9 - The Question.

– T'es dans un sale état. Constata le jeune homme, la voix dure et emplit d'amertume, son regard triste caché par une mèche de cheveux retombant vaguement sur ses yeux.

– Je me passerais de tes observations futiles, Aryo. Répondit faiblement et douloureusement son aîné.

– Je m'en doute. Alors, t'as voulu tenter le coma éthylique cette fois ? Essaya le brun avec un soupçon d'humour noir.

Il tentait vainement de dédramatiser la situation, d'enlever l'image de sa tête. Cette image presque effrayante d'un ouragan de liqueur dévastateur qui aurait pu se produire. Cette image, de l'ami qu'il aurait pu perdre. Une voix rauque, encore sous les effets du mélange de l'alcool et de la cigarette, soupira fortement.

– J'aurais jamais dû t'appeler.

Aryo ricana. Alors que son aîné était encore affalé sur le canapé, il s'affairait à remettre en place les nombreux meubles qui jonchaient sur le sol. Tout avait été balayé, voire détruit. L'appartement était complètement retourné et une légère odeur de brûlé émanait du bureau et de la poubelle. Le brun laissa son regard dépité dériver sur le désastre qui s'étalait devant lui. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer l'état dans lequel son ami avait dû être.

– Aryo ? Murmura presque silencieusement son aîné.

– Oui ? Répondit vaguement celui-ci, encore perdu dans ses pensées.

Seul le silence régnait en maître dans la pièce. Un calme assourdissant s'était abattu. L'un prenait le temps de choisir les bons mots, l'autre attendait patiemment ce qui allait suivre.

– Est-ce que... est-ce que tu crois que j'ai besoin d'aide ?

Silence. Seul le silence régnait en maître dans la pièce. Un calme assourdissant s'était abattu. Le silence était d'or.

Le jeune homme avait entrouvert la bouche, écarquillé les yeux. Sous le choc, il se tourna lentement vers son aîné, comme pour s'assurer qu'il était conscient, qu'il avait parlé, et que ce n'était pas lui qui avait rêvé. Mais non. Son ami avait le regard vide et semblait absent, comme dans un état second ; et pourtant, il parlait, était conscient. La parole était d'argent.

– Aryo, réponds moi s'il te plaît. Qu'est-ce que je dois faire ?

Mais le jeune homme était incapable de réagir, de fournir ne serait-ce qu'un murmure. Blocage. Jamais il n'aurait pu un jour imaginer que son ami se pose cette question. Il ignorait ce qui avait pu le pousser à vouloir changer son comportement, à demander de l'aide. C'était impossible. Alors il se tut, ne sachant quoi répondre, quoi penser. Il n'avait pas le courage nécessaire pour demander des explications ; persuadé que son interlocuteur se renfermerait sur lui-même. Il n'avait pas le courage nécessaire pour répondre, effrayé par les mots qu'il pourrait dire.

– Je ne sais pas. Commença-t-il, la voix emplit de doutes. J'aimerais te dire beaucoup de chose, mais ça ne serait pas ce que tu souhaites entendre. Il soupira. Pourquoi hésites-tu ?

– Parce que c'est dur à admettre. Répliqua presque brutalement l'aîné, comme si cela était évident.

Le jeune Aryo s'approcha doucement et s'accroupit à côté du canapé. Sans un bruit, il posa sa main sur celle de son ami.

– Écoute, je n'ai aucune idée de ce que je devrais te conseiller et je ne voudrais pas le faire mal. Mais quoi que tu décides, je serais toujours là.

" Chère Inconnue, la sobriété me prive des mots que je devrais vous dire. Je ne saurais expliquer le scindement de mes pensées. Vous éveillez en moi une obscure lueur d'espoir que je croyais éteinte. Vous allumez, d'une simple étincelle, une sombre flamme qui dégèle un sentiment oublié.

Vous savez, je pense que mon ignorance volontaire, mon rejet du monde, me préserve en quelque sorte, m'éloigne d'une réalité dans laquelle je refuse de vivre. Ma réalité diffère de la réalité. Mais vous avez entièrement raison sur un point : je ne pourrais vivre sans ma passion, sans ma musique.

Et moi, comment puis-je vous convaincre du contraire ? Je pense que ce fameux but m'échappe, ai-je vraiment besoin de le savoir ? Certes, il m'arrive d'en avoir envie, mais quelle en est l'utilité ? J'ignore où ces lettres nous mèneront, si elles seront la pluie qui m'inondera ou la fissure du barrage.

J'admire la façon dont vous maniez les mots. Je ne vis déjà que pour la musique, mais y trouver un titre me paraît presque impossible. Très sincèrement, je ne pourrais d'ailleurs être objectif. Peut-être qu'un jour, je vous expliquerais mon choix. En attendant, voici ma réponse : The Last.

Mon amie, si vous saviez à quel point j'ai honte de m'être laissé enivrer. Il faut dire que l'alcool à des vertus révélatrices.

Mon amie, que vos mots me touchent. Je ne saurais expliquer par quel miracle, pour la première fois, un possible soutient me convient. Votre aura doit être d'un blanc si immaculé. Je dois avouer que la majestuosité du phœnix me plaît tout autant que l'obscurité de ses ailes.

Mon amie, je partage cette attente et ce plaisir souvent avec une pointe d'appréhension. Puis-je seulement vous croire sans crainte ? Vos mots m'incitent à la confiance, mais mon expérience me crie méfiance. Comprenez-vous réellement ce sentiment ?

Mon amie, si j'ai bien fait d'écrire, si je dois continuer d'écrire, que devrais-je écrire ? Je ne sais quoi faire, quoi dire, quoi penser. Je ne saurais vous dire si je vous comprends. J'accepte vos mots, vos envies, vos peurs, mais je ne saurais comment y répondre. Quand les pensées se mélangent, il devient difficile de les décrypter.

Mon amie, il ne me reste presque rien alors si j'ignore le monde et ces personnes, que me restera-t-il ?

Mon amie, "

L'aîné esquissa un faible sourire sincère.

"Merci. "

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