Chapitre 34 - Rencontre nocturne

Lorsque je me suis redressée, après m'être rincée la bouche et le visage, j'ai jeté un coup d'œil prudent à la fenêtre qui menait droit sur la terrasse, redoutant d'y découvrir une paire d'yeux curieux, guettant le moindre de mes faits et gestes. Mais contrairement à mes attentes, il n'y avait personne.

J'ai poussé le plus long soupir de soulagement du monde. Mon entrée était vide. Pas d'inconnu, couteau à la main, patientant tranquillement que je sorte pour me trancher les veines. Je me suis mordu la lèvre et me suis maudite intérieurement : non mais qu'est-ce qui me prenait ?

J'en étais arrivée à un tel stade de stress que j'imaginais qu'on me poursuivait dans tout Silverwood ?

— Tu n'as pas le profil de la cible, Alya, me suis-je répété à voix haute plusieurs fois, comme un mantra.

Et après un temps, je suis parvenue à m'en convaincre. C'est là que j'ai fini par tourner la tête pour tomber nez à nez avec le mot, accroché au frigo et écrit en rouge afin d'attirer mon attention. J'ai immédiatement poussé un soupir de désespoir : « Ma chérie, il n'y a rien à manger. Je t'ai envoyé un message mais je préfère te l'écrire ici : pense à passer à l'épicerie avant la tombée de la nuit. Gros bisous, ton papa qui t'aime ».

C'était un cauchemar. Je venais de rentrer chez moi la boule en ventre, pensant être traquée par un tueur en série et on me demandait de ressortir ? Ma poitrine s'est serrée : et si, en le faisant, je tombais sur les empreintes de pas ? Et si j'avais la preuve que je ne venais pas de rêver ? Que m'arriverait-il ensuite ? Finirais-je comme les autres victimes ?

La formulation de cette crainte m'a confortée dans l'idée qu'il était hors de question que je ressorte ce soir. Après examen approfondi du contenu de notre frigo, j'ai dû reconnaître qu'il n'y avait strictement rien à manger. En temps normal, je me serais passée du dîner et serais partie me coucher de bonne heure.

Mais vu combien je manquais d'énergie en ce moment, je ne pouvais pas m'y résoudre. Aussi, j'ai décidé que j'allais me faire livrer. J'avais très peu d'argent de poche, mais le dépenser en nourriture ne serait pas un gâchis, j'en étais certaine.

Je me suis promis de commander avant dix-sept heures, pour ne pas avoir à ouvrir la porte la nuit et suis allée m'installer devant la télé, me connectant à Netflix pour lancer un programme comique, histoire de me changer un peu les idées.

J'étais en train de rire à une remarque de Barney Stinson quand mes paupières se sont brusquement alourdies. J'ai gémi : pas encore ! À croire que je n'étais plus capable de rester éveillée. J'ai tenté de résister à la fatigue pendant un moment, mais, après un épisode, je ne pouvais plus tenir.

Lentement, mes yeux se sont fermés et, avant même de m'en être rendu compte, je sombrais dans un énième cauchemar, le pire de tous.

***

— Alors, Al, tu es enfin prête à me révéler la fin de ton prénom ?

J'ai voulu nier, mais je n'y suis pas parvenue. Ma voix s'est bloquée derrière mes dents, refusant de s'échapper de ma bouche. La dame au sari est partie d'un rire sardonique.

— Al, Al, Al, il semble que tu n'es pas assez familière avec la magie de la nuit... Sache qu'une fois le sortilège de persuasion lancé, sa cible est incapable de lui échapper. Même si tu as retrouvé tes protections surnaturelles, tu ne pourras pas garder le silence. Et personne ne te viendra en aide.

J'ai su qu'elle disait vrai à la seconde où les phrases ont glissé sur sa langue pour voler jusqu'à mes oreilles. Je ne pourrais pas m'enfuir. Pas cette fois. Le désir ardent de lui répondre était revenu, plus puissant encore que tout à l'heure.

Un feu incandescent torturait ma gorge, me contraignant à parler. Mon prénom s'est soudain formé dans ma bouche, il a caressé ma langue, a chatouillé mes dents, et de ses lettres rugueuses, il a repoussé mes lèvres pour se frayer un passage hors de mon corps.

J'ai résisté. Je me suis bâillonnée avec mes propres mains, refusant de lui avouer mon identité. Si je le faisais, personne ne pourrait plus me sauver, j'en étais certaine. Les fleurs se sont soudain agitées autour de moi, leurs pétales blancs m'ont frappé les jambes, le vent s'est mis à rugir, plaquant mes cheveux en arrière et faisant pression sur mes doigts pour qu'ils s'ouvrent.

— Ça ne sert à rien, Al, tu ne peux pas fuir, plus maintenant.

J'aurais voulu la contredire, m'assurer qu'elle mentait, mais la pression qui s'accumulait dans ma tête tandis que j'agrippai mes mains à ma bouche ne faisait que confirmer ses paroles effrayantes.

Le sort avait agi, je ne pourrais pas m'en dépêtrer. Il fallait que je parle, il fallait que je lui réponde. J'en avais besoin. Sans quoi, mon crâne allait bientôt exploser : la tension s'était rassemblée derrière mes tempes, y battant violemment, comme l'eau en ébullition prête à faire sauter le couvercle de la casserole si on ne baissait pas le gaz.

Mon cœur s'est mis à battre à tout rompre et une douleur abominable s'est imprimée sous mes yeux. J'ai voulu hurler, mais pour ça, il aurait fallu que je libère ma bouche, ce qui était tout bonnement hors de question.

— Arrête de résister, Al, tu te fais du mal pour rien.

J'ai essayé de l'ignorer, mais soudain, un liquide chaud s'est mis à couler sur mes joues. J'ai d'abord cru que c'était des larmes, mais quand elles ont perlé le long de ma mâchoire pour tomber sur les manches de mon sweat, j'ai découvert du sang.

N'y tenant plus, j'ai relâché mes lèvres, pensant pousser un cri de terreur, pourtant, ce qui est sorti de ma gorge était mille fois pire :

— ALYA, JE M'APPELLE ALYA CLARKE ! ai-je hurlé de toutes mes forces.

Et alors, brusquement, le calme est retombé sur le champ. Le vent s'est arrêté, les fleurs se sont immobilisées et le silence s'est rétabli. Seul le bruit de mon cœur affolé qui s'évertuait à marteler ma poitrine perturbait notre bulle mutique.

— Alya Clarke, a répété la femme, comme si elle goûtait chaque son qui constituait mon identité.

La nausée m'a serré l'estomac. J'avais fait une erreur monumentale, j'en étais parfaitement consciente. La femme s'est tue à nouveau et pendant un instant, j'ai prié pour qu'elle ait oublié ce que je venais de dire, j'ai supplié le ciel, la terre, le champ et les fleurs de me venir en aide, d'effacer mon nom, de gommer chaque boucle, chaque trait qui le constituait.

Et j'ai presque failli croire que j'avais réussi, faisant face à un silence si puissant, si dévorant que je commençais à ne plus pouvoir discerner la présence de la dame au sari. J'ai plissé les yeux, pleine d'espoir, voyant les contours de son habit rouge s'assombrir peu à peu.

Et au moment où ils se transformaient en poussière, la femme s'est exclamée :

— Alya Clarke, montre-moi ton visage.

Sans me donner le temps de réagir, elle s'est brusquement matérialisée en face de moi, défiant toutes les lois de la gravité et m'a agrippé le menton pour me contraindre à la regarder. En même temps qu'elle découvrait mes traits, je découvrais les siens.

C'était une très belle femme, qui ne devait pas avoir plus d'une trentaine d'années. Ses longs cheveux noirs encadraient son visage dans une couronne de nattes majestueuse et ses yeux, d'un brun presque noir, m'invitaient à me perdre.

— Je sais qui tu es, a-t-elle soufflé.

Son expression s'est transformée, un sourire glaçant s'est dessiné sur ses lèvres et elle m'a lâchée pour se reculer d'un pas.

— Je sais qui tu es... a-t-elle répété, dans un rire terrifiant.

Puis, d'un coup, elle a disparu.

***

Legen... wait for it... dary ! s'est exclamé Barney derrière l'écran.

J'ai cligné des yeux, complètement désorientée, puis me suis frottée vigoureusement les paupières. Que venait-il de se passer ? Qu'est-ce que mon cauchemar pouvait signifier ? Et pourquoi je sentais la panique, tapie dans ma poitrine, envelopper mon cœur de ses doigts crochus ?

J'en étais à me poser tout un tas de questions sur le sens des mots de la dame au sari quand mon estomac s'est mis à gronder.

— Merde !

Je me suis jetée sur la fenêtre pour contempler le rideau ténébreux de la nuit, ayant recouvert la totalité de la forêt.

— Re : merde ! ai-je juré.

Avec ces foutus cauchemars, j'avais oublié de commander. Heureusement que je n'avais pas décidé de sortir, ç'aurait été du suicide ! Après avoir rédigé un SMS rapide à mes parents pour leur assurer que la soirée se passait bien, j'ai foncé sur Uber Eats, prête à commander deux pizze différentes, un cannolo et du soda.

Le prix de la livraison était astronomique – et complètement compréhensible au vu des circonstances – mais je n'en avais rien à faire. J'avais beaucoup trop faim pour m'en plaindre. Étrangement, je me sentais soudain beaucoup mieux.

Non seulement mon appétit s'était réveillé, mais mon corps semblait moins lutter pour se déplacer. La preuve : je venais de courir jusqu'à la fenêtre sans avoir le moindre vertige. C'était inhabituel. Je me suis demandée si ça avait un rapport avec le fait que j'avais arrêté de résister dans mon rêve et ai fini par hausser les épaules avant de retourner dans mon canapé douillet.

Qui sait, peut-être que j'avais eu tort de me méfier de la dame au sari ? Peut-être que j'aurais dû lui répondre depuis le début et que c'était ça qui m'avait tellement épuisée ces dernières semaines. Si c'était le cas, alors j'avais vraiment été idiote de me taire si longtemps.

J'ai lancé un nouvel épisode de How I Met Your Mother en gardant un œil sur ma livraison et ai attendu impatiemment qu'elle arrive, mon ventre concurrençant fortement avec le rugissement des pires orages qui s'étaient abattus sur Ryneshire.

Lorsqu'enfin, mon téléphone s'est mis à sonner, je me suis précipitée vers ma porte, sans réfléchir, pour prendre ma commande. Cependant, quand je l'ai ouverte, j'ai fait face au vide. Il n'y avait personne. J'ai froncé les sourcils, avant de baisser les yeux sur mon écran.

Le numéro inconnu continuait de clignoter et j'ai fini par répondre :

— Allô ?

— Madame Clarke ?

— Oui, c'est moi.

— Je suis devant chez vous.

Là, j'ai carrément écarquillé les yeux. Qu'est-ce qu'il me racontait, ce livreur ?

— Euh, vous êtes sûr ? Je ne vous vois pas.

J'ai tourné la tête à droite, puis à gauche, mais n'ai vu personne. Le porche était totalement vide, il n'y avait pas âme qui vive.

— Oui, je suis devant une porte, je vois de la lumière et une télé.

Mon esprit s'est vidé l'espace de quelques secondes puis j'ai compris :

— Ce n'est pas la bonne entrée ! Vous êtes devant la porte de derrière ! Attendez, je vous rejoins.

Attrapant un de mes vieux gilets en laine qui traînait sur le porte-manteaux, je l'ai enfilé à la va-vite et me suis élancée à l'extérieur, mon estomac prenant le pas sur ma raison. J'avais beaucoup trop faim pour réfléchir.

J'ai contourné ma maison au pas de course, guidée par la lumière du salon qui se reflétait sur la neige. Mes pieds se sont enfoncés dans la poudreuse, seul bruit perçant le silence de la forêt. Ce n'est que quand je me suis retrouvée devant la porte arrière condamnée et vide, que je me suis rendu compte que ce n'était pas normal.

Mal à l'aise, j'ai monté à nouveau le portable à mon oreille.

— Euh, vous avez bougé ? Je ne vous vois toujours pas.

Personne ne m'a répondu. Surprise, j'ai examiné mon écran et réalisé que la communication avait été coupée.

— Non mais c'est quoi ce délire ? me suis-je énervée.

J'allais recomposer le numéro quand un craquement a retenti à quelques mètres de moi. J'ai bondi en arrière, sous le coup de la peur et me suis retournée, guettant les environs, le cœur battant à tout rompre.

— Il y a quelqu'un ?

Évidemment, personne n'a pris la peine de me répondre. Face à moi, s'étendait la forêt à perte de vue, remplie de zones d'ombres m'empêchant de discerner clairement l'espace qui m'entourait. Mon sang s'est glacé et la peur a fait irruption dans mes veines.

C'est aussi à cet instant que j'ai réalisé que je venais de quitter la maison et ses si précieux sortilèges de protections. Ma peau s'est brutalement couverte de chair de poule et j'ai décidé d'abandonner mon dîner pour me replier à l'intérieur.

Tant pis si je ne mangeais pas ce soir. Ça ne ferait pas du bien à ma ligne, mais je n'allais certainement pas en mourir. J'ai contourné le salon en sens inverse, courant à moitié. Et tout en marchant, mon esprit a commencé à divaguer, pensant à toutes ces choses auxquelles je ne devais surtout pas penser alors que je me trouvais dehors, à quelques mètres du bois de la mort et en pleine nuit.

Amber, Alexandra et Alice avaient plus ou moins mon âge. Elles étaient toutes plutôt fines et élancées. Elles avaient toutes une chevelure assez foncée. Elles avaient toutes un teint diaphane... J'avais presque dépassé la dernière vitre de mon salon quand j'ai pilé, réalisant subitement le dernier détail qui m'avait manqué : leurs trois prénoms commençaient par un A. Comme Alya.

Je me suis figée, la peur irradiant de tout mon être.

A... N'était-ce pas la lettre que j'avais répétée à la dame au sari dans chacun de mes rêves ? La seule qui m'avait toujours échappée ? Mon cœur s'est mis à battre tellement fort que ma poitrine est devenue douloureuse.

Tout commençait progressivement à prendre sens dans ma tête, les pièces du puzzle s'assemblaient les unes aux autres sans résister une seule seconde, s'imbriquant parfaitement : les Ipomées Blanches, Silverwood, des jeunes sorcières dont la magie venait de se révéler, des filles pâles, grandes et minces avec des cheveux foncés et longs. Des filles comme moi. Dont le prénom commençait par la même lettre que le mien.

Et je venais de décliner la totalité de mon identité à cette fameuse femme, pas plus tard que tout à l'heure. Par réflexe, j'ai tourné la tête vers la fenêtre, cherchant mon salon du regard : l'endroit où j'avais commis cette erreur impardonnable. Le sofa m'attendait bien sagement, je pouvais encore discerner le creux, là où mon dos reposait, quelques minutes plus tôt.

Un frisson glacé m'a parcouru l'échine. Serrant les poings, je m'apprêtais à reprendre ma route en courant quand un second détail a retenu mon attention : l'ombre qui se reflétait derrière moi, sur la vitre. Mon sang n'a fait qu'un tour.

J'ai pivoté violemment, glissant à moitié dans la neige et me suis pétrifiée sur place : un homme se tenait à l'orée de la forêt. Il était immense et très large d'épaule. Et il m'observait. Mes dents se sont mises à claquer et ma respiration s'est essoufflée.

— Qui... qui êtes-vous ?

Ma voix, que j'aurais voulu assurée, a sonné fragile et vulnérable. L'homme n'a pas répondu. Non. Il a fait bien pire : il s'est mis en mouvements, avançant dans ma direction. La peur a alors laissé place à l'instinct de survie dans mon organisme. J'ai jeté un coup d'œil à ma terrasse, un autre à Silverwood et j'ai évalué la distance qui me séparait de la maison.

Elle était à peu près aussi étendue que celle qui s'étendait entre l'inconnu et moi. Je n'avais donc pas de temps à perdre. Oubliant la terreur qui m'habitait, la fatigue qui m'enveloppait et la faim qui me dévorait, je me suis élancée dans la neige, adroite malgré le verglas qui couinait sous mes baskets.

Je me suis précipitée vers ma terrasse, poussant de toutes mes forces sur mes cuisses et refusant de regarder en arrière. Je devais atteindre la porte, à tout prix. Une fois rentrée, plus personne ne pourrait me faire de mal. Je le savais. Ma mère me l'avait assuré. Je lui faisais confiance.

Soudain, les lattes de bois en suspension sont apparues dans mon champ de vision et j'ai manqué de pleurer tant ce spectacle me calmait. Allez, plus que quelques pas et je serais à l'abris ! J'y étais presque. J'ai poussé encore plus sur mes muscles, ceux-ci hurlant de douleur tant ils manquaient d'énergie.

Mais j'ai ignoré les crampes, ignoré les courbatures et tracé ma route, portée par l'adrénaline. J'allais y arriver. J'étais assez forte. Ils ne pourraient pas m'attraper. J'allais poser mon pied sur la première marche, j'y étais, je la sentais se dessiner sous ma semelle, quand brusquement, un bras s'est abattu autour de ma taille et m'a tirée en arrière.

J'ai hurlé.

— Où crois-tu aller comme ça, Alya Clarke ?

Un sursaut d'horreur a secoué mon corps et je me suis dévissée la tête pour dévisager mon assaillant. C'était bien un homme. Un homme d'une trentaine d'années, la peau et les yeux plus clairs que l'eau des rivières, des cheveux gominés et une barbe soignée, entourant un sourire machiavélique.

— Nous t'avons enfin trouvée, a-t-il soufflé, son haleine chaude faisant virevolter une mèche rebelle sur mon front.

Je n'ai pas bougé d'un pouce, immobile, comme si le fait de me pétrifier allait me rendre invisible. Hélas, ça n'a pas été le cas. L'emprise de l'homme s'est resserrée autour de ma taille et il a crié :

— Les gars ! Je l'ai trouvée, c'est elle !

Des exclamations ont retenti au loin, m'enfonçant encore plus dans un état de panique aveugle. Il n'était pas tout seul. Il n'y avait pas qu'un meurtrier. Mes parents m'avaient bien dit que c'était souvent des groupes d'humains. Mais vu les bruits que j'entendais, ils étaient très nombreux.

Ce détail m'a ramenée à la réalité. Je me suis tortillée dans tous les sens, ai tenté d'assener un coup de pied à mon assaillant mais il a paré chacun de mes gestes avec une facilité déconcertante.

— Tu penses vraiment pouvoir fuir, petite sorcière ?

Il est parti d'un rire guttural, un rire d'ogre effrayant, qui n'allait vraiment pas avec son physique de gentleman d'un autre siècle. Puis ses lèvres se sont écartées, révélant une rangée de dents... et deux canines tranchantes, qui ne ressemblaient pas du tout à des canines humaines.

J'ai poussé un second hurlement.

C'était la fin.

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