-elle, suppliante. Je suis désolée... Mais c'est pour ça que je voulais que tu retournes chez Hilda, je sais qu'elle sera capable de...

- Non, coupa-t-il. Tu ne sais rien parce que tu n'as jamais été là.

- Je...

- Tu sais pourquoi je suis parti ? Le jour de mon anniversaire, vraiment ?

Elle fronça les sourcils.

- Tu me l'as dit, c'était pour faire l'école d'art l'année prochaine et parce que tu avais peur qu'elle ne comprenne pas pour Julian... Que tu voulais partir avant qu'elle ne te mette dehors elle-même...

- Ouais, c'est ça, mais en parti seulement...

- Elle ne le ferait pas, tu sais. Je penses vraiment que...

A nouveau, il la coupa. Il ne voulait plus entendre ce qu'elle pensait ni ressentait, il en avait déjà assez souffert.

- Mais c'est ça le problème, maman, je ne sais pas. Je ne peux pas être certain qu'un jour Hilda réalise qu'elle n'est pas ma mère et qu'elle n'a pas à m'élever. Elle n'a plus aucune obligation légale maintenant ! (Il croisa les bras, le ventre douloureux). Vas-y, essaye de te mettre à ma place, défia-t-il. Depuis que je suis gamin, vous m'avez trimballé de maisons en maisons toutes les deux. Une semaine avec toi, un mois chez Hilda, deux semaines chez toi et ainsi de suite. Jamais à ma place, jamais assez important pour être garder quelque part !

- Noah...

- Tu ne voulais pas d'enfants ? continua-t-il en haussant la voix. Mais Hilda non plus ! C'est juste qu'elle n'a pas fait l'erreur de tomber enceinte, elle ! Tu lui as imposé tes enfants et elle a fait ce qu'elle a pu, mais son rêve c'était son café. On passait après...

Il était injuste, il le savait. Hilda les avait souvent fait passer en premier, Raphaël et lui. Il se souvenait qu'elle fermait plus tôt le jour de leur anniversaire et devait même parfois fermer tout court quand ils étaient malades et qu'elle devait s'occuper d'eux. Il voulait juste faire aussi mal à sa mère qu'il avait mal à cet instant. Cela parut marcher car elle tressaillit. Il ne s'arrêta pas là. Il avait besoin de lui faire comprendre ce qu'elle lui avait fait vivre depuis l'enfance.

- T'imagines ce que c'était, maman, pour moi ? dit-il, la voix cassée. Aucun repère, aucune stabilité ? T'imagines ce que ça m'a fait quand vous m'avez demandé à six ans de choisir entre vous ? Sérieux, maman ? J'étais là, incapable de choisir... je me souviens encore de Raphaël qui va vers Hilda et ton visage... Morgane, ton visage...

Comme un reflet de cette scène vieille de plusieurs années, il vit l'expression de sa mère s'effondrer. Elle avait ressemblé à ça aussi en voyant son plus jeune fils lui préférer sa sœur aînée.

- Je ne voulais pas te faire pareil. Il avait quatre ans, il était petit. Moi, je me disais que j'étais « un grand garçon » et que je ne pouvais pas faire de peine à ma mère... pas comme ça...

Elle secoua la tête, les yeux brouillés de larmes.

- Mais... on vous a demandé pour savoir ce qui était le mieux pour vous, ne rien vous imposer... se justifia-t-elle.

- Et tu crois qu'on avait l'âge pour prendre cette décision ? Aujourd'hui, oui ! Mais à l'époque ? Je voulais rester avec vous deux, maman ! J'étais incapable de choisir... Et tu as fini par m'imposer ton choix de toute façon, non ? « Reste avec Hilda, Noah, ça sera mieux ». Ça a toujours été ta putain de solution, ta fuite ultime pour vivre ta vie sans nous !

S'il avait été avec Hilda, elle l'aurait repris sur son langage, mais sa mère se contenta de baisser la tête, honteuse. Ses lunettes de soleil étaient emmêlées dans ses boucles désordonnées et prit une inspiration tremblante.

- Je sais, Noah, je sais... je n'étais pas prête et... je ne sais pas quoi te dire...

- C'est un peu tard de toute façon, non ? rétorqua-t-il, les yeux toujours brûlants même si ses larmes s'étaient arrêtées. Mais réfléchis encore parce que ce n'est pas terminé. Après ça, tu revenais nous voir de temps en temps quand tu te rappelais qu'on existait.

- C'est faux, vous me manquiez toujours !

- Eh ben t'avais une drôle manière de le montrer. Parce que la dernière fois que t'as tenté de nous récupérer, t'as perdu la garde. Et là t'avais plus d'excuse, pas vrai ? Ce n'était pas toi qui ne voulait pas de nous, c'était la faute de la justice. Tu n'arrêtais pas de me répéter que sans ça, on aurait vécu ensemble. J'en ai voulu à Hilda à force... Surtout, je me disais que pour elle non plus ça n'avait jamais été un choix de nous garder. On lui avait imposé. (Il déglutit, les lèvres et la gorge asséchées par la chaleur étouffante). Alors qu'est-ce qui allait se passer quand elle récupèrerait enfin ce choix, hum ? A ma majorité, elle n'aurait plus aucune obligation envers moi.

- Alors c'est pour ça... Quand tu disais que tu étais parti avant qu'elle ne te mette dehors... ?

Il hocha la tête. La douleur dans son ventre avait migré dans sa poitrine et pesait comme un poids énorme.

- C'était un tout, admit-il. C'était pour l'école d'art, c'était pour Julian, c'était pour le choix que je n'avais pas réussi à faire à six ans, celui qu'elle n'avait jamais eu elle-même... Raphaël arrive à répondre à ses attentes au moins. Moi ? (Il laissa échapper un souffle ironique). Il suffit de me regarder. Je ne serai jamais assez bien... Un artiste sans avenir, sûrement gay... Vraiment quelle tante ne serait pas fière ?

Il tenta de masquer le tremblement de sa voix par du sarcasme, mais il l'entendit quand même. Et vu l'expression de sa mère, elle aussi. Prudemment, elle tendit les mains vers son visage, et cette fois il la laissa faire. D'une main étonnement ferme, elle le força à relever la tête et planta ses yeux dans les siens. Ils paraissaient d'un bleu presque irréel avec l'éclat du soleil du plomb au-dessus d'eux et des traces noires de son maquillage qui formaient une tâche sombre sur chaque œil.

- Maintenant, écoute-moi, mon fils, dit-elle d'une voix ferme. Hilda est fière de toi, je suis fière de toi. On n'a pas toujours géré la situation au mieux, je le reconnais. On a commis des erreurs, moi la première... Mais Noah, je n'ai jamais été plus sûre de quelque chose dans ma vie quand je te dis ceci : Hilda t'aime. Hilda t'aimera toujours ! Elle a été la première à te tenir dans ses bras, avant moi même ! Et tu sais ce qu'elle m'a dit ce jour-là ?

Les larmes étaient de retour... La gorge obstruée, il se força à parler à voix haute, poings serrés contre lui.

- Non... ?

Heather sourit tristement.

- Que tu étais ce que j'avais fait de mieux, murmura-t-elle, comme un aveu. Et Morgane ce qu'elle avait raison. (Elle caressa sa joue, aimante). Ne crois pas une seconde que tu n'es pas assez, Noah, ni pour elle ni pour moi, poursuivit-elle, habitée par la conviction. Fais ce que tu veux, aime qui tu veux. Que ça soit Othilia ou Julian, une fille ou un garçon. Je te jure que ça ne changera rien pour moi et même si ça sera peut-être un peu compliqué pour Hilda, elle finira par comprendre. J'en suis certaine.

Elle avait arrêté de pleurer et de trembler. Elle le regardait droit dans les yeux. Etrangement, il en avait besoin pour la croire. Elle ne cherchait pas à lui faire plaisir, ni à éviter un conflit. Elle croyait vraiment à ce qu'elle était en train de dire. Toute la peur qui grossissait en lui depuis un an - voire plus bien plus longtemps - s'accrocha à ses paroles. Il avait l'impression d'avoir froid malgré la chaleur texane, mais le soulagement était énorme, viscéral, salutaire. Il avait eu besoin d'entendre ses mots, il avait besoin d'être rassuré ainsi. La dernière fois, au motel, elle avait surtout mis l'accent sur les dangers qui lui faisaient face : la haine de la part de ses camarades, cacher la vérité à Othilia et Hilda pour le moment, la maladie du SIDA... Aujourd'hui, c'était autre chose. C'était une acception, c'était un cri qui résonnait en lui : il n'avait pas à être quelqu'un d'autre pour être aimé. Epuisé, il laissa sa mère l'attirer contre elle. Il la dépassait de plusieurs centimètres maintenant, même si elle était grande, mais il s'en fichait. Il avait besoin de sa mère. Doucement, elle se mit à passer sa main dans ses cheveux dans un geste apaisant.

- Mon petit garçon... je suis désolée, j'aurais aimé être différente, j'aurais aimé réussir à être là pour toi, souffla-t-elle contre sa joue.

- Je suis désolé aussi... pour ce que j'ai dit... je sais que ce n'est pas de ta faute...

- Ce n'est rien, c'est ma faute en partie, il faut que j'arrête de le nier. J'aurais dû demander de l'aide plus tôt...

- Non... c'était pas ta faute complètement, maman. Je... je sais ce qui s'est passé, ok ? Avec Diego et Ronan Graves. Tu...

Il ne sut pas comment terminer sa phrase, mais ça n'eut pas d'importance. Il sentit sa mère se tendre, figée, avant qu'elle ne s'écarte de lui brusquement. Un éclair paniqué traversa ses traits et il regretta presque d'avoir amené le sujet, mais il voulait le faire depuis le début dé leur road-trip. Il n'y avait pas de bonne manière de le faire. A cause de sa fugue, il n'avait pas eu de nouvelles des autres pour savoir si Julian avait confronté sa mère, mais il leur avait raconté le conte, celui des animaux en guise d'analogie pour la Génération 1950. Et vu la réaction de sa mère à l'instant, il eut la certitude que le conte avait été porteur de vérité.

- Comment... ? haleta-t-elle. Qui t'a parlé de Diego ?

- Hilda t'a dit de ce qui s'est passé cette année, tu sais...

- Oui, mais je ne pensais pas que... Oh Morgane...

Elle se détourna à nouveau, agité. Il ne chercha pas à la retenir. Ce fut comme voir une voiture reprendre un virage à 180° : la crise se remit à bouillonner sous la surface. Heather commença à faire les cent pas, les ongles enfoncés dans ses avant-bras croisés contre son ventre, avant de se mettre à murmurer furieusement.

- Diego... Diego non plus, je ne voulais pas... ce n'était pas moi...

- Maman, je sais. Arrête, attends.

- Il faut le faire... sinon ils seront. C'est ce que Cordelia a dit... Barenne aussi...

Elle tira une de ses mèches brunes, les yeux clos. Noah sentit son ventre se serrer une fois de plus, mais pour une tout autre raison qu'auparavant. La colère s'était évanouie désormais.

- Et Aurélia... elle était là aussi, elle a dit qu'il fallait qu'on croit à un Dissimulateur...

- Maman, on n'est pas obligés d'en parler, c'est terminé. Viens.

Il voulut lui toucher le bras, juste histoire de la réancrer à la réalité, mais elle se dégagea dans un sursaut. Bon sang, il était trop fatigue pour ça...

- Je ne voulais pas, je ne voulais pas, répéta-t-elle.

- Je sais, maman, ce n'était pas ta faute. Allez, remonte dans la voiture, ça va te faire du bien. Tu vas te reposer un peu.

- Non, non...

Ses yeux étaient perdus au loin, mais il savait qu'elle ne contemplait pas les champs. Elle revoyait un traumatisme vieux de vingt ans et il se sentit soudain impuissant. Il aurait dû savoir qu'elle ne pouvait pas avoir une conversation sur ce sujet. Tous ses troubles prenaient racines dans le souvenir de la mutilation de Diego, elle était incapable de s'expliquer rationnellement. Le souffle court, elle se mit soudain à haleter, les traits déformés.

- Je ne voulais pas, c'était Cordelia... Barenne... Aurélia... je ne voulais pas.

- Maman, je sais ça, respire.

Il l'approcha, mains en évidence, et elle émit un gémissement avant de se laisser glisser au sol. Assise dans les hautes herbes, elle se balança d'avant en arrière, hantée. Il suivit le mouvement pour être à sa hauteur. Il avait presque oublié à quoi ressemblait ses crises, c'était effrayant. Il avait l'impression qu'il n'arriverait plus jamais à l'atteindre, qu'elle était retranchée trop loin dans son esprit. Ça n'avait rien à voir avec la panique rationnelle de Julian, même si les symptômes pouvaient se ressembler. Le principal était la difficulté à respirer et il vit la poitrine de sa mère se soulever par à-coups en râles irréguliers.

Il superposa cette vision à celle d'un perroquet enfermé dans sa cage, voué à répéter en boucle les mêmes paroles, incapables de trouver sa propre voix. Elle ressemblait à cela à cet instant. Elle ne faisait que répéter des phrases entendues, vieilles de vingt ans, véritables cauchemars d'esprit. A sa façon, elle incarnait avec tristesse tout ce qui avait forgé le mythe des Douzebranches depuis plusieurs siècles. Elle n'était pas différente de leur ancêtre Dorcus dont l'esprit avait basculé dans la folie jusqu'à ne tolérer la compagnie que d'un perroquet et un miroir. L'un et l'autre revenaient au même dans le fond : le miroir renvoyait un reflet, le perroquet était un écho. Un visage et une voix désincarnée à la fois réels et irréels entre présent et passé.

Un poids dans la poitrine, Noah baissa la tête, las. Les choses ne changeraient jamais.

- Eh, eh, tu dois rester avec moi, enjoignit-il malgré tout bien décidé à s'accrocher. Maman ?

- Diego... le sang...

- Diego n'est pas là maman, c'est terminé. C'est Noah, là, tu me reconnais ?

Elle mit une seconde, puis cilla.

- Noah ?

- C'est ça... On est au Texas, tu te souviens ?

Il tenta de ne pas faire vaciller sa voix, d'être son point de repère, même s'il restait terrifié. Enfant, il lui criait souvent après pour la faire revenir, sans succès, et finissait enfermé dans sa chambre le temps qu'elle se calme. Il ne pouvait plus faire ça aujourd'hui.

- Le Texas... ?

- Oui, on a voyagé tous les deux. On est sur le bord de la route là. Tu peux me dire trois choses que tu vois ?

C'était une vieille technique dont il se souvenait vaguement : un psychomage l'avait suggéré pour les crises où sa mère était accompagnée de quelqu'un et il décida de la retenter. L'air vague, elle mit plusieurs secondes à promener son regard aux alentours.

- Je vois... la voiture, commença-t-elle lentement.

- C'est bien, continue.

- Les champs derrière toi... Et le rocher là-bas.

- Ok, maintenant trois choses que tu peux ressentir ou toucher ?

Il fallait qu'elle s'ancre à son environnement, c'était le but de l'exercice.

- L'herbe sèche, là, murmura-t-elle en arrachant une poignée. Le soleil... il fait trop chaud... et... hum... les clés de la voiture dans ma poche.

- Génial, c'est parfait. Encore un peu, allez. Trois choses qu'on a fait aujourd'hui.

Elle mit un peu plus de temps à répondre cette fois-ci, concentrée, mais finit par compter sur ses doigts.

- On a pris le petit déjeuner dans un diner près d'Austin... on a chanté ABBA dans la voiture... on s'est arrêté et on a crié...

Il tressaillit. Techniquement, ce n'était pas faux, mais il aurait aimé qu'elle se rappelle autre chose. Pourtant, le souvenir récent parut finir de dissiper les brumes de son esprit et son regard s'éclaircit. Prudent, il posa une main sur son genou.

- Eh... ça va ? s'assura-t-il.

- Oui... oui, ça va je crois. Désolée...

- C'est bon, c'est rien. Tu peux te lever ?

Il se remit lui-même sur ses pieds, puis il la laissa s'appuyer sur lui pour faire de même. Chancelante, elle y parvint sans perte d'équilibre et il retint un soupir de soulagement. Gênés tous les deux, ils se regardèrent de longues secondes en silence. C'était comme si l'illusion qu'ils s'étaient construit ces dernières semaines venait de se briser... Ce voyage ne pouvait pas durer. Au fond de lui, Noah supposait qu'il l'avait toujours su, mais ça n'en faisait pas moins mal.

- Allez viens, dit-il, défait. On devrait rentrer à New York.

- En voiture... ?

- Si tu te sens de conduire, oui. Tant pis pour la rentrée, j'arriverai en retard, c'est tout.

La vérité, c'est qu'il ne voulait pas tout faire voler en éclat en rentrant par transplanage. Ça aurait été trop brutal. Ce matin encore, ils prévoyaient d'aller à Dallas. Il ne voulait pas reperdre sa mère tout de suite. Elle parut comprendre car elle hocha la tête, résolue. Sans un mot, ils reprirent donc la route. Cette dernière ne lui paraissait plus aussi infinie désormais.

***************************************************

Verdict ? ^^

Ca a été un chapitre lourd à écrire mais que j'avais en tête depuis longtemps. Oui, Heather peut être une mère qui parait avoir des qualités de prime abord: elle est plus souple ete compréhensive qu'Hilda, la scène de coming-out l'a prouvé. Est-ce que ça fait d'elle une bonne mère ? Pas vraiment. Heather se caractérise par une constante de recherche de fuite en avant - et Noah lui ressemble un peu sur ce point, en tout cas à l'adolescence - et est un personnage que j'ai toujours voulu en demi-teinte. Pour Noah, elle reste sa mère... Mais Heather a sans doute du mal à se considérer comme tel. Depuis le départ, ce que je voulais, c'était aussi montrer un rapport ambigu à la maternité. Toutes les femmes ne peuvent pas être des Lily Evans ou des Molly Weasley, ni même une Hilda Douzebranches qui mine de rien à sacrifier beaucoup pour élever ses neveux. Après, évidemment, Heather est aussi instable à cause de ses traumatismes, de sa personnalité, de son mode de vie etc... Mais je ne voulais pas que ça joue sur sa maternité d'un point de vue de "volonté". C'est évident que tout est lié, mais ce n'est parce qu'elle est instable qu'elle ne voulait pas ou ne se sentait pas être mère. C'est le fait de le devenir par pression sociale qui est plus venu la déséquilibrer un peu plus. En tout cas, j'espère que ce chapitre vous aura donné une vision plus nuancée du personnage ^^

A dans deux semaines et on se quitte sur les memes de Lina ! Elle en a très personnel cette semaine :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top