Chapitre 9. Carapace
Kael
Bordel… Elle m’a reconnu.
Je ne sais pas comment, mais cette nana a réussi à se rappeler de mon visage pendant cette soirée...
Si elle en parle à son père, tout mon plan risque de voler en éclats.
C'était pas prévu...
« Une petit visite des lieux ? » elle quitte sa chaise et m'invite, d'un signe de la main.
J'observe un instant sa tenue.
Elle porte une robe noire, plutôt classique, mais ça reste plutôt...
Non, je dois rester concentré.
Je secoue la tête, prends une grande inspiration et la suis en silence, déterminé à la mettre en confiance, à briser cette carapace froide et à la distraire assez pour que je puisse enfin mettre la main sur ce bijou sans que le plan s'écroule.
On entre dans une immense salle de jeux, vachement moderne.
Il y a des consoles, des écrans, et des fauteuils confortables dans tous les coins.
L’ambiance décontractée de la pièce me donne un moment de répit et j'en profite.
« Alors, ça t’arrive de t'amuser ? » je demande en souriant, dans un effort de rediriger la conversation.
Elle hausse les épaules, indifférente.
« Parfois, mais je n'ai pas vraiment le temps. Toi, ça doit être différent… Ton métier ne doit pas te laisser beaucoup de temps libre. »
Je retiens un soupir, cherchant mes mots pour ne pas m’embrouiller.
Moins je mens, mieux ça évitera que Je me contredise plus tard...
« Disons que j'ai rarement le temps pour ce genre de chose. » je réponds en me frottant la nuque.
Elle hoche la tête, l'air concentré, ses yeux cherchant des réponses dans mes réactions.
Je me rends compte que ce n’est pas juste de la curiosité, elle veut comprendre quelque chose.
Je ne sais pas si c’est directement lié à moi ou à son père, mais elle observe chaque détail...
Elle m’entraîne ensuite dans un long couloir qui mène au bureau de son père.
C'est un lieu sombre, froid, l’odeur du cuir et du bois y est écrasante.
Elle ouvre la porte sans vraiment entrer, me laissant juste le voir.
« C’est là qu’il passe la majorité de son temps quand il est à cet étage. Il n’est pas souvent à la maison… mais il préfère que tout soit toujours en ordre. Ça, tu dois connaître aussi, non ? La discipline, le contrôle… »
Son ton est vague, mais je capte le sous-entendu.
Elle a besoin de me situer, de savoir si je suis vraiment quelqu’un de confiance.
Je réponds prudemment : « C’est vrai, la discipline est importante, mais faut pas pousser. »
Elle acquiesce, sans grande conviction. Son regard translucide montre qu’elle attend autre chose de moi, mais elle ne pousse pas davantage.
Ma gorge se desserre un peu.
On continue vers une bibliothèque. Les murs sont recouverts d’étagères remplies de livres aux reliures en cuir. C’est un lieu apaisant, presque hors du temps.
J'imagine qu'une simple valise de ces œuvres revient au prix de mon immeuble entier...
Elle me surprend en brisant le silence à nouveau.
« J'imagine que tout ça n'est pas très impressionnant... Ce sont des livres anciens, rien de très extravagant. »
Je hoche la tête, gardant mon calme.
« C'est vrai, mais ça reste une jolie pièce je trouve. Ça donne envie d'en ouvrir un. »
Elle semble intriguée une seconde, mais elle n’en montre pas plus.
Peut-être qu’elle compare ce que je dis avec ma façon d'agir.
Sa prudence me conforte dans l’idée qu’elle a peut-être déjà fait des recherches sur les Djinf nocturnes.
Ça me met mal à l’aise...
Jack m'a jeté dans la gueule du loup et je n'ai pas eu le temps de vraiment me renseigner.
Je ne sais que le minimum à leurs sujets.
Dès que je le recroise, il va m'entendre !
Elle me fait ensuite visiter la salle de bain, un endroit impeccable, presque aseptisé. Les murs sont en marbre, les robinet brillent et tous les objets semblent neufs.
Je remarque même quelques produits de soin de luxe alignés sur une étagère.
C'est vraiment pas mon monde...
Je remarque qu'il y a deux portes dans cette pièce qui m'enveloppe avec ses odeurs de savons et de parfums, sûrement tout aussi cher que le reste.
« La chambre d'ami est accessible depuis la porte à droite. Ce sera ta chambre à partir d'aujourd'hui, » elle s'avance et l'ouvre rapidement.
La pièce est simple, sans fioritures, mais elle offre une vue dégagée sur les routes en contrebas.
C'est étrange de voir ce quartier depuis les hauteurs.
L'énergie magique est vraiment présente, c'est presque étouffant.
Je lui souris, tentant d’alléger l’atmosphère.
« Un luxe pour un garde du corps. On ne m’avait jamais offert une chambre avec une vue pareille sur le centre de la Mégalopole. »
Elle ne rit pas, mais je crois déceler un éclat amusé dans ses yeux.
Enfin, elle se détend un peu...
On continue notre visite jusqu’à la seconde porte de la salle de bain.
Sa propre chambre, la dernière étape.
Elle m'ouvre la porte, et j’entre avec elle, observant un instant ses boucles blanches qui se baladent dans son dos.
Ça contraste à merveille avec sa robe noire...
Je me demande si c'est fait exprès.
Sa chambre est un peu plus chaleureuse que le reste de l'étage.
Les teintes sont douces, presque apaisantes, et les objets disposés avec soin laissent deviner une touche plus personnelle.
Mais au moment où je m’avance pour observer les lieux, attiré par un bureau avec plus d'objets que dans le reste de la pièce, mon pied accroche un tapis.
Merde.
Avant que j’ai le temps de me rattraper, je bascule en avant, et dans ma chute, j’entraîne Elara.
Nous tombons tous les deux sur son lit qui heureusement, se trouvait juste derrière elle.
Je me retrouve au-dessus d'elle, mon visage à quelques centimètres du sien, mes cheveux sombres frôlant sa peau.
Elle rougit violemment, et moi… et bien, j’essaie de ne pas montrer ma propre gêne.
« Euh… dé..désolé... »
Un silence trop gênant s’installe, mais je ne peux m’empêcher de sourire face à la situation absurde.
Normalement si je termine dans un lit avec une fille, c'est pour me nourrir et pas pour... Rien.
Alors que je m’apprête à me relever, mon regard tombe sur une chaîne en argent délicatement posée autour de son cou, légèrement caché par le col de sa robe.
C’est celle de mon pendentif.
Elle le porte sur elle alors...
Je retiens mon souffle, un éclat de satisfaction me traverse.
Au moins maintenant, je suis sûr de ne pas faire tout ça pour rien.
Je garde cette découverte pour moi, me redressant lentement.
Je serre les dents pour ne pas me trahir avec un sourire soulagé.
Elle se redresse à son tour, toujours troublée, tentant de reprendre contenance.
« C’est rare de voir un garde du corps aussi… maladroit. » elle halète en détournant les yeux.
Je ris, l’air faussement désolé.
« Ce tapis est traître, tu ne crois pas ? Il est presque aussi dangereux qu'un balcon peu sécurisé. » je lance, lui envoyant un pic sur l'incident du gala.
Elle sourit légèrement, mais ne répond rien.
Je détourne seulement les yeux.
Elle a un joli sourire...
Pour rompre le silence, je décide de changer de sujet, sans subtilité.
« Au fait, quel âge as-tu Elara ? »
Elle semble surprise par la question, mais elle finit par répondre, retrouvant un peu de son assurance, de nouveau debout près de son lit.
« J’ai 22 ans. »
Je hoche la tête, affichant une expression la plus neutre possible.
« Moi, j’en ai 21. »
Elle semble surprise, l’air de se demander comment je pourrais avoir un an de moins et déjà être dans ce rôle.
Je me demande aussi et sa surprise me fait sourire.
« Ouais, je sais, je fais plus vieux. »
Elle secoue la tête en riant doucement, visiblement de plus en plus détendue. Après un dernier regard autour de la chambre, elle se dirige vers la porte, m’indiquant que la visite est terminée.
« On retourne à la salle à manger ? » propose-t-elle d’une voix plus douce.
Je la suis sans rien dire, le cœur étrangement léger.
Finalement, ce piège s’annonce moins pénible que prévu...
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