Les Voyageurs du Temps
Je suis Kaïs Upsilon, j'ai le pouvoir de voyager dans le temps. Je peux voyager où je veux, quand je veux, mêmes dans les endroits les plus fous auquel on croirait difficilement l'existence. Entre fiction et réalité, ici, il n'y a qu'un pas.
Mon but ? Réarranger les incohérences de l'Histoire afin de préserver sa continuité. Je suis un peu un super-héros des temps modernes, ou futuriste, voire préhistorique en fonction de l'époque où je me trouve !
Nous sommes les Voyageurs du Temps. Et je vais vous raconter mon histoire...
Je venais de lutter contre un renard-garou, qui essayait de tuer une princesse Autrichienne victime d'un assaut des petits hommes verts, quelque part dans le milieu de l'Europe du XVIII, lorsqu'une Porte temporelle apparut devant mes yeux, au sein de cette vaste prairie verdoyante. Cette Porte était très caractéristique, des couleurs pâles presque psychédéliques, un décor flou qui démontrait l'incommensurable grandeur du Temps.
Je me jetais immédiatement au travers. La Porte se referma l'instant suivant, en un coup de vent. Sachez qu'une Porte qui apparaît comme ça n'était jamais bon signe, c'était une convocation surprise du Temps. Que m'avait alors préparé cette entité ancestrale ?
Je pénétrais dans l'immense Couloir vertical étincelant de différentes couleurs vives. Des Portes menant à différemment endroits, à différemment époques, ces mondes extraordinaires, tournoyaient autour de moi de manière imprécise et désordonnée.
Ce Couloir d'une longueur immense, sans aucun repère, pouvait donner bien des vertiges, en particulier aux plus amateurs. Par chance, avec le temps, j'avais réussi à me familiariser avec ce décor qui défiait les lois de la physique. Mais, que je vous fasse rire ; au début, je pouvais vomir trois fois avant de trouver la bonne Porte !
Je lévitais tranquillement en l'attente de quelque chose. Quand tout à coup, une Porte apparut brusquement. Une Porte qui ouvrait sur une plage paradisiaque, avec le sable blanc, les palmiers, le Soleil, l'eau bleu turquoise. En bref, un décor de rêve.
Une femme que je connaissais plus que bien fut violemment amenée, les bras et les jambes en arrière. Une Indienne, hypnotique, aux longs cheveux sombres et soyeux, aux yeux typés et violet sombre, entre-aperçus au-dessus des lunettes de soleil noires qu'elle portait, vêtue d'une robe violette à fleurs rose bonbon, avec des tongs hawaïennes aux pieds, me faisait face. Elle était ravissante, elle me faisait rêver – surtout complètement craqué. Elle m'apostropha, les yeux luisants :
— KAAAAAAAAAAÏÏÏÏS !!!
— AMAYAAAAAAA !!! criais-je à mon tour, un sourire aux lèvres.
Nous nous approchâmes, désireux d'augmenter cette proximité physique. J'allais lui caresser les mains quand... un vent violent la renvoya dans la Porte temporelle auquel elle était venue.
Amaya Sigmâ hurla, prise d'une peur soudaine, ne comprenant pas le tempérament du Temps.
— AMAYAAAAAAAA !!! NOOOON !!!! m'écriais-je, sur un ton déchiré.
Je la vis, projetée par le vent, revenir sur sa plage paradisiaque... La Porte se referma, mais resta là. Puis d'autres Portes se rassemblèrent devant moi et se mirent en lignes, sur plusieurs rangées. La Porte d'Amaya entra dans cet amas de Portes et... Elles se mélangèrent.
Tout ça dans un profond chaos. Les couleurs si vives devinrent sombrement rouges, et au lieu d'onduler, elles formaient des piques.
Une voix grave, caverneuse, magique, et surtout intemporelle perça ce silence pesant, cette incompréhension. Une voix qui résonnait sur les « parois » du Couloir tout entier. C'était le Temps.
Je voulais des réponses à sa réaction, et je ne fus pas au bout de mes peines. Des réponses, ouais, il allait m'en donner !
— KAÏS UPSILON ! C'EST JUSTEMENT À CAUSE DE ÇA QUE JE T'AI CONVOQUÉ ! TOI QUI ES MON MEILLEUR ÉLÉMENT, MON PREMIER VOYAGEUR TEMPOREL ! – et toi même tu sais qu'ils n'en restent plus beaucoup... – JE NE POUVAIS CONTINUER DE TE LAISSER TOMBER À LA DÉRIVE ! DEPUIS QUE TU T'AMOURACHES AVEC CETTE AMAYA SIGMÂ, TU ES MOINS EFFICACE, TU ES TROP DISSIPÉ ! TU NE TE DONNES PLUS CORPS ET ÂME À TA QUÊTE ! CELLE DE SAUVER L'HISTOIRE POUR QUE RIEN NE SOIT CHANGER !
Je tournoyais sur moi-même. Et pour les rares fois, j'en avais le tournis. La colère et la détresse du Temps me déstabilisaient.
— Que voulez de moi alors ? Vous ne voulez plus que je vois celle qui fait chavirer mon cœur ? demandais-je, alors, perplexe.
— OH, NON, NON, NON ! VOYONS ! CE SERAIT COMPLÈTEMENT IMMORAL D'ENLEVER L'UN DE MES AUTRES PLUS GRANDS ÉLÉMENTS ET LA FEMME QUE TU AIMES ! JE NE SUIS CRUEL ! JUSTEMENT, J'ESSAYE DE MARIER PLAISIR ET TRAVAIL ! (Le Temps fit une pause:) ALORS JE TE PROPOSE DE SUIVRE MES INDICATIONS, ET SAUVEZ LES MONDES QUE TU AS DÉLAISSÉ DEPUIS QUE TU AS RENCONTRÉ AMAYA, ET... UN JOUR, TU RETOMBERAS SUR ELLE...
Pardon ?! C'était complètement fou comme chantage ! Mais moi, je ne survivrais pas sans la présence d'Amaya...
D'un autre côté, le Temps voulait me faire réagir, j'avais été trop égoïste en laissant une place trop importante à l'amour dans ma vie... Il fallait que ça cesse, que je reprenne les rennes de ma vie...
Je pris une grande inspiration.
— Je suivrai toutes vos demandes et souhaits les plus ambitieux, et tâcherai de les accomplir. C'est ainsi, vous êtes le Maître, et moi l'Exécuteur, exclamais-je, loyalement.
— BIEN ! COMMENÇONS ! laissa échapper le Temps, semblant satisfait.
Les couleurs du Couloir redevenaient un peu plus vives, moins agressantes. On aurait cru que le Temps avait tapé du poing.
Une Porte temporelle se dirigea devant moi : un bateau fantôme en pleine mer, sous la brume... Surpris, je fus propulsé à l'intérieur. Je criais dans ma chute dans le tunnel temporel, annexe du grand Couloir.
La Porte s'ouvrait en l'air, je poursuivis ma chute jusqu'à atterrir dans le bateau de ce lieu lugubre.
Ouille...
D'accord... c'était donc ça, ma première mission de rattrapage...
J'entendis de légers sanglots, semblant venir des cabines des marins. Je descendis, passant mon regard dans chaque cabine, me rapprochant des pleurs. Puis, je tombais sur un petit garçon, recroquevillé sur lui-même, terrifié. Je vins à lui, l'apostrophant, pour ne pas l'effrayer, et me mit à genoux devant lui, tâchant de rester rassurant :
— Petit, dis-moi, qui a-t-il ?
— Je... je... Mon équipage est mort de faim en m... mer... et j'ai découvert... que... j'étais pas seul dans le navire ! m'expliqua le petit garçon terrifié, timidement, peinant à parler.
— Ne t'inquiètes pas, je suis là maintenant, rassurais-je, avec une étreinte protectrice.
Je connaissais ce garçon. Enfin, je voulais dire que je connaissais son histoire. C'était un certain Marcelino, descendant de famille aisée. Opprimé par les règles de sa famille de bourgeois, et son envie de liberté maritime, il s'enfuit pour devenir un pirate. J'étais arrivé au moment de son existence où il était censé être seul dans le navire, cette aventure seul a pour objectif de lui faire une prise de conscience et lui faire acquérir l'expérience pour devenir un capitaine grandement reconnu dans la piraterie, en l'occurrence pour son influence qui permettra de normaliser et équilibrer le milieu. Redingo, ou Barbe Rouge. S'il n'était pas seul, je devais le protéger pour qu'il réussisse sa destinée.
J'entendais le « tic, tac... » incessant de l'horloge, créant une certaine tension, seule source sonore mise à part la respiration du garçon dans ce navire fantôme.
— J'ai besoin de ma boussole, qui se trouve dans la cabine de l'ancien capitaine. Elle appartient à mon oncle, il me l'a confiée. Elle est importante pour moi. Il faudrait que je retourne la chercher, mais je me sens plus en sécurité nulle part dans ce rafiot, sauf ici, exposa le pauvre Marcelino.
— Bien, nous irons la chercher, répondis-je, confiant.
J'avais accepté de l'aider, car sa boussole lui permettrait d'embrasser sa destinée, car son détenteur était celui qui l'avait motivé à poursuivre ses rêves.
Furtivement, le garçon proche de moi, j'avançais dans le couloir, les portes des chambres des marins entre ouverte.
Puis, d'un seul coup, il y eut une forte bourrasque. Les bougies s'éteignirent d'un seul coup. Cela ne me dérangeait pas, je poussais Marcelino pour le forcer à avancer.
Des ombres furtives traversaient les portes, des objets tombaient mystérieusement sur le sol. J'appréhendais ce sur quoi nous allions tomber. Mais nous ne reculions pas, nous continuions d'avancer, d'un pas plus pressant.
Une fois sortis à l'extérieur, tout se passa très vite. Nous étions au milieu du navire abandonné, près du mât. La porte de la cabine du capitaine et celle des cabines des marins s'ouvrirent. Des zombies pirates fusèrent de toutes parts !
Je commençais en m'élançant sur le mât, tournoyant dessus, donnant des coups de pieds à tous ces morts vivants. Ils paraissaient, presque fantomatiques, avec leur vieille peau verte luisante.
Je les combattis un à un, tâchant de ne pas me blesser, et surtout à ce que Marcelino ne soit pas toucher.
— Cache-toi dans la cave ! lui conseillais-je, vivement.
Il se jeta dedans à corps perdu, pendant que j'attirais les zombies pirates à l'autre bout. Je luttais contre eux, puis je fuis sur le mât. Ils arrivaient à grimper, se montaient dessus. J'arrivais à les pousser dans la mer une fois en haut.
Cependant, alors que j'étais encerclé de toute part, j'entendis Marcelino crier.
— MONSIEUR ! IL Y A UN ZOMBIE DANS LA CAVE ! IL ESSAYE DE ME BOUFFER ! AAAAAAAHHHH !
Je me laissais tomber de la barre du mât la plus haute, me laissant glisser jusqu'à la barre de bois plus basse et m'élançais dans le vide avec la corde. À l'abordage !!
J'atterris dans la petite cave. Paf, paf, paf ! J'explosais ensuite la tête du zombie enchaîné contre le mur. Les zombies restants accouraient vers nous.
— Monte sur mon dos !
Marcelino monta sur mon dos et je remontais sur le navire. Puis, je rabaissais la grille, la scellant à double-tour. Les zombies pirates étaient totalement enfermés.
Je fis un dernier petit tour dans le navire, afin de voir s'ils restaient des zombies, fort heureusement, nous étions désormais seuls.
Le petit Marcelino entra dans la cabine du capitaine et prit la boussole entre ses mains, ému.
Puis, il se rendit au gouvernail et le fit tourner avec énergie.
— Direction la côte du Pays-Bas ! lança Marcelino, plein d'entrain.
Je veillais sur Marcelino durant deux heures. À l'aube, nous débarquions dans un port du Pays-Bas, les zombies ayant disparu dès que la lumière du jour les traversa. Marcelino tint à me remercier, m'offrir ses pièces d'or restantes, mais je refusais. Je n'avais besoin de rien. Je lui dis, en haut du pont :
— Petit, il est l'heure, je dois partir...
Je ne lui laissais pas le temps de se retourner. Je déferlais le pont et tombais dans l'eau. En réalité, je fis un saut de l'ange dans une Porte temporelle.
Désormais, je me retrouvais dans les tunnels souterrains du Palais d'Hiver de Moscou, lors de la révolution russe en 1917. Voilà le genre de mission que j'avais l'honneur et l'obligeance d'accomplir. Clairement, mon but était de protéger l'Histoire contre les êtres qui voulaient la changer. Une incohérence pourrait bouleverser toute la chronologie de l'Histoire et qui savait comment la Terre serait devenue dans un futur alternatif...
Le Temps me fit passer dans un grand nombre d'endroits. Passant par la révolution russe pour protéger l'Empereur, le temps de la Terreur avec Robespierre pour éviter que certaines personnes décèdent à la place d'autres, en 1520 avec le voyage de Magellan pour éviter qu'il se fasse assassiner par son propre second, la Première Guerre mondiale (1914-1918), j'avais même dû empêcher un assassinat d'Hitler avant le jour J durant la deuxième entre 39-45...!
Mes entrées et mes sorties dans les Portes temporelles étaient de plus en plus spectaculaires !
Je ne m'arrêtais jamais de courir à travers les Âges.
C'est ça aussi d'être un Voyageur du Temps, nous ne nous arrêtons jamais de courir, sans arrêt, inlassables.
La Porte temporelle était au sol, j'en fus éjecté avec une violence ! Je m'étais rétamé par terre ! J'étais dans un endroit étrange, entouré de montagnes grises. Devant moi se trouvait trois tours, celles des extrémités étaient moins grandes, moins volumineuses, et en plus mauvais état.
Celle du milieu était, au contraire, plus imposante et majestueuse. Rouge de marbre, les étages séparés par de grosses bordures d'or. Le toit ressemblant à un serpent ou un dragon argenté enroulé, aux yeux bleus de saphir.
Je ne savais pas à quelle époque je me trouvais – eh ! J'avais le droit d'avoir des trous de mémoire ! –, et cela m'arrivait de plus en plus. Néanmoins, le terrain, plongé dans la brume, était apocalyptique.
J'entrais dans la première tour. Comme toujours, tout dégénérait très vite. Un énorme monstre de matière, aveugle, et jaune déboula dans les étages moyens de la Tour. Il s'attaquait aux réfugiés pauvres et malades de la première Tour vers les étages inférieurs. Il était extrêmement rapide et très bruyant. Il avait fallu que je sois dans ces dits étages inférieurs à lui...
Je roulais sur moi-même pour me cacher entre des grosses cases de marchandises. Le monstre sillonna toute la pièce, passant dans chaque recoin pour y dénicher une victime.
Par malheur, j'entendais des gens mourir dans l'agonie. Leurs morts étaient extrêmement rapides.
Je soupirai de soulagement lorsqu'il entama la descente de l'étage.
Je chuchotai pour voir s'il y avait des survivants. Personne ne me répondit. J'étais seul. Il ne restait plus que les bouts d'os et de chair qui gisaient sur le sol. Je réprimais un haut-le-cœur de dégoût.
Je m'apprêtais à monter pour rejoindre le point de contrôle quand j'entendis une petite fille crier. Mon cœur pur m'obligea à la secourir.
Je déferlais l'escalier. J'entendais un homme qui essayait de défendre ce que je pensais être sa femme à l'étage encore précédent. Le combat contre le monstre paraissait mouvementé ! Il y avait une vraie pagaille !
Je m'approchais de la petite fille, recroquevillée sur elle-même, encore plus terrifiée que le petit Marcelino, et la rassurais comme je savais bien le faire.
— Ne t'inquiètes pas, tes parents survivront, lui promis-je.
Ensuite, je la portais à l'horizontal, et remontais les étages un à un jusqu'au point de contrôle. La seule pièce modernisée dans cette vieille Tour ! Du métal partout, des écrans de surveillance, des gens avec des casques et des micros. On se serait cru dans une station aérienne.
— Prévenez la Tour maîtresse, pour qu'elle puisse vous défendre avec ses armes à feux. Evitons les morts inutiles !
Les calmes personnes me regardaient et commençaient à agir lentement. Enfin, ils se précipitaient mais ils étaient trop lents à mon goût.
Alors, sans leur autorisation, j'arrachais un micro des mains d'un des hommes et envoyais ma requête. La Tour maîtresse m'envoya une réponse positive, mais il fallait sortir le monstre en dehors des Tours. En effet, l'organisation ou la personne derrière tout ce traquenard avait été maligne puisqu'elle avait emmené un monstre dans les deux Tours.
Je déposais la petite fille. Je descendis quelques étages, où il n'y avait aucun survivant. Et je fis apparaître une Porte temporelle.
Je réapparus une seconde plus tard – dans le temps – au même étage que le monstre. Je concentrais l'attention sur moi pour qu'il me suive jusqu'en extérieur. L'autre, hélas, avait dû décimer les réfugiés de l'autre Tour, sortant de la seconde.
Les deux monstres me courraient après, je fonçais vers la Tour maîtresse. Des canons sortirent du toit en forme de serpent/dragon et bombardèrent les monstres qui volèrent en éclats – ou plutôt en flaque de matière jaune.
J'avais empêché le plus de morts possibles, j'avais évité que les monstres s'enfuient et ainsi propager la mortalité dans le reste du pays, et peut-être du monde. Et pourtant... la prochaine Porte temporelle n'apparaissait pas.
Quand tout à coup, je fus attiré par une aura invisible au Nord de ma position, encore plus loin que la deuxième vieille Tour. L'atmosphère était d'un violet nuancé. Le sol, le ciel, la brume qui planait, tout y était incorporer. Je percevais la jolie indienne qui faisait battre mon cœur au milieu de cette brume. C'était elle, je le savais, je le sentais.
Mais elle n'était pas seule. Une autre personne, non statique, se trouvait aussi dans la brume.
Et cette personne, entièrement vêtue de vert, me déclara en duel.
Je m'étais battu fièrement contre elle, la défaite ne m'était pas permise. Et, la personne vêtue de verte disparut, une autre Voyageuse du Temps sans doute.
Ensuite, je m'approchais alors d'Amaya Sigmâ. Je l'enlaçais et son corps se transforma en fumée entre mes doigts. La prochaine Porte temporelle apparut soudainement. J'y pénétrais avec un sourire amer.
— Le Temps, ce n'est pas très sympathique de me mettre des clones d'Amaya sur ma route... En plus d'envoyer d'autres Voyageurs du Temps pour me tuer, sans nul doute vous devez savoir qu'il y a une grande rivalité entre nous. C'est dégueulasse de me donner de faux-espoirs comme ça ! raillais-je, furieux.
— Mais Kaïs Upsilon, si je le fais, c'est pour ton bien. Pour que tu n'oublies pas ce que tu es parti chercher, pour te permettre de te mettre du baume au cœur en l'apercevant. Oui j'engage d'autres Voyageurs du Temps pour l'enlever, pour que tu joues au chat et à la souris. Et, tu es le chat, ils sont les souris, expliqua le Temps, une légère confusion dans sa voix.
Je traversais le Couloir temporel, en écoutant ses plus plates excuses, m'emmenant vers ma prochaine destination, inlassable.
Mon périple durait depuis deux ans déjà. Je continuais à sauver la chronologie de l'Histoire. Comme la fois où j'avais dû arrêter une épidémie de zombies au Moyen-Âge, du temps de l'Inquisition, avant qu'elle ne se propage ; et sauver une famille au destin révolutionnaire ; Amaya m'était apparue plusieurs fois. Et ces fois-ci, c'était en chair et en os. Cela me faisait toujours extrêmement plaisir.
Chaque jour éloigné d'elle me faisait prendre conscience de mes véritables sentiments qui fleurissaient jour après jour pour elle. C'était aussi une douleur atroce de devoir être séparés, mais cela me donnait aussi la force de poursuivre ma quête.
Au fil des époques traversées, j'ai découvert que le Temps m'avait menti sur Amaya, ou plutôt sur mes rivaux Voyageurs. Ce jour-là j'avais compris sa légère confusion de la dernière fois. Il avait voulu me préserver afin que je ne m'inquiète pas. Je ne lui en voulais pas pour autant.
Il y a un moment maintenant, le Temps m'avait avoué la vérité : « Les Destructeurs, les Voyageurs du Temps corrompus, ont enlevé Amaya Sigmâ. Ils la tiennent prisonnière dans les espaces où la chronologie temporelle a été modifiée. »
Depuis ce jour, ma mission avait changé. Je ne devais plus empêcher les erreurs de modifier l'avenir. Non, je devais sauver les espaces « corrompus » où l'Histoire a été modifiée, en espérant retrouver Amaya... C'était plus compliqué de faire ça, c'était plus délicat comme transformation.
Et hélas, lorsqu'un espace dans le temps est modifié, cela se propage non seulement dans le temps mais aussi dans l'espace... comme une épidémie. C'était une importante menace pour les Voyageurs du Temps !
Je traversais des mondes extraordinaires qui n'avait plus rien d'humain, qui n'avait plus rien à voir à leur époque d'origine. C'était une occasion pour moi d'éliminer mes ennemis, les rivaux des bons Voyageurs. Je trouvais leur Q.G dans ces espaces fantastiques et je les éliminais.
Jusqu'au dernier, usant de mon pouvoir temporelle.
Et jamais je n'avais revu la personne entièrement vêtue de vert, et encore moins Amaya...
Après un an d'analyse acharnée, en parallèle à ma raison d'être, le Temps avait réussi à localiser la personne en verte et Amaya. A mes yeux, cela avait duré une éternité, mais pour le Temps, cela n'avait duré que quelques instants. En réalité, en trois jours, connaissant la profondeur du temps et de l'espace, c'était quand même très rapide.
J'avais donc ce timing pour la trouver et la libérer. Je voguais au sein d'un Pompéi alternatif, une véritable terre brûlée. La terre était rouge foncé, rocailleuse, carbonisée. Une terre sans aucune végétation, l'air surchargé de dioxyde de carbone causé par les éjections des geysers, bordée par des fleuves de lave.
Euh, on est encore sur Terre là ? On dirait bien la description des Enfers, hein !
Je marchais patiemment dans ce décor apocalyptique, tout en me remémorant les informations que j'avais accumulé durant mon grand voyage à travers le temps.
J'avais appris durant l'une de mes investigations dans un laboratoire reconnu du XXème siècle, que sans grande surprise, les monstres de matières étaient des inventions des Destructeurs du Temps, comme la plupart des autres créatures que j'avais dû battre et vaincre.
Ces fameux Destructeurs étaient assez calmes durant des siècles, et désormais, ils étaient une armée, ils avaient décidé de passer à l'attaque. Les Voyageurs du Temps n'étaient plus en sécurité, toutes leurs têtes étaient mises à prix. Nous étions tous pris pour cible.
C'était une véritable guerre de l'ombre ! Les Voyageurs contrent les Destructeurs ! J'avais, en revanche, véritablement l'impression d'être dans Stars Wars avec Palpatine et son Ordre 66 avec leur manière de procéder.
Les réunions de Voyageurs avaient été interdites par le Temps lui-même, à l'exception de se dérouler au sein de son propre Couloir, à la suite d'un important massacre qui l'avait beaucoup affecté.
Le Temps est une bonne personne, il tient à ses Voyageurs, qu'il considère tous comme ses enfants. Il veut nous protéger. Il tient vraiment à chacun d'entre nous.
Il portait même les corrompus dans son cœur, chérissant l'espoir de les faire revenir dans le droit chemin. Pour cette raison, qu'Il avait mis quelques dispositifs de sécurité en place.
Cela faisait des heures et des heures que j'explorais ce désert ardent, cette terre brûlée. Une espèce de cocon/œuf/château aux différentes teintes de rouges me faisait face.
Le bâtiment avait une forme ovale, quelques fenêtres noires bordaient la face avant. Une imposante porte rouge sang surplombait le bâtiment. Elle était magnifique, les piliers étaient en rubis, des cristaux violets bordaient les coins, des saphirs en hexagone faisaient office de poignées. Le bâtiment était partagé par une grande ligne d'émeraude, l'entourant, joliment stylisée.
Je sentais que j'étais arrivé au bout du voyage, après ces trois années... Je sentais que j'allais enfin pouvoir retrouver Amaya Sigmâ, l'origine de ce long voyage temporel, la femme qui faisait battre mon cœur.
Je tirais avec une force rageuse la porte qui s'ouvrit dans un décor tout aussi éblouissant. La luxure était vraiment un critère chez les Destructeurs. Ils devaient vraiment aimer beaucoup l'argent...
Il y avait quelques pièces au rez-de-chaussée. Des flammes étaient gravées sur les murs en mosaïques. Un immense et majestueux escalier se trouvait au milieu de la pièce, dévoilant un grand balcon d'or et d'argent, après un couloir rouge où bordaient des chambres aux extrémités.
Je marchais avec prestance sur les escaliers, pour me rallier à la personnalité qui se mariait avec le lieu. Ce lieu que je nommerais « Palais des Flammes » ou bien « Œuf des Flammes ».
Une femme à la très longue chevelure brune, de dos, se trouvait sur le balcon, les mains posées sur la rambarde dorée.
Je me rapprochais des petits espaces ouverts, à la forme de porte, pour accéder au balcon.
J'en perdis la voix, j'allais succomber à l'émotion, tellement ce moment était magique.
— A... Ama... Amaya ?!
La femme eut une réaction, comme un choc causé par une surprise intense.
— Kaïs, attention, derrière toi ! s'écria l'Indienne brune en se retournant, un rictus sur le visage, une main dans ma direction.
Euh, quoi ?! Euh, enfin, je veux dire, comment ?
Une ombre verdâtre se projeta sur moi, me percutant contre le mur.
Je lui agrippais les poignets pour l'empêcher de me frapper. Je balançais mes membres, me perdant dans une lutte ridicule de coups de pieds avec mon adversaire.
Je le fixais ; sa tête masquée par cette tenue entièrement verte. Lors de mon voyage, j'avais pu récolter un nombre significatif d'informations sur ce fameux personnage : c'était un homme. Il avait pris ma femme en otage, il m'avait pris pour cible également. Et tout ça, ce n'était pas une coïncidence.
— Dévoile-toi et avoue tout ! crachais-je.
Il s'énerva et nous nous livrions à une lutte au corps à corps, se roulant par terre.
Tantôt, il prenait le dessus, tantôt je prenais le dessus.
— Je sais qui tu es, fis-je, dangereusement.
Mon tueur à gage dégaina son couteau, et étendit son bras, prêt à me poignarder en plein cœur.
— Je connais ton identité... cher frère, laissais-je tombé, lourdement.
Si lourdement, que cela avait l'effet d'une bombe. Furieux, en ayant assez, il laissa partir son bras. Je replis mes pieds et les relâchais.
Il se prit mes pieds en plein dans les poumons. Il recula en vacillant.
Je ne le laissais pas reprendre ses esprits, et me chargeais de lui. Je lui retournais les bras jusqu'à lui faire mal, et le forçais à se mettre à genoux, à se soumettre à moi. Je l'approchais de moi, l'entourant de mon corps chaud.
Je le dominais.
Je tirais violemment pour retirer sa capuche. Mon frère me ressemblait presque comme deux gouttes d'eaux, il aurait été difficile de nous différencier. Je lui soufflais au creux de son oreille, de ma voix de bourreau.
— Taïg Upsilon, renié de notre famille pour ce motif que tu apprécies tant : la traitrise. Tu nous a trahis, reste dans ta jalousie, c'est ainsi que je t'enlève la vie.
J'entraînais sa main jusqu'à son cœur et je le fis se poignarder. Mon frère, ou de ce qu'il en restait, mourut dans un étrange silence.
Amaya, l'irrésistible Indienne, avait observé toute la scène. Nous étions aux côtés opposés du balcon. Nous courrions jusqu'à perdre haleine. Nous avions hâte de se retrouver.
Depuis tant d'années, nous rêvions de cette retrouvaille. Je regardais ses yeux en amandes, me perdant au fin fond de son iris, me faisant lâcher prise. Ses cheveux noirs volaient au vent. Cette douceur et cette grâce dans ses mouvements m'avaient terriblement manqué.
Amaya Sigmâ, enfin tu es là, j'en avais tellement rêvé.
Oui, rêvé de ce jour où nous pourrions de nouveau être entiers, comblés par notre amour.
Tu m'as terriblement manqué, comme le simple fait de te tenir dans mes bras...
J'avais attendu tellement longtemps pour ce moment... Je me sentais comme libérer... ou presque. Nous étions à deux doigts de se toucher, quand tout à coup, une Porte temporelle apparut derrière elle... Elle se sentit aspirer, comme il y a trois ans.
Non, pas encore !! Je ne suis pas venu ici pour souffrir une seconde fois, OK ?!
Fort heureusement, la pression s'éteignit.
Nos mains se rencontrèrent, nos lèvres s'arrondirent, nos yeux se perdirent dans ceux de l'autre. Nous nous enlacions tendrement. Je déposais mes lèvres sur les siennes, l'embrassant amoureusement et fougueusement, caressant sa peau et ses cheveux.
La Porte temporelle attendit que nous soyons enlacés comme jamais pour nous emmener dans le Couloir du Temps. Nous tournoyions dans cette étreinte passionnelle, dans ce Couloir animé de vives couleurs, encore plus profond que l'Univers.
C'est sur ce tableau merveilleux et idyllique que mon histoire s'achève et mon voyage à travers les Âges pour retrouver ma dulcinée également.
Kaïs Upsilon
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