Partie 2: Au-delà des remparts

« Tu as quinze minutes de retard »

Jin s'avança tout penaud qu'il était vers le perron où je l'attendais, pour ma part impatient et le visage fermé. Mon ainé arriva rapidement à ma hauteur, mais il se prit les pied sur la marche et se rattrapa, de justesse, à la manche de mon uniforme.

« Elle a toujours été là cette maudite marche ? Bon sang, je ne suis vraiment pas du matin. Tiens. » fit-il presque essoufflé en plaquant un sachet volumineux contre mon torse.

Pas le moins du monde attendri par son large sourire, je le toisais alors comme s'il débarquait d'une autre planète. 

« Des viennoiseries, pour me faire pardonner.

-Tu ne serais pas arrivé en retard si tu n'avais pas fait un détour inutile. Je ne mange pas de ces cochonneries. »

D'un geste sec, je rendis le paquet à mon acolyte et me dirigea vers ma voiture, priant pour qu'il me suive sans que je fusse obligé de poursuivre une conversation des plus futiles.

Les portières de mon véhicule de service claquèrent dans ce quartier quasi-fantôme où résidait seulement les chevaliers célibataires, et qui pour la plupart ne rentraient que tard le soir pour repartir dès les premières lueurs du jour.

Après s'être tous deux chamaillé pour déterminer qui allait conduire, nous entamions notre périple, un voyage qui nous ferait passer bien des lunes loin de notre demeure, et ensemble qui plus est. Cette réalité fit puiser le peu de maturité que semblait détenir Jin puisqu'il me céda assez facilement la place du conducteur, à son chevalier préféré comme il le disait si bien.

Nous nous étions mis d'accord sur notre itinéraire et pragmatiques, avions échangé longuement à propos de notre objectif commun, ainsi que de la manière dont nous allions l'atteindre. Notre destination nous menait dans les terres les plus reculés du pays à des jours de la capitale. Il avait donc été décidé que nous ferions plusieurs arrêts afin de pouvoir dormir dans un lit décent et avec un peu de chance, essayer de glaner quelques informations aux civiles que nous rencontrerions sur le chemin.

Bien qu'il ne fût pas mon premier choix, j'étais quelque part rassuré de la présence du brun. Contrairement à moi, ce n'était pas sa première excursion en dehors d'Alesia. Plus encore et en y repensant, je trouvais plutôt judicieux de l'avoir choisis lui, dans la mesure où à ma connaissance, il faisait partie des rares chevaliers de haut rang à effectuer la plupart de ses missions loin du confort de la ville, sillonnant bien souvent l'entièreté du territoire. Dans mes souvenirs, cela devait faire un peu plus de deux ans qu'il s'astreignait à ce type d'excursions.

Cette information contrastait tellement avec le personnage qu'il servait aux autres, que je m'interrogeais au fond sur les raisons qui l'avaient poussé à faire ce choix d'affectation. Je penchais plutôt pour une punition que son père lui aurait infligé dû de son manque de sérieux, mais je m'efforçais de ne pas être trop mauvaise langue. Une certaine cohérence était de rigueur alors que j'exécrais en général les individus qui ne se gênaient pas pour ragoter sur les autres, sans preuves, juste pour oublier leur propre médiocrité.

Désormais et depuis un certain temps, mon petit bolide dévorait les kilomètres dans un silence parfait, un calme que je n'avais osé imaginer en la présence de mon aîné. Je restais sur mes gardes, seulement,  et même si je ne l'avouerais jamais, je restais sensible aux efforts consentis par mon camarade en ce début de mission.

« Ce paysage est un vrai ravissement pour les yeux. »

Je décidais d'entamer la conversation, une première, dans une timide tentative de mettre de côté tous les préjugés que mon cerveau d'adolescent avait entassé au fil des années à l'encontre de sa personne. Après tout, il faisait partie des rares individus m'ayant connu depuis mon plus jeune âge.

Jin semblait sur le point de s'endormir lors de mon intervention, sursautant lorsque ma voix d'un volume pourtant mesuré s'éleva dans l'habitacle. Ma vision périphérique cru percevoir un regard insistant, des yeux scrutateurs que je ne pouvais pas décrypter. Sans doute que mon initiative était si peu attendue, qu'il lui fallut un petit temps d'adaptation pour réagir.

« Sans doute mon petit Kook, sans doute...Je me sens revigoré en ta présence, il est vrai que contrairement à moi, tu portes à regard nouveau sur tout ça ! »

Son ton rêveur, s'accompagna d'une caresse dans mes cheveux et j'écarquillais les yeux, n'appréciant guère qu'il me confonde avec son animal de compagnie.

« Les champs semblent prospérés et l'air semble si pure. » répondis-je en me dégageant de sa main dans un mouvement de tête rageur. « Je t'avouerai que cela me réchauffe le cœur, ce que père me disais était donc vrai. La fin de la République était un mal pour un bien. »

Alors que mes yeux d'enfant découvrant le monde étaient toujours fixés sur la route, mes leçons d'histoire et mes propres souvenirs se mêlèrent à ma réflexion, plus ou moins précis mais faisant naitre en moi une conviction inébranlable.

Cette guerre avait été terrible, j'y avait perdu ma mère, mais elle fut nécessaire ou mieux encore, bénéfique. De ce que mon père avait bien voulu m'expliquer, notre ancien régime était certes démocratique, mais notre République était gangrénée par la corruption et surtout par la folie d'un homme, le plus puissant de nos compatriotes : son Président.

Rongé par une crise économique et sociale sans précédent, la montée des tensions exacerbé par une politique moribonde avait monté les gens les uns contre les autres, jusqu'à l'éclatement d'une guerre civile. Ce conflit n'avait été que les prémisses d'un second, celui opposant l'armée nationale aux soutiens de ce que l'on désignera après la victoire, le Conseil.

Parmi ces soutiens, l'ordre des chevaliers avait fait figure de proue, lassé des injustices propres à ce régime qui les avait eux-mêmes fait rétrograder au rang de simple guignole qu'on exposait lors de certaines commémorations historiques. A la République s'était substituée une oligarchie solide et composée des esprits les plus brillants de ce pays. Et moi, au milieu de ce violent chamboulement, j'étais le bienheureux témoin de ce changement de destiné.

« Bien évidemment. N'empêche... Je tiens à dire que ma simple présence prouve que notre système actuel n'est pas parfait. Il y a forcément une couille dans le potage vois-tu. »

Je dus réprimer un rire spontané face la réplique de Jin, non pas que je n'étais pas d'accord, mais sa lucidité et la nonchalance avec laquelle il avait proféré ces mots rendait, je dois l'avouer, son propos assez cocasse.

« Je ne vais surement pas te contredire sur ce point. » répliquais-je sérieusement mais avec un brin de malice. « De toute manière, ce système d'héritage propre à l'ordre ne m'a jamais convaincu, mais je peux comprendre la logique d'empire familiale, de filiation.

-Comprendre est une chose, l'accepter en est une autre. En tout cas, je suis ravi de constater que nous sommes capables de nous mettre d'accord, même si c'est pour se moquer de ma triste personne. »

Malgré-moi un sourire sincère naquit sur mes lèvres, mais je me repris bien rapidement et replongeais dans une conduite plus silencieuse, ne cessant d'être impressionner par la modernité de la structure qui nous enveloppait.

Les routes majeures, celles qui menaient aux villes les plus attractives, étaient en effet recouvertes d'un tube en un matériaux transparent, l'Ura, qui isolait la piste goudronnée de son environnement. Cette construction des plus ingénieuse permettait d'observer les alentours avec une acuité sans pareil, mais sans subir les intempéries propres à certaines régions, coupé du monde tout en s'y fondant.

Mes petites observations de la faune et de la flore firent défiler les heures à une vitesse impressionnante, si bien qu'il me fallut voir la multitude d'astres s'élever haut dans le ciel de cette fin d'été avant de m'apercevoir de notre situation. Nous avions été si efficace que la capitale était déjà loin derrière nous et faute d'auberge dans les environs, nous avions été forcés de passer la nuit dans ma voiture.

Cette première nuitée n'avait pas été de tout repos. Jin et moi avions fait des tours de garde pour nous protéger d'éventuel voleur de passage et bien que mon affection pour cette voiture était grande, je devais admettre que mon dos souffrait déjà de ces heures passées à essayer de me caler contre les sièges pour m'endormir.

Notre fatigue latente et la souffrance de nos fessiers endoloris expliquèrent notre choix la nuit suivante, celui de s'arrêter un peu plus tôt au premier gite convenable passant notre chemin. Faute de moyen, je me retrouvais dans la même chambre que Jin, poussant un soupir de soulagement lorsque j'entrais dans la chambre et que j'aperçu de couchettes distinctes, même si l'étroitesse du lieu les faisaient jouir d'une certaine proximité.

« Ils sont quand même vachement radin au Conseil, il pourrait filer à l'ordre de plus grosses subventions pour se payer des points de chute décents.

-Ne fais pas l'enfant et arrête de te plaindre. »

Après avoir émis un soupir de lassitude, je déposais mon sac à dos sur le lit une place, celui proche de la fenêtre et qui m'offrait une vue imprenable sur la nature bordant les environs du gîte.

Installé dans ce petit cocon modeste mais d'une propreté irréprochable, le poids de ces deux derniers jours retomba d'un coup, m'obligeant à m'assoir sur le seul fauteuil de la chambre, tout en osier, dans le coin opposé à nos deux lits. J'observais mon refuge pour la nuit tout en délassant les lacets de mes bottes et m'attardais sur les matériaux utilisés pour la constituer.

L'agencement était plutôt agréable à l'œil, mais je n'étais guère habitué à ce type de décor. Les murs et le sol se constituaient entièrement d'un bois brut assez foncé et donnant un cachet plutôt rustique à l'endroit. Leurs meubles eux étaient tous constituaient d'osier, matière que je pouvais ressentir à travers le tissu de mon pantalon. Ce n'était pas le plus confortable, mais je m'en contenterai pour un si court séjour.

Retirant son veston et dégoûté d'y voir de jolies auréoles de transpiration, Jin ne tarda pas à comprendre la nature de mes pensées, à zieuter silencieusement la pièce depuis plusieurs minutes déjà.

« C'est la spécialité de la région, ce type de design pour les habitations.

-Hum je vois... Je vais aller- »

Mon intervention se fit couper par un bruit sourd provenant de l'entrée, m'empêchant d'informer Jin de la douche que j'allais de ce pas prendre, celle qui me faisait tant rêver. Après un bref regard échangé avec mon camarade, je vins avec regret ouvrir la porte pour y découvrir un visage aux rides profondes, un vieillard trapu et large de corps : le propriétaire de l'auberge.

Jin se joignit à moi et posa de façon nonchalante un bras autour de mes épaules, toisant avec curiosité le nouvel arrivant. Je levais les yeux au plafond, exaspéré, mais ne lui fis aucune réflexion dans l'espoir de pouvoir écourter cet entretien et combler au plus vite mon déficit de sommeil.

« Bonsoir à vous messieurs les chevaliers. Je m'excuse pour ce dérangement, m-mais je devais vous prévenir qu'un incident s'est produit à quelques kilomètres d'ici sur la route principale, dans la direction que vous prenez. »

Le bonhomme avait ôté son chapeau de paille, le tordant désormais entre ses deux palluches épaisses. Mon œil fatigué s'attarda quelques instants sur le nouvel arrivant et après quelques observations, je devais avouer être perturbé par son comportement.

Décidé à se faire le plus petit possible malgré sa carrure imposante, il avait la tête baissée et n'osait croiser notre regard, démontrant ainsi des signes clairs de nervosité. Hésitant, je n'osais lui demander si quelque chose le tracassait, mais mon impatience eu de toute manière raison de mon empathie et je préférais alors ignorer ces marques que je ne pouvais dès lors pas décrypter avec certitude.

« Pouvez-vous être plus précis ? demandai-je, désormais soucieux.

- C-c'est-à-dire que...Des secousses sismiques ont provoqué des effondrements sur la route, plutôt puissantes puisque l'Ura s'est brisée à plusieurs endroits. J'ai b-bien peur que vous soyez obligé de prendre un détour. C-c'était mon devoir de vous en informer.

-Bon sang ! » grognais-je en fermant brièvement les yeux, contrariété.

Le tenancier de l'auberge sursauta et recula de quelques pas, son attention fixée sur ses chaussures grossièrement cirées. Ses réactions restaient un mystère, mais j'espérais ne pas être la raison de toute cette agitation. En tant que chevalier, je désirais seulement inspirer le respect, en aucun cas me faire craindre.

« Allons allons, ce n'est pas la fin du monde. Je vous remercie cher monsieur, cette information nous est précieuse. Sur ce, je vous souhaite une aimable soirée. » intervint alors Jin en refermant doucement la porte derrière nous.

Bougon de cet imprévu, je m'éclipsais sans un mot pour mon aîné, excédé de devoir dévier de notre trajectoire pour une mission qui nous emmenait déjà dans un coin totalement reculé du pays.



La lune était déjà haute dans le ciel lorsque mon dos nu rencontra le matelas du lit après mon détour salvateur dans la salle de bain.

Enfin.

Je décidais de laisser mes cheveux reposer le long de mes épaules, le chignon dont je m'affublais la plupart du temps ne faisant qu'accentuer ma migraine latente.

Epuisé mais trop préoccupé pour m'assoupir, je laissais mon œil se balader sur la forêt se jetant au pied de la fenêtre qui me faisait face. Au loin, des arbres majestueux formaient une masse informe, tellement sombre, qu'il me semblait que la moindre parcelle de lumière présente avait été aspirer par les milliers d'étoiles présentent dans le ciel ce soir.

C'est fou, mais c'était bien la première fois que je pouvais les observer avec une telle acuité, les astres étant la plupart du temps aspirés par les néons outrageux de la ville. Finalement je n'avais vu que très peu de chose dans ma vie, il me restait tant à découvrir.

Influencé par ma réflexion à propos de ce qui restait un mystère pour moi, je me souvenais d'un autre, celui qui me préoccupait le plus ces derniers jours. Allongé sur le flan et dos à la couchette de Jin, je n'eus qu'à tendre mon bras pour me saisir de mon sac et en retirer de sa pochette extérieur la photo de mon objectif, lui.

Image en main, mes yeux se baladèrent une énième fois sur ce profil si singulier, équilibré en tout point, tellement que j'en ressentais presque de la jalousie. Il me paraissait si doux, si inoffensif, presque vulnérable, que je me demandais bien ce qui pouvait justifier un tel intérêt de la part du Conseil.

Les apparences étaient sans doute trompeuses, mais dans mon imaginaire, je ne pouvais pas me figurer autrement ce jeune homme que comme un être délicat, aux manières raffinées. Je ne savais rien de lui, mais ses habits ainsi que sa posture exultaient la richesse et son regard...

Un regard si expressif qu'il me donnait presque des frissons. Aucune explication rationnelle ne saurait l'expliquer, mais ce qu'il transmettait à travers une simple expression me donnait la sensation d'avoir trouvé mon exact opposé. 

On m'avait tant astreint à ne rien ressentir, ou plutôt à ne rien laisser paraitre, que la plupart des gens ne se donnaient pas la peine de m'approcher. Avec une pointe de regret en y pensant, je savais que je paraissais comme inatteignable.

« Qui es-tu ? » murmurai-je pour moi-même, complétement happé par mes questionnements.

Cependant le fonctionnement de mes méninges fut violemment interrompu lorsque je me reçus l'oreiller de Jin en pleine figure.

« Ça ne va pas non ? »

Ma voix colérique avait fendu l'air alors que je balançais avec toute la force dont je disposais le projectile que je venais de recevoir.

« Aie ! C'était pour rire, ne casse pas l'ambiance ! Pendant que tu te prélassais sous la douche, j'ai trouvé un nouvel itinéraire pour demain. Un poil plus long et sur un terrain un peu plus écharpé que la route principale, mais c'est ce que j'ai trouvé de mieux. »

Mon agacement s'effaça à la seconde où sa réponse parvint à ma compréhension, décidemment surpris, dans le bon sens, des initiatives de mon camarade.

« Je te fais confiance sur ce point mais... »

Je replaçais correctement mes mèches et scrutais désormais nerveusement mon camarade.

« Mais il faut prévenir le Conseil de cette bévue, et au plus vite.

-Ecoute-moi bien Jungkook. » me répondit le brun en s'asseyant en tailleur face à moi, tout d'un coup sérieux. « Je sais que tu aimes jouer au bon élève, mais ne penses-tu pas que si notre haut conseiller bien aimé t'envoie sur ta première mission hors des murs, c'est pour tester ta capacité d'adaptation ? Voir comment tu te débrouille dans un milieu que tu ne connais pas sur le bout des doigts ? »

Plus il parlait et plus ses paroles résonnaient en moi. Ce fourbe commençait à me faire douter. Je le regardais crédule, alors qu'il se levait de sa couchette un oreiller dans les bras pour s'assoir auprès de moi sur mon lit, tel le serpent sournois qu'il était.

« J'ai bientôt 30 ans jeune homme, je commence à avoir de l'expérience. » poursuivit-il de sa voix doucereuse, se voulant convainquant. « Après tout, ils ont été très vagues sur les consignes, c'est bien qu'ils nous font confiance. Ils comptent sur nous et toi tu voudrais aller chouiner dans leurs toges sous prétexte que nous rencontrons un léger imprévue ? Veux-tu vraiment être infantiliser à ce point ? »

Les sirènes de son monologue s'imprégnaient dans ma tête et je me laissais alors gagner par des images de mon père pleins de reproches à mon égard, déçu de ma personne.

« Stop. Tu m'as convaincu, démon. »

Mon réflexe fut de le pousser hors de mon lit, ce qui ne l'empêcha pas de fanfaronner pour m'avoir fait plier, moi et mon soi-disant caractère de cochon. Le visage encore rouge de ses rires, mon acolyte finit par se calmer, me couvant d'un regard plutôt insistant qui me fit froncer les sourcils.

« Quoi encore ?

-C'est bien la seule chose qu'on ne t'as pas enseigné, pas vrai ?

-Quoi donc ?

-Comprendre les gens. »

Cet idiot éteignit les lumières juste après son étrange intervention, nous plongeant dans le noir et coupant court à une éventuelle nouvelle réplique de ma part. Le pire, c'est que j'y avait pensé longtemps avant de m'endormir, non pas à ses mots mais à la manière dont il les avait prononcés, comme si ses dernières paroles l'avaient rendu... triste.

💙💙💙💙

Cette partie a été coupée en deux, je poste la suite aujourd'hui !

Pour rappel:

République : Forme de gouvernement où le chef de l'État (président) n'est pas seul à détenir le pouvoir qui n'est pas héréditaire ; État ainsi gouverné.

Oligarchie : Régime politique où l'autorité est entre les mains de quelques personnes ou familles puissantes ; ensemble de ces personnes.

Enjoy ;)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top