Vingtième lettre dépouillée

Rose Georges Adams,
C'est dingue tout ce qu'il a pu se passer en deux mois. J'avais un pied dans la tombe lorsque Cole est venu chambouler mon quotidien. Il m'a sorti du cimetière. Je me suis baladé dans la rue avec lui, redécouvrant chaque élément comme un enfant qui n'a aucune connaissance du monde. Avec surprise, avec émerveillement, et avec inquiétude aussi. Mais, maintenant, où est-ce que je me situe ? Est-ce que je dois retourner dans le cimetière ?

Rose, j'ai le sentiment d'être vide. Et je commence vraiment à en être énervé. Cole n'avait pas le droit de me laisser comme il l'a fait. Est-ce que j'étais censé savoir que lui et moi c'était temporaire ? Est-ce que j'étais censé me rendre compte que je n'étais qu'un amant ? Est-ce que j'étais le seul au moins ? Je ne peux pas croire que tout ce temps passer ensemble n'ait pas compté pour lui. Je ne peux pas croire qu'il puisse cracher dessus comme il le fait. Je vais l'appeler. Il ne pourra pas se défiler. Ou peut être que je ferais mieux de me pointer chez lui. Après tout, il y en a une qui aurait le droit d'être mise au courant. Non ? Quel putain d'enfoiré ! Et dire qu'il a fait partie de tant de mes lettres. Elles étaient censées être pour toi, pas pour lui. J'ai tout saccagé en lui donnant de l'importance. Je suis tellement déçu, tellement triste ... Mais à quoi je m'attendais ?! Je l'ai cherché. J'ai voulu de cette relation que je savais malsaine. C'est un homme accompli et marié, et je ne suis que la dépouille d'un ancien homme heureux. Même visage fade et pâle, même regard vitreux. Même pourriture à l'intérieur.

En réalité, Rose, je suis fatigué. Et j'en ai marre de me battre.

Mickael.

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