Chapitre 19. Désaccords (+16)

Kael
(Contenu sexuel et violence)

La lumière grise du quartier des Sombres filtre à peine à travers les rideaux de ma chambre.
Assis sur le bord du lit, je passe une main dans mes cheveux emmêlés, déjà à bout de nerfs.

Quelques jours seulement se sont écoulés depuis que j'ai passé cet accord avec Elara, et pourtant, j'ai l'impression que ma vie a basculé dans un foutoir innommable.

Hier soir, j’ai cru que j’allais devenir fou. J'avais une érection qui refusait de redescendre.
C'était douloureux, et Elara n'arrivait plus à aligner trois mots sans rougir.
Les médicaments de son père, bien que puissants, n’ont pas tenu le choc...

Maintenant que je suis là, je dois me procurer les bons médicaments, chez les Vampires qui trafiquent toutes sortes de choses.
Mais pas que ça... Je dois voir Liline aussi.
Si je ne fais pas le plein d’énergie, je vais finir par m’effondrer comme un abruti.

Je jette un regard à Dorian, qui s’agite dans un coin de la pièce, visiblement tendu.
Il s'est rhabillé, mais ses joues sont toujours rouges.

« T’es sûr que c’est une bonne idée, tout ça ? » qu’il me balance, les bras croisés, se frottant les cheveux.

Je serre les dents. « Je fais ce que je veux, Dorian. T’as pas ton mot à dire, t'es pas notre père. »

Il lève les yeux au ciel. « T’as vu dans quel merdier tu t’es foutu ? Aller vivre chez les Lumineux, sérieux ? T’es malade ou quoi ? »

La colère monte en moi, je montre les crocs. « Et alors ? Je sais ce que je fais. En plus, toi, t’es pas seul ici. T’as Jack non ? »

À ces mots, Dorian rougit brusquement et détourne les yeux. Je plisse les miens, intrigué. Mon frère, gêné ?
C’est pas son genre.
Mon regard tombe sur la couverture froissée sur le lit.
Ma couverture.

« Dorian, c’est quoi, ça ? » je demande en désignant le tissu. « Et pourquoi tu rougis ? »

Il bafouille, incapable de me regarder dans les yeux. « Rien... On était juste... On faisait le plein. »

Je lève un sourcil. « Juste le plein, hein ? »

Il marmonne quelque chose, mais je n’écoute déjà plus. Quelque chose cloche, et je déteste ça. Pourquoi il est aussi gêné ? Et pourquoi Jack, ce Charmeur insupportable, traîne autant dans les parages ?

Je me lève d’un bond, décidé à ne pas m’attarder ici plus longtemps. « Bon, écoute, j’ai des trucs à faire dans le quartier avant de repartir. On en reparle plus tard. »

Mais à peine ai-je fait un pas que Dorian explose. « T’es sérieux, là ?! T’as rien compris, Kael ! T’es en train de foutre ta vie en l’air pour une connerie. T’as aucun sens des priorités ! »

Je me retourne, furieux. « Et toi, t’as aucun droit de me dire quoi faire ! »

Le ton monte rapidement.
Les mots fusent, tranchants et blessants, jusqu’à ce que je finisse par m’immobiliser.
La tension reste palpable, lourde, et je sais que si je ne quitte pas cette pièce rapidement, on finira par dépasser les limites.

Je fixe mon petit frère, les poings serrés. « T’as fini, maintenant ? »

Dorian détourne le regard, mais je sens qu’il n’a pas dit son dernier mot.

« C'est ça, va voir ta pute de Djinf... »

Sans comprendre pourquoi, cette phrase, cette insulte me fait partir au quart de tour.
Je me jette sur lui, lui envoyant mon poing en plein visage. Il lâche un râle et recule, faisant tomber une lampe dans son début de chute.

Il se rattrape, se redresse les poings serrés, et son regard s'assombrit.
Avant que je ne puisse réagir, il fonce sur moi.
Son épaule heurte mon torse avec force, me déstabilisant.

« C'est quoi ton putain de problème Dorian ?? » je crache, me remettant debout.
Mon frère ne répond pas, mais je vois sa main se lever.
Ses griffes apparaissent, tranchantes, et là, je comprends qu'il ne plaisante pas.

Le second coup vient de lui, rapide et précis. J'essquive de justesse, mais pas assez, ses griffes effleurent mon visage, laissant une traînée brûlante.
La douleur me fait grogner, mais je riposte directement, mes propres griffes sortant dans un reflexe instinctif.

Je l'empoigne, on vacille, et dans notre lutte, on renverse une chaise qui s'écrase au sol dans un fracas sourd.

Dorian est fort. Mais je le suis tout autant. Nos coups s'échangent, brutaux et sans retenue.
Je le pousse contre le mur crasseux de ma chambre, mais il me repousse en plantant ses crocs dans mon avant-bras.
Je hurle et pour qu'il se décroche, je lui envoie un coup de tête avec toute ma force.

Une chaleur recouvre ensuite le haut de mon visage et le goût métallique du sang envahit ma bouche.
Dorian est sonné, son nez est ouvert et j'en profite pour riposter.
Je l'attrape par le col et le plaque au sol. Il se débat, mais je le maintiens, le souffle court.

« T'as fini tes conneries, maintenant ?? »

Dorian crache un filet de sang et me fixe essoufflé, avec un mélange de rage et de résignation.

« Ouais, c'est bon, lâche-moi... »

Je me détends et desserre lentement mes mains. Je me relève en titubant, une douleur sourde dans ma jambe.
La pièce est sens dessus dessous, et nous sommes tous les deux à bout de souffle.

« T'es vraiment qu'un con, » il murmure dans un râle à peine audible.

« Et toi qu'un sale gamin, » je rétorque, essuyant le sang sur mon visage, tout en regardant mon bras marqué par sa morsure.

Mon frère ne répond rien. Je l'observe un instant, déçu, sentant que quelque chose s'est brisé.

« Faut que je trouve Liline, » je marmonne pour moi-même en tournant les talons, laissant mon frère sans un mot de plus.

En quittant l’immeuble délabré, je claque la porte derrière moi, encore furieux. L’air frais de la rue me gifle le visage, mais ça ne suffit pas à calmer mon agitation. Mes pensées tournent en boucle...
Dorian et ses sermons, ce foutu quartier, et cette douleur lancinante à la jambe.

Je remonte la ruelle jusqu’au fleuve. L’eau est sombre et calme, presque hypnotique. Je m’y arrête un instant, juste assez pour reprendre mon souffle. Mais je n’ai pas de temps à perdre.
Direction le hangar.

Le bâtiment est ancien, comme tout dans ce quartier, mais il tient encore debout.
Gabriel, un vieux Vampire que je connais depuis un moment, est déjà à l’œuvre.
Il décharge des caisses d’un camion qui semble aussi vieux que lui. Je m’approche, les mains dans les poches.

« Salut, Gabriel. Besoin d’un coup de main ? » je lance pour marquer ma présence.

Il se retourne et plisse ses yeux rouges en me voyant. « Kael… T’as vu ta tronche ? »

Je hausse les épaules. « Rien de grave. Une petite dispute de famille. »

Il grogne quelque chose dans sa barbe, puis abandonne ses caisses pour disparaître dans le hangar bordélique et poussiéreux. Quand il revient, il me tend une trousse de premiers secours et une pommade. « Tiens, nettoie ça avant de finir défiguré à vie. »

Je prends ce qu’il me donne, un peu gêné. « Merci. »

Tandis que je me soigne rapidement, je lance : « T’aurais pas des médocs pour… tu sais… le rut ? »

Gabriel me jette un regard perçant, un mélange de moquerie et de lassitude. « J’ai ce qu’il faut. Mais tu vas me devoir une faveur, gamin. La prochaine fois, tu bosses pour moi. »

Je hoche la tête. « Ça marche, j'ai l'habitude maintenant. »

Il me file une boîte de comprimés, et je reprends la route.

Prochaine étape : Liline.

Je finis par arriver devant une petite maison qui borde une ruelle encore plus étroite. Les fenêtres sont illuminées d’une douce lueur bleutée. La Sirène est là.
J’espère qu’elle est seule.

Je frappe doucement à la porte, et elle s’ouvre presque immédiatement. Liline, ses longs cheveux châtains tombant en cascade sur ses épaules, me sourit. Elle est en peignoir, et son parfum salin envahit mes narines.

« Kael, » dit-elle d’une voix douce, presque chantante. « Ça fait un moment. Entre. »

Je m’exécute, refermant la porte derrière moi. L’intérieur est toujours aussi soigné.
Des coquillages et des pierres brillantes décorent les étagères, et une musique apaisante joue en arrière-plan.

« Tu veux boire quelque chose ? » propose-t-elle en s’approchant de la cuisine.

Je secoue la tête.

« Non, merci. Je n’ai pas trop le temps. »

Elle arque un sourcil, intriguée.

« Toujours pressé, toi. Que puis-je faire pour toi ? »

Je prends une grande inspiration. « J’ai besoin de toi, Liline. Je suis… à plat, » je passe une main dans mes cheveux.

Son sourire s’élargit légèrement, et elle pose son verre sur le comptoir. « Alors, viens. »

Elle me tend la main, et je la suis, le cœur battant, dans une pièce adjacente où la lumière se fait plus tamisée.

La Sirène ne perd pas de temps, elle me fait un petit geste, m'invitant à prendre place sur son fauteuil.
À peine installé, elle s'agenouille et ouvre ma braguette, portant rapidement sa bouche à mon sexe.
Sa peau luisante à cause des écailles me fait presque mal aux yeux...

Je ferme les paupières et tente de m’abandonner à ses baisers sur ma peau à présent tendue.
Je veux que ça fonctionne, que cette fatigue qui me pèse disparaisse. Mais chaque geste, chaque caresse me rappelle que je ne suis pas ici pour elle, ni même pour moi.
Je suis là par nécessité...
Par obligation.

Et ça me donne l’impression de trahir quelque chose.
Quelqu’un...

Liline s’arrête soudain, ses mains se posant sur mes cuisses.

« Tu es ailleurs, Kael. Qu’est-ce qui te retient ? »

Je rouvre les yeux et rencontre son regard, sincère et un peu inquiet.
Elle sait. Elle sent.

« Je suis désolé, » murmuré-je en reculant légèrement. « Ce n’est pas toi, Liline. Je… Je crois que j’ai juste trop de trucs en tête. »

Elle ne dit rien, mais je vois la compréhension passer dans ses yeux. Avec un soupir, elle se redresse, me laissant de l’espace.

« Tu as besoin de repos, Kael. Pas de ça... »

Je hoche la tête, incapable de dire quoi que ce soit d’autre. Elle se détourne pour me laisser le temps de me reprendre, et je sens la honte m’envahir.

Peut-être que Dorian avait raison. Peut-être que je suis en train de me foutre dans des situations qui ne m’apporteront rien de bon.

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