Chapitre 1 : Lorsque le monde bascule
Bonjour à tous.tes ! Et ça y est, nous y sommes. C'est l'heure de la reprise de LHDI après une pause estivale de deux mois. J'espère que vous êtes aussi enthousiastes que moi ! On va dire que c'est en l'honneur de la reine Elizabeth... vraiment je suis encore sous le choc je crois, c'est un peu une part de l'histoire qui s'éteint... J'arrive pas à réaliser que c'est enfin arrivé, c'était une mort qui semblait presque impossible. Une grande dame !
Bref... Déjà, bonne nouvelle, l'été à été prolifique : j'ai vraiment bien écrit sur LHDI avec neuf chapitres d'avance et un bonus, donc on est bon jusqu'à décembre au moins sans interruption ! Et comme je ne reprends ATDM que le 1er octobre, je vous annonce que vous aurez le droit à un chapitre par semaine de LHDI pendant tout le mois de septembre.
Au passage petite mention au sujet des posts : je sais que ça peut vous paraître long, mais il faut prendre conscience de quelque chose. En réalité, je poste une fois par semaine, c'est juste que je le fais sur deux fanfics en alternance. C'est un rythme lourd, mais je parviens à le suivre depuis plus de deux ans maintenant tout en ayant fini mes études et en travaillant. Donc je demande juste aux personnes qui ne sont pas indulgentes sur ce point d'en prendre conscience.
Sinon, le présent chapitre reprend pile là où on s'était arrêté à la fin du tome 1... Et mouhahah vos réactions ont été à la hauteur de mes espérances ! Je vous remercie vraiment parce que ça m'a montré votre investissement dans cette histoire et j'en étais tellement heureuse ! Et bien sûr, pas d'inquiétude, toutes vos questions trouveront des réponses dans ce tome.
Rahhh trop contente de vous retrouver ! Bonne lecture et surtout lâchez vous sur les com', let's go on reprend les bonnes habitudes !
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Chapitre 1 : Lorsque le monde bascule
« L'angoisse est la disposition fondamentale qui nous place face au néant. »
- Martin Heidegger -
// 21 mai 1980 //
Julian n'avait encore jamais vécu un moment pareil, mais l'espace de plusieurs secondes, il eut l'impression d'être dissocié de son corps. C'était une sensation vertigineuse et déconcertante et il crut qu'il allait juste s'effondrer, là, sur le sol de l'infirmerie. Seulement, lâcher prise serait revenu à lâcher sa mère du regard, et il s'en sentait incapable. Parce que s'il ne faisait que ciller, elle allait disparaître. Il s'y refusait. Et pourtant, c'était impossible. Il devait être en train de faire un rêve éveillé, un cauchemar réaliste... Peut-être que Ronan Graves l'avait drogué ou lui avait lancé un sort puissant. Peut-être qu'il était enfermé dans une illusion depuis des heures. S'il n'avait pas été si doué en sortilèges, il aurait pu y croire... mais il ne ressentait aucune trace magique autour de lui, juste la violence inébranlable de la vérité. Sa mère se tenait bien devant lui, même s'il n'arrivait pas à comprendre comment.
Elle était là, seulement à quelques pas, le visage déchiré par une myriade d'émotions. Elle n'avait pas tant changé en un an. Toujours les mêmes cheveux blonds foncés lâchés sur ses épaules, ce nez un peu retroussé – le même que Théa et Cordelia réalisa-t-il brusquement – et ses habits entre sorcière et moldu qui faisaient souvent hausser un sourcil aux gens la première fois qu'il la rencontrait. Là, elle portait une cape noire qu'il ne lui avait jamais vu, comme si elle avait dû sortir précipitamment. Il ne savait pas pourquoi ce détail lui importait, mais il se mit quand même à l'observer attentivement à la recherche du moindre indice qui lui permettrait de comprendre. La magie pouvait reproduire l'apparence d'une personne à l'identique, mais elle n'était pas infaillible non plus. Et si ce n'était que du polynectar qui trompait son esprit ? L'idée lui dévora le cœur.
- Maman ? s'étrangla Lottie contre lui.
Il baissa les yeux sur sa sœur, paralysé. Il entendit l'espoir dans sa voix, le même qui courrait actuellement dans ses veines, mais elle resta accrochée à lui sans bouger. Elle devait avoir aussi peur que lui de faire un geste et que tout vol en éclat. Les yeux embués, il chercha une explication du côté des adultes qui l'entouraient, mais c'était comme chercher une prise sur un mur lisse. Tout le monde semblait être dans le même état. Cordelia avait crispé sa main si fortement autour du bras de Théa qu'elle devait lui en faire mal et son teint, déjà pâle, avait viré à la craie. Leonidas s'était laissé tomber un lit près de lui, la main sur la bouche, le regard incrédule. Si Julian avait eu des doutes sur ce que son parrain savait concernant sa mère, ils furent balayés aussitôt. Leonidas avait toujours été sincère avec lui et son choc ne pouvait pas être feint. S'il avait su quelque chose, la soudaine présence de sa mère à l'instant n'en avait pas fait partie. Devant la porte, toujours figée par la surprise, même la directrice Hicks était à court de mot. Mais le pire... Merlin, le pire restait son père. Julian osa à peine tourner les yeux vers lui, mais il s'y résolut. Lui aussi était tétanisé. Il avait enlevé ses lunettes à monture écailles et regardait sa mère à travers ses larmes, visiblement incapable de plus, comme si une apparition divine venait de se présenter devant lui. Il supposait que c'était en partie le cas.
Son estomac se révulsa. Il voulait que quelqu'un brise le silence, les tire de leur torpeur... C'était insupportable. Et heureusement, Hercules Fischer, l'Auror présent, s'en chargea.
- Je peux savoir ce qui se passe ici ? Mrs Hicks, je croyais avoir demandé que personne à part les professeurs et les parents d'élèves entrent ici !
La directrice mit plusieurs secondes, mais elle finit par détacher le regard de sa mère pour se tourner vers l'Auror.
- Justement... C'en est une. De parent d'élève, je veux dire, ajouta-t-elle d'une voix rauque. Mais... par Morgane, Miranda expliquez-vous !
Julian en aurait presque oublié sa professeure de sortilèges, à moitié dissimulée derrière sa mère. C'était la voix de Miranda Fleming qu'il avait entendu lui courir après dans le couloir et la supplier de ne pas entrer. Elle n'avait pas l'air tétanisé par la surprise comme eux, mais plutôt catastrophée. Hicks, toujours rationnelle, semblait surmonter son choc en s'accrochant à la source la plus fiable d'informations sur ce qui était en train de se passer.
- Je... je peux expliquer, commença Fleming, troublée. Les choses ne devaient pas se passer comme ça, j'ai conscience que c'est brutal.
Elle jeta un regard incendiaire à sa mère sur le dernier mot. Julian aurait aimé en rire tant « brutal » lui paraissait faible et la sensation de chuter dans le vide le reprit. Il planta ses pieds dans le sol en serrant sa sœur contre lui, juste pour trouver un équilibre.
- Je suis désolée, je voulais simplement... voir s'ils allaient bien... murmura sa mère d'une voix rauque, la gorge si nouée par des sanglots qu'il la reconnut à peine.
- Te voir revenir comme ça n'aide certainement pas, Aurelia, la rabroua Fleming.
Elle la repoussa – plus doucement que son ton ne l'aurait laissé paraître – et entra à son tour dans la pièce. Hicks parut encore un plus reprendre ses esprits car elle sortit soudain sa baguette pour les pointer sur les deux femmes. Julian raffermit un peu plus sa prise sur sa sœur.
- Non, stop ! intima la directrice. Tout ça n'a aucun sens. Aurelia Shelton est morte. Miranda, je ne sais pas qui a essayé de vous berner mais...
- Lallie, non ! Je vous jure que ce n'est pas un piège.
- Et moi je vous dis que vous êtes biaisée, ce que vous souhaiteriez est impossible ! Reculez, laissez l'agent Fischer se charger de...
- Non, non, laissez-moi expliquer, s'il vous plait, insista Fleming.
Elle se plaça littéralement devant sa mère, comme si elle voulait faire barrage, et leva les mains en signe d'apaisement. Elle n'avait même pas sa baguette et ce détail fit vaciller la résolution de Hicks.
- Deux minutes, intervint sa mère, la gorge toujours prise par l'émotion. Laissez-moi deux minutes pour m'expliquer.
Julian en aurait hurlé. Deux minutes... Est-ce que ce n'était pas la prière qu'il avait envoyé au ciel dans un élan désespéré tous les soirs depuis la mort de sa mère ? Juste deux minutes avec elle ? S'il prenait soin de Lottie, s'il arrivait à maintenir sa famille à flot, s'il acceptait de quitter l'Angleterre, alors il pourrait avoir deux minutes avec elle ? Et voilà que le monde se renversait sous ses pieds et que c'était elle qui demandait ces deux minutes. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée. Il n'arrivait même pas à la comprendre.
- Madame la directrice ? fit alors Hercules Fischer, tendu.
La question muette était claire : devait-il intervenir ? Hicks hésita, l'air partagé tandis que sa professeur de sortilèges ne bougeait toujours pas. Leonidas décida d'intervenir à cet instant. Il se releva, presque chancelant, et sa voix baissa d'un octave quand il s'exprima.
- Une question, déclara-t-il, sa mâchoire carrée contractée. Et si elle répond bien, on lui laisse le bénéfice des deux minutes.
- Leo... commença à protester Fleming.
Mais il la coupa en couvrant sa voix, ses yeux bleu cobalt vrillés sur sa mère.
- La dernière fois qu'on s'est vus en personne, c'était en 1972. J'étais venu chez toi pour te demander un conseil. Tu te souviens ?
Julian devina qu'il laissait volontairement le souvenir flou, mais une lueur de reconnaissance s'alluma malgré tout sur le visage tourmenté de sa mère. Il ne pouvait pas la quitter du regard de toute façon. Chaque petite expression était tellement une preuve de vitalité qu'il s'y accrochait aussi fort qu'à Lottie.
- Oui, évidemment que je me souviens... répondit sa mère avec une inspiration tremblante. J'étais toute seule à la maison, Charlotte était à l'école et Ethan au travail. Je ne m'attendais pas à te voir, je t'ai demandé de t'en aller...
- Encore quelque chose que je ne m'explique pas, claqua Leonidas. Mais tu n'es plus à un secret près, non, Aurelia ?
Aussitôt, elle tressaillit, mais personne n'objecta. Ils étaient tous encore figés par une sorte de torpeur horrible, même si Fischer et Hicks n'avaient pas abaissé leur baguette. Julian remarqua que tante Cordelia pleurait des larmes silencieuses et la vision le désarçonna un peu plus.
- Je t'ai demandé de t'en aller... reprit sa mère, ayant visiblement décidée d'ignorer la pique. Mais j'ai fini par te faire rentrer. On a bu un thé ensemble.
- C'est de famille donc, marmonna Théa.
Elle parut elle-même surprise, comme si les mots lui avaient échappés, mais ils détendirent l'atmosphère d'un cran quand de vagues sourires fleurirent sur les lèvres de ses amis. Aileen et Liam échangèrent même un coup d'œil équivoque. Julian apprécia l'effort, même s'il se sentait incapable de faire pareil. Il avait toujours trop l'impression d'être hors de son corps pour ça et il sentit une pression familière grossir dans sa poitrine lorsque le regard de sa mère se porta vers lui, attendrie. Sa vision se réduit alors à un tunnel et il reporta son poids un peu plus contre sa sœur. Merlin, les yeux de sa mère étaient les mêmes que dans son souvenir. Le même vert irisé de marron qu'il voyait dans le miroir tous les matins et ce lien entre eux – cette filiation si criante – lui donna envie de pleurer.
- Le conseil que je t'ai demandé ? la rappela à l'ordre Leonidas.
Elle retourna son attention sur lui.
- Pardon... Hum... Tu étais nerveux, on a parlé un peu de tout et de rien pour rattraper les années. Le boulot, les enfants... (Elle déglutit, sûrement consciente de passer un test décisif). Et tu m'as dit que tu avais une bague dans ta poche depuis des mois mais que tu ne savais pas si tu devais la mettre sur une main. J'ai été surprise, je ne savais même pas que tu avais quelqu'un.
- Parce que tu avais coupé les ponts avec tout le monde, souligna Leonidas. Miranda compris. Enfin, c'est ce que je croyais.
Il fit un geste de la main pour désigner Fleming qui eut la décence de rougir devant le ton accusateur. Sa mère secoua la tête, pâle.
- Je suis désolée, Leo, je ne le dirais jamais assez mais... j'avais mes raisons. Et je n'avais pas revu Miranda non plus avant l'année dernière, je te le jure.
Elle avait l'air sincère, mais ça n'arrangeait pas la sensation que quelque chose clochait. L'année dernière, ça avait été l'année de sa mort. Pourquoi reprendre soudain contact avec une amie qu'on n'avait pas revu depuis plus de dix ans ? Est-ce qu'elle avait revu Fleming avant ou après l'attentat des Archives Magiques, ce fameux 23 juin 1979 ? Julian ne devait pas être le seul à tiquer car les sourcils de Hicks et Leonidas se froncèrent. Ce dernier eut un geste impatient.
- Le conseil, Aurelia. Allez.
- Oui, oui... Tu m'as parlé de Lysandra, ce qui m'a surprise encore. Mais j'ai fini par te dire que si tu voulais vraiment l'épouser, tu ne devais pas être retenu par les attentes de vos familles. Que tu avais le droit de faire ce que j'avais fait.
Sur les derniers mots, sa voix flancha un peu plus et elle se tourna vers son père, toujours planté près de lui au milieu de l'infirmerie. Rien ne faisait sens, mais l'alchimie que Julian avait toujours ressenti entre ses parents se manifesta alors. Leonidas eut à peine le temps de murmurer un « c'est bien Aurelia » incrédule que son père se mettait en mouvement. En près d'un an, c'était sans doute la première fois qu'il était le premier à réagir et à être actif, et pourtant ils ne purent que tous le regarder traverser la pièce, bras ouverts. Sa mère ne fit même plus attention à la directrice ou à l'Auror qui braquaient des baguettes sur elle : elle s'élança à sa rencontre. La scène n'eut rien d'un ralenti, bien au contraire. Ils se rentèrent presque dedans avec force, emportés par leur élan, mais dès que son père referma ses bras autour d'elle, un barrage parut céder en lui. Il éclata en sanglot.
- Mon dieu, Aurelia... mon dieu... s'étrangla-t-il.
- Je suis là, je suis là...
- J'ai prié, si tu savais... Oh ma chérie...
Il lui caressait les cheveux, la voix si nouée qu'il était presque intelligible, mais sa mère n'était pas mieux. Elle enfouit son visage dans son cou, les joues mouillés de larmes à son tour.
- Je suis désolée, murmura-t-elle. Ethan, je suis désolée.
Si un silence de plomb ne s'était pas abattu sur l'infirmerie, ils n'auraient pas pu les entendre dans leur bulle de mots et de pleurs étouffés, mais le choc avait diffusé une nouvelle onde de paralysie à travers la pièce. Cordelia avait maintenant une main pressée contre sa bouche, plus pâle que jamais, et Théa levait un regard inquiet vers elle. Au contraire, Aileen, Liam, et même l'infirmier paraissaient complètement dépassés. Julian ne les blâmait pas. Tout était surréel et son souffle se raccourcit, bloqué quelque part au creux de sa gorge. Jamais il n'avait cru revoir ses parents dans les bras l'un de l'autre.
C'est à ce moment-là que sa sœur s'anima soudain. Pris par surprise, il sentit sa prise autour d'elle se détacher alors qu'elle se précipitait vers leurs parents en pleurant.
- Maman ! Maman ! répéta-t-elle en une litanie déchirante.
Sa mère eut juste le temps de s'écarter pour la réceptionner quand elle se jeta dans ses bras. Même l'Auror Fischer n'avait pas tenté de l'arrêter, trop sonné lui aussi. La parole de Leonidas avait visiblement fait acte d'autorité et Fleming ne cherchait plus à plaider pour ses deux minutes d'explications. Pas alors qu'une famille en larmes était en train de se retrouver et que l'émotion de sa mère paraissait si sincère. Elle tenait le visage de Lottie entre ses mains tremblantes avec tout l'amour qu'une mère pouvait témoigner. A côté d'elle, son père posait toujours une main sur son épaule pour ne pas rompre le contact.
- Morgane... s'exclama Hilda Douzebranches dans un souffle.
Elle exprimait sans doute à elle seule le sentiment général. L'étreinte entre ses parents et sa sœur semblait soudain trop intime et émouvante pour plusieurs personnes car il sentit des regards glisser vers lui, toujours figé. Et soudain, Julian fut frappé par l'évidence.
Il aurait dû bouger lui aussi. Il aurait dû se précipiter vers le miracle que représentait sa mère vivante, mais il se sentait cloué sur place. Jusqu'à présent, sa sœur avait représenté un point d'ancrage solide sur lequel il s'était appuyé. Maintenant, il se sentait basculer dans le gouffre qu'il avait longé toute l'année... Ce gouffre, il l'avait évité pourtant. Il n'avait jamais voulu le regarder en face, il n'avait pas voulu voir le précipice dont l'obscurité manquait de l'engloutir dès qu'il songeait à sa mère. Il n'avait pas peur du vide pour rien après tout, non ? Et Merlin, son jeu d'équilibriste – un équilibre précaire – avait été épuisant, mais il avait réussi. Il s'était jeté à corps perdu dans la résolution du Contre-Rituel, il avait eu tant de choses à penser avec Noah et Ilvermorny... Le gouffre avait fini par reculer doucement et être un point à l'arrière de sa conscience. Il n'avait pas été bien loin, mais il n'avait pas été assez proche pour basculer non plus. Aujourd'hui en revanche ?
Aujourd'hui, Julian tombait en chute libre.
En un an, il avait construit sa réalité autour de l'impensable : il n'avait plus de mère. Et voilà que cette idée volait elle-même en éclat. Il n'arrivait pas à l'appréhender. Ses sens n'arrivaient pas à le convaincre. Il la voyait, il l'entendait pourtant, mais ça ne suffisait pas. Dans une spirale infernale qui lui vola sa respiration, il sentit son cœur battre à un rythme frénétique, puis ralentir, puis accélérer, puis être étouffé par la douleur. Comment est-ce que faisait Charlotte pour réussir à faire encore fonctionner son corps ? Il avait l'impression qu'il n'avait lui-même plus de prise sur rien.
A la périphérie de sa vision, il crut distinguer une tâche rousse se mouvoir.
- Julian ? appela Aileen, inquiète. Tu... tu vas bien ?
Il ne réussit pas à répondre. C'était encore pire que le soir du bal des Fantômes, même si plusieurs voix s'élevèrent en même temps comme ce jour-là, toutes empressés de mettre des mots sur lui.
- Il est vraiment pâle, ce gamin, remarqua Hercules Fischer. Il devrait peut-être s'assoir.
- Son état de choc est compréhensible, vous ne croyez pas ?
- Je n'ai pas dit le contraire, madame la directrice, mais...
Charlotte, un bras enroulé autour de leur mère, leva ses grands yeux embués.
- Ju' ? articula-t-elle dans un filet de voix.
Mais même la détresse de Lottie ne réussit pas à percer le brouillard qui prenait possession de lui. Il crut voir le monde tanguer un instant – à moins que ça ne soit ses jambes – et son estomac se serra un peu plus.
- Julian, ça va ? demanda alors Leonidas en s'approchant. (Il s'adressa alors à Asclépius, l'infirmier). Faites quelque chose, bon sang !
- Mais il n'avait rien comme blessures tout à l'heure, je...
- Il ne s'agit pas d'une blessure ! le rabroua Cordelia d'un ton sec. Ce garçon est en train de vivre un choc émotionnel, rendez-vous utile !
C'était presque réconfortant d'entendre sa tante redevenir elle-même. En d'autres circonstances, il en aurait été amusé, voire soulagé. Le problème, c'est que tout son corps lui paraissait ankylosé à cet instant : sa gorge se fermait et l'empêchait de respirer. Il tenta de pianoter du bout des doigts contre sa jambe, un geste qui le calmait souvent quand il n'avait pas de crayon sous la main, mais ça ne changeait rien. Il avait mal partout.
- Je... je me sens pas bien... murmura-t-il, incapable de faire passer sa voix dans l'étouffement qu'il ressentait.
- C'est normal, Julian, ça va aller, le rassura Leonidas. Respire.
Il lui posa une main sur l'épaule et un frisson violent lui traversa le corps. Il était tellement oppressé – par ses pensées, par les regards sur lui, par les voix autour – qu'une nouvelle respiration douloureuse lui déchira la poitrine.
- Je me sens vraiment pas bien, répéta-t-il.
Il se força à articuler, mais ce fut pire. La tête lui tourna soudain et enfin il réussit à bouger. D'une main, il repoussa Leonidas, puis fit volte-face pour se précipiter vers la salle de bain attenante à l'infirmerie, celle-là même qu'il venait de quitter avant que son monde ne bascule complètement. Les voix derrière lui crièrent son prénom, mais ses oreilles bourdonnantes entendirent à peine. Les mains crispées sur le rebord du lavabo, il se pencha en avant au moment où son estomac se révulsait une fois de plus. Rien ne sorti, mais il fut pris d'un autre haut le cœur quelques secondes après et il ravala le sanglot bloqué dans sa gorge.
Plus rien n'avait de sens, tout valsait autour de lui. Il y avait une douleur qui pulsait dans sa poitrine, bien plus réelle que sa mère dans la pièce d'à côté et il ne savait pas comment interpréter ça.
- Jules ?
Aussitôt, Noah se matérialisa à sa droite. Il réalisa avec un temps de retard que c'était étrange qu'il ne se soit pas manifesté plus tôt, ce n'était pas le genre de Noah Douzebranches après tout. Pourtant, il aurait aimé qu'il s'abstienne à cet instant et détourna la tête, embarrassé.
- Laisse-moi... croassa-t-il.
Noah se contenta d'avoir l'air outré par la simple idée.
- Et te laisser le monopole de jouer à l'infirmier ? Hors de question.
- Noah... je...
« J'arrive pas à respirer » aurait-il voulu dire. Ce n'était pas le moment. Mais Noah ne l'écouta pas et tenta à nouveau de croiser son regard. Il ne le toucha pourtant pas, ce dont il lui fut reconnaissant. A cet instant, il avait tellement l'impression de perdre le contrôle de son corps qu'il préférait ne pas perdre pied davantage.
- Je sais, souffla alors Noah. Mais il faut que t'arrives à te reconcentrer, allez. Inspire et expire, tu te sentiras mieux.
- Non...
Il voulut secouer la tête, mais y renonça quand sa vision déforma le monde autour en tableau impressionniste. Il s'accrocha un peu plus au lavabo.
- Si. Jules, écoute-moi, ma mère a déjà eu... enfin, elle angoissait aussi parfois. Il faut que tu te calmes.
Malheureusement, le mot « mère » réactiva la spirale. Julian ferma les yeux de toutes ses forces – à s'en faire mal – mais son image dansa derrière ses paupières closes. Un souffle étranglé s'arracha de sa gorge et il toussa, saisi d'un nouveau haut-le-cœur. D'un coup, la porte de la salle de bain se rouvrit et Asclépius tenta d'entrer, la directrice Hicks et Leonidas sur ses talons. Noah se mit en travers du chambranle avant qu'aucun d'eux n'ait pu passer le seuil.
- Douzebranches, laissez-nous passer, intima Hicks.
- Juste quelques minutes, il...
- Je n'ai pas de temps à perdre avec vous cette fois, Noah. Ecartez-vous !
Elle devait être sincèrement perturbée pour l'appeler tour à tour par son nom de famille et son prénom, comme si elle n'arrivait pas bien à juger lequel des deux était exiger en cette situation. Julian détourna les yeux avant qu'elle n'ait pu l'interpeller et croisa alors son reflet dans le miroir en face. Merlin... Hercules Fischer avait été généreux en disant qu'il était pâle. Il était absolument livide. Ses lèvres, seule touche de couleur, ressortaient pourtant, et ses yeux brillaient de larmes contenues. Il avait l'air hagard, presque fiévreux. Son image sur la surface glacée du miroir aurait pu le captiver longtemps si la boule dans sa gorge ne s'était pas soudain rappelée à son bon souvenir en une douleur vive. Il n'arriva pas à retenir le souffle haché qui franchit ses lèvres, comme le râle d'un noyé.
Noah lui jeta un regard inquiet par-dessus son épaule, puis refit face aux adultes. Le temps sembla s'étirer en une éternité de secondes.
- Et merde, jura-t-il, visiblement contrarié.
Puis, sans aucune forme de cérémonie, il leur claqua la porte au visage. Julian écarquilla les yeux en le voyant sortir sa baguette pour jeter tout de suite un sorte de verrouillage sur la poignée et resta figé par la surprise.
- Mais qu'est-ce que tu fous ? s'exclama-t-il.
Malgré sa respiration laborieuse, la phrase était sortie avec une spontanéité que seul Noah arrivait semble-t-il à provoquer.
- Je nous fais gagner une minute avant qu'ils arrivent à ouvrir la porte, lui répondit celui-ci. Bon désolé, on va faire à la manière forte.
- A la...
Sa voix mourut dès que Noah le saisit par les épaules pour le pousser en arrière. Déstabilisé, il se laissa entraîner par la pression, à peine conscient du toucher alors qu'ils étaient brusquement si proches l'un de l'autre. L'espace d'un battement de cœur illogique, il crut que Noah allait l'embrasser. Il n'aurait même pas su dire s'il le voulait ou non tant son esprit était chamboulé, mais ce ne fut de toute façon pas le cas. Noah se contenta de le faire reculer jusqu'à la cabine de douche derrière lui et appuya sur le bouton.
L'eau qui s'abattit sur sa tête le fit sursauter, mais surtout lui arracha un cri de surprise bloqué dans sa gorge. L'air s'infiltra avec soulagement en même temps qu'une grande goulée d'eau et Julian se mit à tousser. La panique s'empara de lui encore quelques secondes, avant que la brume ne s'efface soudain, remplacée par la sensation bien physique de l'eau tombant en continu. Elle était impossible à ignorer. Elle l'ancrait enfin au moment présent. Les yeux brûlants, il offrit son visage au pommeau au-dessus de sa tête. L'eau n'était ni chaude, ni froide, mais elle le fit frissonner une nouvelle fois à mesure que la torpeur laissait la place à la lucidité. Il sentit le nœud qui lui serrait la gorge et l'estomac se dénouer avec reconnaissance, puis rebascula la tête. Il inspira, la nuque raide.
Noah l'avait lâché dès qu'il avait enclenché la douche, mais il était toujours face à lui. L'eau était en train de raidir ses boucles : elles lui tombaient sur le front en traits sombres détrempés et Julian ignora la déception qui pointa en lui. Ce n'était pas le plus important à cet instant, loin de là.
- Continue à respirer, ordonna Noah. Vas-y, en rythme.
Comme pour lui montrer l'exemple, il inspira et expira avec exagération. Julian l'imita sans protester. Ça n'avait plus rien à voir avec leur proximité de tout à l'heure qui semblait désormais appartenir à une autre vie. A cet instant, il avait besoin de Noah autrement, d'une manière bien plus essentielle, même si ça ne suffisait pas à lui faire oublier les personnes derrière la porte. Leurs coups sourds contre le battant portaient même par-dessus le bruit de l'eau à ses oreilles. Noah claqua des doigts devant lui en constatant qu'il perdait son attention.
- Eh, eh, c'est rien, affirma-t-il. On a dit quoi ? Tu te concentres sur ta respiration, tout va bien se passer.
- Mais...
- Jules, sérieux.
Contre toute attente, le surnom le réchauffa de l'intérieur. Puis une nouvelle voix l'atteignit avec force :
- Julian ! héla sa mère. Julian, ouvre !
- Aurelia, ce n'est pas une bonne idée, recule, lui répliqua Leonidas, agacé.
Il y eu des bruits confus, comme si plusieurs personnes se poussaient mutuellement, puis :
- Que tout le monde se calme ! Vous voulez que j'appelle des Aurors en renforts, c'est ça ?
- Roh par tous les mages, arrêtez ce spectacle ridicule, tança la voix d'Hilda.
Ensuite, il n'arriva plus à distinguer des paroles intelligibles, comme si les adultes s'étaient écartés de la porte. Seulement, le rappel que sa mère se trouvait juste à quelques mètres lui recoupa le souffle aussi sûrement que le jour où il avait chuté du balai de Matthew. Il se plia presque en deux sous le coup de la surprise et de la douleur, incapable de faire entrer de l'air dans ses poumons. L'eau lui battait toujours le corps.
- Non, non, Jules, s'agita Noah devant lui. Les écoute pas, c'est rien. (Il le réagrippa par les épaules pour le redresser). Je sais que c'est compliqué, mais tu ne peux pas continuer à paniquer. Allez, concentre-toi, tu sais très bien le faire. Compte dans ta tête : un, deux, trois... inspire. Un, deux, trois... expire.
Maladroitement, Julian tenta d'appliquer ce que Noah lui disait, mais tout se brouilla à nouveau.
- Tu comprends pas... s'étrangla-t-il. Elle est morte ! Elle est morte, elle ne peut pas...
- Elle t'expliquera ! Y'a une raison logique, même si tu dois respirer avant de la connaître. S'il te plaît, Jules.
Il aurait bien voulu respirer. Mais tout ce qu'il parvint à faire fut de répéter dans une litanie entêtante que sa mère était morte et vivante à la fois – les deux mots se mélangeaient et se superposaient l'un à l'autre – jusqu'à en étouffer. Il porta la main à sa gorge, tremblant, et Noah comprit avant que son cerveau n'ait pu faire la connexion entre son geste et son esprit. Avec douceur et un certain empressement aussi, il lui dénoua sa cravate. La bande de tissu, trempée, leur glissa des doigts pour aller s'écraser au sol, mais Julian se sentit soudain plus libre. Il captura la main de Noah dans la sienne avant qu'il n'ait pu se rétracter.
Le contact physique et l'eau qui pleuvait toujours sur lui devinrent alors une véritable ancre. Epuisé, il se laissa glisser à terre. Noah suivit le mouvement. Il se retrouva ainsi assis sur le carrelage humide de la cabine de douche, complètement trempé, les genoux repliés contre lui. Pour la première fois depuis plusieurs minutes, il réussit à respirer sans qu'une boule douloureuse ne vienne l'en empêcher.
Face à lui, Noah l'observa avec attention.
- Mieux ? fit-il dans un murmure.
A croire qu'il avait peur de lui. Julian acquiesça, mortifié à mesure qu'il reprenait ses esprits. Le sanglot coincé dans sa poitrine remonta comme un bouton de champagne. Il aurait aimé le retenir, juste pour sauver les apparences, mais maintenant qu'il arrivait enfin à respirer, plus rien ne faisait barrage. Les mois de deuil, de colère, de tristesse... Tout ça se mêla et s'exprima en pleurs libérateurs. Il n'avait pas pleurer depuis la mort de sa mère... Et alors que l'eau s'abattait toujours sur lui, il songea dans un accès de lucidité que c'était son cœur qui débordait cette fois-ci. C'était un trop plein.
- Non, pas mieux, haleta-t-il, incapable de s'arrêter maintenant que le barrage avait cédé.
- Jules...
Le regard de Noah se fit torturé. Il l'avait aidé jusqu'à un point, mais il était maintenant démuni, et Julian se sentit encore plus embarrassé quand un nouveau sanglot s'arracha de sa gorge. Il respirait, oui, mais à quel prix ? Il avait envie d'échapper à tout. Le jet d'eau au-dessus de lui et les larmes dans ses yeux ne brouillaient pas encore assez le monde, il voulait arrêter de ressentir cette douleur déchirante, ce sentiment de perdition totale. Noah pressa sa main avec force. Il était visiblement à court de mots, mais il se força à en trouver, l'air incertain :
- Je sais, Jules, mais ça va aller...
- Non, non... Elle n'a pas le droit de faire ça...
Il savait à peine ce qu'il disait. Il ne comprenait pas pourquoi il n'arrivait pas ressentir la bonne émotion, ni à être normal pour une fois. Il aurait dû être comme Lottie et vouloir se jeter dans les bras de sa mère, mais c'était tout l'inverse. Agité, il jeta un coup d'œil nerveux à la porte. Si elle n'avait pas encore céder, c'était que les professeurs avaient décidé de lui laisser quelques minutes. Normalement, ils auraient dû pouvoir briser le sort de verrouillage en un tour de baguette.
Face à lui, Noah repoussa ses boucles trempées qui lui revenaient dans les yeux.
- Ecoute, entonna-t-il. J'ai aucune idée de ce que je suis en train de faire et je ne prétends pas savoir ce qui se passe dans ta tête de prodige, mais je sais une chose : t'es en train d'exploser, Jules. Et je l'ai vu tout le long de l'année dans tes dessins, t'as besoin que ça sorte. Alors, vas-y. C'est pas grave, ça ira. Je reste avec toi.
Il avait l'air si confiant en disant cela. Julian le fixa et s'ancra à sa certitude faute de la ressentir lui-même. Exploser ? Il n'avait jamais su comment faire. Toute sa vie, il avait intériorisé dans son esprit, là où personne ne pouvait l'atteindre et là où il ne pouvait atteindre personne. Il pouvait s'y plaindre, y crier ses angoisses, ses espoirs, il ne dérangeait personne d'autre que lui-même. Les seules fois où il se sentait proche de déborder, il s'exprimait à travers le dessin. Noah avait raison, même si c'était embarrassant. Après tout, il avait bien traduit son incertitude quant à leur relation toute l'année grâce à la pointe de son fusain. Combien de fois s'était-il retrouvé à dessiner Noah, ses boucles, ses mains, son sourire ? Mais là, c'était autre chose. Il n'avait jamais réussi à dessiner sa mère, véritable plaie trop douloureuse pour être extérioriser même artistiquement.
- Je ne sais pas... j'arrive pas... articula-t-il, la poitrine comprimée.
Noah se mit à tracer des motifs alambiqués sur le dos de sa main.
- Crois-moi, j'ai l'habitude d'exploser et de crier, lui dit-il avec un demi-sourire. Sois plus comme moi, c'est tout.
Ça paraissait si simple dit comme ça. Il laissa échapper un rire étouffé.
- Instable et arrogant, tu veux dire ?
- Ouch, Shelton, tu blesses mon ego.
Noah porta la main à son cœur, comme s'il l'avait touché physiquement, et Julian laissa sa tête basculer contre le mur frais derrière lui.
- Shelton, hum ? souffla-t-il.
- Quoi, j'ai pas le droit de varier de Jules de temps en temps ?
Non, voulut-il répondre. Pas alors que le surnom était devenu un point d'accroche dans la tempête de ses émotions. Noah parut le lire à son expression et son regard moqueur s'adoucit une nouvelle fois. Depuis une heure, il avait l'impression de redécouvrir Noah Douzebranches, comme si cette nuit était particulière après tout ce qu'ils avaient vécus. Tout ce qu'ils étaient en train de vivre...
- Ils vont finir par entrer, Jules, prévint-il soudain, résigné. Je ne pourras pas leur claquer la porte au nez éternellement...
- Mais tu serais prêt à essayer, non ?
Ce fut au tour de Noah de rire, même si le son resta étouffé, noyé par le bruit de l'eau.
- Pour toi ? lâcha-t-il. Evidemment.
Julian tenta d'ignorer la façon dont son cœur cogna plus fort, sans succès. Il avait horriblement conscience qu'ils flirtaient à nouveau ensemble, mais c'était une échappatoire bienvenue, et surtout c'était bien plus simple qu'avant. Maintenant qu'ils s'était tous les deux avoués à demi-mots que ce qui se passait entre eux n'était pas juste une expérience, ils étaient sur une nouvelle longueur d'onde, vibrante et forte.
- Non, ça va aller, déclara-t-il alors. (Le nœud dans son ventre s'était dénoué). Je vais y retourner, je vais lui parler...
- Ca peut aussi attendre demain matin. Enfin tout à l'heure... Il est 3h du mat', t'es épuisé, on a affronté un psychopathe et une explosion magique. Et une Théa Grims énervée.
- C'est le pire...
- C'est toujours le pire.
A nouveau, il sourit. Il aurait aimé dire à Noah à quel point il l'aidait.
- Je ne sais pas si j'arriverais à dormir, admit-il malgré tout.
- On peut demander à Asclépius de te donner un somnifère. Tu sais, pour qu'il serve au moins à quelque chose.
- Noah...
- Quoi ? C'est toi le super infirmier ici. Je le sais.
D'un geste, il désigna sa plaie au front. En vérité, il n'avait fait que la nettoyer, mais il faudrait sans doute qu'Asclépius l'examine pour qu'elle se referme correctement. Résolu, il hocha la tête et Noah attendit une seconde avant de se relever sans lâcher sa main. Julian suivit le mouvement. Il se sentit d'abord instable sur ses jambes, mais au moins le monde ne tournait plus, même si des larmes continuaient à déborder sur ses joues. Peut-être que Noah avait raison : il avait besoin de faire sortir ses émotions et surtout de dormir. Et alors qu'il ressortait de la cabine de douche, trempés, il changea brusquement d'avis.
- Attends...
Il le retint en tirant sur sa main. Noah se retourna, sourcil dressé.
- Je ne veux pas la voir... pas tout de suite, décida-t-il. Tu peux leur dire ?
Sa demande fut accueillie par une surprise manifeste, mais la conviction profonde de ne pas être prêt se logea en lui. Il avait juste peur de s'effondrer à nouveau s'il faisait face à sa mère maintenant et Noah ne chercha pas à protester.
- Leur dire d'aller se faire voir donc ? résuma-t-il, un rictus au coin des lèvres. Avec plaisir.
- Pas comme ça.
- Allez, Jules...
- Noah.
Il mit autant de fermeté qu'il pu dans son ton et eut l'impression de redevenir lui-même par la même occasion. Ce qui était sûrement l'intention de Noah maintenant qu'il y pensait. Celui-ci acquiesça d'ailleurs – non sans rouler des yeux – puis lâcha sa main pour se diriger vers la porte. Julian se contenta de reculer au fond de la pièce, fatigué. Son monde avait peut-être basculé, mais au moins il était à nouveau sur ses pieds. Tout pouvait attendre les lueurs matinales d'une nouvelle journée...
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Verdict ?
A l'image du dernier chapitre du tome 1, ce chapitre aussi, je l'avais imaginé depuis presque le début de la fanfic, voire avant. Je l'ai vraiment écrit avec facilité et surtout en ayant une prise de conscience : j'avais enfin réussi à faire de Julian mon personnage. Au début, il a été dur à écrire à cause de sa personnalité si... réservée ? Le mot ne correspond même pas parce que Julian n'est pas réservé, il est même plutôt social et rentre-dedans si on lui laisse l'occasion, voire parfois arrogant/sûr de lui dans ses capacités. Mais il se retranche aussi beaucoup en lui-même et vous pouvez trouver ça absurde, mais ça a même été dur pour moi de m'habituer à lui. J'ai eu l'impression que ce chapitre montrait l'évolution de mon écriture sur Julian et j'espère que vous l'avez aimé du coup ^^
Prochain chapitre samedi prochain donc de manière exceptionnelle puisque ATDM n'a pas encore repris !
Vraiment trop heureuse de vous retrouver ! Bisous !
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