12 - The Madness.
– Aryo ? Demanda-t-il d'une voix enrouée, comme fatiguée.
– Je suis là, ne t'en fais pas. Le rassura calmement son ami.
Celui-ci ignorait pour l'instant la raison de sa présence dans l'appartement de son aîné. Il avait reçu un appel à l'aube alors qu'il dormait encore et à son arrivée, les deux hommes s'étaient tous deux assis sur le balcon ; l'un jouant nerveusement avec ses mains tandis que l'autre achevait son mégot. Cela faisait plusieurs heures qu'ils se tenaient silencieusement ainsi, côte à côte, sans que le calme ne soit rompu. C'était apaisant.
– Ça fait trois mois. Déclara froidement le jeune homme, les yeux perdus dans le vide comme un pantin sans âme.
– De quoi parles-tu ? Questionna Aryo, en relevant la tête, déconcerté.
– Ça fait trois mois qu'elle ne m'écrit plus. Acheva son aîné d'une voix sèche, emplit de colère.
Le brun leva un sourcil, interrogeant ses souvenirs. Il y a quelque temps de cela, son ami lui avait effectivement parlé d'une lettre qu'il avait reçue mais dont il souhaitait se débarrasser.
– Excuse-moi mais je ne suis pas sûr de te suivre, je croyais que tu n'allais pas répondre. Vous avez entretenu une relation épistolaire ? S'étonna le jeune homme.
Son aîné resta muet. Les poings serrés, il grinça des dents en rentrant dans l'appartement.
– Tu parles d'une relation ! Grogna-t-il avec rage.
Le ton était monté, une lueur obscure brûlait dans ses yeux. Depuis son retour de la plage, il tournait comme un lion en cage. La colère avait pris le contrôle de son esprit. Ses émotions s'étaient longuement entrechoquées avant que l'alcool choisisse le vainqueur.
Trop vite.
Tout s'était enchaîné bien trop vite. Depuis la première lettre, au moment où l'idée d'y répondre lui a traversé son esprit. Si seulement il ne l'avait pas fait. Si seulement il n'était pas sorti de sa routine morose.
Si seulement tout n'était pas allé trop vite.
Il s'était attaché bien trop vite à ces lettres, à cette personne si bienveillante, à cette lumière qu'il avait cru apercevoir. Il avait pris goût bien trop vite à cette relation inconnue, à cette rencontre improbable.
Trop vite.
Aryo rentra à son tour dans l'appartement, pressentant ce qui allait arriver. Mais sa voix ne l'atteignait plus.
– Pourquoi elle m'écrit plus hein ! Criait son ami, la voix brisée. Dis-moi pourquoi ! Suppliait-il en sanglot, réclamant une réponse que personne n'avait.
– Calme-toi, tenta faiblement Aryo, qu'est-ce que disait sa dernière lettre ? Peut-être a-t-elle sous-entendu qu'elle ne pourrait pas répondre ?
Son aîné secoua la tête avec un rire nerveux. Il marcha jusqu'à son bureau et déverrouilla l'un des tiroirs machinalement.
Vide.
– Qu'est-ce que... Murmura-t-il, abasourdit.
Le tiroir était vide.
– Non, non, non... répétait-il inlassablement. Non, c'est impossible, elles étaient pourtant là !
Il fouilla avec violence le moindre recoin du meuble, envoyant valser tout ce qui s'y trouvait. Il pleurait, criait, s'énervait. Ces fameuses lettres, existaient-elles vraiment ? Il en était persuadé, mais rien ne semblait le prouver. Peut-être qu'elles n'étaient que le fruit de son imagination ? Comme un moyen pour lui d'évacuer tout ce qu'il ressentait, comme un moyen de s'accrocher encore à la vie.
– Non ! Hurla-t-il de toutes ses forces. Je n'ai pas rêvé, elles étaient là !
– Je t'en prie arrête... Tenta vainement le jeune Aryo, complètement paralysé devant la violence de son aîné. Ce n'était pas l'une de ces crises habituelles auxquelles il avait déjà assisté, il ne savait pas comment agir.
– Elles étaient là, elles étaient là... Pleurait-il en frappant son bureau.
Il tremblait. De rage, de peur. Avait-il sombré dans la folie ? Sa dernière lueur d'espoir s'était éteinte.
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