Chapitre 37. douleur et réconfort
Dorian
(Contenu sexuel)
La nuit est tombée depuis un moment, enveloppant le quartier dans une ambiance à la fois familière et oppressante.
Les rues humides brillent sous la lumière des réverbères, et l’air est chargé de cette odeur métallique que je commence à reconnaître comme propre à ce quartier.
Pourtant, je m’y sens bien.
Ici, pas de regards de travers ni de jugements silencieux. Chacun vit sa vie, que ce soit dans l’ombre ou sous des néons criards.
Je traîne un sac de courses à moitié rempli, pestant contre le poids des bouteilles d’eau et des conserves. Pourquoi je suis le seul à m’occuper du frigo, sérieusement ?
Jack aurait pu y aller, ou même Elara. Mais non, c’est toujours « Dorian peut s’en charger. Dorian a du temps. » Bande de feignasses...
Enfin, c’est ce que je me dis pour masquer le fait que j’aime bien sortir. Ça m’aide à ne pas penser.
Alors que je longe une ruelle, des bruits étouffés me parviennent. Des murmures, des rires. Rien d’inhabituel ici, sauf que, l’un des rires, je le reconnais.
Mon cœur rate un battement...
Je m’approche discrètement, retenant ma respiration.
Et là, je le vois...
Jack.
Il est là, dans un coin, à moitié allongé contre un mur avec… une Sirène.
Pas besoin de détails, je capte tout en une seconde : la posture, les soupirs, les gestes.
Ça me frappe comme un coup de poing dans le ventre.
Le bassin de Jack bouge entre les jambes de cette fille, dans un mouvement lent mais puissant, comme s'il savourait chaque seconde.
Elle est adossée contre le mur rugueux, sa peau hâlée contrastant avec celle de Jack.
Ses cheveux blonds tombent en cascade sur ses épaules, et ses lèvres sont entrouvertes, laissant échapper des soupirs qui me donnent envie de vomir.
Mon sac de courses glisse de mes doigts, mais je le rattrape juste à temps, le bruit d’une bouteille heurtant les autres me ramenant brutalement à la réalité.
Je recule d’un pas, le souffle court.
Il ne me voit pas, trop occupé à… baiser.
Et peut-être que c’est mieux ainsi, parce que je sens la colère et la douleur monter en moi comme un torrent incontrôlable.
Il était censé aller chez Lyzé et Ordu, pour récupérer des affaires...
Il m’a dit qu’il ne tarderait pas, qu’il reviendrait vite.
Et moi, comme un con, je l’ai cru...
J’ai toujours su que je n’étais qu’un passe-temps pour lui, mais voir ça… C’est pire que tout.
On n’est pas un couple, ok, mais ça ne veut pas dire que ça ne compte pas pour moi.
Je serre les poings si fort que mes griffes effleurent ma paume, et je sens l’envie brûlante d’aller lui hurler dessus.
Lui demander pourquoi...
Lui rappeler que je suis là, que je suis plus que suffisant.
Mais une autre part de moi, plus lâche, plus brisée, me dit de partir. De fuir avant qu’il ne se retourne et ne voie la peine sur mon visage.
Alors, je tourne les talons et m’éloigne.
Fait chier.
L'appartement est plongé dans le silence quand je rentre.
Mon sac de courses me scie les doigts, mais je n’y prête pas attention.
Mon esprit est ailleurs, tournant en boucle sur cette scène que je voudrais effacer de ma mémoire.
Pourquoi est-ce que ça fait si mal, merde ?
Ce n’est pas comme si c’était une surprise.
Jack est Jack.
Il a toujours été clair sur ce qu’il voulait, ou plutôt, sur ce qu’il ne voulait pas...
Mes yeux me piquent, et avant que je ne m’en rende compte, les larmes coulent.
J’essaie de les ravaler, mais c’est impossible...
Je fonce directement dans ma chambre en évitant de croiser qui que ce soit, mais bien sûr, parce que rien ne peut jamais être simple, je tombe sur Elara dans le couloir.
Elle me regarde, surprise, et ses sourcils se froncent.
« Dorian ? Ça va ? »
Je détourne les yeux, essayant de cacher mon visage, mais elle pose une main douce sur mon bras.
« Hé, qu’est-ce qui se passe ? »
Sa voix est calme, pas du tout insistante, juste… gentille.
Et c’est peut-être ça qui brise le reste de ma carapace déjà fissurée.
« Rien, » je marmonne, mais ma voix, ma bouche, mon corps entier tremblent.
Elle n’insiste pas, mais elle ne me lâche pas non plus.
« Viens, » dit-elle finalement en ouvrant la porte de ma chambre.
Je la suis sans réfléchir, trop fatigué pour résister.
Une fois à l’intérieur, elle referme la porte derrière nous et s’assied sur le bord de mon lit.
Moi, je reste debout, croisant les bras comme une barrière, mais mes épaules s'agitent.
« Tu veux en parler ? » demande-t-elle doucement, en replaçant ses cheveux blancs sur son épaule.
Je secoue la tête, mais elle continue de me regarder avec cette patience désarmante.
Finalement, je lâche un soupir frustré et m’effondre sur une chaise.
« J’ai vu Jack, » je finis par dire, ma voix à peine audible.
« Et ? »
Je déglutis, cherchant les mots.
« Il était avec… une Sirène. Dans une ruelle... en train de baiser... »
Je m’attends vraiment à ce qu’elle me dise quelque chose de stupide, comme « Oh, je suis désolée » ou « Tu mérites mieux », mais elle reste silencieuse, me laissant continuer à mon rythme.
« Je savais qu’il n’était pas sérieux, tu vois ? Mais le voir… comme ça… Ça m’a foutu en l’air. »
Ma voix se brise sur les derniers mots, et je me sens pathétique.
Pourquoi est-ce que je lui dis tout ça ? Elle n’a rien à voir avec la situation. Mais elle ne se moque pas.
Elle ne fait pas de commentaires inutiles.
Elle se contente de hocher la tête, ses yeux pleins de compréhension.
« Ça doit faire mal, » dit-elle simplement.
Je hoche la tête, les mots bloqués dans ma gorge.
« Tu tiens à lui, même si tu sais qu’il n’est pas parfait. Et maintenant, tu te demandes si c’est toi qui as mal compris, si tu attendais quelque chose qu’il n’a jamais envisagé ou promis. »
Ses mots résonnent comme une cloche, parce qu’ils sont vrais. C’est exactement ça.
« Ouais c'est sûrement ça, » je murmure.
Elle s’approche et pose une main légère sur mon genou, un geste simple mais réconfortant.
« Ce n’est pas ta faute, Dorian. Ce n’est pas une question de mériter ou non. Parfois, on s’attache à des gens qui ne peuvent pas nous donner ce qu’on espère. Ce n’est pas parce qu’il ne t’apprécie pas. C’est juste… compliqué. »
Je ferme les yeux, essayant de digérer ses paroles en contenant ma queue qui bouge aléatoirement à cause des nerfs.
Une part de moi a envie de les rejeter, de lui dire qu’elle ne comprend pas, qu'elle ne nous connait pas, mais je sais qu’elle a raison.
« Et toi ? » je demande finalement, ma voix plus stable. « T’as déjà… enfin, quelqu’un t’a déjà fait ça ? »
Elle sourit tristement.
« Pas exactement, mais oui, j’ai connu des déceptions. Des moments où j’ai donné plus que ce que je recevais. C'était une amourette, mais ça n'enlève rien à la douleur. »
On reste silencieux un moment, l’atmosphère douce mais lourde de non-dits.
Puis la Djinf se lève et me tend la main.
« Viens. Tu as besoin de dormir, pas de ressasser. »
Je la regarde, hésitant, mais sa détermination me tire un sourire, et une grosse larme.
« Merci, Elara. »
Elle me sourit en retour, et pour la première fois depuis tout à l'heure, je me sens un peu mieux...
Peut-être que tout n’est pas foutu. Peut-être que je finirai par aller mieux, même si ce n’est pas pour tout de suite.
Quand elle quitte la pièce, je m’allonge sur le lit, le regard fixé sur le plafond.
Jack n’a aucune idée de ce qu’il a fait...
Mais je me promets une chose : je ne le laisserai plus me détruire comme ça.
Plus jamais.
×××
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