Rien.

Rien. Les feuilles sont blanches, les stylos à sec. Les mots ne viennent pas, ne sortent pas. Comme un blocage. La peur d'écrire, de ne plus écrire. Comme une panne. À court d'essence, d'inspiration.

Comme une crise. Panique, angoisse.

Rien. La chaise renversée, le bureau désorganisé. Le silence. Dominant, écrasant. Respiration lente, douloureuse. Comme une fumée, enivrante. Comme une odeur, envoûtante.

Comme une addiction. Vitale, incurable.

Rien. Les heures s'écoulent, lentement. Les cigarettes disparaissent, s'enchaînant. Comme un appel. Silencieux, inaudible. Comme une demande. Imprononçable, improbable.

Inexistante.

Rien.

Le temps passe, l'alcool s'efface. Puis les mots sortent, courent, s'enfuient. Mais tout est retenu, rien n'est lâché. Des mots maladroits pour un esprit embué. Des mots fragiles pour des pensées affirmées.

" Chère Inconnue, je ne peux vous cacher ma surprise. J'ignore comment bien exprimer ma pensée alors pardonnez ma maladresse.

Ma vision du monde est aussi réaliste que pessimiste. Il vaut parfois mieux préférer vivre dans la douce ignorance plutôt que dans la dure réalité. La beauté n'a pour moi que très peu d'importance : je la considère comme superficielle, inutile. Mais je comprends qu'elle puisse rassurer.

Votre vie vous plaît ? Profitez-en. Remplissez le vase de vos mains sans le faire déborder. Dites-moi vos passions, vos plaisirs. Le bonheur est subjectif, je voudrais connaître le vôtre.

Je ne veux pas d'étiquette. Et je pense que vous non plus. Je doute que chaque personne ait réellement une place dans ce monde. Toutes les vies ont-elles un sens, une utilité ? Je crois que j'aimerais savoir quel est le but de la mienne. Vous parlez de cours d'eau, mais cela fait longtemps que le mien est à sec.

La musique me rendait heureux, mais je n'y arrive plus. Elle me manque.

Ne dis-t-on pas que les yeux sont le reflet de l'âme ? Les miens sont aussi sombres que mes pensées. "