Entre une insomnie et un jour qui se lève

A D A M

Il est presque six heures du matin et tout le monde dort depuis à peu près une heure et demie maintenant... Mais pas moi, j'arrive pas à fermer l'œil.

Enfin si, au début j'ai réussi à m'endormir, puis je ne sais pas pourquoi j'ai commencé à rêver de Gabriel. Il était rentré à la maison et il allait bien, il était debout au milieu du salon et il souriait, comme avant, comme si jamais il n'était parti, comme si tout était de l'histoire ancienne, ou que rien n'avais jamais fait partie de l'histoire !

Notre père était sur le canapé et il était heureux que son fils soit de retour, il ne lui en voulait pas... Il l'aimait simplement. Puis soudain, j'ai dit quelque chose dont je n'arrive pas à me souvenir, les yeux de mon père et de mon frère se sont alors tournés vers moi et, tous les trois nous avons éclaté de rire, comme avant ! Je riais tellement que je n'arrivais plus à bien voir, ni mon père se soutenant à son fils en tentant de reprendre son souffle, ni Gab, mort de rire, les larmes aux yeux. Tout devenait de plus en plus flou, mon rire semblait comme se détacher lentement de la scène qui se déroulait devant mes yeux et alors, je me suis réveillé en sursaut.

J'ai souvent entendu dire qu'on pouvait se réveiller à cause de ses propres pleurs... Par contre j'ai jamais entendu personne me dire qu'on pouvait aussi se réveiller parce qu'on riait dans notre sommeil... À présent, j'aimerai retourner dans ce doux songe et m'y laisser succomber mais je n'arrive plus à m'endormir, à me sortir de la tête cette vision heureuse et parfaite de ma vie. Bordel pourquoi même mon cerveau s'amuse à me torturer ? C'est carrément pas du jeu !

Aaron ronfle comme un vrai cochon, emmitouflé comme il est dans son sac de couchage, mais apparemment ça ne gêne que moi vu que tout le monde dort encore comme de gros bébés... Bon, après j'imagine que Rebecca a l'habitude de ses ronflement mais bordel comment font Myla et Gwendoline ?

Je lâche un soupire, frotte de ma main mon visage, comme pour convaincre mes yeux de bien vouloir se reposer, mais ça sert à rien, je suis toujours bien éveillé.

Quoi que je dise ou pense à l'avenir de cette soirée, elle était incroyable ! J'ai ri, me suis amusé et ai beaucoup, beaucoup bouffé comme il y a bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

Et la vérité, ça m'a fait un bien fou, comme une délivrance que je ne suis pas certain d'avoir mérité mais auquel j'ai tout de même eu le droit !

Le film qu'on a regardé était vraiment nul à chier mais je me suis bien marré à emmerder les autres en faisant semblant de m'étirer, levant bien haut mes bras afin de cacher la télé aux autres. Un sourire m'échappe encore, dans cette nuit de plus en plus claire, en repensant à leur protestation, aux doigts de Myla qui tentaient de remettre mes bras le long de mon corps... À notre bataille de popcorn qui a finit quand Rebecca m'a déversé le bol sur la tête, me grondant qu'elle voulait connaître la fin de ce film tandis que les autres cachaient leur rire pour ne pas terminer comme moi, les popcorn dans les cheveux.

Je crois qu'en fait, il n'y a que moi qui n'ai pas aimé le film...

J'essaie de fermer les yeux mais à présent, il ne fait plus assez sombre dans le salon et Aaron fait trop de bruit... Sérieux, c'est le bruit d'un tank en plein assaut !

Le jour se lève et la pièce est devenue comme bercée par la couleur grisee et ça me motive à me lever alors, j'enjambe comme je le peux le matela où Rebecca dort paisiblement, collée à Aaron et, muni de mon téléphone, je me dirige vers la cuisine aussi silencieusement que Minou en serait capable.

À cette pensée, mes yeux se plantent sur la boîte à chaussure posée, toujours à la même place sur le plan de travail de la cuisine. Je l'éclaire alors de mon téléphone et, certainement ébloui par cette soudaine lumière, je l'entends gigoter dans sa boî-boîte.

Je me détourne alors en éteignant ma lumière, par peur de réveiller je ne sais trop comment les autres, je sors un verre avant d'ouvrir le robinet pour me servir en eau. J'entends encore d'ici les insupportables ronflements de mon ami le tank de guerre...

Soudain, je sens une vibration dans ma main et je sursaute tout en lâchant tout bas un jurons avant de regarder le message que mon téléphone vient de recevoir.

À ma grande surprise, c'est Myla.

_Dans une heure on se serait retrouvés au pont._

Je ne sais pas pourquoi mais ce message m'arrache un sourire et de mes doigts, je tapote déjà sur mon clavier une réponse.

-Et tu m'aurais torturé avec ton sport et nos stupides promesses.-

Soudain, dans le salon, j'entends quelques couettes remuer et je pourrais parier que c'est Myla en train de se lever.

_Tu ne dors vraiment pas beaucoup..._

-T'inquiète c'est juste une insomnie.-

Je pose mon verre rempli sur le levier et me tourne pour observer l'ombre de Myla dans la nuit grisée, en train de se frotter l'œil, la lumière de son écran de téléphone allumé et projeté directement sur sa petite tête brune. Elle fait tellement inoffensive dans son bas de pyjama ultra large, son t-shirt et ses cheveux sans dessus dessous que ça me fait marrer.

_Tu as souvent des insomnies, pas vrai ?_

M'envoie-t-elle par SMS et ça m'arrache un soupire de lassitude cette fois. Je décide d'ignorer son message et de chuchoter dans la nuit qui nous sépare :

-Tu sais que tu ressembles à un petit enfant quand tu es en pyjama comme ça ?

Elle s'approche et, à son tour, lâche un soupire qui me signifie muettement que je suis con.

-Il manquerait plus qu'une peluche dans tes mains et on y verrait que du feu sur ton âge !

J'essaie de remettre une mèche de ses cheveux en ordre mais à peine l'ai-je fait que soudain elle rebique dans un petit bond amusant. Je laisse tomber et Myla me donne un petit coup de poing dans l'épaule pour me signaler que ce n'est pas drôle. Mais je vois bien dans l'aube naissante, la commusure de ses lèvres s'agiter. J'attrape son poing avant qu'il ne me touche une seconde fois et soudain, chuchote en étouffant un rire :


-Je suis sûr et certain que tu as des peluches dans ta chambre !

Myla arrache son bras emprisonné et écrit sur son téléphone, le mien finit par vibrer doucement dans la nuit peu après.

_Ah. ah ! Et moi je suis certaine que tu en as aussi de ton enfance dans ta chambre._

Je hausse un sourcil qu'elle ne doit probablement pas voir dans la nuit... Quoique peut-être, mais peu importe.

-Aussi ? Ça veut dire que j'ai raison ! Tu en as !

Elle soupire et pose un doigt devant sa bouche pour que je fasse moins de bruit. Dans la pièce voisine, un ronflement d'Aaron vient nous répondre.

-D'accord, d'accord, je m'arrête soudain de parler pour la regarder et alors, une idée me vient. Tu veux voir par toi même ?

_Quoi ?_

-Si, comme tu le penses, j'ai des nounours en peluches dans ma chambre !-

Je vois ses petits yeux tout sombre se plisser en lisant mon message, puis elle hausse les épaules et, prenant ça pour un oui, nous montons les vieux escaliers en bois aussi silencieusement que possible.

Je lui montre du doigt les endroits où le bois fait le moins craquer les marches mais nous pouffons tout de même de rire tellement Myla n'arrive pas à être discrète.

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