*Spécial Halloween !* La phobie du noir
Temps moyen de lecture : 11 minutes
Genre : Épouvante, Horreur, cauchemar, phobie
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Note de l'auteur :
Avant de lire l'histoire, spécialement écrite pour Halloween, mets-toi dans de bonnes conditions ! Installe-toi dans un endroit complètement sombre, et éclairé uniquement par ton ordinateur/tablette/portable.
Pourquoi pas aussi mettre ton appareil en "dark mode" pour avoir le fond en noir :D
Et si tu peux, mets en route une musique effrayante en même temps. 😈
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J'ai toujours eu peur du noir, depuis ma plus tendre enfance. Rien de bien méchant, à cette période. J'ai toujours considéré cette peur comme quelque chose de normal, dont faisait face beaucoup de monde, surtout les jeunes enfants. La peur du noir, c'est la peur de ne rien contrôler, de ne rien voir venir.
Est-ce plus effrayant lorsque l'on sait qu'il s'y cache quelque chose, ou lorsque l'on ne sait pas ce qui s'y cache ?
Étant petit, j'avais juste besoin d'une veilleuse pour dormir. Le reste du temps, ça ne hantait même pas mes pensées. Pourtant, en grandissant, rien n'a changé. Je dirais même que cette peur s'est étrangement intensifiée.
Il est dit que lorsque nous grandissons, nous redoutons plus de choses, tandis que nous prenons conscience des vrais risques.
Quels risque-t-il y a-t-il lorsqu'il fait sombre ?
À l'âge de mes quinze ans, la veilleuse n'était plus suffisante. Je faisais parfois des crises, lors de coupures de courant par exemple. C'est durant l'une d'elles que mes parents ont accouru à mes côtés. Ce jour-là... j'avais essayé de mettre fin à mes jours.
Je suis allé voir divers thérapistes, psychologues et psychiatres pour comprendre le mal être dû à cette phobie.
Je n'éprouvais aucune réticence à suivre tout ça. Je ne me sentais pas malade, mais je savais que ce n'était pas normal. Pendant ces différentes séances, j'ai été amené à parler de mon passé. Et j'ai redécouvert un traumatisme, que j'avais oublié.
Bien sûr que je le regrette, mais ne dit-on pas qu'il faut vaincre le mal par la racine ?
Finalement, ce n'est pas vraiment du noir que j'ai peur...
Mais plutôt de ce qui s'y trouve.
Suite à l'une de mes séances chez le psychologue, et après avoir compris l'origine du problème, je n'ai pas arrêté d'y penser. Je ne parvenais pas à détacher mon regard de chaque recoin sombre, pièces et couloirs dépourvus de lumière. Ce qui est étrange, lorsque l'on sait que c'est ce dont je crains le plus.
Les roues de ma voiture cette nuit là, craquaient les vieilles branches tombées des arbres sous un bruit réconfortant. J'avais ralenti la cadence, seuls mes phares éclairaient le sombre passage boisé. Je craignais de percuter un animal ou crever un pneu en roulant sur des débris.
Il me fallait à tout prix sortir de cet endroit. Mon angoisse me prenait aux tripes, mon souffle se faisait lourd, comme si chaque inspiration était la dernière.
Ma radio avait arrêté de fonctionner depuis un bout de temps, maintenant. Avant ça elle grésillait. C'était réconfortant dans un sens. À cet instant, elle n'émettait plus aucun son. Je n'entendais plus que le bruit du moteur et de mes roues sur le chemin rocheux, parsemé de vieilles branches.
J'avançais prudemment, mais à allure constante. Je n'avais qu'une envie : me sortir de là et retrouver la lumière de la ville, ou au moins de la lune.
Aussi loin que pouvait se porter mon regard, je ne voyais que le noir absolu. À droite et à gauche le constat était bien pire. Comme un épais brouillard, les lumières de mon véhicule peinaient à traverser. Les arbres étaient si hauts, que je n'en voyais même pas le bout. C'est ce qui expliquait l'absence des rayons de lune.
Tout se ressemblait. Je crus presque tourner en rond. Peut-être que c'est le cas ? Pas de panneau, de bifurcation ou de croisement. Rien que ce chemin parsemé de branches sèches qui se brisaient sous le poids de mon automobile.
Le moteur vrombissait toujours dans ce silence de mort.
Étais-je perdu ? Étais-je seul ?
Puis, ce bruit.
Ce n'était pas n'importe lequel. Il venait de briser le ronronnement et les craquèlements que faisait mon véhicule en avançant.
Cela ressemblait à un hurlement. Plutôt distinct, plaintif. Je ne connaissais aucun animal qui puisse faire un tel son, si ce n'est le porc que l'on égorge.
Une peur soudaine s'empara de mes membres. Ces derniers se raidirent comme si j'étais déjà mort.
L'écho de cette nuisance venait à peine de s'évanouir. Dans la pénombre, le calme était revenu, mais l'angoisse se faisait plus présente, et cela en était presque insupportable.
J'ai décidé d'accéléré. Tant pis pour la bête qui se prendrait à passer devant mes lumières. Cette accélération amplifia le son du moteur et des bruits alentour. Je décidai de garder mes yeux vers la lumière de mes phares. Celle-ci était réconfortante et vivante, contrairement à tout ce qui m'entourait.
Mais je dus m'arrêter d'un coup sec.
Quelque chose se trouvait face à moi.
C'était un bâtiment en ruine. Un cul-de-sac en pierre. Plus aucun bruit, le calme absolu après ce freinage brutal. Il n'y avait aucun moyen de continuer vers l'avant. J'étais obligé de faire marche arrière.
Je ne sais comment exprimer la peur qui m'animait à cet instant. Comme un poison dans mes veines, elle me paralysait à une allure folle.
La bâtisse était en forme de L. Sa première face se trouvait devant moi, le reste était sur le côté droit. Elle n'avait plus aucun toit, peu de murs encore debout, et là où l'on pouvait avant trouver des fenêtres et des portes se trouvaient à présent de grandes ouvertures.
Pourquoi avais-je décidé de fixer l'une d'entre elles ? Je ne saurais répondre. L'obscurité qui m'empêchait d'y voir le fond m'ensorcelait.
J'y voyais... quelque chose.
Je fronçais des sourcils pour mieux me concentrer, tandis que mes yeux s'habituaient à l'obscurité.
C'est là que je l'ai de nouveau vu.
La créature de mon enfance. Son apparence humanoïde la rendait effroyable.
Mes yeux s'écarquillèrent sans pour autant parvenir à la lâcher. Mon souffle s'était coupé, comme pour ne faire aucun bruit.
Des frissons me parcourent tout le corps.
Elle était là depuis le début... à m'observer.
Son regard stoïque me perçait de l'intérieur. Son visage dénudé de pilosité était complètement lisse. Ses yeux scintillaient plus que normal. Son nez protubérant et sa petite bouche rendaient son visage disproportionné et laid.
Elle n'avait pas cligné une seule fois des yeux, pourtant elle était bien munie de paupières d'un blanc grisâtre.
Je ne me sentais pas à détourner le regard. Que m'arriverait-il si je la quittais des yeux ? Et s'il y en avait d'autres comme elle, qui m'observaient à cet instant également ?
Cette nuit là, je ne sais pas si c'était l'adrénaline du moment, mais j'ai fait marche arrière avec précipitation et n'aie rien heurté. J'ai fini par sortir de la forêt, comme si tout ce que j'y avais vu n'avait jamais existé.
Pourtant si.
Ce n'était pas la première fois que je faisais face à ces choses, bien que cette fois cela ressemblait presque à une promenade de santé.
Pas comme ce jour dans mon enfance. Ce jour, où la peur du noir est devenue une phobie.
J'avais peut-être onze ou douze ans, si ce n'est un peu plus. Je passais la nuit chez un ami qui vivait à la campagne. Il avait une grange dans son jardin, qui ne servait plus que de stockage. Elle était vieille, le toit en bois et les murs en pierre. Ce soir-là pour s'amuser un peu, on avait fait les grands et nous voulions nous y rendre pour fouiller les cartons et trouver des trésors.
La grange était bien éclairée, ce qui contrastait avec l'extérieur sombre, comme cette nuit en voiture. Il était donc impossible de percevoir quoi que ce soit par les fenêtres. Pourtant, tout le monde pouvait nous y voir comme en plein jour, nos silhouettes se reflétant à la perfection dans la bâtisse.
Puis, soudain, ce même cri de porc que l'on égorge. Il avait retenti dans les champs aux alentours, faisant vibrer le toit en bois comme du papier. Nous avions cru à un animal, quoi d'autre sinon ? Malgré cette réponse rationnelle, sur laquelle nous nous étions accrochés, la crainte s'était introduite dans nos entrailles et nous avait gelés sur place.
L'écho du cri s'estompa peu de temps après, mais contrairement à cette fois dans la voiture, le silence ne prit pas place. À l'inverse, nous pûmes entendre des bruits de pas contourner la grange.
Je ne sais pas encore aujourd'hui s'ils étaient plusieurs, mais leur marche était très agitée. C'était comme si nous étions à l'instant pris en chasse. Je me souviens des sueurs froides en entendant tous ces pas à l'extérieur de la grange. Les hautes herbes gesticulaient et les branches craquelaient bruyamment sous le poids de ces monstres. Mon ami pensait que c'était le vent.
Mais ce n'était pas le vent.
C'était des pas, j'en étais sûr, et aujourd'hui je peux le confirmer. Des pas distincts et rapides, qui tournaient en rond longeant les murs. Nous étions incapables de percevoir quoi que ce soit dans cette pénombre.
Nous étions pris de panique. C'était monstrueux.
Une danse macabre de créatures aux pas lourds et aux gesticulations grotesques. Parfois, nous entendions quelques-unes s'accélérer au milieu des hautes herbes, avant de reprendre leur allure de base.
Une mélodie épouvantable, qui n'attendait qu'à s'arrêter pour nous foncer dessus.
Cette nuit-là, impossible de sortir, nous avions décidé d'éteindre toutes les lumières de la grange et de rester calme dans un coin éloigné de l'entrée. Nous espérions que les choses se décident à partir, et nous étions prêts à y rester toute la nuit s'il le fallait.
Les fenêtres et la porte étaient toutes fermées, c'était notre seul sentiment de sécurité. Nous n'avons pas parlé ce soir-là. Trop peur de dévoiler notre présence. Incrédules, nous croyions encore avoir une chance.
Nous tremblions l'un contre l'autre, dos au mur. Les pas continuaient à nous tourner autour, certains pris d'une accélération avant de reprendre leur rythme. Parfois, le silence venait nous apporter du réconfort, mais c'était pour mieux nous effrayer lorsque nous entendions des branches craquer juste à quelques mètres.
Quand les bruits se stoppèrent pour de bon, nous avons bien attendu plusieurs longues minutes, presque une trentaine sans doute. Nous voulions être sûrs que ce qui se trouvait dehors avait quitté les lieux. Et alors que le sommeil frappa à notre porte, nous nous laissâmes un peu de temps de répit.
Ce soir-là j'aurais bien pleuré, mais je n'en avais plus la force. Mon ami et moi, nous nous regardâmes, espérant que l'un de nous se décide à bouger.
Puis, je fus pris d'un étrange frisson.
Et si le silence voulait surtout dire que les choses s'étaient arrêtées pour nous écouter ?
Sur le mur adjacent, à quelques centimètres de moi et à hauteur de mes yeux, mon regard se posa sur un petit trou où passait l'air froid de l'extérieur. Le calme m'avait presque fait oublier ce qui s'était passé. Nous n'entendions cette fois plus que le vent contre le feuillage des arbres et balayant les hautes herbes aux alentours.
Un rayon de lumière passait par le trou sur lequel je m'étais focalisé, avant qu'étrangement il ne laisse place à l'obscurité. C'était comme si quelque chose venait de l'obstruer.
Je m'approchais légèrement, intrigué par ce qui pouvait s'y trouver. Je fronçais les sourcils tout en m'avançant pour mieux voir.
Ce que j'y vis me glaça le sang.
Sur le coup, j'avais fait un bond en arrière. J'aurais pu crier, mais la chair de poule qui m'avait envahie à cet instant me coupa le souffle.
De cette petite ouverture se trouvait un œil. Gros, livide, stoïque. Il m'observait de tout son être, sans un bruit, sans cligner.
J'avais voulu prévenir mon ami, mais il était tellement apeuré qu'il avait fermé les yeux depuis un moment maintenant et avait caché sa tête dans ses mains.
Intrigué, mon regard se plongea de nouveau dans celui de la créature qui n'avait pas bougé d'un iota.
À quoi pouvait-elle penser ? Savait-elle dans quel effroyable état j'étais à présent ?
Ne pouvant jouer à ce jeu plus longtemps, je fermai à mon tour les yeux et me recroquevilla sur moi-même.
M'observait-elle toujours ?
Jamais je n'ai osé rouvrir les paupières jusqu'au lendemain. Je ne sais plus si j'ai fini par m'endormir. Je ne sais plus exactement comment s'est passé le réveil.
Ce que je sais en revanche, c'est lorsque nous sommes sortis de la grange. Nous vîmes clairement les branchages et hautes herbes aplatis sur le sol, formant un cercle entourant la bâtisse en pierre.
Quelque chose avait bel et bien tourné en rond autour de nous ce soir-là. Quelque chose m'avait épié.
Les parents ont tout de suite conclu que c'était des animaux, mais moi je l'ai vu. Son œil était bien plus humain.
Qu'est-ce que c'était, et pourquoi est-ce que ces choses ont fait tout cela pour repartir avant le lever du jour ?
C'est depuis ce jour que ma phobie devint plus cruelle. Observer ce que nous ne pouvons pas voir est effrayant. Mais, je crois que ce qui l'est le plus, c'est d'être observé.
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TragicBird - Wattpad
Cet écrit est assez long, mais je voulais marquer le coup pour Halloween ! :D
Joyeux Halloween à tous !
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