Chapitre 11

Endormit dans son lit, Aldia revit ses cauchemars, ses mêmes ombres grotesques mutilant son corps paralysé, de leurs voix rauques, menacèrent sa vie et celle de ses proches. Une partie d'elle se répétait que ce n'était pas réel, qu'il fallait se réveiller, mais l'autre partit insistait le contraire. Leurs toucher glacé semblable au contact d'un mort, la douleur de leurs griffes plantées sur sa peau. Elle n'arrivait pas comment elle devait sortir de cette folie.

C'est alors que quelque chose la secoua.

- Maman, murmura une petite voix.

Ouvrant brusquement les yeux, elle découvrit sa deuxième fille, Sofie.

L'enfant était d'une mine inquiète, elle avait eu peur des spasmes de sa mère lorsqu'elle dormait.

- Sofie, mon enfant, murmura-t-elle en posant sa main sur la joue.

La fille à la brune chevelure, toucha la main gauche de sa mère, et découvrit le majeur manquant de sa main.

Honteuse, la dunmer enleva celle-ci de la joue de Sofie, et ne put que chuchoter ses mots :

- Je sais, c'est moche à voir...

Se rapprochant d'elle, Sofie reprit la main dont le doigt était amputé.

- Ils t'ont fait beaucoup mal, dit la fille d'une voix sanglotant et inquiète.

Bien que choquée, Aldia avait bien compris que ses enfants avaient été au courant de son emprisonnement.

- Je... Oui, les thalmors m'ont fait beaucoup de mal, répondit-elle en caressant sa tête de la main droite. Mais maintenant, maman est en sécurité, personne ne lui fera du mal.

La mère voulut la réconforter, mais son ton dégageait une certaine peur. Sofie l'enlaça, se retenant de pleurer, tout comme sa sœur Lucia derrière la porte, elle avait eu si peur de ne plus la revoir.

- Ça va aller, je suis là, chuchota-t-elle en tapotant la tête de la brune fille.

L'étreinte commençait à l'apaiser tandis que Lucia entra lentement, se tenant immobile devant la porte ouverte. Aldia bougea pour faire de la place, et fit signe à son autre fille de venir. S'approchant, Lucia s'allongea à côté de sa mère, enfin rassuré par sa présence.


***


L'heure suivante, Aldia sortit lentement du lit avec ses enfants. Ayant faim, la dunmer se dénicha un morceau de fromage et du pain, tout en buvant de l'eau car elle ne savait pas où Lydia avait caché l'hydromel et les autres alcools.

L'elfe à la brune chevelure demanda à ses filles comment elle avait pu arriver ici. Aldia savait dans ses souvenirs qu'elle était tombés à cheval à cause de la fatigue et qu'elle avait vu son ami Bleis dans sa forme de loup-garou.

Les enfants parlèrent alors de Bleis qui l'avait ramené en ville, pendant qu'il était en mission de tuer un groupe de bandits. Elle avait la confirmation qu'il l'avait bien trouvé, mais elle se demanda pourquoi à Blancherive lui qui préférait Solitude. De plus, leur amitié s'était mal terminée.

Lucia et Sofie expliquèrent que beaucoup s'étaient inquiétés sur son emprisonnement par le thalmor. Des rumeurs dirent même qu'elle aurait pu être morte, car personne ne sortait vivant de les geôles du thalmor, ce qui avait terrifié encore plus les deux enfants.

Ne voulant pas que ses filles s'inquiètent plus, Aldia changea rapidement de sujet en demandant s'il y avait eu d'autres changements.

Mis à part quelques voyageurs ayant parti sans traces et sans payer la taverne, ce qui agaçait beaucoup la tavernière, rien bien d'important.

Aldia était rassuré, mais au lieu de retourner vers on lit, elle préféra passer la soirée avec ses enfants.

Radan qui avait disparu depuis quelques jours, réapparu au bout d'une demi-heure plus tard, griffant le cou de sa maîtresse.

Au fil que le temps passait, Aldia vit que la nuit était tombée depuis longtemps, et ses filles baillaient de fatigue. Les mettant dans leurs chambres, la mère sortit leurs robes de nuits. Quand les enfants étaient habillé pour aller dormir, la mère elfe noire détacha les deux nattes de Sofie, laissant tomber les longs cheveux bruns de la jeune nordique. Pour Lucia, elle dénoua toute seule la petite tresse du côté droit.

Après avoir coiffé ses deux filles, Aldia les mit au lit, tandis que le chien dormait près des enfants. Elle leurs souhaitait bonne nuit, puis elle referma la porte.

L'enfant de dragon se sentait enfin contente, même si la peur et l'inquiétude était encore présent en elle. Radan se mit à ses pieds, grattant la longue robe de nuit. Le prenant sur son épaule, la dunmer s'assit sur le banc de la table. Regardant par la fenêtre de sa maison, l'elfe noire se demanda ce que les habitants allaient lui poser des questions de sa disparition ou bien fêter son retour en ville.

D'ailleurs, pouvait-elle parler à Bleis ? Cela fait plusieurs mois qu'ils ne sont pas revus à cause de cette dispute qui avait rompu leur amitiés. Peut-être qu'ils devraient faire la paix ?

À ce moment, la porte d'entrée s'ouvrit. Se tournant, Lydia était de retour, d'une mine attristée.

- Lydia, que se passe-t-il ?

Un moment silencieux, la nordique reprit en cachant sa tristesse.

- Le jarl veut te voir, répondit Lydia. Mais tu devrais t'habiller chaudement, il fait froid ce soir.

L'huscarl l'amena dans sa chambre, et chercha dans sa commode une simple robe, des bottes et un manteau pour la couvrir. Pendant qu'Aldia s'habilla, Lydia parla de son désarroi.

- Moi et le thane Bleis, nous avions été convoqués par le jarl pour parler de cette histoire. Il dit avoir pris sa décision, mais je ne t'en dis pas plus.

Aldia la fixa d'effroi face à cette courte explication, la thane n'osait plus voir son seigneur, imaginant les pires situations. Voyant son inquiétude, Lydia assit sur le lit, à côté de Radan, tenta de la rassurer.

- Ald, nous ne te trahirons pas, mais nous devons te mettre en sécurité, rassura Lydia.

Ravalant sa salive, Aldia savait que ses proches et son jarl n'allait pas les trahir, mais il y avait encore cette peur en elle. Reprenant son souffle, elle laissa Radan sur le lit, puis elle suivit son huscarl vers la porte d'entrée et sortit de la maison.

Mettant sa capuche, elle découvrit les rues de Blancherive étaient calmes dans la nuit. Les gardes, éclairés de leurs torches, étaient à leur poste de surveillance, et ne disaient aucun mot lorsqu'ils virent l'enfant de dragon et sa huscarl.

Remontant vers le quartier vers le grand arbre du temple de Kynareth, elle leva les yeux vers Fort-Dragon, s'entant ses jambes paralysées. La poitrine serrée, l'elfe noir crispa son manteau de peur.

Voyant sa peur, Lydia se disait encore la rassurer. Posant la main sur son épaule, elle espéra d'avoir encore la confiance d'Aldia.

- Ald, je t'ai dit qu'on ne te fera rien, il n'y a aucune raison qu'on te trahisse, réconforta la nordique.

Reprenant son souffle, Aldia s'avança, mais son corps tremblait de peur.

Montant les escaliers de pierre, elle vit derrière elle, une grande partie de la ville, voyant aussi sa maison. Lorsque les gardes les virent, ils ouvrirent les grandes portes de bois. Entrant, elle enleva sa capuche, et monta vers la pièce principale.

Le grand foyer au centre brûlait encore, réchauffant la grande pièce. Il n'y avait aucun serviteur, juste le chambellan Proventus Avenicci qui s'avança vers eux.

- Le jarl est dans son bureau, je vous y amène, dit il d'une voix calme.

Le chambellan les amena jusqu'en haut, près de la porte de le grand porche.

Dans cette salle de guerre, se trouvait Irileth, regardant l'enfant de dragon d'un air bien plus sévère qu'à son habitude. À côté de la table où se trouvait la carte de Bordeciel, Bleis, son ancien ami.

Il portait l'armure du loup des Compagnons dont il était le Hérault après la mort de son prédécesseur. Pendant que le chambellan alla voir le jarl dans le bureau, tout le monde était silencieux.

Bleis n'osait pas sourire, il était content que son ancienne amie fût en vie, mais ne put pas oublier leur fin de leur relation qui s'était mal finie.

- Bleis, souffla Aldia d'une voix faible.

Se tournant vers la dunmer, le bosmer ne savait pas comment répondre.

- Bleis, je suis contente de te voir, déclara-t-elle en ayant un petit sourire.

Il était à moitié surpris de sa part, Aldia était quelqu'un de chaleureux, mais restait très rancunière.

Les yeux de la jeune femme montraient une certaine terreur, mais aussi le désespoir. Il comprit qu'elle avait été informée de la raison de voir le jarl.

- Je te remercie de m'avoir ramené, ajouta-t-elle. Sans toi, je serais peut-être morte sur la route.

D'un moment de silence, le bosmer répondit d'une voix calme.

- Je n'ai fait que mon devoir, pas la peine de me remercier.

Un silence les rendait mal à l'aise, tout le monde sauf Aldia connaissait la décision que le jarl avait pris.

Quand le chambellan arriva, il amena l'enfant de dragon au bureau du jarl, laissant les autres seules.

Au bout de quelques minutes, ils furent arrivés à la porte. Aldia crispa son manteau, toujours effrayé de ce qu'il allait se passer.

Quand Proventus ouvrit la porte, Aldia entra seule dans la pièce, où se trouvait son jarl debout derrière le bureau. L'enfant de dragon restait de nouveau immobile, ne sachant pas quoi faire ni dire.

- Tu devrais t'asseoir Aldia, ajouta Balgruuf.

Obéissant, elle essayait de garder la tête haute, ne monter aucune forme de faiblesse. En regardant son seigneur, elle ne savait pas s'il était en colère ou inquiet pour elle.

- Aldia, je suis heureux de te revoir, nous avons tous étaient inquiet de ton emprisonnement, mais je ne cache pas d'être très préoccupé par cette situation, commença-t-il.

Ses mots étaient là pour la rassurer, mais elle s'attendait au pire.

- Cependant, ta fuite à causer beaucoup de problèmes, tu es maintenant recherché par l'empire, mais aussi par les thalmors.

- Je le sais, mais je ne pouvais pas me laisser mourir comme ça, rétorqua-t-elle de sa voix cassée. Je voulais à tout prix revoir ma famille.

- Certes, mais je n'aurais pas pensé que tu allais prendre refuge chez les sombrages.

- Mais comment...

D'un signe de la main, il coupa la thane.

- Des rumeurs ont parlé du jarl Thongvor Sang-d'Argent s'était vanté que des soldats t'ont sauvé et amené à Markath pour te protéger, continua-t-il. Mais je doute qu'il vous ait laissé partir seule avec un cheval.

- C'est à peu près vrai, avoua-t-elle. Je voulais revoir mes filles au plus vite, j'avais si peur pour ma famille, mais cette enflure se foutait bien de ma...

Posant sa main sur son épaule, il reprit de sa voix calme.

- Aldia, je ne veux pas t'entendre te justifier. Je comprends que tu es fui et c'est une bonne chose de ne pas être sous l'influence de Thongvor, mais en te gardant à Blancherive, tu nous fais courir un grand risque.

Aldia se raidit d'un coup, fixant le noble nordique, la peur au ventre.

- Tu ne vas pas me donner à eux, s'insurgea-t-elle d'une voix tremblante en se dégageant de sa chaise.

- Non, jamais je ne trahirais l'enfant de dragon et une amie, mais je ne peux pas te garder dans ma ville, répondit-il.

La thane comprit peu à peu, bien que son seigneur était neutre dans la guerre civile, garder une criminelle recherchée pouvait se mettre l'empire à dos

- Aldia, toi et ta famille, vous devez partir de la ville, annonça-t-il. Lydia restera à Fort-Dragon, car tu ne seras plus thane, mais ce n'est que temporaire.

Face à ses mots, elle avait l'impression de sentir une lame lui transpercer le cœur. Elle se releva brusquement et attrapa les vêtements du jarl.

- C... Comment ?! Mais Blancherive dans tout ça ?! Et si vous vous faites attaqué par un dragon ?! Ou pire ?!

- Dragons ou non, la ville sait se défendre, rassure-t-il. Notre priorité est que chacun de nous soit en sécurité.

De ses jambes tremblantes fit tomber Aldia par terre, son souffle coupé et les larmes commençant à monter. Elle ne savait plus quoi dire face à ses déclarations, elle ne voulait pas être abandonnée de nouveau.

La relevant, le jarl vit le visage son amie pleurée et se mordre les lèvres.

- Aldia, part dans un endroit plus sûr, l'académie de Fortdhiver pourra sûrement vous loger vue que tu es l'archimage.

La dunmer avait du mal à l'écouté, tout cela la rendait malade de cette nouvelle.

- Aldia, je sais que je vous demande beaucoup, mais je n'ai pas le choix.

Debout, elle sécha ses larmes, complètement anéantit.

- Je... Je sais, et... Et j'accepte de partir, termina-t-elle le ton hésitant. Mais donne moi trois jours pour nous préparer.

Le jarl lui accorda ce temps et l'aida à sortir de la pièce.

Le chambellan ramenant a grande salle, tous comprirent qu'elle était dévastée par cette nouvelle.

Lydia raccompagna son thane chez elle, et elles ne se dirent aucun mot pendant le trajet. Quand elles furent rentrées à Douce-Brise, l'enfant de dragon tituba vers le banc de la table, la respiration saccadée et les larmes aux yeux. Elle n'arriva pas à concevoir de partir de nouveau, loin de sa ville.

- Thane Aldia, murmura Lydia.

La regardant, ses iris rouges, entourés d'une sclère noirs, elle tentait de faire disparaître ses larmes.

- Tu n'as plus besoin de m'appeler thane, ni même de me servir maintenant.

Posant sur ses épaules, la nordique la regarda dans les yeux.

- Je te servirais jusqu'à ton départ, déclara-t-elle. Mais sache que le titre n'a pas grand-chose comparé à notre amitié et nos aventures que nous avons vécu.

Tentant de sourire, la dunmer voyait que la nordique voulait la rassurer.

- Je te remercie, je... Je pense qu'on devrait se préparer dès demain... Allons nous coucher.

Se relevant, elles partirent chacune dans leurs chambres. Aldia se coucha, accompagné de Radan avec ses cotés, et pleura en silence une grande partie de la nuit.


***


Pendant ces trois jours, Aldia et ses filles préparèrent leurs coffres et sacs.

L'elfe avait payé une grande charrette, pour stocker plusieurs objets importants et nécessaires.

Elle acheta des provisions et potions faites d'Arcadia. Ses filles ont pris aussi le maximum d'affaires pour vivre dans l'académie.

Le jour du départ, dès le matin Aldia ouvrit une dernière fois son coffre-fort, elle reprit la clé dont était gravé une tête d'ours, un dossier et elle les mit dans une sacoche.

Descendant, ses filles, son ragnard et son chien étaient prêts à partir. Sortant de la maison avec leurs sacs, elles partirent vers la charrette à l'extérieur de la ville. Leurs quelques voisins l'ont aidé à monter les coffres pour son voyage.

Lydia était près de leur véhicule à côté de Balgruuf et son huscarl.

Le jarl serra une dernière fois la main de l'enfant de dragon.

- Je n'oublierais jamais ce que tu as fait pour notre ville, et surtout pour moi, Aldia.

- Et je n'oublierais pas ta générosité et ton amitié, ni même la dette que j'ai envers toi, finit elle.

Allant vers Irileth, Aldia répondait en toute honnêteté.

- T'étais une personne assez chiante Irileth, mais tu me manqueras quand même.

- Pareille, répondit l'huscarl du jarl.

Se fit tour de Lydia, dont dire au revoir était plus déchirant. Ne sachant pas comment répondre, Lydia dit ses adieux en premier.

- Ça a été un honneur de t'avoir servi Aldia, je n'oublierais jamais nos aventures qu'on a vécues ensemble, déclara la nordique. Je prierai les divins pour ta sécurité.

- Merci, je n'oublierais jamais ce que tu as fait pour moi, ni même notre amitié, répondit la dunmer.

S'enlaçant une dernière fois, les deux grandes amies se souriaient, mais le cœur déchiré par leur séparation.

- Lydia, je n'ai pas eu le temps de parler à Bleis, pourrais-tu lui donner cette lettre après mon départ ?

- Je le ferais, accordai la guerrière en prenant la lettre.

Partant vers sa charrette, les deux enfants se mirent à l'arrière avec le chien. Tandis que le ragnard était près de sa maîtresse.

La robuste jument au pelage noir qui attelait, Aldia secoua les rênes, et le cheval partit. Les deux enfants font un signe d'au revoir aux amies de leur mère et à leur ville où elle avait vécu.

C'est ainsi qu'Aldia, et sa famille partirent en exile. L'enfant de dragon savait sûrement qu'il n'y avait peu de chances de revenir. Mais elle ne dit rien, il fallait comme toujours avancé et faire de son mieux pour ne plus être prisonnier du passé.

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