Chapitre 20. Battement loupé (+16)

Elara
( Contenu sexuel )

Je m’installe à ma place habituelle dans la grande salle de l’académie, mes pensées déjà ailleurs.
Les autres élèves autour de moi discutent à voix basse ou tapotent sur leurs ordinateurs.
Aujourd’hui, Madame Valendra a décidé de nous accorder une heure de révision libre.

Une chance pour beaucoup, mais pas pour moi...

Comment pourrais-je me concentrer ?

Kael est parti ce matin, pressé, et même si j’essaie de ne pas m’inquiéter, son absence me met mal à l’aise.
Je ne suis pas du genre à m'en faire pour rien, mais… quelque chose dans son départ précipité m’a laissé une drôle d’impression.

Je fixe mon écran, essayant de faire semblant de travailler, mais c’est peine perdue.
Mes pensées reviennent sans cesse à cette situation absurde...
J'héberge un Incube.

Finalement, je cède à ma curiosité.

Mes doigts glissent sur le clavier, et bientôt, les résultats de recherche apparaissent à l’écran.
"Incubes : caractéristiques, mythes et réalités".
Je clique sur le premier lien, retenant ma respiration.

Le site, noté comme non agréé par la ville de Syl-Anor, affiche une longue description.

"Les Incubes sont des créatures nocturnes dont la survie dépend de l’absorption de l’énergie vitale, souvent obtenue par des actes charnels et sauvages. Ils possèdent des caractéristiques physiques distinctives, telles que des griffes rétractiles, des crocs, une queue préhensile, et une ouïe aiguisée.
Les générations précédentes avaient également des ailes, qui ont fini par disparaître au fil des naissances...
Bien que souvent méprisés ou redoutés, les Incubes ne sont pas intrinsèquement mauvais. Leur réputation découle de siècles de préjugés et d’incompréhensions…"

Je fronce les sourcils. L’idée qu’une race entière puisse être jugée aussi sévèrement à cause de besoins biologiques me dérange.
Kael ne m’a jamais paru dangereux. Mystérieux, certes, mais pas méchant.

Je continue à lire, absorbée par les informations.
Le texte parle aussi de leurs pouvoirs liés aux rêves et de leur rareté en dehors des quartiers périphériques. Apparemment, les Incubes sont de plus en plus isolés à mesure que les Lumineux renforcent leurs règles de coexistence.

Un soupir m’échappe. La Mégalopole peut être aussi injuste que belle...

« Elara. »

Je sursaute.

Madame Valendra est juste derrière moi, son ombre massive projetée sur mon écran. Ses yeux blancs de rapace me scrutent, et je sens mon cœur s’emballer.

« Que fais-tu ? » demande-t-elle, sa voix calme mais perçante.

Je déglutis et minimise la fenêtre en passant une main nerveuse dans mes boucles.

« Je… je fais des recherches pour mon sujet de fin d’année. »

Son regard se fait encore plus intense.

« Ton sujet porte sur l’histoire de Syl-Anor, n’est-ce pas ? »

J’acquiesce rapidement, priant pour qu’elle ne pose pas plus de questions.

« Oui, Madame. Je voulais explorer les interactions entre les différentes races au fil des siècles. »

Elle incline légèrement la tête, comme si elle pesait mes mots.
« Une recherche intéressante. Mais sois prudente, Elara. S’intéresser de trop près à certaines races peut attirer des… complications. »

Son ton est glacial, et je sens une tension sous-jacente dans ses paroles.

« Bien sûr, Madame... Merci du conseil. »

Elle hoche la tête, son regard glissant brièvement vers mon écran avant de s’éloigner en battant légèrement des ailes. Je retiens un soupir de soulagement, mais le poids de sa présence reste dans l’air, comme une menace invisible.

Je relance rapidement ma recherche, cette fois en gardant un œil sur elle. Le reste de l’heure passe dans un mélange de concentration et de nervosité.
Je cherche des informations en lien avec son pendentif. Quelque chose qui parlerait d'un artefact d'âme sœur, mais je ne trouve rien sur ce sujet...

Quand la cloche sonne, je range mes affaires, mais ma tête est toujours ailleurs.
Ce que Madame Valendra a dit me trouble. Pourquoi semblait-elle si… suspicieuse ?

Et pourquoi ai-je l’impression qu’elle sait quelque chose que je ne sais pas encore ?

En sortant du bâtiment, les rues de la Mégalopole défilent autour de moi, mais je ne leur prête aucune attention.

Mon esprit est encore occupé par les recherches que j’ai faites en cours et par la présence pesante de Madame Valendra.
Je marche vite, serrant mon sac contre moi, sans me soucier des passants et du bruit ambiant.

Les gratte-ciel, imposants et familiers, s'élèvent au-dessus de moi.
Quand j’arrive enfin au mien, je traverse le hall sans ralentir.
Mes chaussures claquent sur le marbre lustré, mais je ne remarque même pas l’écho.

Dans l’ascenseur doré, je ne lève les yeux que pour saluer brièvement un Ange aux ailes nacrées et une jeune Kitsune dont les neuf queues se balancent doucement derrière elle. Ils me rendent mon salut avec des sourires polis, mais je suis trop pressée pour discuter.

Mon cœur s’accélère quand l’ascenseur atteint le trentième et dernier étage.
Les portes s’ouvrent, dévoilant mon appartement calme et immaculé.
La lumière chaude de la salle à manger éclaire une partie du couloir, et je pousse un soupir de soulagement.

Kael est rentré.

À cette heure-ci, ça ne peut pas être mon père.
Et Kael… je ne sais pas pourquoi, mais savoir qu’il est là me rassure.
Peut-être qu'au fond, j'avais peur qu'il s'en aille définitivement, qu'il rompt notre accord et disparaisse...


Je dépose rapidement mon sac sur une chaise en velours et me dirige vers sa chambre.
Je dois lui parler, lui poser des questions sur tout ce que j’ai lu aujourd’hui.
Peut-être qu’il pourra m’éclairer…

J'ai toujours été d'une nature curieuse, et je dois reconnaître que tout ceci me fascine. Être si proche d'une race que je ne connais pas, c'est électrisant.

Sans réfléchir, je pousse la porte en bois de sa chambre, mon élan me faisant presque trébucher à l’intérieur.

« Kael, je voulais te dem— »

Je m’arrête net.

Kael est là, debout près de son lit, torse nu, une expression de surprise figée sur son visage légèrement rouge et transpirant.
Son pantalon est ouvert, et il tient...
Sa chose dans sa main.

Mes joues s’enflamment d’un coup.

« Oh mon Dieu ! » Je pousse un cri aigu et plaque mes mains sur mes yeux, comme si cela pouvait effacer ce que je viens de voir.

« Elara ?! » s’étrangle-t-il, visiblement pris de court.

Je recule précipitamment, refermant la porte dans un geste brusque.
Mon dos heurte le mur du couloir, et je reste là, le cœur battant à tout rompre.

Je n’avais jamais vu… ça avant...
Enfin, pas en vrai.

Mon visage brûle tellement que je suis sûre qu’il doit être rouge écarlate. Je presse mes mains contre mes joues, essayant de me calmer, mais chaque fois que je ferme les yeux, l’image revient.
L'entrejambe nu de Kael...

Je secoue la tête violemment. Non, non, non, je ne peux pas penser à ça !

De l’autre côté de la porte, j’entends Kael marmonner quelque chose, suivi d’un bruit de pas. Une panique nouvelle monte en moi. S’il ouvre la porte maintenant, je ne pourrai pas lui faire face.
Déjà hier au soir, en voyant la bosse sous son pantalon quand il s'est levé à la fin du repas, j'ai cru que j'allais faire un malaise tellement ma gêne était intense...

Sans attendre, je tourne les talons et file dans ma propre chambre, refermant la porte derrière moi. Je me laisse tomber sur le lit, les mains toujours sur mon visage.

Qu’est-ce qui m’a pris d’entrer comme ça ?!

Je me relève brusquement, et je fais les cent pas, incapable de calmer mon agitation. Mes pensées s’entrechoquent, refusant de s’organiser.Je sens une chaleur étrange naître dans mon bas-ventre, insidieuse, impossible à ignorer.

C’est comme si mon corps décidait de réagir pour moi, hors de tout contrôle.

C’est idiot. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette gêne, cet essoufflement qui me coupe presque la respiration ? Il vit ici depuis des jours, mais c’est seulement à cet instant que je réalise pleinement…

Je partage cet étage avec un homme.

Un homme.

Le mot résonne dans ma tête, me faisant tourner encore plus en rond. Mon cœur bat si fort que je crains qu’il explose. Je suis… humide.

Je m’arrête brusquement au milieu de la pièce, pétrifiée par cette prise de conscience. Je ne sais pas comment gérer ce mélange de gêne et de… quelque chose d’autre. Quelque chose que je n’ose même pas nommer.

Je passe une main sur mon front, comme si cela pouvait faire baisser la fièvre qui m’envahit. Il faut que je me calme. Que je respire.

Mais comment pourrais-je oublier ce que je viens de voir ?

××××

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