CHAPITRE 11

Contre toute attente, les cours ne s'est pas si mal passé. Monsieur Williams est en fait notre professeur principal. À la fin des quatre heures, où il a passé son temps à nous expliquer un bon nombre de choses sur nos examens, la vie des dernières années de lycée, les différentes options et à vérifier nos informations personnelles, il m'appelle à son bureau. Moi, ainsi que quelques autres élèves qui semblent nouveaux eux aussi. Je vais pour quitter ma place pour le rejoindre, lorsque Jay m'arrête.

— Tu as failli oublier ça, me dit-il en me tendant mon carnet de note.

— Merci, lui réponds-je tandis que mon regard croise le sien.

Pendant un millième de seconde, nous nous fixons avec tant d'intensité, que j'en ai le ventre tout retourné. Quittant rapidement cette situation malsaine, je me dirige vers monsieur Williams. Quand arrive mon tour d'avoir une conversation avec lui, il prend le temps de me toiser. Il doit se poser des questions sur moi : quelle genre d'élève je suis, plutôt bavarde, sérieuse, perturbatrice ? Il s'appuie avec nonchalance contre le dossier de sa chaise, ainsi je prends le temps de le décrire moi aussi.

C'est un homme mur, rasé de près et bien coiffé. Il n'a pas un pli sur sa tenue, il est propre et entretenu.

Il rehausse ses lunettes rondes avant de trier quelques documents devant lui.

— Bon... Abelle, c'est ça ? Comment te sens-tu ?

— Je suis un peu stressée, avoué-je.

— C'est normal, quand on est nouvelle dans un aussi grand établissement. Mais, tu verras, tu trouveras vite tes marques. Est-ce que tu as tes anciens bulletins scolaires avec toi ? Ou quelque chose qui me permettrais d'en savoir un peu plus sur ton niveau ?

J'acquiesce, tandis que je retire ma pochette de mon sac. J'en prends les résultats des différents examens, que je passe afin d'assurer que mon éducation à la maison m'apporte bien toutes les connaissances du programme.

— Oh, je constate que tu as passé toute ta scolarité à domicile, murmure-t-il à voix basse. Et tes résultats sont bons, tu me permets que je fasse des photocopies ? m'interroge-t-il d'un ton vif.

Je lui fais signe que oui, il range alors mes documents avec lui.

— Comme tu t'es inscrite tard, tu n'as pas pu choisir tes deux matières principales, j'imagine. Il reste de la place en mathématiques et en physiques. Ça te va ?

— Oui. Concernant les options, par contre, j'aimerais savoir s'il reste de la place en biologie humaine.

Il récupère une liste sous un de ses tas de papiers et commence à le consulter. Puis, il approuve.

— Tu as de la chance, il en reste deux. Je suppose que tu veux t'y inscrire ?

Ainsi, Monsieur Williams s'occupe de mon inscription dans mes deux matières principales ainsi que mon option. Grâce à cela, je vais pouvoir recevoir de la part de l'administration mon nouvel emploi du temps, d'ici quelques heures, par mail. Notre entretien est terminé, je peux donc le remercier avant de quitter la salle. Aussitôt les doubles portes passées, mon regard tombe sur Jay.

Il est appuyé avec indifférence contre l'un des immenses piliers qui retiennent le bâtiment. Son long corps massif et musclé, en impose grandement. Je me doute qu'il doit lui aussi faire partie de l'équipe de football, avec une carrure comme ça, il doit y faire des ravages. Son visage possède des traits indéniablement charismatiques. Il dégage quelque chose, j'en suis sûre. En plus d'être l'un des êtres les plus beaux que je n'ai jamais vu, il est aussi celui qui me repousse le plus. Je ne savais même pas que cela pouvait être possible. Ses yeux verdoyants me scrutent, curieux. Il s'avance finalement dans ma direction alors que je me dirige vers l'entrée du lycée.

Il m'attendait ?

Cette constatation me met mal à l'aise. Ce type ne me dit vraiment rien qui vaille. Certes, il est beau à tomber, avec sa démarche sûre d'elle et son air rempli de mystère. Mais ça s'arrête là. Le diable n'a pas comme description d'être repoussant. Au contraire, il a plutôt une gueule d'ange qui lui permet d'attirer à lui bons nombres d'âmes en peine.

— Abelle ? m'appelle-t-il alors que j'accélère le pas.

— Oui ? dis-je sans m'arrêter pour autant.

— Si jamais tu as besoin d'aide pour te repérer ici, tu peux me demander.

J'acquiesce vivement, sans rien dire d'autre. C'est sans doute malpoli et malvenu de ma part, mais ça ne fait pas fuir Jay pour autant. Et comme si ça ne suffit pas, voilà qu'à nouveau plusieurs regards se braquent sur nous.

C'est pas vrai...

Toute cette attention me rappelle la fête : qu'est-ce qu'il a de si spécial pour autant attirer les yeux sur lui ? Arrivée à l'entrée, je prends la direction du parking.

— Tu as quelqu'un pour te ramener ? Si jamais tu dois attendre le bus, ça ne me dérange pas de te déposer chez-toi. Ne t'inquiète pas, je connais le chemin.

— Merci, ça ira, ma cousine m'attend.

Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin ? Vraiment, ça m'étonne qu'il fasse tout ça dans l'unique but que l'on soit ami.

Au loin, j'aperçois Cidna appuyée contre le capot de sa voiture. Elle regarde de haut les autres filles qui passent et en saluent d'autres.

— Au fait, tu ne m'as pas remercié d'avoir ramené ton téléphone, l'autre jour.

Sa remarque me fait froid dans le dos. Et alors ? Il veut une médaille ? Il me suit jusqu'à côté de ma cousine. Son regard s'arrondit lorsqu'elle nous aperçoit venir ensemble jusqu'à elle.

— Hey, nous fait-elle sans joie, alors que nous arrivons à sa hauteur.

Je vins me placer à côté d'elle, puis attend que Jay s'en aille. Malheureusement, nous nous faisons vites entourées par toute une bande de type que je ne connais pas. Je reconnais le visage de certains, que j'ai rapidement aperçus à la fête de Steve. Mais ça s'arrête là. Tous de grands baraqués ou de petits bouledogues, qui nous scrutent avec curiosité. Au milieu, Jay qui semble fier de sa supériorité. Il est l'Alpha, entouré de ses sujets.

Visiblement, ils attendent Jay et ne figurent pas ici juste pour la curiosité. Non. C'est comme si c'était leur rôle. Comme pour asseoir un peu plus sa supériorité.

À droite de l'Alpha, semble se trouver le Bêta. Je reconnais cet individu blond comme étant celui qui attendait devant la porte de la villa où a eu lieu la fête : soit Steve Milton. Pourtant, je n'en suis pas certaine.

— On organise une fête sur la plage, au parc. Ça vous dit de venir ? C'est cet après-midi, nous propose Jay en laissant son regard verdoyant appuyé sur ma personne.

— Oh... mince. Je suis vraiment désolée, Jay, mais nous avons déjà quelque chose de prévu, une prochaine fois, peut-être ? dit Cidna, un sourire forcé plaqué sur le visage.

Les lèvres de l'intéressé s'étendent. IL ne la croit pas, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Pourtant, malgré la supercherie évidente, il hausse les épaules.

— Dommage. On se voit en cours, Abelle ?

Non, je ne veux pas te revoir.

Je reste comme ça, quelques secondes. Tous me fixent et attendent ma réaction. Ma cousine me donne un imperceptible coup de coude. Qu'est-ce qu'elle voulait ?

— Euh, on doit vraiment y aller, désolée, fit ma cousine en secouant ses clés devant elle.

Cependant, il ne l'entend pas de cette façon. Il fait un pas vers moi, comme s'il est prêt à me retenir, quand le blond, celui qui était le plus proche de lui et qui se comportait comme un second, le retient par le coude.

— Jay, on va être en retard pour l'entraînement, déclare-t-il.

Ce geste l'arrête net, nous laissant une ouverture à Cidna et moi. Je remercie du regard celui que je crois être Steve Milton. Le temps d'un instant, j'ai cru l'apercevoir me répondre par un clin d'œil.

Puis Cidna me fait signe de monter en voiture. Ce que je fais sans me faire prier. Les garçons s'écartent ensuite de la décapotable et nous pouvons enfin quitter notre place de parking. Ma cousine semble particulièrement nerveuse. Je laisse mon regard glisser sur le flot d'étudiant qui regagne leur véhicule. Tout à coup, dans un vieux tas de boue, je crois apercevoir Peter. Il me regarde lui aussi. Il semble avoir tout aperçu de la scène avec ce que j'ai finalement compris être l'équipe de foot.

— Merde..., grince Cidna des dents.

— Quoi ? dis-je en tournant la tête vers elle.

Elle semble tendue à l'extrême, prête à l'exploser.

— Putain, Abelle, mais t'as rien compris ? C'est Jay ! Je n'en étais pas sûre la dernière fois, j'en avais un doute. Mais là... les preuves sont devant mes yeux. Et ce n'est pas une bonne chose.

— Tu peux être plus précise ? m'énervé-je.

— Je crois qu'il a trouvé sa victime pour cette année, reprends-elle, serrant davantage les doigts contre le volant. Et cette fille qu'il a décidé de mettre dans son lit, c'est toi !

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