Fragment du bruit

M Y L A

Tout commence, tout se termine.

Ça ne changera jamais, même si pendant un certain temps, j'ai cru l'inverse.

On continue de vivre puis on finit par mourir. On achète ce qu'il nous plaît et on le revend quand il nous lasse. On utilise son shampooing à la fraise préféré jusqu'au jour où il se retrouve vide. Seulement vêtu d'une boîte de plastique difforme...

C'est comme ça. Tout le temps. Pour toi. Pour moi. Pour nous. Le monde. Et je crois que tu l'as toujours su au fond de toi.

Je ne t'en veux pas tu sais... Ou peut-être que si en fait.

C'est une question rhétorique trop complexe, à laquelle je n'ai d'autres réponses que des balbutiements intérieurs. Pourtant je persiste à me la poser, cette question.

Je persiste. Encore et encore ! Comme si j'étais une âme dénuée de raison.

Je suis un peu perdue. Je me cherche constamment dans ce monde qui lui, cherche à m'anéantir.

Tu sais, les bruits qui m'entourent me rassurent maintenant. Avec eux je me sens moins seule dans ma solitude, plus vivante et comprise dans ce monde ignorant ma perte.

Pas que je sois devenue associable !

Je ne le suis pas. Je crois.

J'ai un ami ! Si bien sûr tu acceptes de compter Frank comme tel. Ce que je ne pense pas. Gwendoline alors ? Elle est gentille avec moi Gwen...

J'aime les gens ! C'est juste que... Entendre leurs cris de joie percer leur voix me touche terriblement. Douloureusement. Ils me blessent presque au point de me tuer.

Et je ne supporte pas la mort ! Elle est trop simple... Trop déchirante pour ceux qui ont la force de rester. Alors qu'entendre la musique se déverser dans mes oreilles et créer du rythme au travers de tout mon corps est une sensation tellement exquise et unique de la vie ! Une sensation que pour rien au monde je ne voudrais perdre.

Le bruit est un fragment. La musique est un morceau. Les instruments sont la clefs. Et mes oreilles leurs interprétations.

Je me drogue à la musique, au battement solitaire de mon coeur qui s'accélère, aux écouteurs enfoncés dans mes oreilles et au fait entendre ce qu'il me convient d'entendre.

Entendre, les émotions qui gesticulent dans la voix que les instruments hurlent...

Et je voudrais entendre tellement plus ! Je voudrais tout entendre ! Le piano qui explose, les cordes grattées ou frappées, chaque syllabe de cet instrument qui monte toujours plus haut jusqu'à éclater... Je voudrais n'être que son et à mon tour me libérer de mes chaînes, de tes chaînes, empoisonnées et aussi silencieuses que la nuit.

Plus que cela et je suis certaine que le paradis n'existe pas que pour les nuages.

Mes orteils, dans mes petites chaussures s'agrippent vainement pour tenter de s'incruster dans les pierres au bord de l'eau mouvante. Mes bras, eux, ne se font pas prier. Ils s'écartent de moi pour respirer, ils se tendent pour atteindre l'air vivifiant. Et mes oreilles... Ah ! La douce mélodie qui y ronronne comme un chat que l'on caresse avidement ! Elles écoutent, ces petites oreilles. Elles écoutent et me bercent comme aucun être humain ne sait le faire.

En chanson, je ne suis plus vide, la musique me parle et comble ce que je ne peut plus dire. Ce que tu ne peux plus me dire.

Et j'écoute.

Je comprends.

Je ressens.

Je compatis...

Comme cela fait mal de vivre.

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