Stella Heavens
Des siècles avant notre ère, l'être humain commençait à évoluer, ses mentalités commençaient à changer. Il commençait à accepter la différence, son esprit commençait à s'ouvrir entièrement aux autres. Malheureusement, cette amélioration ne perdura pas dans le cours du temps. L'être humain, en voulant évoluer, a préféré suivre une mauvaise voie et... il est redevenu primitif. Presque comme un animal, comme s'il convoitait secrètement un retour à l'état sauvage.
Les États, les pays, les gouvernements, les Forces de l'ordre, les traités, les accords, rien de tout cela existe encore. Dorénavant, les alliés d'hier sont les ennemis d'aujourd'hui et les ennemis inconnus d'hier sont désormais découverts.
Désormais, la Terre était divisée entre deux clans qui se faisaient la guerre, les Rouges et les Bleus, aux idées extrémistes entièrement opposés. Entre importante propagande, attentats, massacres, affrontements, coups bas, la Terre se détruisait à petit feu.
L'électricité manquait, Internet n'existait que pour les plus hauts placés, comme si l'être humain était retourné à l'âge de pierre, mais avec des supers armes destructrices en plus. Nous pourrions tout aussi dire que nous étions à l'ère apocalyptique. L'affection, la négociation, et l'acception n'avaient plus leurs places.
Plus l'Horloge du Temps tournait, plus la Terre souffrait des affrontements et plus l'Au-Delà se remplissait.
Mais il restait, peut-être, un moyen pour nous sauver de cette situation qui ne tenait encore qu'à un fil... Alors que les humains portaient toute la haine et la violence du monde sur leurs épaules, une femme s'était unie à un homme du clan adverse et vint à enfanter une jeune fille et, plus tard, d'un petit garçon.
Il restait, peut-être, un espoir...
Il s'apparentait en l'image de cette jeune adolescente, qui représentait la pureté, la bienveillance, et l'innocence incarnées. Elle possédait l'humanité en elle... Cet ange tombé du ciel pourrait guérir tous les maux du monde, ses parents en étaient persuadés.
Stella Heavens, une fille pas comme les autres, vivait à l'écart de la civilisation humaine, ou devrais-je dire, des deux civilisations humaines. Sa mère avait toujours voulu la préserver des horreurs du monde extérieur. Mais Stella était curieuse, elle ne pouvait s'empêcher de suivre les actualités, même si elle ne comprenait pas pourquoi les deux clans se faisaient la guerre.
Ses parents avaient beau être du camps opposé – Ariella étant Bleue, Irving étant Rouge, par le passé, puisque les deux avaient retiré les tatouages sur leur peau –, pourtant cela ne les avait pas empêchés de s'aimer et de fonder une famille. Callum, son petit frère, suivait les instructions de sa sœur qui lui inculquait ses bonnes mœurs.
Avant, Stella était innocente, elle ne savait pas ce qu'elle était réellement, mais la curiosité aurait peut-être raison d'elle... Comme on nous dit souvent, il fallait mieux se méfier de l'eau qui dort, nous pourrions être surpris.
Un jour comme les autres à première vue, habillée de sa robe blanche et de son collier en forme de cœur bleu et rouge parsemé d'or, la jeune adolescente convoqua ses parents dans la salle à manger. Enfin, de ce qui devait être la salle à manger, car évidemment à cause des affrontements, la richesse mondiale et le confort avaient considérablement diminué... pour ne pas dire presque disparu.
Ariella et Iring étaient confortablement installés sur les chaises de cuivre brun, des bières à portée de main. Bien décidée, elle frappa la table de ses poings – pas trop fort quand même, faudrait pas la casser.
— Maman, Papa, je sais désormais quoi faire de ma vie ! Je vous demande juste de l'accepter, commença-t-elle prudemment, avant de poursuivre plus confiante. Je souhaite voyager dans le monde entier, propager mes idées, et rendre tout le monde heureux.
Ariella touchait ses longues mèches rose fuchsia, ses yeux bleu marine perdus dans le vide, sous le choc, encaissant et digérant l'information avant d'agir. Quant à lui, Iring, impulsif, démarra au quart de tour. Il frappa son poing sur la table qui, cette fois-ci, trembla.
— Tu rigoles, j'espère ?! C'est dangereux ! Tu pourrais te faire tuer !
Son père était inquiet pour sa fille, c'était totalement perceptible. C'était pour ça qu'il réagissait ainsi. Ariella ne disait rien, écoutant attentivement, tout en préparant ce qu'elle allait dire.
— Papa, ne t'inquiète pas. Je serais me débrouiller. Mes paroles ont l'effet d'une caresse optimiste et encourageante à toutes ces oreilles attentives, prêtes à m'écouter. C'est vous-même qui m'avez dit que j'avais un truc ! Que j'arrivais à changer les gens ! En bien ! Et puis... regardez, les vagabonds qui se sont arrêtés ici et fondés notre village unifié. Vous m'avez dit que c'était grâce à moi si j'ai réussi à les soigner ! À les faire devenir des personnes meilleures ! Et puis, à chaque fois que nous logions des voyageurs, vous me poussez toujours à leur raconter mes histoires, ma façon de penser, pour les conseiller, les écouter ! se défendit Stella Heavens, vaillamment, avant de mettre toute l'émotion qu'elle pouvait dans sa voix, les yeux brillants. Ça pourrait être une bonne chose... cela pourrait permettre de sauver la Terre...
— Je suis fermement contre ton départ. Ici, c'est différent, nous pouvons garder un œil sur toi, nous pouvons te protéger si cela tourne mal. Mais dehors, si tu rencontres des gens plus extrémistes et moins ouverts d'esprit, tu ne pourras pas te défendre. Vu comme tu es, fit Irving, figé sur ses positions, puis il regarda sa femme, de l'espoir dans les yeux. Ariella, ma puce, tu pourrais parler aussi, dire ce que tu penses. Comme dire que c'est complètement insensé de laisser partir notre petite folle à lier et insouciante de notre petit paradis !
Elle regarda son grand mari aux courts cheveux blonds et aux yeux d'argent, le regard vide avant de se réanimer.
— Mais ! Maman, enfin, dis quelque chose ! Comprends-moi ! s'écria Stella.
Les deux candidats du conflit regardaient la personne qui allait les départager. Iring pensait que sa femme allait le suivre dans sa démarche, mais il fut surpris lorsqu'elle se dressa contre lui. Quel coup de théâtre ! Elle tourna la tête vers son mari, l'air sérieux, et prit une voix aimable en parlant de Stella.
— Je pense que notre fille a pris une très bonne décision. Elle pourra ainsi toucher plus de monde qu'en l'enfermant dans ce trou paumé. Elle formera un nouveau parti. Un parti libre et égalitaire, pour vivre dans la tolérance et sans violence. Et retirer le caillou qui empêche les engrenages du monde et de la Terre de tourner correctement. Stella Heavens, ma fille, je te soutiens à 100% pour ton projet ! Mais je viens avec toi ! Avec Callum, nous t'accompagnerons. Ton père fera ce qu'il veut comme il n'a pas l'air enclin à cette décision.
Stella entendait les paroles de sa mère qui la ravissait, elle se retenait jusqu'à la fin des propos de celle-ci, puis elle sauta de joie en pleurant, un immense sourire aux lèvres.
— Pardon ?! Mais quelle est cette coalition ?! Raaaaaah ! pesta Iring, perplexe.
Il resta sidéré. Stella sauta dans les bras de sa mère et lui embrassa les joues, la remerciant infiniment. Son petit frère, un petit garçon brun d'une dizaine d'année tout mignon, fusa dans la salle à manger. Futé, il avait dû tout entendre. Stella le prit dans ses bras et l'éleva du sol.
— Je suis super contente, je n'aurais pas besoin de te dire au revoir !
— De toute façon, je ne t'aurais pas abandonnée, Grande sœur ! lui répondit-il, joyeusement.
Iring n'était pas content, même son propre fils était de leurs côtés. Tout le monde était contre lui !
Stella se dépêcha à rejoindre sa chambre et préparer ses affaires. Par ailleurs, elle n'avait pas grand-chose à emmener. Elle avait fait un petit somme avant de partir. Iring et Ariella avaient été témoins d'un événement surnaturel. La peau de Stella s'était mise à luire d'une douce lumière dorée. Ariella et Iring s'étaient promis de ne rien dire à leur fille, afin de ne pas la perturber avant le périple de sa vie.
Stella, Ariella et Callum Heavens exploraient les contrées du monde terrien, cette terre brûlée et fissurée, de village en village, de troupe en troupe en transmettant la sainte parole de la jeune adolescente. Comme par enchantement, les autochtones, qu'ils soient Bleus ou Rouges, adhéraient aux idées de Stella, se ralliant à sa cause. Ils brûlaient leurs armes et se décoloraient la peau ; ils exécutaient ces gestes symboliques pour prouver à Stella leur neutralité et leur engagement à la propagation de sa parole. Stella n'avait jamais eu de problèmes, sa voix angélique la sortait de tous les dangers... toujours.
Enfin, jusqu'à ce qu'elle ne fasse la rencontre des humains extrémistes, insensibles aux nouvelles idées. Mais, par chance, Stella était protégée par ses amis temporaires, rencontrés en route ou, encore mieux, sa mère.
Stella Heavens et ses exploits révolutionnaires devenaient de plus en plus reconnus. Au fur et à mesure, elle devenait une grande menace pour les Pôles extrémistes. Elle attirait de plus en plus d'ennemis, elle était de plus en plus victime de tentatives d'assassinats. Mais elle ne lâchait rien, elle se forçait à continuer, malgré la peur. Elle avait une destinée à accomplir.
Au commencement, ses amis temporaires étaient toujours là pour descendre les assassins qui songeaient à l'éliminer. Ils étaient si efficaces que pour la plupart, elle n'en était pas au courant.
Cependant, plus Stella et sa famille avançaient vers les fronts extrémistes Bleu et Rouge, plus les tentatives de meurtres devenaient beaucoup plus fréquentes et violentes et... de moins en moins, Stella parvenait à contrôler sa peur.
Si sa peur continuait de grimper, cela pourrait la bloquer et son innocence en prenait tous les frais. La peur et son impuissance face à la haine extrême la poussaient à se transformer. Son combat et sa peur lui avaient été très formateurs pour la suite, cela lui avait permis d'éveiller son plein potentiel.
Cette nuit sera la nuit la plus bouleversante de toute sa vie.
Stella lisait l'un des seuls livres qui avaient survécu à la guerre, tranquillement assise sur le canapé du salon d'une maison à étage. Elle était seule, les cheveux encore humides.
Il y avait du vent inhabituel dehors. Les chaises en plastique du « jardin » tombaient une à une ; s'ensuivit de la table, avant que ce ne soit le tour d'une branche d'un arbre se trouvant devant la maison.
Les yeux de Stella passaient de gauche à droite, attentifs et méfiants. Elle aperçut des formes se fondre dans la nuit, se rapprochant étrangement de la maison.
Quelqu'un finit par balancer une pierre dans la vitre. Stella sursauta, son regard fixé sur la fenêtre fissurée. Un homme brun à la peau rouge, armé d'un marteau, apparut soudainement et brisa la vitre avec ce dernier. Une femme rousse arriva de l'autre fenêtre, brisant elle aussi la vitre avec le même type d'arme. Stella hurla, plaçant ses bras devant son visage pour se protéger.
— MAMAAAAAAAAAAAN !!!!!!
— MA CHÉRIIIIIIIIE ?!!!! répliqua sa mère, soudainement inquiète.
Ariella ordonna à son fils de se cacher, de rester là où il se trouvait, avant de s'équiper d'un révolver et de sa batte de baseball, et descendit précipitamment les escaliers.
La mère défendit vaillamment sa fille, donnant le tout pour le tout.
— Stella monte à l'étage ! exigea sa mère, fermement, désireuse de préserver sa progéniture.
Les Rouges n'étaient pas seuls : d'autres arrivèrent. Ariella ne pourrait pas tenir bien longtemps face à tous ces envahisseurs. Mais, grâce à sa fièvre, grâce à l'amour de sa fille menacée, elle tint bon.
Elle résista jusqu'à ce qu'elle fit face à... Iring, son mari, et père de ses enfants !
— Tu es partie jouer le rôle de la Gardienne de la Purificatrice du monde, mais je ne la laisserais pas faire. Nous sommes les conquérants ! Les Bleus ne doivent pas survivre !! hurla Iring, fou de rage.
Il avait les yeux rouges, les cheveux en pétard. On aurait dit un fou. Il tenta de lui pointer son couteau dans le crâne. Elle parvint à survivre, de peu. Malgré l'effort miraculeux, elle trébucha.
Vivement, elle se releva et monta les escaliers, ouvrant le feu avec son pistolet. Après son petit massacre, elle demanda un duel à la loyal contre son mari... qui n'allait pas le rester longtemps, visiblement.
— Mais tu es dingue, ma parole ! Tuer notre propre fille ! C'est inhumain ! rétorqua Ariella, entrant dans une colère noire.
— L'humanité a été détruite depuis des siècles de l'être humain, répondit Iring, avec un sourire malicieux. Il est inutile de la voir réapparaître, ce qui vient du passé reste au passé...
Ariella exprima son mécontentement et contesta les dires de son bientôt EX-mari en hurlant des insultes. Ils se battirent violemment. C'était un excellent moment pour régler tous leurs problèmes, les petits comme les grands ! Tout était permis !
Malheureusement... Iring eut raison d'Ariella. Il la frappa violemment avec ses poings et pieds musclés et la termina en enfonçant le couteau dans son crâne.
Ariella tint le bras portant le couteau pour se défendre, puis ses bras devinrent mous, et son corps s'effondra.
— Stella surtout ne lâche rien, ne t'arrête pas dans ta quête ! Tu dois continuer... murmura sa mère avant de s'évanouir à jamais, un sourire aux lèvres, des larmes tombant sur ses joues.
La jeune femme avait observé la scène, cachée sous une étagère couverte de vêtements qui pendaient sur les côtés, les yeux de son frère recouverts par ses mains... sauf à la fin, où Stella s'effondra à son tour.
Sa mère était morte et elle n'avait rien fait pour la protéger. Elle se sentait coupable de n'avoir oser rien faire, à la simple justification du respect de ses principes fondamentaux ! de cette fameuse anti-violence ! Stella se sentait terriblement mal de ne pas avoir agi. Elle aurait dû la défendre, comme sa mère l'avait fait maintes fois...
Elle se sentait doublement blessée car son père était l'auteur du meurtre. Enfin, ce ne pouvait plus être son père après cet événement...
Le cœur de Stella, pour la première fois de sa vie, se remplit de colère, mais c'était une colère légitime. Son cœur réclamait justice, une profonde vengeance.
Il était encore trois, dont son géniteur. Ils rasaient l'étage, ils finiront par les trouver.
Alors, elle décida de les surprendre avant qu'elle ne se laisse prendre. Déterminée, Stella sortit de sa cachette, tenant la main de son petit frère, et percuta son père pour rejoindre sa chambre. Son frère était derrière elle, collé au mur sous la fenêtre.
Stella se dressait contre ces envahisseurs. Iring et les deux se tenaient devant elle, prêts à lui ôter la vie. Iring s'approcha et prépara ses poings, prêt à frapper, démontrant sa force et son imposante carrure. Stella faisait mine d'être confiante, même si elle n'avait que l'envie de se défiler.
— Ne l'approche pas ! Tu ne lui feras rien ! Je te laisserais pas faire un pas de plus ! cria-t-elle, en essayant d'être menaçante, mais sa peur était tout autant perceptible.
Il souffla, amusé.
— Toi ? Mais Stella, tu es la fille la plus inoffensive que je connaisse, tu ne ferais même pas mal à une mouche ! Tu t'es toujours battue contre l'usage de la violence, qui pourtant dirige notre monde ! railla Iring, hilare.
Il accentua ses dires en la giflant violemment, y laissant une marque rouge. Stella se mordit les lèvres, elle allait pleurer, mais elle se retient fermement. Elle devait être forte pour Callum !
Iring continuait de lui mettre des coups au visage. Stella continuait de loucher entre le chandelier qui se trouvait sur le bureau, à sa droite, et son père, qui se trouvait devant lui, écoutant les paroles apeurées de son petit frère.
Son géniteur la voyait faire et continuait dire qu'elle n'oserait jamais. L'ancienne Stella n'aurait jamais pris le chandelier, c'était un fait, mais, la nouvelle en était pleinement capable.
La mâchoire serrée, elle prit le chandelier dans sa main et frappa son père à la tempe, avant de le plaquer avec hargne sur le fauteuil rouge à sa gauche, tout en continuant de cogner le visage de son géniteur avec le chandelier.
Il râla de douleur et ordonna à ses deux sbires à la peau colorée de rouge de le secourir. En moins de deux, Stella fut décrochée de son paternel et perdit l'avantage du combat. Ils s'attaquèrent à trois contre un.
Elle se battit courageusement. Sa chambre d'emprunt devint un véritable désordre ! Stella utilisait tout objet comme une arme contre ses ennemis. Elle assomma l'homme avec une coupe, écrasant sa boîte crânienne. Pour la femme Rouge, elle eut une fin plus brutale. Stella la prit et la fit valser sur le bureau, son dos tapant sur tous les objets pointus disposés dessus. Stella la balança de droite à gauche. Cette Double gifles fit vaciller la femme.
Stella se retourna et lutta contre Iring. Elle lui donna un coup de pied, il tomba contre la porte, un peu sonné, et lui vola son couteau. La jeune femme se mit sur le ventre de la femme, positionnant son couteau vers le cœur. Ses mains se rapprochèrent de plus en plus du cœur de la femme qui pleurait légèrement en remarquant qu'elle allait mourir. Son regard suppliait Stella de ne pas la tuer.
A cet instant, la vue de Stella était embuée de colère depuis la mort de sa mère. Stella était fermement décidée à la tuer et, ensuite, ce sera au tour de celui qui l'avait mise au monde. Elle voulait se venger.
La Rouge était sincère dans ses paroles, elle avait vraiment peur de mourir. Une voix bienveillante dans la tête de Stella l'arrêta au moment le plus culminant, avant que son cœur pur ne soit affecté par le virus qui avait perverti l'espèce humaine toute entière avant son arrivée.
Stella Heavens, tu n'es pas comme tous ces humains, tu n'es pas réellement violente. Tu n'es pas une tueuse ! Ne laisse pas ta colère affecter ton cœur pur !
Stella eut un déclic et le voile sombre sur ses yeux se perça, elle pouvait de nouveau voir clair. Elle laissa tomber le couteau, tétanisée en elle-même par ce qu'elle comptait précédemment d'accomplir.
— Te tuer serait contre mes principes, au nom de la bienveillance, je te garde la vie sauve, lui dit-elle de sa voix angélique.
L'enchantement se produisit. La Rouge lui promit de suivre ses principes pour un monde meilleur, même si elle ne l'avait pas clairement prononcé, mais Stella voyait sa reconnaissance dans ses yeux marrons.
Puis tout s'arrêta. Elle entendit Callum hurler, pour la prévenir.
Des mains se bloquèrent sur sa bouche. Les bruits lui paraissaient sourds. Sa vue se troubla et elle se sentit partir. L'irrigation en oxygène subit de profondes perturbations, trop de perturbations.
Elle n'avait plus assez d'air. Son environnement tournait, sa vue se troublait encore plus, elle ne contrôlait plus rien. Sa gorge lui brûlait tellement fort...
Puis tout devint noir. Iring avait eu raison de sa fil... cible.
Stella avait cessé d'être sa fille le jour où elle était partie embrasser sa destinée. Iring avait cessé d'être son père à partir du moment où il avait tué sa mère.
A quoi bon continuer, maintenant ? L'enfant angélique était mort, l'espoir allait dépérir avec lui, ou s'amplifier savait-on jamais, mais c'était sûr que cela ne durerait pas. Oui, cette relance d'espoir serait éphémère sans meneur, sans leur meneuse...
Callum regardait sa sœur sans vie, étendue sur le sol. Il était terrifié et Iring le remarquait parfaitement. Il releva son associée Rouge, même s'il la sentait différente.
Il se mit à genou, avant de s'essuyer le visage de sueur et de sang. Il tendit ses bras, comme pour enlacer son fils, pour le consoler.
— Viens mon fils, je te ramène à la maison... Ensemble, nous pourrons enfin vivre heureux... Tu seras en sécurité, avec ton papa...
Callum ne bougea pas. Il ne savait pas s'il devait avancer ou reculer. Sa sœur avait toujours été un modèle pour lui, toujours là pour le rassurer quand cela n'allait pas, toujours là pour l'apaiser.
Dorénavant, il était tout seul, il ne restait plus que son père, son unique repère. Malgré son jeune âge, il savait que sa vie changerait à jamais. Son père se ralliera aux autres extrémistes Rouges et il tentera de le pervertir à ses dogmes.
Son père continuait à le bercer par ses douces et rassurantes paroles. Iring ne s'arrêterait pas, il était fermement décidé à ramener son fils avec lui de son plein gré ou que Callum s'y sente obligé. Le petit garçon commença à marcher vers son père, d'un pas hésitant.
— Allez, viens voir Papa, Callum... Tu m'as tellement manqué.
Le côté tueur d'Iring s'était entièrement évaporé, là c'était son côté papa poule qui prenait entièrement place. Il avait un genou plié et l'autre allongé, et prit les mains de son fils dans les siennes, yeux dans les yeux.
Callum avait encore le choix mais, après, il ne pourrait plus faire machine arrière : Mais qu'est-ce que Stella aurait fait, à ma place ?
Stella Heavens ne l'aurait jamais accepté. Elle perdrait trop gros, simplement pour être en sécurité. Elle, elle aurait préféré prendre le risque de vivre librement plutôt qu'être en sécurité mais emprisonnée. En l'occurrence, pouvait-elle encore faire quelque chose ? Tous ses efforts avaient-ils servis à rien ?
Elle n'avait pas fini sa Mission ! et son frère allait se faire embrigader par son père, ce Rouge extrémiste ! Mais... elle ne pouvait rien faire : elle était morte.
La jeune femme se rappelait d'être tombée dans cette pièce vide et grisâtre. Elle se gratta la tête et s'être dit : C'était donc ça... la mort ? Vivre dans un endroit lugubre, sombre, vide, et sans personne ?
Non... Cela ne pouvait pas être ça. Cela faisait déjà deux jours qu'elle était là et elle s'ennuyait déjà à mourir – une deuxième fois. Le temps semblait s'écouler, ici, plus vite que sur Terre.
Elle avait eu le temps de croiser les agents d'entretien et les restaurateurs du Monde des Morts deux fois. Ils lui avaient expliqué qu'il y a des siècles, du temps où l'être humain était assez évolué, le Monde des Morts était beaucoup plus attractif et vivant... Mais le Dieu de la Mort avait changé de fusil d'épaule et avait décidé de retrancher les « nouveaux humains » dans ces cases grises pour les enfermer, qu'ils déchaînent leur rage et leur haine dans leur propre monde, pour ne pas contaminer les anciennes âmes humaines. Qui eux, avaient la belle vie dans leur parc d'attractions, leurs hôtels de luxe, et tout le tralala !
Mais Stella Heavens n'était pas comme les autres. Elle n'était pas méchante, elle n'avait tué personne – même si elle avait failli. Stella était différente.
À force de rester seule à ne rien faire, elle allait finir folle. Son besoin social ne pouvait être satisfait uniquement lorsque les restaurateurs lui apportaient son repas ou que les agents d'entretien s'occupaient de sa cellule grise.
Ils leur contaient les histoires des anciens humains, cela la faisait rêver. Stella se demandait comment l'être humain avait fait pour basculer à ce point, pour tomber aussi bas...
Elle leur répondait en partageant sa bienveillance, sa façon de penser, son désir et besoin de sauver le monde des vivants. Ils lui faisaient remarquer aussi qu'elle était différente, qu'elle ne devait pas rester ici.
Qu'elle n'était pas à la bonne place.
Au bout du cinquième jour, Stella ne reçut plus de visites et elle devint complètement folle.
Elle frappait les murs qui la rendaient prisonnière, hurlait son besoin de s'évader, pleurait son désespoir, le fait qu'elle ne pouvait plus rien faire pour sauver l'humanité car on lui avait ôté cette chose essentielle qui était la Vie.
Elle voulait toucher les Anges avec sa peine, son cœur pur, et son envie sincère de changement.
Lors du septième jour, Stella n'était plus dans sa prison grise. Elle se retrouva dans les nuages, illuminée par une lumière pure. Un personnage blond aux yeux bleus, habillé en toge blanche, avec de grandes ailes majestueuses, apparut en face d'elle, les bras tendus. Stella ne savait pas si l'Ange était un garçon ou une fille, mais soudain elle se rappela que les Anges n'avaient pas de sexe. Même Stella, malgré ses cheveux longs et ses marques de féminité, elle ne s'était jamais sentie entièrement femme...
— Ma Sœur, tes cris de détresse si profonds ont réussi à arriver jusqu'à nos oreilles... Nous savons ce que tu as éprouvé, ce que tu as surmonté, au sein du monde dans lequel tu vis... Mes Frères et Sœurs t'ont entendu, et m'ont chargé de m'occuper de toi, fit l'Ange, d'une voix angélique aux mêmes consonances que celles de Stella.
— Que me vaut l'honneur de votre visite ? questionna Stella, souriante, ravivée par la joie communicative de l'Ange.
Elle devait bien l'avouer, arrivée sur le territoire de la Mort, l'âme de Stella avait commencé à s'éteindre. Son enthousiasme, son optimisme, s'envolaient, partaient en fumée progressivement...
— Stella Heavens, et si Nous te donnons la chance de tout recommencer ? Une chance de... revenir dans le monde des vivants sous une forme encore plus attirante que maintenant ? proposa l'Ange, malicieux.
Stella rendit son air malicieux, avant de faire exploser toute sa joie qui animait tout son être.
— C'est mon rêve le plus fou ! C'est magique, c'est magnifique ! Bien sûr que j'accepte !
On lui proposait l'impossible, il faudrait être complètement idiot pour refuser.
— Il n'est pas trop tard pour empêcher la tragédie ! Stella, réveille-toi ! Poursuis ta destinée ! et sauve ton frère !
Il balaya son bras devant elle, y déposant de la poudre scintillante et... elle disparut.
Elle se vit tomber entre les nuages blancs, puis gris foncés à cause de la pollution atmosphérique, puis elle quitta le ciel pour se rapprocher de sa terre, couverte de cicatrices, celle qui l'avait mise au monde, voir des habitations familières, avant de retomber dans son propre corps endormi.
Stella sentait de nouveau l'essence de la Vie dans ses veines, ses os, ses muscles... Aaaah, quel bonheur de se sentir vivante !
Ses oreilles lui indiquaient que son géniteur était à deux doigts d'embarquer son frère avec son associée. Mais Stella était de retour, et elle ne laissera pas Iring agir ! On ne se débarrassait pas de Stella aussi facilement !
Elle fit un râle. Tous la regardèrent, sous le choc. Tous devaient se dire : « Ohhhh mon Dieu ! Elle a survécu ! Comment est-ce possible ?! »
Elle ouvrit ses yeux, qui s'illuminèrent. Ses cheveux devinrent plus clairs. Comme dans la maison où elle avait grandi, son corps battit d'une lumière dorée jusqu'au moment où elle se leva.
Elle se sentait plus forte, plus résistante. Elle se sentait transformée. Une énergie nouvelle animait son corps.
Callum sourit, un air malin sur le visage, il tapa les mains de son paternel pour se dégager.
— Jamais je ne partirai avec toi ! Tu as tué Maman ! cracha-t-il, dégoûté, les sourcils froncés, en tirant la langue, avant de s'écarter.
Stella se releva furtivement. Des ailes de lumière, brillamment bleu clair et jaune, lui apparurent dans le dos. Elle s'élança vers Iring et lui envoya un puissant poing de lumière dans la figure.
Iring vacilla à en tomber par terre. Son associée ne fit rien, elle avait une dette envers elle. Toutefois, Stella sentait que son âme n'était pas entièrement guérie. Alors, elle balaya un jet de lumière sur la Rouge d'un revers de la main.
Ensuite, elle courut vers la fenêtre, attrapant Callum au passage. Les poings en avant, elle brisa la fenêtre.
Et Stella Heavens prit son envol vers les étoiles, vers sa destinée...
Stella Heavens, l'Ange tombé du ciel, fera tout pour protéger son petit frère de ces êtres impurs. Elle fera tout pour guérir l'être humain et sauver la Terre. Cette nuit fut le déclic, Stella Heavens cessera d'être innocente. Maintenant, elle était fin prête. Elle allait pouvoir agir.
Toi qui lis cette histoire, si un jour tu aperçois une comète dans la nuit noire, dis-toi que c'est peut-être Stella Heavens, l'Ange aux ailes de lumière, qui t'apporte du courage pour affronter ou embrasser ta destinée...
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